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Le combat des salariés contre l’amiante et les patrons

vendredi 19 février 2010, par Robert Paris

1880
Début de l’exploitation des mines d’amiante au Canada, en
Afrique du Sud et en Russie.

1899
Première observation d’un décès lié à l’amiante par le Dr
Henry Montague Murray à Londres.

1906
Rapport de Denis Auribault, inspecteur du travail à Caen
sur la surmortalité des ouvriers d’une usine de textile utilisant l’amiante
dans le Calvados.

1913
Mise en place de techniques d’aspiration à la source des
poussières dangereuses afin de limiter les risques.

1918
Les compagnies d’assurance américaines refusent d’assurer
les travailleurs de l’amiante.

1927
Découverte du lien entre amiante et fibrose de l’amiante
baptisée asbestose.

1931
En Grande-Bretagne, première réglementation limitant
l’empoussièrement dans les usines.

1935
Découverte par deux britanniques, Klemperer et Rabin, du
mésothéliome ou cancer de la plèvre lié à l’amiante.

1945
L’asbestose est reconnue comme une maladie professionnelle.

1949
Obligation du port de protections respiratoires en cas
d’exposition aux poussières dangereuses

1950
Création de classification des maladies professionnelles pour
prendre en charge les pathologies spécifiques à l’amiante.

1950-1955
Etude de l’épidémiologiste Britannique Richard Doll prouvant le
lien entre amiante et cancer du poumon.

1960
Observation en Afrique du Sud de mésothéliomes chez des
travailleurs de l’amiante par le Dr Wagner qui révèle que les riverains des
mines sont également touchés.

1965
1er mésothéliome décrit en France.

1971
Réunion à Londres des industriels de l’amiante visant à adopter
une stratégie pour continuer à utiliser le minéral.

1973
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe
les amphiboles parmi les substances cancérogènes.
Mise au point de méthodes de prélèvement et de comptage des
fibres qui permettent de quantifier l’exposition aux poussières d’amiante.

1973
Début des procès contre l’industrie de l’amiante aux
Etats-Unis.

1975
Interdiction aux salariés de moins de 18 ans de travailler
l’amiante.

1975
Premier scandale de l’amiante en France.

Les chercheurs de la faculté de Jussieu à Paris découvrent que
leur établissement est isolé à l’amiante. Ils révèlent aussi la situation
dans les usines de transformation.

1976
Le cancer broncho-pulmonaire et le mésothéliome sont pris en charge
comme maladies professionnelles.

1976
Toutes les variétés d’amiante sont classées cancérogènes par le Centre
international de recherche sur le cancer (Lyon).

1977
Mise en place de valeurs limites d’exposition (VLE). C’est le premier
élément de la politique "d’utilisation raisonnée de l’amiante"

Mise en place d’un suivi médical pour les travailleurs exposés.

1977
Interdiction du flocage dans les locaux d’habitation et réduction de
la concentration d’amiante à laquelle les salariés peuvent être exposés dans
les entreprises (2 fibres par cm3).

1978
Interdiction du flocage contenant plus de 1 % d’amiante pour
l’ensemble des bâtiments.

1982
La conférence de Montréal conclut que les valeurs limites d’exposition
(VLE) ne protègent pas du risque de cancer.

1982
Aux Etats-Unis, la firme américaine Johns-Manville se place sous la
protection de l’article 11 de la loi sur les faillites, plutôt que de
répondre aux nombreux procès qui lui sont intentés.

1982
Fondation en France du Comité permanent amiante ou CPA, lobby mis en
place par les industriels.

1987
Abaissement des valeurs limites d’exposition (VLE)

1988
Interdiction de l’amiante (excepté le chrysotile).

1992
Nouvel abaissement des VLE.

1994
Réunion de l’ensemble des experts français au ministère du travail, qui
confirment les dangers de l’amiante.
Les veuves de plusieurs professeurs d’un lycée de Gérardmer portent
plainte

Création du comité anti-amiante de Jussieu.

1995
Publication dans The Lancet de l’étude de Julian Peto, épidémiologiste
britannique qui révèle que le nombre de mésothéliome est beaucoup plus élevé
que prévu en Grande-Bretagne et ne touche pas que les ouvriers des usines de
transformations.
Publication de l’enquête "Mortel Amiante" par la revue Sciences et
Avenir. Coup d’envoi d’une actualité médiatique intense autour du scandale
de l’amiante.

Dissolution du Comité permanent amiante.

1996
Expertise collective de l’Institut national de la santé et de la
recherche médicale (Inserm).
Abaissement des valeurs limites d’exposition (VLE)

Réglementation concernant les locaux floqués et la protection des
travailleurs.

1996
Un décret oblige les propriétaires de bâtiments à réaliser un
diagnostic sur la présence de l’amiante.
Création de l’Andeva, association nationale des victimes de l’amiante.

Cinq malade de l’Andeva se porte partie civile et porte plainte contre
X.

Le ministre du travail et des affaires sociales annonce l’interdiction
de la fabrication, l’importation et la mise en vente de produits contenant
de l’amiante à partir du 1er janvier 1997.

Annonce du Président de la République qui promet qu’il n’y aura plus
d’étudiants à Jussieu avant la fin de l’année.

Le Parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X pour
blessures involontaires - l’affaire aboutit finalement à un non-lieu.

1997
Interdiction de toute fabrication, importation ou commercialisation de
l’amiante.

La France rejoint ainsi les 7 autres pays européens (Allemagne,
Italie, Danemark, Suède, Pays-Bas, Norvège et Suisse) à avoir banni ce
matériau.

1997
La chambre sociale de la cour d’appel de Dijon condamne la société
Eternit pour "faute inexcusable", à la suite d’une plainte d’un de ses
employés. C’est la première des centaines de condamnations d’entreprises.

1998
En France (19 décembre), retraite à 50 ans pour les salariés exposés
au moins trente ans dans des entreprises où l’amiante a été utilisée.
Le Canada porte plainte contre la France devant l’Organisation Mondiale
du Commerce (OMC) pour avoir interdit l’amiante.

Publication du rapport du Sénat "L’amiante dans l’environnement de
l’homme : ses conséquences et son avenir" qui épingle les politiques passées
et les différents organismes de contrôle.

2000
Décision d’interdiction européenne en 2005.

2000
La faute de l’Etat est reconnue par le tribunal administratif de
Marseille.

L’OMC donne raison à la France. C’est la première fois qu’un pays
membre de l’OMC parvient à démontrer qu’une mesure nationale est "nécessaire
à la protection de la santé et de la vie des personnes". Ce jugement est
confirmé en appel le 12 mars 2001.

2001
Création du FIVA, fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante.

2001
Premier procès contre Saint-Gobain aux Etats-Unis.

2002
Arrêt de la cour de cassation reconnaissant la faute inexcusable de
l’employeur pour les cas de maladie professionnelle.

L’employeur a désormais, en matière de prévention et de maladie, une
obligation de résultat dans le cas des risques qu’il fait courir à ses
employés.

2004
Un arrêt du conseil d’Etat confirme la faute de l’Etat dans l’affaire
de l’amiante.

Sources : Association nationale des victimes de l’amiante (Andeva)
Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS)
"Amiante : 100 000 morts à venir" de François Malye -
Editions Le cherche Midi

Messages

  • Amiante - Les empoisonneurs doivent être jugés (par LO du 11/09/09)

    Comme chaque année à la même époque, l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) organise une manifestation à Paris pour que personne n’oublie le drame que représente la catastrophe de l’amiante en France, avec ses victimes par dizaines de milliers.

    Cette année, après le succès de la manifestation à Dunkerque en juin, la manifestation parisienne veut rappeler que les victimes attendent toujours un procès pénal de l’utilisation de l’amiante dont l’échéance semble ne jamais vouloir se rapprocher.

    En fait, l’État n’a pas la volonté politique d’instruire ce dossier sensible ; les magistrats du pôle de santé publique ne disposent pas des moyens nécessaires et au rythme actuel, il faudra attendre au moins 2014, vingt ans après le dépôt des premières plaintes, pour qu’un procès puisse éventuellement se tenir. Dans ces conditions, combien de victimes pourraient alors y assister ? Or, selon l’Andeva, un autre obstacle se profile avec la suppression des juges d’instruction annoncée par Sarkozy ; leur remplacement par des procureurs relevant directement du ministère de la Justice devrait retarder encore plus l’éventuel lancement d’une procédure. Depuis plus de dix ans, aucun procureur n’a engagé de poursuites contre les responsables de cette catastrophe sanitaire prévisible, pourquoi en serait-il autrement demain ?

    Les empoisonneurs doivent être jugés, mais il existe beaucoup d’autres raisons de manifester, comme les retards intolérables pris dans le traitement des dossiers au fonds d’indemnisation, les décharges sauvages ou encore l’absence d’un véritable suivi médical post-professionnel.

    Pour exiger justice pour les victimes de l’amiante, l’Andeva appelle à manifester samedi 10 octobre à 14 h à Paris

  • Le crime était presque parfait . L’amiante utilisée depuis la fin du 19émé siècle en Europe, pour ses fibres qui ont des propriètés thermiques et mécaniques fondamentales pour l’industrie.
    La bourgeoisie a vite compris la nocivité du minerai transformé en fibres exploitables.
    Les patrons utilisant l’amiante ont donc avec les Etats, et surtout la France, organisé l’extraction,la transformation de l’amiante et la production, commercialisation à grande échelle des produits finis comportant de l’amiante.
    La liste de ces produits est tellement longue qu’on ne peut que donner quelques exemples : grille pain dans les années 70, béton servant aux batiments, plaquettes de frein, isolant anti feux dans les locaux privés et publiques, tabliers et gants de cuisine ou de soudeurs etc...

    Son interdiction en France en 1997, est "tardive" par rapport à d’autre pays proche comme l’Allemagne en 1985, mais elle est carrément consciemment criminelle quand on sait que la bourgeoisie connait dès la fin du 19émé siècle les conséquences sur la santé humaine de l’exposition aux fibres et à la poussière d’amiante.

    La guerre pour les profits est donc une guerre tout court ou les pertes "collatérales" sont en chair et en os : la "der des der" de 1870 entre la France et la Prusse aurait pu réellement l’être si l’exemple des communards en mars 1871 avait été repris par les prolétaires du monde entier et si ces communards s’étaient vraiment posé le problème de constituer une défense de leur Etat, comme priorité absolue face aux armées du gouvernement Français et Prussien.

    L’enjeu est de savoir qui dirige la société et à travers les morts de l’amiante, on entrevoit une part de cette question.

    A voir le reportage sur l’histoire de ce crime d’Etat et de classe avec le lien au message précédent.

  • Une vidéo documentaire sur l’histoire et l’actualité de l’utilisation et des conséquences de l’amiante.(France 2 l’a diffusé il y a 10 jours).

    Le docu dure environ 1H15 et se télécharge en 25mn maxi sur un PC ou une clé USB.

    Voici l’adresse de téléchargement

    C’est un fichier Dvix ou Avi et il se lit encore mieux avec un logiciel gratuit sur internet qui s’appelle Windows média player home cinéma.

    bonne projection.

  • De l’amiante dans les mains des enfants !

    La présence de ce toxique minéral a été détectée récemment aux États-Unis dans quatre marques de crayons de cire de couleur et dans deux jeux de scène de crime destinés aux enfants. Chaque fois, les produits, qu’ils aient été achetés chez des détaillants ou sur l’internet, provenaient de la République populaire de Chine. À ce jour, aucune investigation de ce type ne semble avoir été menée au sein de l’Union européenne, raison pour laquelle il est indispensable de vérifier l’origine de ces produits avant de s’en procurer.

  • Manifestation le vendredi 7 octobre à 14 heures à Paris, place de la Bourse.

    En France, l’amiante est interdit depuis 1997, mais les victimes attendent toujours que les responsables de ce scandale sanitaire, qui a provoqué à ce jour 100 000 morts, soient traduits en justice.

    A l’initiative de l’Association nationale des victimes de l’amiante (Andeva), une manifestation se déroulera à Paris le vendredi 7 octobre pour dénoncer, une fois encore, le scandale de l’amiante, véritable catastrophe sanitaire, humaine et sociale.
    La justice doit aboutir

    La Fédération des mutuelles de France (Fmf), soutient la manifestation et rappelle que « près de vingt ans après le dépôt de la première plainte par des victimes de l’amiante, il n’est pas acceptable que tous les responsables, notamment les industriels et les employeurs, n’aient pas été jugés et que toutes les victimes n’aient pas obtenu réparation ».

    L’amiante est interdit en France depuis le 1er janvier 1997. Mais aujourd’hui, les responsables des 100 000 morts de l’amiante n’ont toujours pas été traduits en justice. Et l’amiante reste encore trop souvent présent dans les lieux de travail et d’habitation...

    L’Andeva demande que tous les responsables de la catastrophe sanitaire de l’amiante soient jugés.

    Elle demande que le Code pénal soit révisé pour que les peines encourues par les responsables de désastres industriels et environnementaux soient en rapport avec la gravité de leurs actes.
    L’amiante, un matériau dangereux

    L’amiante a été déclaré dangereux dès 1906, mais a continué longtemps à être utilisé comme isolant. Il a fait des milliers de victimes avant d’être interdit dans certains pays.

    En un siècle, les industriels occidentaux ont répandu 200 millions de tonnes d’amiante sur la planète, et – l’Organisation mondiale de la santé (Oms), l’affirme – 100 000 personnes vont mourir chaque année dans le monde à cause de ce matériau. On sait par ailleurs que la dépollution est aussi onéreuse que dangereuse.

    Une nouvelle catastrophe sanitaire et écologique est à prévoir, car sa production est repartie à la hausse. La Russie, l’Inde, la Chine, le Brésil et les pays émergents auront aussi droit à leurs asbestoses, leurs mésothéliomes, leurs plaques pleurales.

    Rappelons que le mésothéliome est un cancer de pronostic très sombre et la recherche sur cette maladie avance trop lentement, faute de moyens.

  • L’amiante cause des cancers du poumon et de la plèvre. L’immunothérapie est une voie de traitement prometteuse.

    Jusqu’à son interdiction en 1997, la France a importé 150.000 tonnes d’amiante par an, utilisée pendant des années, malgré les risques connus, sans réelle protection des salariés contre ces fibres qui s’insinuaient partout. Outre des fibroses pulmonaires (asbestose, plaques pleurales), l’amiante est surtout responsable de cancers du poumon et du mésothéliome, un cancer de la plèvre très agressif…

    « Le réseau Mésopath, qui vérifie les diagnostics, compte 1000 mésothéliomes par an, donc plus que les estimations admises. Il a fortement augmenté ces dernières années et ne semble pas à la baisse », explique le Pr Arnaud Scherpereel, pneumologue (CHU Lille). Avec une latence de 40 ans après l’exposition, son pic d’incidence est attendu vers 2020.
    Une survie qui se compte en années

    Le pronostic du mésothéliome, très résistant, reste sombre. « Mais les choses évoluent. En associant à la chimiothérapie une autre molécule, le bevacizumab, la survie moyenne passe à 18,8 mois (et plus chez les bons répondeurs) contre 16 dans le groupe témoin », explique le médecin. L’ablation chirurgicale du mésothéliome, complexe, est réservée à de rares équipes, avec le risque de laisser des cellules cancéreuses.

    L’enjeu est le même pour le cancer du poumon. Diagnostiqué tôt, il s’opère, et avec une chimiothérapie adaptée, le malade a de bonnes de guérir. Mais dans 75 % des cas, le diagnostic se fait trop tardivement.

    Pour ces deux cancers, la grande révolution vient de l’immunothérapie. « Déjà validée dans le cancer du poumon, elle est très prometteuse dans le mésothéliome, avec des taux de réponse élevés et durables chez certains, et parfois une survie qui ne se compte plus en mois mais en années, explique le Pr Scherpereel. Avec une maladie mieux gérée, les traitements combinés et les essais en cours, une page s’est tournée pour le mésothéliome. On est passé d’une situation désespérante à un cancer toujours très grave, mais où cela vaut la peine de se battre. Il faut donc absolument améliorer le repérage et la surveillance postprofessionnelle des personnes exposées à l’amiante, clés d’un diagnostic précoce . »

    Dans la grande majorité des entreprises , le suivi et la prévention pour les salariés en contact avec ce poison, sont inexistantes. Les syndicats , même avec des militants activistes d’extrème gauche, ne posent pas le problème ni devant les syndiqués, ni les salariés, et encore moins dans les instances comme le CHSCT. A tel point que le patron peut organiser tranquillement des réunions ou il fait désamianter des secteurs d’entreprise sans même considérer le moindre risques de contamination pour les salariés ayant travaillés dans ce secteur !
    Les syndicats sont les 1er au courant et les 1er aussi à se taire. Les salariés eux se posent des questions et font des scanners sur leur propre initiative !

    • Tu écris :

      Dans la grande majorité des entreprises , le suivi et la prévention pour les salariés en contact avec ce poison, sont inexistantes. Les syndicats , même avec des militants activistes d’extrème gauche, ne posent pas le problème ni devant les syndiqués, ni les salariés, et encore moins dans les instances comme le CHSCT. A tel point que le patron peut organiser tranquillement des réunions ou il fait désamianter des secteurs d’entreprise sans même considérer le moindre risques de contamination pour les salariés ayant travaillés dans ce secteur ! Les syndicats sont les 1er au courant et les 1er aussi à se taire. Les salariés eux se posent des questions et font des scanners sur leur propre initiative !

      Et tu as malheureusement raison !!! Nous avons eu exactement la même expérience mais nous avons tenté de réagir contre cela. voir ici

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