lundi 27 septembre 2010, par
Qu’est-ce qui se trame dans le Sahel ?
La France est entrée en guerre à la fois dans quatre pays, mais la gauche et les syndicats sont incapables de dénoncer cette action. En effet, Sarkozy se fait passer pour l’attaqué et, pas par n’importe qui, par le terrorisme d’Al Qaïda ! Qui oserait dénoncer l’intervention militaire française alors que des civils français ont été enlevés et qu’un a été assassiné ?
Cela fait un moment que Sarkozy cherchait un thème pour détourner de la question sociale, des emplois, des salaires, des services publics et des retraites, un thème sur lequel il pourrait intervenir sans que l’on puisse le critiquer. Il a essayé l’identité française, les jeunes de banlieue, les sans-papiers, les Roms. Et maintenant, c’est le terrorisme islamiste…
Voilà une accusation qui peut sembler gratuite : ce n’est pas Sarkozy qui a inventé Al Qaïda et les travailleurs ne peuvent qu’être opposés au terrorisme. Sous-entendu, chacun doit être aux côtés de l’armée française quand elle intervient contre Al Qaïda, que ce soit au Niger, en Mauritanie, au Tchad, au Mali et, pourquoi pas, au Maroc et en Algérie, dans tout le Sahel où sévit le groupe dit AQMI, « Al Qaïda au Maghreb islamique »…
Mais les travailleurs doivent être contre tous les terrorismes et, particulièrement, contre le plus puissant : celui des impérialismes comme la France et les USA. Il y a bien plus de victimes civiles dans le monde dues aux armées de ces deux puissances que du fait des groupes intégristes. Et, dans le cas présent, en plus des victimes françaises, il y a déjà des victimes civiles des interventions françaises aux côtés des armées locales. Par exemple, deux femmes ont été tuées dans une intervention française aux côtés de l’armée mauritanienne. Cela aussi, c’est du terrorisme et nous devons le dénoncer.
Quand la France soutient toutes ces dictatures, ce n’est pas pour combattre le terrorisme, mais pour défendre leur exploitation du territoire, comme l’uranium du Niger… Un minerai qui allait servir pour le nucléaire militaire français (les bombes atomiques quoi de plus terroriste comme à Hiroshima et Nagasaki, même si, pour le moment on ne s’en sert pas). Qui, sinon la France, a aidé à organiser les coups d’états militaires au Niger et en Mauritanie ? Quelles concurrences avec la Chine et les USA sont à la source des interventions françaises, bien plus que la lutte contre le terrorisme ? N’est-ce pas plutôt une lutte contre l’influence chinoise, notamment à Agadez et Arlit, pour le contrôle des mines d’uranium ? L’ancien dirigeant du Niger n’avait-il pas trop tendu la main à la Chine aux yeux de la France ? N’est-ce pas du terrorisme contre les civils d’exploiter ainsi les mines de ces régions en contaminant gravement les population et en refusant de les indemniser ? N’est-ce pas ignoble de piller ces richesses en enlevant le bénéfice aux peuples ? N’est-ce pas ainsi que l’on favorise la propagande des idéologies des intégristes ?
Mais, direz-vous, Sarkozy n’y est pour rien si AQMI a attaqué des civils français ? Il ne fait que les défendre et tenter de les récupérer en attaquant ces terroristes ? Les protéger dites vous ? Mais on apprend que dès le début des vacances, le gouvernement français savait que des groupes agissaient près des mines d’uranium du Niger où travaillaient des salariés de Areva, le trust du nucléaire. Et il n’a rien fait pour les avertir ni les protéger. D’autre part, il a mené des opérations militaires dans ces divers pays en annonçant ainsi qu’il déclarait la guerre à AQMI. Il a cherché à se faire de la publicité en montrant que, lui contrairement aux autres puissances comme l’Espagne, réussissait à libérer des otages grâce à ses forces armées. Résultat : l’otage français a été tué.
Le terrorisme n’a pas été vaincu par l’intervention française, loin de là. Pas plus qu’en Afghanistan où « la France » poursuit sa guerre terroriste. L’impérialisme français ne peut prétendre qu’en Afghanistan, il défendait des civils français, ni qu’il y établit la démocratie, ni qu’il a fait baisser le niveau du terrorisme, ni même que ce pays l’a attaqué. Et il est clair que si tous les pays riches y interviennent massivement et sans succès depuis dix ans, c’est que le peuple afghan ne semble pas convaincu du bien fondé de cette intervention...
De plus, les rodomontades de Sarkozy face à AQMI ont mis le peuple travailleur de France sous la menace de nouveaux attentats sur le sol français cette fois. S’ils avaient lieu, cela ne dérangerait même pas la stratégie du président, puisque cela polariserait la situation en France sur la crainte de nouveaux attentats et pousserait la population, plutôt que de se mobiliser sur la politique anti-sociale, à se fier au gouvernement pour la protéger…
Malgré tous ces éléments, les partis de gauche, des verts au parti socialiste et au parti communiste, ne s’estiment pas assez informés. C’est tout ! Ils n’émettent aucune critique sur l’exploitation des richesses de l’Afrique. C’est normal : ils ont toujours été pour, qu’ils soient au gouvernement ou dans l’opposition.
Quand aux syndicats de travailleurs, ces spécialistes en saucissonnage des luttes en journées d’action inoffensives, ils se taisent, faisant comme si la défense des intérêts des travailleurs pouvait se développer sans combattre les calculs des classes dirigeantes.
Voilà jusqu’où vont les crimes de l’impérialisme français et de la droite aujourd’hui au gouvernement, voilà jusqu’où va la complicité des soi-disant représentants politiques et syndicaux des travailleurs…