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Loi immigration, loi impérialiste contre les travailleurs

mercredi 3 janvier 2024, par Alex, Waraa

Des centristes Macron-Darmanin à la CGT et à la gauche ainsi qu’à leurs satellites d’extrême-gauche : des soutiens à l’impéralisme français contre les travailleurs des nations opprimées comme contre ceux des pays impérialistes

Un projet de loi anti-travailleurs immigrés, oeuvre des droite et gauche républicaines

Le nom de ceux qui présentent la loi est révélateur :

PROJET DE LOI pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration, PRÉSENTÉ au nom de Mme Élisabeth BORNE, Première ministre Par M. Gérald DARMANIN, Ministre de l’intérieur et des outre-mer
Par M. Éric DUPOND-MORETTI, Garde des sceaux, ministre de la justice Et par M. Olivier DUSSOPT,
Ministre du travail, du plein emploi et de l’insertion.

Deux des quatre signataires, E. Borne et O. Dussopt sont de purs produits de la gauche.

O. Dussopt, fut adhérent du PS de 1999 à 2024 :

En novembre 2008, où il a été signataire de la motion C de Benoît Hamon, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon , il intègre la direction nationale du PS, en juin 2010 il devient vice-président de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains. Le 12 juillet 2011, il devient porte-parole de Martine Aubry, candidate à l’élection présidentielle de 2012. Après les primaires, il rejoint le conseil des élus de la campagne de François Hollande.

(Wikipedia)

E. Borne fut directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie de 2014 à 2015.

Cette loi représente donc bien à la fois la droite et le gauche "républicaines". Ce n’est que le dernier avatar du "racisme républicain", le type de mesure que prend la république bourgeoise, à l’encontre des travailleurs étrangers.

Le racisme républicain bourgeois n’a pas besoin de l’extrême-droite.

Ce racisme "républicain bourgeois", c’est un aspect de la politique bourgeoise dont tout travailleur doit être conscient.

Un des premiers arguments fallacieux mis en avant par les faux opposants à cette loi, c’est d’innocenter la gauche gouvernementale, comme si ce genre de racisme légal était une "trahison" des idéaux de la gauche réformiste, qui ne ferait que reprendre des idées de Le Pen.

C’est ce genre d’argument qu’utilise N. Arthaud en écrivant :

Quelques jours avant Noël, l’Assemblée nationale nous a offert un spectacle écœurant : le vote d’une loi Macron-Ciotti-Le Pen contre les immigrés (...) Désormais, quand il s’agit de flatter les préjugés xénophobes pour aller à la chasse aux voix, les politiciens se bousculent au portillon. Et ils montrent, une fois de plus, qu’ils sont prompts à retourner leur veste pour des combines politiciennes minables aux conséquences graves pour des millions de personnes. En faisant ce pas dans l’ignominie, ils montrent qu’ils n’auront pas de scrupules à en faire d’autres. (...) La gauche a une responsabilité écrasante dans cette évolution réactionnaire. Elle-même a trahi sa grande promesse de donner le droit de vote aux étrangers. Et surtout, elle a démoralisé les militants les plus sincères et les plus combatifs en se soumettant à la dictature patronale.

Bref, cette gauche et cette droite républicaines auraient, d’après N. Arthaud, "retourné leur veste" en votant cette loi ! Cette gauche aurait "trahi sa grande promesse de donner le droit de vote aux étrangers." Donc les trahisons de la gauche ne remonteraient qu’à celles de Mitterrand en 1981 pour N. Arthaud ! C’est effacer toute l’histoire du mouvement ouvrier. Même si l’on se borne à la période récente, c’est la complicité de Mitterrand et de la gauche dans le génocide des Tutsis du Rwanda (1994) qui est le plus grand crime de cette gauche. Mais suivant en cela la CGT, la LO et le NPA excluent toute action empiétant dans le domaine réservé de la politique étrangère de leur bourgeoisie.

C’est de 1914, que date la grande trahison de la gauche réformiste, par son entrée dans l’Union sacrée.

Et l’extrême gauche opportuniste "oublie" de signaler la trahison de la CGT à la même date. C’est la gauche politique et syndicale réformiste qui est passée en 1914 dans le camp de la bourgeoisie en se "soumettant à la dictature patronale".

De plus, cette entrée dans l’Union sacrée ne peut être exprimée seulement en termes économiques, car elle est surtout le ralliement définitif de la gauche réformiste à l’impérialisme français, à la boucherie organisée pour le partage mondial des marchés et des colonies.

Comme l’écrasement de la Commune, le colonialisme, les guerres coloniales ne furent pas dirigées par l’extrême-droite. L’extrême-droite, surreprésentée dans le corps des officiers, était essentiellement exécutante à un niveau subordonné à celui de civils des gouvernements de gauche. Le racisme colonial, qui fait partie de l’idéologie impérialiste, est avant tout un racisme républicain. L’extrême-gauche opportuniste masque ce racisme républicain,car elle a abandonné la lutte contre son impérialisme français.

Que veut dire l’expression "se soumettre à la dictature patronale ?" que N. Arthaud emploie à propos de la gauche réformiste ? L’exploitation économique de la classe ouvrière par le Capital, basée sur le salariat est l’essence de cette dictature. C’est l’objectif de l’abolition du salariat qui est la seule façon de mettre fin à cette dictature du patronat. Pourquoi ne pas le dire clairement ? Parce qu’en 1914, ce n’est pas seulement le Parti socialiste qui abandonna le terrain du socialisme, c’est également la CGT, qui rentra aussi dans l’Union sacrée. Or des groupuscules comme LO, NPA et RP choisissent de végéter à l’ombre de la CGT comme organisations de cadres moyens des appareils syndicaux. Ces groupuscules ne se réclament pas de P. Monatte qui, en 1919, dénonça au nom du syndicalisme révolutionnaire la trahison de Jouhaux.

Le colonialisme de gauche renforcé par celui de l’extrême-gauche

C’est un mensonge historique de prétendre que le racisme républicain de la gauche serait le résultat d’une "pression" de l’extrême-droite. Car ce racisme de type colonial, s’il a pris définitivement une forme institutionnelle à l’échelle mondiale en 1914 par la participation des socialistes aux gouvernements de guerre, s’était déjà constitué quasi-officiellement en tendance de la Deuxième internationale en 1907, à son Congrès de Stuttgart. En 1907 comme en 1914, la gauche réformiste ne subissait de pression de l’extrême-droite.

Au Congrès de Stuttgart de 1907, la question coloniale fut un des 5 points à l’ordre du jour, et une grande partie des délégués fit l’apologie du colonialisme, pourvu qu’il soit socialiste, comme le rapporta Lénine qui y participa :

Sur la question coloniale, la commission a vu se dégager une majorité opportuniste, et le projet de résolution comportait cette phrase monstrueuse : « Le congrès ne condamne pas, en principe et pour tous les temps, toute politique coloniale, qui, en régime socialiste, pourra être une œuvre civilisatrice. » Cette disposition équivaut en fait à un recul direct vers la politique et la conception du monde bourgeoises justifiant guerres et violences coloniales. C’est un recul vers les positions de Roosevelt, a affirmé un délégué américain. Mais les tentatives de justifier ce recul au nom des tâches de la « politique coloniale socialiste » et des réelles réformes susceptibles d’être accomplies aux colonies ont été vraiment en dessous de tout. Le socialisme ne s’est jamais refusé et ne se refusera jamais à réclamer des réformes aux colonies comme ailleurs, mais cela ne doit nullement impliquer un relâchement de notre position de principe d’hostilité aux conquêtes, à la soumission des autres peuples, aux violences et au pillage qui sont les composantes de la « politique coloniale ». Le programme minimum de tous les partis socialistes est valable aussi bien pour les métropoles que pour les colonies. La notion même de « politique coloniale socialiste » relève d’une extrême confusion. Le congrès a eu parfaitement raison de retrancher de la résolution les formulations citées plus haut pour leur substituer une condamnation de la politique coloniale encore plus ferme que dans les résolutions des congrès précédents.

C’est l’impérialisme qui, en premier lieu, fournit leur moteur (financier, institutionnel) aux appareils politiques des réformistes, la pression de l’extrême-droite est secondaire et négligeable.

En 1907, année du Congrès de Stuttgart, en France l’extrême-droite venait d’être vaincue lors de l’Affaire Dreyfus, épisode par lequel A. Millerand, le père du socialisme réformiste moderne en France, justifiait la place du parti socialiste dans des gouvernements "républicains" incluant la droite voire l’extrême-droite. Millerand devient en 1899 le premier socialiste ministre, aux côtés du bourreau de la Commune le général Gallifet. S’allier à l’extrême droite "républicaine", n’est donc pas une "trahison" de la gauche réformiste, c’est un retour aux sources, confirmé par l’Union sacrée en 1914.

Les réformistes veulent gouverner l’Etat bourgeois, or cet Etat est en France celui d’une puissance coloniale impérialiste. De Mélenchon à Le Pen, tout programme de gouvernement a un chapitre de type colonial, justifiant l’écrasement des travailleurs des pays dominés, avec ses "Codes noirs" bourgeois, ses Codes de l’indigénat.

LFI ne cache pas son "chapitre colonial", car à propos de la Palestine, ce parti a récemment fait l’apologie du "grand épisode" de 2003 où Chirac et Villepin ont refusé de suivre les USA dans leur guerre contre l’Irak.

Sous la IIIème république, participer au gouvernement voulait dire se rallier au "Code de l’indigénat", ensemble de règlements qui, à partir de 1875, s’appliquait aux "sujets de l’Empire français". La loi sur l’immigration n’est qu’une des formes modernes de ce code de l’indigénat, qui était de gauche autant que de droite, mais dans les deux cas plus fasciste que progressiste !

Qu’est-ce que la vague migratoire ?

Un autre point d’accord du gouvernement et de la gauche qui prétend critiquer la loi sur l’immigration est que tous deux font semblant de prendre comme un phénomène physique naturel, comme une tempête, les "vagues migratoires".

Or, ce sont les guerres impérialistes qui transforment des millions d’habitants des pays opprimés par l’impérialisme en "migrants".

L’écrasement du "Printemps arabe", incarné par le déversement d’armes, notamment par la France sur un pays comme la Syrie, en est l’exemple type. C’est notre impérialisme, aux côtés des anglais qui a pris l’initiative de détruire l’Etat Libyen, aboutissant à la dissémination d’armement qui a abouti à des guerres principalement au Mali.

La question des migrants est une question de politique extérieure ?

Le mouvement ouvrier fut confronté à de telles questions dès ses débuts.

En 1830 la révolution ouvrière qui renversa Charles X, coïncidait avec les conquêtes coloniales de l’Algérie.

En 1848 la révolution vit, par l’affrontement entre républicains bourgeois et ouvriers de Paris, la pure lutte de classe s’exprimer au grand jour, mais cette révolution n’était qu’un des actes d’une révolution européenne qui fut aussi le Printemps des peuples, avec l’écrasement des Hongrois par l’armée russe.

En 1864 la fondation de l’Association internationale des travailleurs fut contemporaine du soulèvement polonais de 1863 contre la Russie. Ce soulèvement fut salué par l’AIT bien que ses dirigeants soient paradoxalement une petite noblesse polonaise historiquement réactionnaire.

La IIème internationale et la question nationale

L’argument que mettent en avant la gauche politique et syndicale remonte à plus d’un siècle, la IIème internationale l’avait utilisé à de nombreuses reprises, comme par exemple sur la question noire aux USA :

La République des Etats-Unis a proclamé depuis 40 ans l’émancipation des Noirs, et l’esclavage subsiste.

Jadis le Noir, acheté aux voleurs d’hommes, représentait un capital : il était défendu par les possesseurs, parce que c’était leur propriété.

Aujourd’hui, il ne représente plus à leurs yeux la même valeur, mais il est, entre les mains du capitaliste, un élément de combat contre le travailleur blanc organisé.

Le capitalisme qui partout s’efforce de supplanter le travail des hommes par celui des femmes et des enfants, a suscité les rivalités de races, dans les Etats du Nord, à New York, à Brooklyn, à Akron, dans l’Ohio et ailleurs.

Le capitalisme ne fait point de distinction, quand il s’agit de vivre du travail d’autrui : la classe ouvrière a pour intérêt de s’unir, quelles que soient les différences de race, quelles que soient les différences de races, de religions, afin d’asurer son émancipation complète.

La servitude n’est ni blanche, ni jaune, ni noire, elle est prolétarienne. La révolte contre l’exploitation capitaliste doit être une.

L’intérêt de la classe ouvrière réclame l’union de tous les travailleurs, sans distinction de races, et il exige une protestation énergique de la démocratie socialiste contre les actes abominables qui se commettent journellement aux Etats-Unis.

Les socialistes signataires de cet appel expliquaient bien que l’extension du capitalisme à tous les Etats Unis justifiait une telle position :

Autrefois, la question pouvait être un problème de race. Depuis que les Etats du Sud se sont industrialisé, il n’y a plus de distinction à faire entre le Nord et le Sud.

La question est devenue un problème ouvrier

Ces principes généraux sont toujours justes, avec la mondialisation, aujourd’hui : les véritables socialistes peuvent dire : à l’échelle mondiale, depuis que les "pays du Sud" se sont industrialisé, il n’y a plus de distinction à faire entre le Nord et le Sud"

L’extrême-gauche électorale nie le racisme républicain

Se déclarer contre la loi Darmanin, en solidarité avec les travailleurs africains sans papiers au nom de la lutte contre le racisme est donc juste, mais c’est bien insuffisant. Ne pas se déclarer solidaire de ces mêmes travailleurs africains du Niger, du Mali, du Burkina lorsqu’ils expulsent l’armée française, est incompatible avec l’internationalisme prolétarien ! C’est ce type de soutien induffisant aux luttes anticoloniales qui marqua les limite de la IIème internationale, qui mourut en 1914 à cause de son insuffisance sur cette question : le lien entre les luttes dans les pays coloniaux et les pays colonisés.

Or le NPA, LO, RP, suivant la CGT, n’ont mené aucune campagne politique saluant (ni appuyant bien sûr) la défaite de l’armée française au Niger (sous prétexte que ce sont des militaires qui ont pris le pouvoir mais ne l’ont-ils pas aussi en réalité en France quand c’est des conseils militaires qui gouvernent avec Macron). Leur internationalisme est platonique.

La loi Darmanin n’a pas que des buts (condamnables) de politique intérieure, elle vise à créer un esprit de rejet, de haine des travailleurs de France envers les travailleurs victimes de l’impérialisme français, à donner aux ouvriers une mentalité de "petits blancs" pauvres mais appartenant à la "race supérieure". Le massacre des Palestiniens, sans aucune réaction digne de ce nom des organisations politiques et syndicales de gauche en France en est un exemple. Les travailleurs Palestiniens font partie des peuples dignes d’être massacrés, alors que les travailleurs de France ne le sont pas (pour l’instant).

C’est en combattant l’impérialisme français, son armée, son Etat purement colonial à Mayotte, au Niger, qu’un début de véritable internationalisme commencera, une véritable solidarité avec les travailleurs de Palestine et d’ailleurs.

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