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En Chine, ce qui commence, ce n’est pas seulement la catastrophe du coronavirus mais aussi le soulèvement populaire contre le régime de dictature faussement intitulée communiste

vendredi 14 février 2020, par Robert Paris

En Chine, ce qui commence, ce n’est pas seulement la catastrophe du coronavirus mais aussi le soulèvement populaire contre le régime de dictature faussement intitulée communiste

Bien des signaux indiquent que le régime politique de dictature en Chine est directement menacé par le changement d’état d’esprit des masses populaires de ce pays, revirement radical dû à l’épidémie de coronavirus que le pouvoir s’est avéré incapable de contrôler. Contrairement aux classes dirigeantes mondiales ou à l’OMS, la population chinoise ne croit rien de ce que racontent les gouvernants chinois, rien des chiffres mensongers de morts et de victimes du coronavirus, rien sur les efforts prétendus de transparence et de réactivité des autorités, rien sur la prétendue volonté de ces mêmes dirigeants de sauver la santé de la population.

Tous les chiffres sur le nombre de victimes sont mensongers. Ferguson, expert en maladies infectieuses au Collège Impérial de Londres, a écrit dimanche que « on a détecté seulement 10 pour cent ou moins de toutes les infections en Chine ».

Tous ceux qui ont fait des efforts pour prévenir à l’avance le public de la menace et y réagir à temps ont été arrêtés, frappés, tués ou menacés. Aucune mesure n’a été prise à temps, à part pour sauver l’économie chinoise ou mondiale. Aucune tentative, sérieuse et prise à temps, pour éviter que la population de Wuhan se rende partout en Chine. Aucune tentative sérieuse pour qu’on dispose d’équipements et de locaux pour faire face à l’épidémie. Aucune transparence. Aucun accès aux vraies informations. Aucune mobilisation prise suffisamment à temps pour cantonner l’épidémie. Et ainsi de suite…

Il y a eu seulement des déclarations mensongères des autorités pour minimiser, puis pour rassurer, puis pour tromper, puis pour ne pas être discrédités, enfin pour discréditer des pions locaux du pouvoir, enfin pour blanchir le chef de l’Etat. Mais rien de tout cela ne trompe la population.

Plusieurs fois, malgré une surveillance policière d’internet, des informations ont percé, faisant savoir que le médecin Li Wenliang qui a découvert ce coronavirus était en détention pour « divulgation de fausses nouvelles » et est mort en détention, soi-disant victime du virus. Ou bien mort sous les coups. Tous ceux avec qui il avait correspondu pour leur donner l’information ont subi un sort semblable !! Tout cela a circulé sur le net chinois avant que le pouvoir soit parvenu à arrêter l’information.

On a ainsi appris que le médecin chinois Li Wenliang, 34 ans, a mis en garde ses contacts officiels dès le 30 décembre sur une potentielle épidémie à venir. Mais les autorités chinoises l’ont accusé de propager des fausses rumeurs nuisibles aux intérêts nationaux et à l’économie chinoise, voire mondiale. Cet ophtalmologue travaillait à l’hôpital de Wuhan ! Il précisait ensuite, dans un second texte, que le virus n’est pas le Sras mais un nouveau type de coronavirus. Le 3 janvier, la police convoque à son tour l’ophtalmologue : elle l’accuse d’avoir « répandu des rumeurs en ligne » et « perturbé gravement l’ordre social ». Le trentenaire doit signer une déclaration dans laquelle il reconnaît son « délit » et promet « de ne plus commettre d’actes illégaux ». Li Wenliang reprend son travail à l’hôpital de Wuhan. « Je ne pouvais rien faire, tout doit respecter la ligne officielle », explique-t-il à CNN. Mais l’épidémie prend de l’ampleur. Un premier patient décède le 11 janvier.

Il a donc fallu attendre le 20 janvier pour que les autorités chinoises reconnaissent ce que les scientifiques murmuraient depuis plus de trois semaines : le nouveau coronavirus se propage entre humains.

Pendant des semaines, les autorités provinciales et nationales savaient qu’elles faisaient face à une pandémie potentielle. Mais elles n’ont émis aucun avertissement de santé publique, alors que des millions de personnes se déplaçaient à Wuhan pour les vacances du Nouvel An.

Ensuite, les chiffres et les mesures prises par le pouvoir ont été critiqués sur les réseaux sociaux, avant d’être arrêtés par un surcroit de répression.

Enfin, des critiques politiques du pouvoir dictatorial – rappelons par exemple que le président est au pouvoir « à vie » et que le goulag chinois appelé Laogaï comprend dix fois plus d’esclaves que l’ancien goulag stalinien russe – ont circulé sur les réseaux sociaux, réclamant la démocratie, le droit d’expression, le droit d’organisation, la fin du régime de dictature notamment…

Les prétendues mesures du pouvoir face au coronavirus sont généralement critiqués sévèrement par la population. La quarantaine de Wuhan a été proclamée bien trop tard – plus de 5 millions de personnes avaient quitté Wuhan avant qu’elle ne soit appliquée… La Chine n’a cessé de cacher les informations sur le démarrage de l’épidémie et ses causes réelles… Il a toutefois fallu près de deux semaines pour obtenir le feu vert du gouvernement chinois sur la composition de l’équipe de l’OMS d’une quinzaine de personnes dirigée par l’épidémiologiste canadien Bruce Aylward. Pourtant, l’OMS n’a cessé d’être très compréhensi vis-à-vis des intérêts chinois au point de diffuser des déclarations ultra favorables à la prétendue transparence des autorités et aux mesures de santé prises par le pouvoir chinois !

L’économie chinois est, pour le moment, à l’arrêt de manière provisoire mais c’est du provisoire qui dure… De nombreux chefs d’entreprise redoutent la faillite. Jia Guolong, patron de Xibei, une chaîne qui compte 400 restaurants en Chine, a alerté dans la presse chinoise : si la crise dure, il pourrait mettre la clé sous la porte d’ici trois mois. L’entreprise emploie 20 000 salariés dans 60 villes de Chine. Avec 150 millions de yuans de dépenses par mois et aucune recette ou presque, les rares enseignes ouvertes ne proposent que des plats à emporter, le groupe ne peut tenir longtemps.

Sur Weibo, Sun Dawu, patron d’un des principaux groupes agricoles de Chine, déjà durement frappé par la crise porcine en 2019, accuse, lui aussi, le coup : « Les blocages des routes et des villes dans tout le pays déstabilisent l’industrie de l’élevage. » Sa société qui produit des œufs, des poussins et des plats cuisinés ne peut pas les livrer à cause des barrages routiers. « Si les poussins ne sont pas livrés aux fermes à temps, après l’éclosion, la plupart vont mourir de faim. Et un grand nombre de poulets vont aussi devoir être tués et cela va affecter la production », s’alarme-t-il.

Pour Su Ling, 38 ans, commerçante dans le textile à Hangzhou (ville en confinement) « la censure est connue de tous mais on ne peut pas tous nous contrôler, nous sommes des centaines de millions alors je n’ai pas peur de dire ce que je pense aujourd’hui. Le régime est corrompu et n’a pas de conscience. » Pour elle, l’origine réelle de l’épidémie de coronavirus n’est pas le marché aux animaux de Wuhan mais « un système vertical qui se fiche pas mal du bien-être de la population et qui ne cherche qu’à se protéger et survivre ».

Le 7 février, le Financial Times a rapporté qu’on a publié aussi une lettre séparée, adressée au Congrès national du peuple, le parlement chinois (qui n’est qu’un cache-sexe). Les auteurs — un groupe de « grands intellectuels publics » selon le journal — ont fait une déclaration. Ils ont dit : « Nous affirmons, à partir d’aujourd’hui, qu’aucun citoyen chinois ne doit se faire menacer par un quelconque appareil d’État ou groupe politique pour ses paroles […] L’État doit immédiatement cesser de censurer les médias sociaux et de supprimer ou bloquer les comptes. » Si le pouvoir a laissé diffuser cette critique, c’est pour noyer des critiques bien plus radicales émanant de la jeunesse et des milieux populaires durement frappés...

Le hashtag « je veux la liberté d’expression » est devenu viral en quelques heures à peine sur le réseau Weibo. D’autres internautes vont encore plus loin : « Il nous faut plus de transparence et la fin du système du parti unique », écrit un jeune professeur de Nankin, avant que son compte ne soit interdit par une armée de censeurs qui effacent ou suppriment tout message contenant des mots-clés comme « Li Wenliang », « coronavirus », « liberté » ou « démocratie ».

Si la confiance dans le capitalisme chinois ne s’est pas encore écroulée, contrairement à la confiance populaire, c’est aprce que l’Etat chinois a jeté sur les marchés des sommes colossales afin de soutenir les actions chinoises sur les marchés financiers !!! Cette opération camouflage du pouvoir chinois a le plein soutien du capitalisme mondial et notamment occidental.

On pourrait penser que la Chine mobilise des sommes d’argent public pour faire face au coronavirus ? Oui, mais pas pour la santé des populations !!! Pékin va injecter 156 milliards d’euros pour... soutenir l’économie chinoise et le monde capitaliste !!! Le régime combat l’épidémie financière et pas la pandémie du coronavirus !!!

Les médias officiels qui, jusqu’au 24 janvier, ont minoré l’épidémie, mettent désormais les bouchées doubles pour souligner la mobilisation générale – et notamment celle du Parti communiste – dans cette « guerre contre le démon », selon Xi Jinping. Mais il est trop tard, trois semaines et des centaines de vies ont déjà été perdues, et les Chinois ne cachent plus leur colère.

La mort du docteur Li acquiert tout à coup une dimension politique : elle donne résonance à une contestation rampante. Des centaines de millions de Chinois ont déversé sur les réseaux sociaux leur émotion, leur frustration et leurs critiques. Celles-ci s’adressent aux officiels locaux, mais aussi à un système arc-bouté sur ses réflexes de censure et de dissimulation.

Certes, les autorités centrales ont annoncé l’envoi à Wuhan d’une équipe de la Commission nationale de supervision, l’organe suprême de tutelle de la fonction publique, créé en 2018, pour mener une « enquête approfondie » sur les questions soulevées par le public autour du décès du médecin. Cette manœuvre d’un autre temps se traduira par des punitions exemplaires envers quelques officiels.

Pourtant, signe de l’inquiétude des autorités, le 5 février, l’administration qui gère le cyberespace a également publié une nouvelle directive renforçant son contrôle sur les réseaux sociaux. Les grands groupes Internet chinois font désormais l’objet d’une « supervision spéciale ». Ordre est donné de contrôler encore davantage les discussions sur le coronavirus, mais aussi sur d’autres sujets sensibles comme le Parti communiste.

Malgré tous ces efforts du pouvoir, les mensonges officiels du régime chinois finissent par être dévoilés. Tout le monde apprend que les chiffres de victimes sont complètement faux. Ils sont divisés par deux, par trois ou dix ou plus encore…

Tout le monde apprend qu’il n’y a aucun moyen matériel sérieux pour faire face à l’épidémie et notamment pas de masques !!! Alors que le pouvoir prétendait que la leçon du coronavirus précédent, le SRAS, avait été tirée !

Et le monde occidental réagit exactement de la même manière que le pouvoir chinois capitaliste (avec une prétendue étiquette communiste et un parti unique qui se proclame tel).

Le journal bourgeois français « Le Figaro » du 28 janvier trouve le coronavirus inquiétant : « L’épidémie pourrait fragiliser un peu plus l’économie chinoise. » Et l’économie chinoise en chute, dit Le Figaro, ne manquerait pas d’entraîner le capitalisme mondial ! La santé de la population chinoise et mondiale n’est clairement pas au centre des préoccupations de ce journal capitaliste !

La domination capitaliste en Chine pourrait sembler très stable et même durable, notamment du fait de cette dictature policière, et aussi du fait de la grande ampleur du mensonge officiel d’un régime soi-disant socialiste et communiste, et y compris du fait que c’est un pays qui est devenu l’un des plus importants économiquement et industriellement dans le monde capitaliste. Et pourtant, c’est un des plus instables du monde, un de ceux dont la révolution aurait le plus grand impact pour les capitalistes et pour les prolétaires du monde, vu que c’est là que se trouve le plus grand prolétariat industriel du monde, le plus jeune aussi et pourtant celui qui a connu ces dernières années les plus grandes luttes de classes, et le plus d’auto-organisation puisqu’aucun syndicat libre n’est autorisé dans les industries et entreprises chinoises… La révolte de Hong Kong que le pouvoir chinois a été incapable d’éradiquer ou de cantonner, ni par la négociation, ni par la répression, a eu un écho dans toute la Chine…

La crise économique n’a pas attendu le coronavirus pour frapper la Chine… La nouvelle année a commencé avec la nouvelle qu’un indice manufacturier clé en Chine avait enregistré sa pire valeur en 19 mois, un autre signe que l’économie chinoise commence à ralentir. On craint que l’absence d’accord commercial avec les États-Unis d’ici la date limite du 1er mars ait d’autres répercussions négatives et que Washington menace de faire passer de 10 à 25 % les droits de douane sur des produits chinois d’une valeur de deux cents milliards de dollars.

La dégradation des perspectives de l’économie chinoise a été soulignée par l’indice Caixin des directeurs d’achats (PMI), qui suit principalement les usines privées et qui est tombé à 49,7 en décembre contre 50,2 en novembre. C’est la première fois depuis mai 2017 que l’indice tombe en dessous de 50, ce qui marque la ligne entre expansion et contraction.

Les données sur le secteur privé ont été publiées deux jours après que le PMI officiel de la Chine, qui suit principalement les sociétés d’État, ait atteint 49,4, la première fois depuis juillet 2016 qu’il tombe en dessous de 50.

Il est significatif que dans les deux indices, les nouvelles commandes soient passées de l’expansion à la contraction entre novembre et décembre. Les PMI des économies chinoises dépendantes de Taiwan, de la Malaisie et des Philippines ont également enregistré des baisses pour le mois de décembre.

D’autres données chinoises vont dans le même sens. En novembre, les bénéfices des entreprises industrielles ont chuté pour la première fois en trois ans et la croissance des ventes au détail a atteint son plus bas niveau en 15 ans, l’industrie automobile étant particulièrement touchée. Selon la société de conseil internationale PwC, la Chine a la capacité de produire 43 millions de véhicules, mais en construira moins de 29 millions, grâce aux importants investissements étrangers des grands constructeurs automobiles, dont Ford, Peugeot, Hyundai et Volkswagen.

Depuis l’effondrement de juillet 2015, dans lequel toute une partie des capitaux chinois se sont envolés en fumée et où le pouvoir a dû interdire les transactions boursières et financières libres, l’économie chinoise ne survit que grâce à l’interventionnisme d’Etat !

Le gouvernement espérait qu’après avoir pris des mesures pour doper le marché – fourniture de fonds, mesures contre la vente à découvert, interdiction de délivrance d’offres publiques d’achat pour maintenir le flux d’argent dans les titres existants et une directive de la caisse de retraite de l’État d’acheter et de ne pas vendre – celui-ci aurait connu une hausse significative. Mais la réaction d’hier n’a soulevé que de nouvelles interrogations sur sa capacité à stopper la chute.

Selon Fraser Howie, directeur général de Newedge Singapour, qui est considéré comme un expert des marchés de capitaux chinois : « Il est clair que la réaction du marché était bien loin ce qu’on avait espéré. Lorsque vous regardez l’ensemble de mesures... toutes les mesures possibles et imaginables ont été lancées sur le marché et pourtant le bilan au bout du compte était, franchement, assez lamentable. »

L’offensive de propagande menée par la presse officielle traduit l’ampleur de l’inquiétude du gouvernement. La presse décrit le Parti communiste chinois (PCC) comme « capable et confiant » de garantir que les marchés resteraient « stables et solides ».
Selon un éditorial du Quotidien du peuple, principal journal du PCC : « Il est urgent de ramener les marchés d’actions de type A [titres cotés seulement en renminbi] sur une voie rationnelle, car la volatilité du marché nuit au développement sain et stable du marché des capitaux ».

Pour faire face, la dictature politique et sociale n’a cessé de s’aggraver…

Xi a considérablement renforcé l’emprise du parti sur la vie des affaires. L’attitude du parti chez Dongfeng répond à des instructions au sommet de l’Etat. En octobre 2017, lors du XIXe congrès du Parti communiste, le président chinois Xi Jinping avait appelé à renforcer le parti « dans le gouvernement, l’armée, la société, les écoles, au nord, au sud, à l’est, à l’ouest et au centre ». « Le parti dirige tout », avait-il asséné. Peu après, une note a été envoyée aux membres du parti de la province centrale du Hunan, leur demandant d’inscrire la place du parti dans les documents légaux des entreprises, publiques ou privées, d’après une fuite dans la presse locale, rapidement censurée.

Plus stalinienne et plus anti-ouvrière que jamais, la Chine de Xi où il suffit d’organiser une manifestation pour se retrouver dans le goulag ou avec une balle dans la tête !!!

Toute la situation mène donc à une remise en cause de la dictature personnelle de Xi Jinping, à une remise en cause de la dictature militaire en Chine, à une remise en cause de l’absence de démocratie, à une remise en cause de l’infime minorité de milliardaires, etc… En somme à une révolution sociale et politique d’ampleur historique et mondiale !

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