mercredi 18 décembre 2019, par
Les syndicats et le gouvernement font semblant de mener « la bataille de l’opinion » mais les deux s’en moquent. Ils savent très bien que rien, dans la politique syndicale, ne contraint absolument le gouvernement à reculer, et surtout pas le respect qu’aurait un gouvernement bourgeois d’être minoritaire dans l’opinion. La seule opinion qui compte est celle du grand capital, soit de un pour cent de la population et pas de la majorité, et ce un pourcent doit craindre pour ses intérêts fondamentaux pour souhaiter que son gouvernement recule. Or rien dans la politique syndicale ne s’en prend aux intérêts fondamentaux du grand capital.
Les syndicats et le gouvernement font semblant d’être fondamentalement opposés alors qu’ils ne le sont pas et que certains syndicats, soi-disant unis aux autres, approuvent l’essentiel de la « réforme ».
Les syndicats et le gouvernement font semblant que le but de tout cela est de décider du contenu d’une réforme des retraites visant à sa pérennité. En fait, la lutte actuelle concerne tout autre chose que seulement les retraites. Elle met en cause le pouvoir des capitalistes et tous les fondements de la société d’exploitation.
Les syndicats et le gouvernement font semblant que tout le but est une « bonne négociation » alors que celle-ci ne peut se faire que dans le dos des travailleurs.
Les syndicats et le gouvernement font semblant d’être surpris et choqués de leur opposition frontale alors qu’ils ont mené des mois de négociations. En fait, ils ne sont pas aussi opposés qu’ils le prétendent sur le fond puisqu’ils ne s’opposent que sur les retraites pendant que le gouvernement remet tout en cause : les services publics, la santé, les transports publics, le chômage, les aides sociales, les libertés démocratiques, le droits des sans papiers et des migrants, etc, etc.
Les syndicats et le gouvernement font semblant que le seul enjeu est la grève des transports, alors que les deux ne craignent qu’une seule chose : la généralisation de la grève au secteur privé et à toute la classe ouvrière, et sur l’ensemble des revendications non seulement économiques mais sociales et politiques !
Les syndicats et le gouvernement sont d’accord pour faire croire que les confédérations seraient le fer de lance de la lutte alors qu’elles en sont les pompiers.
Les syndicats et le gouvernement font semblant que le seul blocage des transports et des pétroliers peut suffire à débloquer la situation et c’est absolument faux.
Les syndicats et le gouvernement sont d’accord pour faire croire que les confédérations ont appelé à la grève générale illimitée reconductible alors que les deux savent parfaitement qu’elles s’en sont bien gardées, sauf en paroles…
Les syndicats et le gouvernement sont d’accord pour faire croire que ce qui peut faire changer la situation, c’est le nombre, c’est le blocage, c’est les syndicats. Et c’est faux ! Un tout petit nombre de gilets jaunes, refusant toutes négociations, refusant de demander des autorisations de manifester, refusant d’annoncer par avance leurs actions, a plus réussi à faire peur aux classes possédantes que les actions massives des syndicats prévenues et autorisées d’avance.
Les syndicats et le gouvernement sont d’accord qu’il vaut mieux l’action syndicale dans les journées d’inaction que l’explosion sociale de la colère des démunis !! Et la fausse action des syndicats plait plus au gouvernement que la vraie action des exploités ! Mais elle ne peut pas faire reculer les possédants parce qu’ils n’en ont pas peur.
Les syndicats et le gouvernement sont d’accord pour faire croire en une hostilité entre syndicats et gouvernement mais celle-ci n’existe pas. Ils dialoguent sans cesse alors que les syndicats ne dialoguent pas avec les salariés.
Les syndicats et le gouvernement sont d’accord qu’il faut un mouvement dirigé par les syndicats et surtout pas dirigé par les salariés, les retraités et les chômeurs eux-mêmes.
Les syndicats et le gouvernement sont d’accord pour défendre cette société. Ils sont d’accord pour le respect de la loi… des capitalistes. Ils sont d’accord que le mouvement ne doit pas se diriger lui-même, ne doit pas devenir une vaste révolte sociale, ne doit pas remettre en cause les fondements de la société, ne doit pas mener à un prolétariat qui fait lui-même sa politique et qui revendique de le faire en lieu et place de l’Etat des milliardaires.
Syndicats et gouvernement négocient dans le dos des grévistes !
Les syndicats et le gouvernement sont du même bord par rapport à la lutte de classes : ils sont contre !
Le fait que les syndicats continuent d’apparaître comme dirigeants de la lutte est une victoire… du gouvernement !! Le fait qu’après les gilets jaunes, les syndicats semblent avoir le soutien de ceux qui veulent se battre est une victoire… du gouvernement !!!
L’avenir de la lutte des classes, c’est de cesser de pleurer auprès du gouvernement et… des syndicats et de ne compter que sur nos propres forces…