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« Révoltes et luttes sociales en Martinique »

mercredi 6 janvier 2010

La révolte des esclaves

La fausse décolonisation

Histoire des grèves et des révoltes en Martinique

1974 et 1976 en Martinique

Et en Guadeloupe ?

Quelles perspectives pour les suites de la lutte aux Antilles ?

L’insurrection du Sud de la Martinique : révolte des ouvriers et des masses paysannes en 1870

En 1870, dans quel climat éclate l’affaire Lubin ?

Depuis le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1852, la bourgeoisie conservatrice revenue au pouvoir prend sa revanche sur les mouvements des ouvriers révolutionnaires de juin 1848. Aux Antilles et particulièrement en Martinique, les anciens esclaves se retrouvent sous les fers des anciens maîtres békés. Ces derniers utilisent les méthodes les plus barbares pour contraindre leurs anciens esclaves à accepter les durs labeurs : mise en place du livret du travail, d’un impôt personnel d’une valeur de 5 jours contrôlé par la présentation d’un passeport intérieur, paiement d’amendes et ouverture des ateliers de disciplines.
Le prolétariat, dans l’agriculture mais aussi dans les bourgs, est constitué par les anciens esclaves mais aussi par les nouveaux engagés, principalement des « Coolies », immigrants d’Inde, et des Africains, les « Congos ». Pour tous, les conditions de vie et de travail restent très proches de l’esclavage.
Les classes dominantes sont florissantes. Les anciens maîtres ont reçu du pouvoir des indemnités pour les dédommager de la perte des esclaves. Avec cet argent ils créent la Banque de la Martinique et le Crédit Foncier colonial. L’agriculture est équipée de moyens modernes, des infrastructures importantes sont construites (routes, bassin de radoub, extension du port). Bref « l’économie se développe » et surtout la fortune des possédants s’accroît. Parallèlement, leur arrogance et le mépris qu’ils affichent vis à vis des travailleurs grandit aussi pour continuer d’accroître leurs profits.
L’affaire Lubin

Un jeune Noir, Lubin, est cravaché violemment par un Blanc parce qu’il ne l’avait pas salué. N’arrivant pas obtenir réparation auprès des tribunaux, Lubin décide de rendre au Blanc sa correction. Après son acte de vengeance, il est arrêté sur le champ puis condamné par la cour d’assises de Fort de France à cinq ans de bagne et au paiement d’une forte somme d’argent.
Les amis de Lubin sont révoltés. Ils se nomment Telgard, Louis, Lacaille, et d’autres.
Autour d’eux va démarrer l’insurrection du Sud dès le début du mois de septembre à Rivière Pilote

En France, l’accumulation des défaites de Napoléon III va faire tomber le Second empire. Le 4 septembre 1870, un gouvernement républicain « de défense nationale » prend le pouvoir. Les propriétaires n’obtiennent plus les avances d’argent avec lesquelles ils paient les ouvriers (déjà à cette époque !). A cause de la guerre, les marchandises de première nécessité se font rares. La situation est explosive.
Un mouvement est déclenché par les amis de Lubin le jour de l’arrivée du décret de proclamation de la république française, pour exiger le désarmement des Blancs. L’habitation de l’un des assesseurs du procès de Lubin est incendiée. Ce sera le début de l’insurrection du Sud.
Pendant plusieurs jours, des ouvriers agricoles, des petits cultivateurs, des jeunes, un grand nombre de femmes dont Lumina Sophie se répandirent dans les campagnes de Rivière-Pilote pour soulever les masses, bravant la soldatesque avec détermination. Ils étaient rejoints par des masses des autres communes. Face à la grande peur infligée par les insurgés du Sud, la riposte du gouverneur fut sans merci. Il eut l’aide des bourgeois de Saint Pierre et de Fort de France qui constituèrent des milices à cheval. Il eut aussi le soutien des dirigeants des îles anglophones. Après plusieurs jours de combat, l’insurrection fut étouffée et la répression contre les insurgés fut féroce. Plusieurs des chefs furent exécutés au Fort Desclieux, d’autres furent envoyés au bagne en Nouvelle Calédonie, des dizaines de travailleurs furent massacrés et plus de 500 furent emprisonnés dans les forts de la ville.
C’était la première page du mouvement ouvrier de la Martinique. Après cette grande insurrection, la bourgeoisie blanche retrouvera son arrogance et reprendra son exploitation sans borne.. Les ouvriers de leurs côtés apprendront que leurs intérêts se trouvent à l’opposé de ceux des classes riches et dominantes et que dans la lutte, celles-ci ne font pas de quartiers. Au cours des luttes ouvrières du début du 20è siècle, ils retrouveront la lutte par la grève marchante passant d’habitation en habitation pour entraîner les ouvriers dans la grève.

HISTOIRE DE LA MARTINIQUE

« Révoltes et luttes sociales en Martinique »

Rodolf ÉTIENNE

Cette fin d’année 2009 semble se prêter aux commémorations de luttes sociales. Aux côtés de « Les émeutes de décembre 1959 en Martinique » de Louis-Georges Placide, la revue « Les Cahiers du Patrimoine » consacre son numéro 27 aux « Révoltes et luttes sociales en Martinique » .
Le directeur de la revue, André Lucrèce, se dit « très satisfait de ce numéro des Cahiers du Patrimoine » . A noter que l’un des effets positifs reconnus du mouvement de grève générale de février dernier est de redynamiser l’étude de tout un pan de l’histoire de la Martinique ; en l’occurence : l’histoire sociale. « Révoltes et luttes sociales en Martinique » marque ainsi un point d’orgue général sur tout ce que notre histoire compte de luttes sociales. « 1665, guerre contre le nègres marrons de Martinique » , « Sédition au Prêcheur en 1646 » , « Le Gaoulé : une révolte martiniquaise sans exemple » , « L’affaire Bissette » , « Grève de février 1900 » , « La crise de février 1935 à la Martinique » , « Défilé du 1er mai 1937 » , « 1948 au Carbet » , « Les émeutes de décembre 59, un tournant dans l’histoire » , « Février 1974, la rencontre et le réveil » , « Dix ans de grève à la Martinique » : autant de sujets abordés par des spécialistes et qui constituent une véritable somme d’informations nouvelles sur les dynamiques populaires de notre société.
Thierry L’Étang, Sylvie Meslien, Véronique Élisabeth, Léo Élisabeth, Lyne-Rose Beuze, Édouard de Lépine, André Lucrèce, Aimé Césaire, Richard Château-Degat, Louis-Georges Placide Marie-Hélène Léotin et quelques autres ont effectué un méticuleux travail de recherche, pour un ouvrage d’une grande qualité réhaussé d’une iconographie particulièrement riche. « De la révolte marrone de Fabulé à la grève de février 2009, en passant par le Gaoulé, l’Affaire Bissette ou les évenements de février 74, près de quatre siècles de notre histoire sociale, souvent écrite en lettres de sang, se trouvent condensés dans ce numéro des Cahiers du Patrimoine » , précise Thierry Létang dans son éditorial. Dans un contexte où chaque lettre de notre histoire nous permet de mieux nous connaître pour mieux appréhender notre avenir commun, « Révoltes et luttes sociales en Martinique » , nous invite à une réflexion communautaire enrichie.

 « Les révoltes et luttes sociales en Martinique » . Les Cahiers du Patrimoine. Numéro 27. Novembre 2009. Disponible en librairie.

Messages

  • Martinique : Ghislaine Joachim-Arnaud traduite devant le tribunal - un procès colonial

    En Martinique, Ghislaine Joachim-Arnaud, secrétaire générale de la CGTM et représentante de Combat Ouvrier, a été assignée devant le tribunal correctionnel le 29 septembre par le procureur de la République. La convocation lui étant parvenue hors délais, ses avocats vont demander le renvoi de l’affaire.

    Suite à une plainte d’un certain Jean-François Hayot, de l’association « Respect DOM », notre camarade avait été entendue le 16 septembre 2009 pour avoir utilisé dans ses propos à l’antenne de télévision ATV le refrain repris par des milliers de manifestants tout au long des mouvements de masse de février et mars 2009 : « Matinik se ta nou, Matinik se pa ta yo ! An ban bétché volé, Nou ké foute yo déco », ce qu’on peut traduire par : « La Martinique est à nous, la Martinique n’est pas à eux, une bande de profiteurs nous volent, que l’on va foutre dehors ».

    En traduisant Ghislaine Joachim-Arnaud devant le tribunal, la justice choisit de s’en prendre en même temps à des milliers de travailleurs, jeunes, femmes, chômeurs, qui lors de la grève et des manifestations de 2009 ont crié leur exaspération, leur colère et leur volonté d’en finir avec les agissements des exploiteurs et oppresseurs de tous bords !

    Ceux qui manifestaient ces jours-là sont ceux qui souffrent des bas salaires, du chômage, des emplois précaires, des prix exorbitants pratiqués sur les produits courants par les maîtres du grand commerce et ceux de l’import-export. Ce sont ceux-là qui, durant les mois de février et mars 2009, ont crié leur colère contre ces exploiteurs et voleurs qui les exploitent dans les plantations et qui les dépouillent ensuite au coin des grandes surfaces !

    Que les gros exploiteurs dits « békés », qui sont les maîtres de l’économie de la Martinique (depuis des siècles !) se soient trouvés les cibles des chants, slogans et quolibets des foules de manifestants n’a rien d’étonnant pour qui connaît (ou a vécu) l’histoire de la Martinique. Tous les grands mouvements sociaux de ce pays ont toujours trouvé face à face des gros békés, propriétaires et exploiteurs, et des travailleurs salariés exploités qui luttaient pour améliorer leur condition.

    Aucune justice ne peut changer l’histoire passée, ni la réalité des faits sociaux ! La caractéristique de « béké » est étroitement liée à la nature sociale des activités des susnommés. Il n’y a ni race, ni pays, ni peuple béké. Les békés sont et ont toujours été synonymes d’exploiteurs, de gros propriétaires et de descendants des planteurs esclavagistes des siècles passés !

    Si Ghislaine Joachim-Arnaud passe en procès, ce sont des milliers de travailleurs, des dizaines de milliers de manifestants qui ont chanté les mêmes paroles qui lui sont reprochées qui seront ainsi poursuivis en justice. Et le jour du procès, ils devront être présents pour lancer ces mots-là, publiquement, à la face de tous ceux qui désirent une confirmation de ce qu’ils pensent et ressentent !

    (Correspondance de Combat Ouvrier)

  • Actuellement au cinéma Espace Saint-Michel le film documentaire« La Martinique aux martiniquais ! » avec après certaines séances un débat avec un des acteurs et la réalisatrice retrace l’histoire du groupe O.J.A.M.

    Un double intérêt :

    1) l’impact de la lutte des algériens contre la puissance coloniale dans les Antilles, la prise du pouvoir par Castro à Cuba ont donné matière à une conscience internationale de la lutte anti-coloniale dans tout l’empire français, l’impulsèrent en Guadeloupe et en Martinique.

    2) cette conscience internationale s’incarna au travers de l’OJAM non dans l’internationalisme prolétarien, mais au travers de nationalistes bourgeois anti-prolétariens car anti-lutte de classe.

    On voit dans le film, seulement à travers des coupures de presses que des grèves de travailleurs agricoles eurent lieu au même moment, les militants de l’OJAM ne les mentionnent même pas. Ceci dit, de Gaulle, accompagné de Foccart, l’homme de la Françafrique, suivit de près le mouvement, et lors du débat des interventions font comprendre que des milliards de francs furent déversés par l’Etat français au travers de différents canaux (dont la migration massive vers la métropole). Ceci fut entre autre le résultat du choc poilitique créé par quelques bourgeois nationalistes qui en une nuit couvrirent la Martinique de l’affiche : la Martinique aux martiniquais.

    L’incapacité congénitale de ces nationalistes à lier leur lutte à celle des grèves récentes massives aux antilles françaises est frappante. Ils sont plutôt pessimistes sur les capacités du "peuple" de revendiquer son autonomie. Sur ce point ils ont raison : c’est en tant que lutte des travailleurs que les luttes contre l’oppression de la métropole peuvent l’emporter.

  • Des habitants du quartier Pointe Lynch, au Robert (972), s’élèvent contre un projet immobilier en train de sortir de terre, rapporte la chaîne Martinique 1ère.

    Les riverains de ce projet immobilier de luxe de quatre étages et sept logements haut-de-gamme estiment que celui-ci est illégal, empiétant sur la mangrove et le domaine maritime, rapporte la chaîne.

    Le hic : le permis de construire a pourtant été validé par la mairie du Robert et la sous-préfecture de Trinité. Mercredi 1er avril, les habitants ont reçu le renfort des écologistes de l’Assaupamar, précise la chaîne.

  • Grève générale en Martinique

    Très tôt ce lundi, les principales zones industrielles de la Martinique (au niveau d’Acajou, de Californie, de la Lézarde) ont été bloquées suite à un mouvement syndical qui appelle à une grève générale. Un appel à se réunir à la maison des syndicats a également été lancé. Pour mémoire, ce mouvement initié par les deux organisations syndicales (CSTM et CDMT) a pour objectif de protester entre autres contre : « Les offensives " pour une suppression du code du travail, les atteintes portées au droit syndical, le harcèlement et la discrimination au travail dans les entreprises, le licenciement et les plans sociaux dans les grands groupes, la diminution du pouvoir d’achat des retraités, l’augmentation " exorbitante " des prix des produits alimentaires… ».

    L’activité économique tourne au ralenti à la mi-journée ce lundi 3 juillet. Les zones commerciales et le port sont bloqués. La CSTM (Centrale Syndicale des Travailleurs Martiniquais), et d’autres syndicats ont lancé un mouvement de grève générale notamment contre les projets du gouvernement.

    Les effets de la grève générale lancée par les syndicats CSTM et CDMT se mesurent par la paralysie de l’activité économique. Les accès des centres économiques sont bloqués. Des palettes de bois et des pneus obstruent les entrées des centres économiques de Martinique. Un mouvement de grève générale contre la réforme du code du travail préconisé par le Président de la République Émmanuel Macron.

    La CDMT a annoncé dès le vendredi 30 juin, sa mobilisation dans une manifestation de rue le lundi 3 juillet contre "les projets Macron de destruction du Code du travail" et pour les revendications sur les dossiers de la santé, des conditions de travail et de rémunération, et contre "les répressions antisyndicales en Martinique et en Guadeloupe".

    Les zones commerciales de Californie, de la Lézarde et de Places d’Armes sont bloquées. Activité paralysée aussi au Port de Fort-de-France. Les bus ne circulent pas dans l’agglomération de Fort-de-France.

  • La révolte des esclaves du Carbet à la Martinique (octobre-novembre 1822)

    lire ici

  • La Martinique perd… ses serpents ?!!!

    En visite en Martinique, Macron a été pris à partie par des personnes qui dénonçaient l’écusson des forces de répression et qui était le symbole des quatre serpents mis en place par l’ancien pouvoir esclavagiste pour se faire craindre des esclaves noirs ! Macron a eu peur que ce symbole devienne un drapeau de révolte et il a demandé aux forces de répression de changer de blason ! Le pouvoir de la métropole n’en reste pas moins un pouvoir colonial, avec ou sans écusson esclavagiste.

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