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L’organisation Lutte ouvrière ne se donne pas comme objectif de mobiliser le prolétariat contre la guerre

vendredi 4 novembre 2022, par Robert Paris

"Se tenir à un non-alignement de la France et ne pas fournir d’armes à l’Ukraine", voici comment est résumé le programme de la dirigeante Arthaud de Lutte Ouvrière au plan international !!

https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/02/14/le-programme-de-nathalie-arthaud-a-la-presidentielle-2022_6113609_823448.html

Nous rappelons ici un article du 14 mars 2022

Lutte Ouvrière (LO) démobilise l’opposition ouvrière au danger d’une guerre OTAN-Russie

Kumaran Ira

L’invasion de l’Ukraine par la Russie et la réaction belliciste des puissances de l’OTAN menace le monde entier des conséquences catastrophiques d’une guerre généralisée. La presse française discute à présent des effets du bombardement atomique de Paris tout en relayant agressivement une propagande antirusse. Cette crise pose directement la question du rôle et du caractère de classe des partis petit-bourgeois que les médias traitent d’« l’extrême-gauche », comme le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et Lutte Ouvrière (LO) en France.

L’opposition des masses de travailleurs à l’implication militaire de l’OTAN dans cette guerre est écrasante. 69 pour cent des Américains s’opposent à une intervention américaine selon un sondage Rasmussen, et 70 pour cent des Français à une intervention française selon un sondage CNews. Le NPA et LO, par contre, visent à canaliser l’opposition derrière les appareils syndicaux pro-capitalistes qui soutiennent la politique belliciste de l’OTAN, et à bloquer l’émergence d’une perspective pour une lutte contre le danger d’une guerre mondiale.

Le NPA, qui a soutenu les interventions de l’OTAN en Libye et en Syrie contre des régimes pro-russes, appelle activement à attiser le conflit. Prônant « la livraison sans conditions d’armes défensives aux victimes d’une agression – dans ce cas, à l’Etat ukrainien » par l’OTAN, il traite la Russie et Poutine de démons. La Russie est selon le NPA le pays le plus agressif au monde qu’il faut arrêter à tout prix, selon les analyses qu’il publie par le professeur Gilbert Achcar, qui sert aussi de conseiller aux forces armées britanniques. En effet, Achcar insiste :

« Le sort de l’invasion de l’Ukraine par la Russie déterminera la propension de tous les autres pays à l’agression. Si elle échoue à son tour, l’effet sur toutes les puissances mondiales et régionales sera celui d’une forte dissuasion. Si elle réussit, c’est-à-dire si la Russie parvient à ‘pacifier’ l’Ukraine sous ses bottes, l’effet sera un glissement majeur de la situation mondiale vers la loi de la jungle ».

LO joue un rôle différent en surface, mais orienté vers différentes couches des mêmes appareils syndicaux et étatiques auxquels s’oriente le NPA. Comme le NPA, LO a reçu grâce à la couverture de ses candidats dans les médias des millions de voix dans les années 2000. Mais elle se limite à faire quelques critiques tactiques de la politique extérieure française, sans mobiliser ses électeurs contre la guerre et tout en collaborant avec des partis ouvertement bellicistes comme le NPA.

Sur France 5, la candidate présidentielle de LO, Nathalie Arthaud, s’est plainte que les puissances de l’OTAN renforcent leurs positions autour de la Russie et risquent de provoquer une guerre.
Nathalie Arthaud réunion de Reims pour la candidate à l’élection présidentielle 2012 (Source : Wikimedia Commons)

Elle a rappelé qu’une « guerre d’influence dure depuis des années » dans cette région, et accusé l’OTAN de porter la responsabilité principale du conflit : « je tiens à condamner les manœuvres qui ont été conduites par les puissances impérialistes occidentales par l’OTAN et bien sûr par les Etats-Unis, parce qu’aujourd’hui, on nous dit, bien sûr, c’est Poutine l’agresseur. La réalité, c’est qu’il y a une guerre d’influence qui dure depuis des années. C’est cette pression militaire dans la région qui dure depuis 2014 et qui dégénère aujourd’hui en conflit armé ».

Arthaud a fait observer que « l’OTAN a ceinturé la Russie, a exercé une pression militaire qui a finalement conduit à cet affrontement armé. Alors je dénonce bien sûr ces rivalités, ce bras de fer. »

Elle a ajouté : « Ce rapport de forces, ce bras de fer existe depuis des années et des années et j’ai l’impression qu’on assiste à une espèce de grande manipulation qui ressemble à ce qui s’est passé avec l’Irak en 2003. On nous a expliqué que Saddam Hussein était devenu le monstre qui allait faire péter toute la planète. D’ailleurs, les Américains avaient inventé les armes de destruction massive pour partir en guerre et envahir l’Irak ».

En ce qui concerne la guerre lancée par Moscou, Arthaud a dit « je n’ai aucune sympathie pour le régime autoritaire de Poutine. Je pense qu’il faudrait bien sûr arrêter cette guerre, la première victime est la population. Mais il faut balayer devant sa porte, c’est-à-dire devant la responsabilité des puissances occidentales, de la France qui s’aligne en réalité derrière les Etats-Unis ».

En ce qui concerne le rôle de l’OTAN dans la région pendant les dernières décennies, et rôle réactionnaire de Poutine, il n’y a rien de faux dans ce qu’Arthaud a dit. Elle a également su réagir à diverses embûches que lui tendait la journaliste de France 5 pour l’encourager à adopter l’attitude belliciste et pro-OTAN du NPA sur le conflit.

Quand son interlocutrice lui a objecté « mais ce n’est pas l’OTAN qui fait la guerre », Arthaud a répondu : « mais si, l’OTAN fait la guerre … vous savez combien d’armes les Américains ont envoyés en Pologne, en Roumanie, en Ukraine aussi ? Il n’y a jamais eu autant de bases militaires autour de la Russie ».

En fait, Washington et ses alliés européens ont interprété la dissolution de l’Union soviétique en 1991 comme l’occasion d’imposer leur domination incontestée de la planète. Depuis lors, les interventions menées par l’impérialisme ont dévasté l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et la Syrie. L’OTAN mène à présent un vaste programme de réarmement visant la Russie. Ayant entouré la Russie de bases militaires et refusé les appels de Moscou à fournir des garanties sur sa sécurité, l’OTAN a tenté, avec succès, de provoquer une invasion russe de l’Ukraine.

Mais LO ne cherche pas à mobiliser les travailleurs contre le danger de guerre qui découle des politiques de toutes les grandes puissances, et surtout des puissances impérialistes. Comme le reste du milieu de pseudo-gauche petit-bourgeois issu du mouvement soixante-huitard, LO vise plutôt à à bloquer un mouvement international antiguerre des travailleurs. Bien qu’il ait reçu des millions de voix dans des élections et qu’il compte plusieurs milliers de membres, ce parti n’appelle à aucune mobilisation contre la guerre.

En fait, LO tente simplement de renforcer l’emprise des appareils syndicaux dans chaque pays. Cette politique est ressortie très clairement lors d’un meeting le mois passé de Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central du groupe PSA pour la CGT et porte-parole de Nathalie Arthaud pour la campagne présidentielle de 2022.

Tout en avouant que les « syndicats ont joué le rôle de courroies de transmission dans la classe ouvrière » pour la classe dirigeante, Mercier a prétendu que le premier devoir d’un révolutionnaire est de participer aux appareils syndicaux : « Ils doivent en être les éléments les plus actifs, les plus décidés, les plus militants ! Les communistes révolutionnaires doivent être là où sont les travailleurs, militer à leurs côtés et chercher à organiser ceux qui ne le sont pas : c’est la base même du travail d’un militant communiste ».

Tout d’abord, cet argument est faux, car les travailleurs ne sont plus dans les syndicats en France et de plus en plus autour du monde. Le taux de syndicalisation en France tourne autour de 7 pour cent, et des masses de travailleurs se méfient des bureaucraties syndicales, comme on l’a vu lors du mouvement des « gilets jaunes » qui a éclaté en dehors des syndicats.

Ensuite, et surtout, la stratégie de LO de canaliser les travailleurs derrière des appareils syndicaux nationaux divise la classe ouvrière internationale et empêche une lutte commune contre le danger de guerre. Il n’a fallu que quelques jours pour que les critiques hypocrites de LO à l’égard de l’OTAN soient démasquées. En effet, les syndicats derrière lesquels se tapit LO se joignent aux puissances impérialistes pour soutenir la campagne d’intervention militaire de l’OTAN contre la Russie.

Le 9 mars, la CGT, dont Mercier est un délégué, a publié une déclaration dénonçant la Russie comme un agresseur et demandant aux puissances de l’OTAN de la punir sévèrement. Elle affirme que seule la défaite de la Russie par l’OTAN et la chute du régime de Poutine seront à même de rétablir la paix et empêcher une guerre mondiale.

« Le retour à la paix passe par la chute de Poutine », écrit la CGT, qui ajoute : « Une paix durable ne peut être obtenue que par son départ et celui-ci n’interviendra que par la conjonction de trois facteurs : des sanctions internationales fortes et réellement efficaces, une résistance ukrainienne qu’il faut espérer victorieuse et un soutien aux oppositions russes démocratiques et progressistes ».

La CGT se réjouit des sanctions économiques sévères qui peuvent détruire le niveau de vie des masses de travailleurs en Russie, mais aussi à l’international en raison des sanctions dévastatrices imposées aux exportations russes de pétrole et de grain. LA CGT lave aussi le rôle des forces d’extrême droite ukrainiennes que la CGT espère seront victorieuses grâce au soutien de l’OTAN contre Moscou.

Ces déclarations ne font que confirmer que l’appareil cégétiste, tout comme LO représente les intérêts de ces couches aisées de la petite-bourgeoisie qui soutiennent consciemment l’impérialisme.

S’opposant à la passivité de la LO, le Parti de l’égalité socialiste (PES), section française du Comité international de la IVe Internationale (CIQI), appelle à la construction d’un mouvement anti-guerre dans la classe ouvrière, indépendant de la bureaucratie syndicale et de ses défenseurs parmi les partis de pseudo-gauche.

Le PES insiste sur le fait que la lutte contre la guerre est une lutte contre le capitalisme, nécessitant la construction d’un mouvement anti-guerre international dans la classe ouvrière. Cette perspective sépare le PES et CIQI, seule véritable tendance trotskyste, des tendances petite-bourgeoises telles que le NPA ou LO. Pour mobiliser les travailleurs contre le danger croissant d’une Troisième Guerre mondiale, la question urgente est de construire l’Alliance ouvrière internationale des Comités de base en opposition aux bureaucraties syndicales, et le PES par opposition à LO.

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