samedi 29 février 2020, par
édito
Sur proposition du PS, avec l’accord de la droite, de la gauche et de la gauche de la gauche, Macron organise des réunions de tous les partis politiques pour fonder « l’unité nationale face au coronavirus aux côtés du gouvernement ». L’expression n’est pas seulement de lui mais va de la droite à Mélenchon. Ce dernier s’est répandu dans les média pour se féliciter de cette initiative comme s’il il ne pouvait en résulter que de bonnes choses, comme si tout le passé nous prouvait que le gouvernement était incapable de cacher des sales coups derrière de bonnes intentions affichées !
« On ne manquera pas de la solidarité qui s’impose (...) Si on a besoin de notre aide, face au péril on sera là. » a déclaré Mélenchon au nom des Insoumis ! « Pour l’instant, le gouvernement fait le boulot, nous lui assurons notre soutien », a ajouté Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste. « Il y a un besoin d’unité nationale" pour faire face au coronavirus », a également déclaré Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat. Et Marine Le Pen de rajouter : « Le gouvernement nous a rassurés : a priori, les municipales vont avoir lieu. » !!!
Dans cette réunion des dirigeants politiques français, le gouvernement s’est fait modeste et calme. Il a prétendu que cette réunion ne prétendait à rien d’autre qu’à affirmer deux trois choses simples du genre : il faut informer, il faut consulter, il faut prendre calmement quelques mesures, personne n’a à tirer profit politique de la situation, personne ne doit affoler la population, tout le monde doit être du même côté face à la menace et surtout tout le monde doit soutenir le gouvernement.
Même si Mélenchon adore, dit-il un tel discours de défense nationale, tout cela n’est que poudre aux yeux, mensonges et dés pipés. D’informations, il n’y en a guère, ni aux partis politiques ni à la population.
Tout d’abord, les services secrets français ou le gouvernement sont-ils informés des manipulations chinoises en matière de virus dans le laboratoire central de Wuhan ? Savent-ils ce que cachent les autorités chinoises : cause réelle de fabrication du virus et de sa propagation, durée d’incubation réelle, moyens de propagation, durée du virus déposé sur des matières, propagation dans l’air, propagation par les animaux domestiques, moyens de protection (quels masques, quelles inhalations, quel lavages des mains et du visage, etc.), existence de porteurs du virus qui n’ont pas attrapé la maladie, quels tests et quelle validité, quelle durée de quarantaine et quelles vérifications, etc. Enfin de quels moyens dispose la France pour se protéger et soigner. Pourquoi a-t-on autant attendu pour mettre en place un dispositif spécial hospitalier ?
Rien n’est davantage expliqué sur les politiques mises en œuvre jusqu’à présent face au coronavirus qui sévit depuis décembre de l’an dernier ? Pourquoi se met-on maintenant à produire en masse des masques pour les pharmacies après avoir dit qu’ils étaient inutiles pour les personnes non malades ? Pourquoi avoir parlé des personnes non atteintes par la maladie alors que l’on ne peut pas le savoir, même après le temps d’incubation et que des personnes non atteintes peuvent transmettre la maladie sans l’avoir contractée ? Pourquoi refuser que toute la population soit masquée ? Pourquoi refuser d’arrêter les communications avec les régions les plus infectées ? Pourquoi ne pas mener une étude sérieuse sur les risques des virus voyageant sur des surfaces matérielles ? Et on en passe encore des dizaines de pourquoi à commencer par pourquoi ne pas avoir lancé dès décembre dernier un plan de mise en œuvre d’un dispositif hospitalier massif en cas d’épidémie ? Pourquoi avoir laissé Buzyn, alors ministre de la Santé, déclarer que la France était déjà prête à faire face à une épidémie avec sept salles dédiées ? Pourquoi l’avoir laissé dire que les masques ne servaient à rien, que le temps de quarantaine garantissait la non dissémination de l’épidémie ? Pourquoi ne pas reconnaître aujourd’hui que tout cela était faux ?
Pourquoi s’être refusé à bloquer les relations aériennes avec la Chine dès le début ? Puis ensuite avec l’Italie ? Pourquoi ne pas avoir mis en place dans les aéroports des points médecin avec passage obligatoire des passagers entrants ? Pourquoi avoir maintenu les activités économiques comme si de rien n’était ?
Est-ce que les messages pour rassurer n’avaient pas pour effet d’empêcher les gens de prendre des précautions ? Est-ce qu’ils n’avaient pas d’abord pour but d’éviter l’effondrement boursier, financier et économique, qui est d’ailleurs tout de même en train d’arriver… La peur qu’ils craignent, c’est d’abord celle des possesseurs de capitaux. La mauvaise santé qui les affole, c’est celle des capitaux.
Dans ces conditions, comment croire que l’Etat capitaliste se mobilise d’abord pour défendre la population face au virus et pas, comme d’habitude, d’abord pour défendre les intérêts des milliardaires, comme on l’a vu face à toutes les catastrophes économiques et sociales.
Dans ces conditions, pourquoi nous jouer la comédie de l’unité nationale alors que c’est la division entre classes sociales aux intérêts diamétralement opposées qui continue de primer et même qui est plus grave que jamais, dans la crise sanitaire comme dans la crise sociale et économique qui vient ? Parce que les partis qui jouent cette comédie, qu’ils se donnent ou pas des airs de défendre la population travailleuse, sont tous au service du grand capital, PS, PCF et Insoumis compris !
Oui, le coronavirus n’interrompt pas la lutte des classes mais il l’aiguise. Les classes possédantes se servent déjà dans de nombreux coins de la planète, à commencer par la Chine, de justificatif pour interdire les libres informations, les manifestations sociales et politiques, les rassemblements, les grèves et toute forme de contestation des classes possédantes et des gouvernants. Le coronavirus sert donc d’argument pour casser la révolution sociale qui montait aux quatre coins du monde.
Et l’unité nationale, clairement présentée comme se faisant derrière les gouvernements capitalistes, ne peut que détruire le rapport de forces que les prolétaires étaient en train de construire partout dans le monde. Le manque d’empressement pour protéger les populations ne peut que montrer que les classes possédantes se servent du coronavirus pour mettre les peuples sur la défensive, pour les contraindre à se solidariser avec leur ennemi, le pouvoir capitaliste.
Les bonnes gens se diront certainement que dans des circonstances aussi graves, il faut savoir laisser de côté les luttes sociales et politiques, même très importantes, pour se concentrer sur la lutte contre le fléau du virus. Mais peut-on croire que l’Etat capitaliste va, lui aussi, « laisser de côté » la défense prioritaire des intérêts du grand capital pour « se concentrer » sur la défense de la vie de la population ? Eh bien, disons le clairement, nous ne le pensons absolument pas et nous n’avons jamais connu d’exemple de situation où les classes possédantes l’aient fait. L’unité nationale a, par contre, été proclamée à chaque fois que l’on a voulu tromper les travailleurs et les piéger, en les mettant derrière leurs pires ennemis dans les moments où le système d’exploitation connaissait une crise aigüe de sa capacité à dominer les exploités.
Nous sommes justement dans une telle période avec l’effondrement économique du capitalisme qui était déjà d’actualité avant le virus et qui n’est qu’accéléré par lui. La crise capitaliste n’est pas d’origine sanitaire mais elle vient de la suraccumulation du capital qui signifie qu’il y a dans le monde bien trop de capitaux à investir par rapport aux activités dans lesquelles les investir de manière suffisamment rentable.
Ce n’est pas l’unité nationale qui règlera ce problème, cause fondamentale de l’effondrement économique du système mondial, pas plus qu’il ne permettra de se donner davantage les moyens de lutter contre le virus et de défendre la population. Au contraire, les intérêts du capital qui est investi dans la santé va à l’inverse des intérêts de la population. Les trusts pharmaceutiques tentent de profiter de la pénurie de médicaments ou de masques ou encore de solutions hydro-alcooliques pour augmenter les tarifs.
Devant tous les problèmes suscités par la crise sanitaire et la crise économique, l’opposition entre capitalistes et travailleurs est plus aigüe que jamais. Qui paiera pour les travailleurs mis en quarantaine ? Qui pourra faire des stocks de nourriture d’avance s’il tire déjà le diable par la queue pour se nourrir dans les fins de mois ? Qui pourra s’acheter des masques et des solutions hydro-alcooliques ? Qui, parmi les plus démunis, pourra faire garder ses enfants si les écoles ferment ?
Oui, face au coronavirus comme face à la crise économique, l’opposition entre exploiteurs et exploités est plus importante que jamais et il est d’autant plus décisif que nous choisissions de ne pas nous solidariser des classes dirigeantes et de ne pas marcher dans la prétendue unité nationale, qui n’est que l’unité avec nos exploiteurs !
L’unité que nous défendons, c’est celle des exploités. Elle n’est pas nationale mais internationale ! Il ne faut surtout pas mettre en veilleuse nos luttes sociales et politiques face aux vraies causes de catastrophes y compris au virus qui sont toutes liées à la mainmise des milliardaires sur le monde ! Gilets jaunes révolutionnaire plus que jamais, nous combattrons tous les virus capitalistes !