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Grèves en Iran

vendredi 6 juin 2008, par Robert Paris

2008

Iran : Plus de 3000 ouvriers d’une briqueterie en grève

mardi, 03 juin 2008

Les ouvriers de dizaines de fabriques et d’ateliers ont fait grève le mois dernier

Plus de 3000 ouvriers de la briqueterie Qarchak de Varamine, dans le centre de l’Iran, sont en grève depuis 26 jours.

Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants travaillant dans cette fabrique demandent que leur salaire qui s’élève aujourd’hui à 12,5 $ soit augmenté à 15 $ les 1000 briques produites.
Les ouvriers déshérités de cette fabrique travaillent 17 heures pas jour. Ils ont appelé les autorités du régime à examiner leurs conditions de travail.
Des contremaitres ont répondu à la grève en fermant les toilettes et en exerçant des pressions immorales pour forcer les ouvriers à reprendre le travail.
Les salariés de l’usine de canne à sucre de Haft-Tapeh, de l’usine à sucre de Chazand, du complexe pétrochimique de Kermanchah, de l’usine Kaveh de produits ignifugés, de l’usine de bois Taleqani à Ahmad-Abad, de l’usine de sucre Bardsir à Kerman, et de dizaines d’autres usines et ateliers se sont mis en grève le mois dernier pour réclamer les salaires impayés.
La Résistance iranienne appelle les organisations salariales et les syndicats ouvriers, ainsi que l’Organisation internationale du Travail à condamner la politique anti salariale des mollahs et leur répression des travailleurs en Iran.

Iran : Grève des ouvriers du sucre à Haft Tapeh

Plus de 6 000 ouvriers manifestent au quinzième jour de la grève
Shush, Iran –

Lundi 19 mai 2008

Les milliers d’ouvriers de canne à sucre de Haft Tapeh ont manifesté encore dimanche et lundi à Shush pour marquer leur désaccord avec le procès truqué contre cinq de leurs collègues mardi, que les ouvriers veulent faire annuler. Des personnes de la ville ont également rejoint la manifestation d’aujourd’hui. Au point où les ouvriers ont bloqué la route principale du secteur.
Les ouvriers ont crié des slogans pour le paiement des salaires impayés et la mise au rebut des actions judiciaires contre leurs collègues. Un autre slogan réverbérant dans les rues était pour la libération des ouvriers emprisonnés : « Les ouvriers emprisonnés doivent être libérés ! »
Les ouvriers de canne à sucre exigent le paiement des salaires en retard et l’abandon des poursuites contre cinq de leurs collègues, qui font l’objet d’une chasse aux sorcières pour leur rôle dans la grève. Jalil Ahmadi, Fereydoon Nikofard, Ahmad Nejati, Ghorban Alipoor et Mohammad Heydari Mehr ont été appelés à comparaître devant le tribunal demain, mardi. Une grande mobilisation est également prévue demain ce jour crucial du combat.
En attendant les ouvriers du pays ont exprimé leur soutien à la grève. Le syndicat indépendant des ouvriers iraniens, celui des ouvriers de l’usine de fabrication de tuyaux Ahvaz et un groupe d’ouvriers de l’usine d’automobiles Khodro d’Iran ont publié des communiqués aujourd’hui pour exprimer leur solidarité avec les ouvriers et pour condamner l’action imminente contre les cinq activistes. La semaine dernière, plusieurs organisations ouvrières ont publié un rapport commun pour condamner la persécution des ouvriers de canne à sucre, et demandant la libération immédiate et sans conditions des ouvriers actuellement emprisonnés Javanmir Moradi, Taha Azadi, Sheis Amani et Mansoor Osanloo.

Iran : Cinquième jour de grève de la faim et de protestation à l’université Sahand de Tabriz

lundi, 28 avril 2008

Des étudiants de l’université technique de Sahand, à Tabriz dans le nord-ouest de l’Iran suivent une grève de la faim depuis cinq jours. Ils protestent contre la nomination d’administrateurs par le pouvoir.

Les étudiants exigent également des mesures contre les agents de la sécurité qui insultent les étudiantes. Les protestataires scandaient : « Nous sommes en colère contre les acteurs de la discrimination », « Nous sommes des hommes et des femmes de combat, venez vous battre et nous vous combattrons », « Nous sommes là pour nous battre jusqu’à la fin » et « Peu importe ce qui arrivera, le mouvement continuera ».

En plus de condamner les mesures répressives sur le campus, les manifestants ont appelé à la démission de deux responsables de l’université : le vice-président des affaires culturelles et le doyen des affaires étudiantes. Les manifestants lançaient contre eux : « honte à vous, démission ».

Parmi les grévistes de la faim, on note la présence de filles. 21 garçons et 4 filles sont en grève. Les étudiantes sont dans une situation critique, selon les équipes paramédicales sur place.

La Résistance iranienne appelle les organisations internationales de défense des droits de l’homme et les syndicats étudiants à condamner les mesures répressives contre étudiants iraniens.


2006

vendredi 15 décembre 2006
Iran : 780 manifestations, grèves et protestations en novembre

Plus de 3400 protestations ces huit derniers mois

Plus de 780 manifestations, grèves, protestations et affrontements ont eu lieu durant le mois iranien d’Aban (21 octobre-21 novembre). Ce nombre indique une augmentation de 54% par rapport à la même période l’an dernier, selon l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran.

En tout 3 400 protestations ont été enregistrées ces huit derniers mois.

Des manifestations et des grèves ont eu lieu à Téhéran, Karadj, Saveh (centre de l’Iran), Racht et le Mazandaran (nord), Hamedan, Sanandaj, Baneh, Boukan et Khorramabad (ouest), Machad (nord-est), Bouchehr, Bandar-Abbas et Chiraz (sud). Dans plusieurs cas, des affrontements ont éclaté avec les forces de sécurité. Les ouvriers ont organisé 240 manifestations pour réclamer leurs salaires impayés depuis 3 à 50 mois. Les étudiants ont lancé 200 manifestations contre le régime avec comme slogans « Liberté, Liberté ! » et “l’université n’est pas une caserne”

Durant la même période, le système judiciaire du régime a pendu 48 personnes (dont 37 pendaisons publiques) pour créer une atmosphère de peur dans la population afin de la dissuader de prendre part à davantage d’émeutes et de soulèvements.

2005

Iran : grève dans le Kurdistan

16 janvier 2005

Malgré le régime dictatorial qui pèse sur l’Iran la classe ouvrière n’est pas sans réaction. Ainsi la récente information que nous a fait tenir l’IWSN [1] (Iranian Workers’Solidarity Network - le Réseau de solidarité des travailleurs iraniens) au sujet de la grève des 400 travailleurs du textile de la ville de Sanandaj, dans le Kurdistan iranien.

Le 20 décembre dernier ces ouvriers cessaient le travail pour protester contre le licenciement de 6 d’entre eux, licenciement qui faisait suite d’ailleurs à plusieurs mouvements de grève précédents.

La liste de leurs revendications, outre la réintégration immédiate de leurs six camarades, est d’ailleurs assez révélatrice des conditions de travail dans les industries iraniennes :

• l’embauche des travailleurs en contrat temporaire ;

• la révision du règlement intérieur afin que les travailleurs soient enfin respectés en tant qu’êtres humains ;

• le respect des classifications professionnelles ;

• l’amélioration des conditions d’hygiène afin de prévenir les maladies dues aux condition de travail dans l’usine ;

• l’ouverture d’un restaurant d’entreprise qui fournirait des repas chauds à la place de la prime de panier de 16 000 rials mensuels (ce qui équivaut à peu près à 1,6 euro).

Après 15 jours de grève ils ont repris le travail le 6 janvier. La prime de panier a été doublée mais les revendications sont loin d’être satisfaites. Ils ont tout de même obtenu, pour les 6 licenciés, une indemnité de 3 mois de salaire au lieu d’un.

Grèves et protestations sociales en Iran Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
02-03-2005
Iran Focus, Téhéran, 1er mars – Les revendications des travailleurs concernant les salaires impayés et leurs actions contre des conditions de travail déplorables ont connu un regain ces derniers jours en Iran, avec l’irruption de protestations et de grèves dans plusieurs villes d’Iran.

Les mineurs de charbons de Sangroud ont lancé une marche aujourd’hui sur la capitale pour exiger leurs salaires et des mesures de sécurité dans leur travail. 650 mineurs de la mine de charbon Ouest Alborz sont en grève depuis quatre semaines, exigeant que le ministère de l’industrie et des mines leur assure de meilleures conditions de travail. Dimanche, quatre mineurs d’une mine de phosphate de la ville de Jayeroud, à 15 km à l’est de Téhéran, ont été tués par un éboulement de glace et de pierres.

Par ailleurs, 800 travailleurs de la province de Chahar Mahal Bakhtiari ont protesté devant des bâtiments officiels de la ville de Chahr-e-Kord, pour demander leurs salaires impayés. Les employeurs du site hydroélectrique Karoun 4 ont affirmé que les fonds publics n’étaient pas arrivés et qu’ils étaient incapables de payer leurs salariés.

Dimanche, au moins 100 enseignants ont manifesté devant le ministère de l’éducation nationale à Téhéran pour protester contre le manque d’emplois permanents que le gouvernement avait promis de fournir. De nombreux enseignants se plaignent d’avoir déposé leur candidature depuis plus de quatre ans.

Une action de protestation a également éclaté dans la ville iranienne de Racht (capitale de la province du Guilan dans le nord), après la fermeture jusqu’à une date indéterminée d’une usine de jute, pour, selon les autorités, des raisons de mauvais temps. Les 250 employés qui s’étaient rassemblés devant les bâtiments de l’entreprise ont affirmé que le travail avait continué durant les fortes chutes de neige de ces deux dernières semaines et que la fermeture était un prétexte pour ne pas payer les employés.

2002

Grèves et manifestations se multiplient dans un pays à l’économie malade où les promesses de réformes n’ont pas été tenues.

La rébellion des

ouvriers iraniens

Privés de salaires depuis des mois, les employés des usines iraniennes commencent à perdre patience. Face au silence des autorités, ils multiplient les opérations coup de poing pour faire entendre leurs voix. Reportage.

Téhéran

Correspondance particulière

" Bienvenue dans le cimetière des machines à coudre ", lance un ouvrier. Cela fait presque un an que l’usine iranienne de vêtements Jamco ne produit plus rien. · l’entrée de l’entrepôt où sommeillent des rangées de costumes dignes des grands tailleurs italiens, une grosse pancarte, assortie d’un slogan (" Jamco, le meilleur de la mode "), rappelle les beaux jours de cette fabrique de textile, considérée comme un des plus gros producteurs de vêtements du Moyen-Orient il y a encore dix ans. Mais les temps ont bien changé. Dans le quartier Esteqlal, en plein cour de la zone industrielle de la banlieue de Téhéran, non loin de Karaj, les clients se font rares dans l’usine Jamco. Les patrons aussi. Cela fait six mois qu’ils n’ont pas donné signe de vie. Chaque jour pourtant, quelque 200 ouvriers continuent à venir pointer, dans l’espoir de récupérer une part de leur salaire, qui ne leur a pas été versé depuis quatorze mois. L’hiver commence pourtant à se faire très rude. La neige de ces derniers jours a fondu, mais le froid est toujours là. Sous la tôle de l’usine, la température moyenne est de 4 degrés. · force de factures impayées, l’électricité a été coupée. Replié sur sa chaise en bois, Gholam Reza Hachemkhâni, le secrétaire général de l’association des ouvriers, multiplie les appels au ministère iranien de l’Industrie, avant que la ligne téléphonique de l’usine ne soit à son tour suspendue. · l’autre bout du fil, on lui répond que le dossier Jamco est en train d’être traité avec sérieux. Le problème, c’est que Jamco n’est pas un cas isolé. · Téhéran, comme en province, près de 400 usines traversent la même crise que cet ancien géant du prêt-à-porter iranien. Le textile est de loin le secteur le plus touché, concurrence asiatique oblige. " Mais la source du problème se trouve avant tout dans la mauvaise gestion des industries en Iran, après la révolution, surtout depuis la vague de privatisations lancée il y a dix ans ", explique Hachemkhâni.

Le cas Jamco est à ce niveau exemplaire. Fondée il y a vingt-six ans par Mamoud Khayami, un riche producteur industriel, également directeur des anciennes usines de voitures Iran National et des supermarchés Kouroch, Jamco a basculé, après la chute du Chah en 1979, dans les mains de la Fondation des déshérités (Bonyad-é Mostazafan), une puissante Fondation religieuse, chargée de gérer les quelque 100 milliards de dollars de biens confisqués après la révolution (ouvres d’art, hôtels, usines et entreprises de construction). La gestion de l’usine a ensuite été confiée à l’Organisation des industries nationales. Au sortir de la guerre avec l’Irak (1980-1988), cet organisme de gestion étatique des usines a lancé un vaste programme de privatisation, qui a finalement vu le jour au début des années quatre-vingt-dix, sous la présidence de Hachemi Rafsandjani. Jamco a fait partie des dix premières usines privatisées. " Cela a été le début de la catastrophe, raconte Hachemkhâni. Au lieu de proposer une offre publique d’achat de l’usine, la vente de Jamco s’est faite par copinage, et l’entreprise, comme beaucoup d’autres, a été bradée pour une bouchée de pain à des incapables. "

Deux hommes du bazar, les frères Réchâdi, cousins germains de l’ambassadeur d’Iran en Allemagne de l’époque, plus familiers du business que de la gestion du personnel, ont alors hérité du bébé, en 1995, pour la modique somme de 130 millions de tomans (soit 1,3 million de francs), sachant que le stock de vêtements était estimé à lui seul à 80 millions de tomans (soit 800 000 francs), selon les ouvriers. Depuis, l’entreprise tourne au ralenti. Les employés de l’usine n’ont même pas vu la couleur des deux millions de mètres de tissus achetés en 1997 en Grande-Bretagne sur le budget de Jamco. Et pour cause : la revente des étoffes s’est faite au marché noir et les frères Réchadi ont directement empoché le pactole. Dénoncés par les ouvriers, les deux bazaris ont alors écopé de trois ans de prison. Toujours considérés comme les patrons officiels de Jamco, ils ne donnent plus aucun signe de vie depuis leur libération, de crainte d’être confrontés à la colère du personnel. Ils n’ont pas tort.

L’année dernière, les employés de l’usine voisine Alâ-é Din (un des plus gros fabricants iraniens de poêles) se sont vengés sur leur patron en le jetant du toit. La presse officielle iranienne s’est bien sûr gardée de relater l’événement, pour éviter une amplification du mouvement de contestation. Seuls les journaux réformateurs osent évoquer, en bref, la multiplication des manifestations et des grèves dans les usines.

La patience des ouvriers iraniens a en effet atteint ses limites. Aujourd’hui, les employés de Jamco sont prêts à tout pour récupérer leurs droits. Depuis plusieurs semaines, ils multiplient les opérations coup de poing en allant manifester, sans autorisation, devant le ministère de l’Industrie, parfois avec leurs collègues d’autres usines. L’année passée, ils ont envoyé pas moins de 130 lettres à toutes les autorités du pays, y compris le guide religieux, l’ayatollah Ali Khamenei. Mais la plupart des courriers sont restés sans réponse. " Je suis prêt à me battre, quitte à ce qu’on me mette en prison ", raconte un ouvrier qui préfère garder l’anonymat. Et d’ajouter : " En 1979, nous avons tous fait la révolution pour avoir plus de droits. Aujourd’hui, je n’ai même pas les moyens de payer le loyer de l’appartement. Je dois de l’argent à tous les commerçants de mon quartier. J’ai honte de dire à mes quatre filles que je n’ai même pas de quoi payer leurs études. J’ai voté il y a quatre ans pour le président Khatami, car j’avais confiance dans sa politique de réformes. Mais il est finalement aussi incompétent en matière économique que ses adversaires conservateurs. " Quant à Hachemkhâni, le secrétaire général de l’association des ouvriers, il est l’un des rares à considérer qu’il est trop tôt pour politiser la situation. Pour l’instant, il attend beaucoup du nouveau plan de privatisation, prévu dans les mois à venir, en espérant que, cette fois-ci, les dirigeants du pays ne commettront pas les mêmes erreurs.

Delphine Minoui

La suite

Messages

  • Mardi 22 mai, un nombre important de routiers se sont mis en grève dans une dizaine de villes à travers l’Iran suite à un appel qui avait été lancé via le réseau social Telegram et s’est très vite propagé. Les chauffeurs protestent contre les bas tarifs des locations (la rémunération qu’ils touchent pour réaliser une livraison), la diminution du poids total autorisé de la cargaison et l’augmentation des coûts de maintenance de leur unique outil de travail : leur camion.

    En Iran, les routiers ne sont pas employés par des sociétés de transport. Ils sont dans la majorité des cas indépendants, c’est à dire qu’ils possèdent leur propre et unique camion, qu’ils ont acheté à crédit, et louent leurs services en échange d’une rémunération à la tâche. C’est l’État qui fixe la rémunération minimale, qui dépend du tonnage et du contenu de la cargaison (présence ou non de produits dangereux par exemple). La situation économique des routiers est extrêmement précaire, c’est pourquoi ils demandent actuellement une augmentation de 40% de leur rémunération.

    Difficile de dire quel pourcentage des 360.000 chauffeurs sont actuellement en grève, mais ce qui est sûr, c’est que le mouvement est suivi à l’échelle nationale. Les chauffeurs grévistes ont stationné leurs camions le long des routes et ont invité l’ensemble des camionneurs qui n’étaient pas encore en grève à stopper leur camion et rejoindre le mouvement. Le gouvernement tente bien entendu de casser le mouvement en envoyant les forces de répression escorter des convois, mais la détermination des grévistes est forte et leur nombre ne cesse d’augmenter malgré les tentatives de sabotage de la part du gouvernement.

    Cette grève ouvrière n’est pas isolée et s’inscrit dans un processus de recrudescence de la contestation qui se généralise depuis plus d’un an, et dont les événements de janvier 2018 ont été l’expression la plus avancée. Il y a quelques mois en effet, de nombreu.se.s manifestant.e.s sont descendu.e.s dans la rue pour protester contre la vie chère.
    La situation économique, à l’origine du mécontentement, est toujours aussi dégradée, et l’annonce récente de Trump de retirer les États-Unis de l’accord nucléaire iranien risque d’aggraver encore plus la situation économique des classes populaires. Washington vient de surcroit d’énoncer 12 conditions drastiques pour conclure un nouvel accord avec l’Iran et menace ainsi le pays avec les sanctions les plus sévères depuis 40 ans.

    Mais l’agitation qui anime l’Iran depuis de nombreux mois à travers des grèves emblématiques de la classe ouvrière et des manifestations importantes n’a sûrement pas dit son dernier mot. Les routiers l’ont d’ailleurs bien compris : "Les droits ne sont pas donnés, il doivent être pris".

  • Les travailleurs du pétrole iraniens organisent une vague de grèves alors que COVID-19 se répands dans le pays

    Dans un contexte de résurgence de la pandémie de coronavirus, des milliers de travailleurs des provinces du sud de l’Iran ont mené des grèves sauvages ces derniers jours dans les secteurs essentiels du pétrole et de la pétrochimie.

    La campagne de « pression maximale » menée par Washington sur l’Iran — comprenant des sanctions économiques punitives, un embargo de facto sur les équipements médicaux et les médicaments, et des menaces militaires — a exacerbé la crise sociale et économique dans le pays. La réponse désastreuse de la République islamique à la pandémie de COVID-19 a aussi aggravé cette même crise.

    Selon les reportages, au moins 10.000 travailleurs ont participé à une vague de grèves. Les grèves ont eu lieu dans près de 30 installations pétrolières et pétrochimiques, dont les raffineries d’Abadan, de Parsian et de Qeshm. Des grèves ont également eu lieu dans le complexe pétrochimique de Lamerd et dans certaines parties du champ gazier de South Pars, le plus grand champ gazier du monde. Depuis le samedi 1er août, des grèves ont eu lieu dans au moins 11 provinces pour protester contre les salaires impayés et les terribles conditions de travail.

    Il n’est pas encore clair si les grèves se poursuivent. Une source de droite, associée aux forces d’opposition pro-américaines, a affirmé ce week-end que le mouvement de grève se poursuit, voire s’étend. Mais cela n’a pas été confirmé par d’autres médias iraniens ou occidentaux.

    Ce qui a fait déborder le vase de cette colère croissante a été la mort d’un travailleur temporaire de l’usine pétrochimique de Mahshahr, le 28 juillet, par une chaleur de près de 50 degrés. Les travailleurs du champ pétrolier d’Azadegan Nord auraient été les premiers à arrêter le travail pour protester contre les bas salaires, le 29 juillet.

    La vague de grève s’est étendue à la raffinerie de Kangan et au complexe de production pétrolière de Parsian le 3 août, et à la raffinerie d’Isfahan dans le centre de l’Iran et à Mashhad dans le nord-est le 4 août.

    Les travailleurs sont principalement employés comme contractuels, ce qui signifie qu’ils n’ont ni d’emploi permanent ni de droits sociaux. En plus de leur salaire et de leur assurance sociale impayés, les travailleurs réclament des dortoirs décents et des salles de bain hygiéniques.

    La vague de grève courageuse des travailleurs au mépris du régime iranien s’inscrit dans le cadre d’une recrudescence plus large de la lutte des classes au niveau international. Cette lutte vise l’austérité, la violence d’État et l’inégalité sociale toujours croissante. Toutes ces choses sont exacerbées par la pandémie de COVID-19. Elle marque un approfondissement de la colère de la classe ouvrière contre les autorités bourgeoises et cléricales iraniennes, suite aux manifestations de masse dans tout le pays à la fin de 2017 et en novembre 2019.

    Le fait que les grèves sauvages aient éclaté dans le secteur économique le plus important pour l’Iran les rend d’autant plus remarquables. C’est une grève de masse des travailleurs du pétrole en janvier-février 1979 qui a brisé les reins de la dictature sanglante du Shah soutenu par les États-Unis.

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