samedi 19 décembre 2015, par
Il est vrai que les attentats ne prêtent nullement à rire et cependant brocarder, c’est exercer une indispensable liberté. Y renoncer, c’est abandonner une liberté, laquelle ne s’use que si on ne s’en sert pas.
Les bizarreries n’ont même pas attendu l’état d’urgence pour éclater. En fait, elles ont même eu lieu durant les attentats…
Pourquoi l’état d’urgence après le Bataclan et pas après Charlie et l’hypercasher ? Pas de réponse !
Pourquoi la guerre en Irak et en Syrie après le Bataclan et pas après Charlie et l’hypercasher ? Pas de réponse !
Pourquoi savait-on que le Bataclan était ciblé des mois avant et on n’y mettait aucune protection particulière ?
Pourquoi les terroristes ne sont pas tombés sur des forces de police au stade de France alors qu’il y avait match et présence du président et d’ambassadeurs ? Pourquoi est-ce un seul vigile qui s’est trouvé en face des terroristes et uniquement pour contrôler leur billet ?
Le Petit Journal de Canal +annonçait que la DGSE a capté le 12 novembre – la veille des attentats – une conversation entre Hasna Ait Boulahcen et un correspondant en Syrie, dans laquelle celle-ci annonçait qu’elle allait commettre un attentat. Pourquoi le nier et affirmer comme le fait Cazeneuve que la DGSE et la DGSI ne savaient pas ?
Une question sur les ordres donnés aux forces de l’ordre pendant le massacre du Bataclan : pourquoi avoir attendu deux heures et demi pour donner l’assaut, laissant aux trois terroristes tout le temps de tuer un par un les spectateurs du rock alors que les forces d’assaut de la police se tenaient en attente à l’extérieur ?
Un commissaire était pourtant rentré au début, d’après un témoin, et aurait tué un terroriste et était ressorti mais, ensuite, il n’y a plus eu de tentative de rentrer. Pourquoi ?
A partir du moment où il était clair que ce n’était pas une prise d’otages mais un massacre méthodique, n’aurait-il pas été préférable que les policiers présents sur les lieux interviennent sans délai plutôt que d’attendre 2 heures et demie que la BRI ou le RAID soient à pied d’oeuvre ?
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour donner l’assaut ? Pourquoi ne pas avoir autorisé le RAID et la BRI à intervenir immédiatement, dès leur arrivée sur place ? Si les forces de l’ordre avaient reçu l’ordre de pénétrer dans le Bataclan dès le début de la prise d’otage, les terroristes auraient été tués ou se seraient fait exploser sans avoir fait autant de victimes.
Les forces de l’ordre ont donc eu la consigne de ne pas intervenir pendant deux heures et demi !!!
Cazeneuve, Valls et Hollande n’ont donné aucune réponse à la question lancinante qui revient sans cesse : trois kamikazes ont tenu en respect une armée de tireurs d’élite pendant deux heures et demi ?!!!
Résultat : un véritable bain de sang…
Loin de s’estimer tristes de ne pas être intervenues, les responsables de la police ont estimé avoir évité un bain de sang encore plus grand !!! Quant à Valls, le lendemain du massacre, il s’estimait heureux que les français comprennent enfin que la France était en guerre !!! La France a-t-elle un problème avec ses services de renseignement ? Depuis les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts et 683 blessés, les dysfonctionnements apparaissent chaque jour plus flagrants. Anticipant les critiques, Bernard Cazeneuve s’est défendu dès le lendemain de toute « faille » au sein des services, se contentant de rappeler que le « risque zéro » n’existait pas. Mais la facilité déconcertante avec laquelle ont pu se déplacer les terroristes, pour la plupart identifiés, ne cesse de poser question. « C’est le signe d’un échec total et absolu depuis dix ans », se désole un ponte du renseignement intérieur toujours en activité. « Il s’agit moins d’une faille globale que d’une série de dysfonctionnements dans l’acquisition, le traitement et la diffusion des informations », tempère Alain Juillet, ancien directeur du renseignement à la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure).
Les mesures prises par l’état d’urgence ne nous garantissent en rien contre de telles « erreurs », contre d’autres attentats et ne visent qu’à menacer les militants, les associations, à s’attaquer aux libertés pour permettre une politique anti-sociale agissant et s’imposant par la force :
Mohamed Merah était sous surveillance, les frères Kouachi, avaient fait l’objet de surveillances de la DGSI (entre novembre 2011 et juin 2014 pour Saïd, entre novembre 2011 et fin 2013 pour Chérif), avant que les services n’interrompent leur travail, le journal Charlie avait été sous surveillance, mais tout cela avait été interrompu avant les attentats.
Cherchez l’erreur !!!
L’Etat a laissé circuler des terroristes connus et fichés mais il prétend maintenant arrêter des gens qui sont fichés pour « radicalisme » et pas pour soutien au terrorisme or le radicalisme peut parfaitement être politique ou social !!!
La France est en guerre à l’intérieur comme à l’extérieur répètent Hollande, Valls ou Cazeneuve ! Aussi bien sur le terrain sécuritaire que politique et social. ET, là, ce n’est plus seulement un Etat d’urgence mais un Etat de siège, un Etat policier...
« Le régime des assignations à résidence est modernisé et élargi à toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre public. »
« Il ne faut aujourd’hui rien exclure, a déclaré Manuel Valls devant les députés. Nous l‘évoquions hier. Et je le dis bien-sûr avec toutes les précautions qui s’imposent, mais nous le savons, et nous l’avons à l’esprit. Il peut y avoir aussi le risque d’armes chimiques ou bactériologiques. »
« Il faut reconstruire une grande partie de la République ». « Il n’y a pas d’un côté une réponse sécuritaire, et de l’autre une réponse sociale ou une réponse qui protégerait les libertés, a affirmé le Premier ministre. Nous avons une seule réponse, et c’est la République. »
Qui a armé les terroristes, qui les a financé, qui leur a désigné la France comme cible, qui a lancé sur les ondes leurs messages de haine, qui n’a pas protégé la population, qui exploite ensuite le filon pour s’attaquer aux libertés ? C’est l’Etat français !!!
C’est donc un changement radical en France que réalisent les Hollande-Valls-Cazeneuve, une attaque, une guerre sur le terrain sécuritaire comme social. Et ils portent le fer dans la plaie qui est le mouvement ouvrier, l’extrême gauche, les militants, les activistes, qu’ils appellent « les radicaux » et qui, généralement n’ont rien à voir avec le terrorisme !!!
En plein service, vers 20 h 30, le restaurant halal Pepper Grill, connu pour sa clientèle métissée, à Saint-Ouen-L’Aumône (Val-d’Oise), est perquisitionné alors qu’une cinquantaine de clients est attablée, samedi 21 novembre. Des policiers somment les clients et employés de rester les mains sur la table, sans bouger un cil. Lors de la fouille, les forces de l’ordre ont enfoncé trois portes. Pourtant, « je leur dis de ne pas casser les portes, que j’ai les clés ! », ne cesse de raconter le gérant Ivan Agac, encore déboussolé. Sur les trois portes défoncées, deux n’étaient même pas verrouillées à clé... Les policiers repartiront les mains vides, devant des clients qui n’en croient pas leurs yeux.
Jeudi 19 novembre, les policiers du Raid ont enfoncé une porte au fond d’un couloir au troisième étage d’un immeuble. Les témoignages des riverains et les traces d’impact au niveau des serrures témoignent de traces de tirs. Pourtant, selon la police, aucune arme à feu n’a été utilisée. Des éclats ont néanmoins été projetés dans la chambre voisine où dormaient trois enfants. Une fillette a été blessée au cou et à l’oreille. Son père a été plaqué au sol fermement et menotté tout au long de la perquisition administrative abusive.
« J’ai cru que ma fille était morte », témoigne le père suspecté à tort à Nice Matin « Je comprends que la police fasse son travail dans un contexte difficile. Mais il faut faire attention. Quand j’ai vu ma fille en sang, j’ai reçu un coup de poignard au cœur… » Interrogée, la direction départementale de la sécurité publique des Alpes-Maritimes reconnaît « une erreur rare ». Une erreur complète en réalité, car cette famille n’était pas la cible d’origine. Il s’agissait du voisin qui a ensuite été contrôlé et perquisitionné à son tour. Sans résultat.
Ce n’est pas la première fois que la police fait des erreurs d’appartement ou d’étage ciblés. A Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), une famille turque du quartier du Bois-du-Temple se rappellera encore longtemps de la visite de dizaines de policiers à leur domicile samedi 28 novembre. Les enfants de 9 à 16 ans ont été terrorisés, comme le rapporte Le Parisien Les parents, dans tous leurs états, laissent les policiers travailler... jusqu’à ce que l’un d’entre eux dise simplement : « Madame, je suis désolé, on s’est trompés. » L’appartement visé était à un autre étage. Mais après nouvelle perquisition, dans ce dernier non plus rien n’a été trouvé... Un « désolé » qui ne suffira pas à réparer les blessures.
A Quévrechain, dans le Nord, Fatima et sa fille ont subi une brusque perquisition de nuit au motif qu’un homme, que les autorités suspectaient de détenir des armes de guerre, avait habité dans la maison par le passé. La jeune fille raconte les lasers dans l’appartement, la porte qui vole en éclats, sa mère de 43 ans menottée… pour une perquisition qui n’a rien donné.
Le quotidien local La Voix du Nord relate un autre récit, celui d’un homme de 67 ans plaqué au sol sans ménagement le 17 novembre par la police dans sa ville de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Les policiers recherchaient en fait Sofiane, son fils de 19 ans. Ce dernier, qui n’a aucun passé judiciaire, aurait été vu quelques jours plus tôt en train de prendre des photos de la préfecture d’Arras. Il est donc soupçonné d’avoir fait un repérage des lieux… C’est ce qui justifie la perquisition – qui ne donne rien – et le placement en garde à vue de son père. Le lendemain, le fils s’explique lui-même aux policiers. « Je suis allé à mon rendez-vous avec les services de l’immigration, ça m’a pris environ 30 minutes, on est reparti et, vers 11 h, on était à Boulogne, je n’ai même pas pris de photo », s’étonne Sofiane. Tout ça « pour une soi-disant photo à la préfecture, on a encore du mal à réaliser ».
Dans la nuit de mercredi 16 à jeudi 17 novembre, près d’Alès (Gard), un petit village se réveille en pleine nuit par un afflux massif de gendarmes. Ils sont venus perquisitionner la maison de Gérard*, 56 ans, persuadés d’y trouver « des personnes, armes ou objets susceptibles d’être liés à des activités à caractère terroriste », relate Objectif Gard.
« La fenêtre de la chambre de ma fille a reçu un impact. Je l’ai entendu dire : "Papa, papa, on m’a tirée dessus" », témoigne-t-il. Mais sa version est démentie par les autorités, « le rapport balistique de l’intervention ne fait état d’aucun tir ». Pourtant, un impact est visible sur un mur... Après plusieurs heures de fouilles nocturnes, les gendarmes repartent bredouilles. « Ils devaient avoir honte, car ils se sont excusés. Sauf que c’est trop tard, le mal est fait. Ils ont horrifié les enfants, qui ne sont pas allés à l’école aujourd’hui. (...) Ce qui s’est passé, c’est pire qu’un amalgame. Est-ce que c’est ma barbe qui les a amenés ici ? La barbe ne fait pas le musulman. Et le musulman ne fait pas le terroriste. Ça fait très mal au cœur », confie Gérard.
Belle erreur des services de renseignement. Mickaël L., 30 ans, de confession catholique, arbore fièrement son tatouage avec un Christ entouré d’un chapelet. Pourtant, cet habitant de Blagnac, près de Toulouse, fait l’objet d’une assignation à résidence depuis le 15 novembre car il serait « proche des milieux salafistes ». « Je n’ai rien contre l’état d’urgence. Bien au contraire. Mais quand on fait une erreur, il faut savoir la réparer. Je ne demande pas des excuses mais simplement que mon assignation à résidence, qui m’empoisonne la vie, soit levée », explique-t-il.
Pour ne rien arranger de cet imbroglio, le jeune homme est recherché à une fausse adresse, celle de son ami et non celle où il vit non loin de là avec son épouse. Ainsi, il est assigné à résidence… chez cet ami ! La machine administrative est lancée. Un recours est déposé devant le Conseil d’Etat. Car, comme Michaël, les assignés à résidence doivent faire face à des graves difficultés. Interdits de sortir de leur commune, ils doivent informer leur employeur de leur situation, avec le risque de perte de salaire et d’amalgames qui peuvent conduire à leur licenciement.
Pour ceux qui ne pointent pas au commissariat, même à cause de difficultés à se déplacer, c’est la prison qui les guette. C’est le cas d’un trentenaire résidant à Hautmont (Nord) qui devait se rendre trois fois par jour à Maubeuge en bus. Ne s’étant pas rendu au commissariat, il a été condamné à trois mois de prison ferme mais le parquet a fait appel de la décision, la jugeant trop clémente car la peine était aménageable.
Dès le début de l’état d’urgence, des salles de prière ont directement été visées. Dans la nuit du 16 au 17 novembre, la mosquée de la Fraternité à Aubervilliers a reçu la visite musclée de policiers. Porte cassée, faux plafond enfoncé... une visite très critiquée du fait de sa violence. Au bout du compte, rien n’a été trouvé dans la salle de prière. L’Association des musulmans d’Aubervilliers (AMA), qui se serait bien passée de cette mauvaise publicité, reste marquée par ce douloureux épisode. Quelques jours plus tard, c’est au tour de la médiatique mosquée Sunna de Brest d’être perquisitionnée. La mosquée a été fouillée ainsi que le domicile de son imam Abou Houdeyfa. Là non plus, rien n’a été retrouvé.
Les riverains de la mosquée d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), eux, sont scandalisés par l’état du bâtiment laissé par la police après sa perquisition musclée, dans la nuit du 16 au 17 novembre. Un des responsables de la mosquée a assuré avoir proposé les clés à la police, qui a refusé, « préférant forcer la porte ». Un adjoint au maire d’Aubervilliers, Sofienne Karroumi, a posté sur sa page Facebook des photos des dégradations subies par le lieu de culte, qu’il qualifie d’« acharnement contre un lieu sacré ».
À Toulouse, c’est une perquisition administrative dans le quartier de Bellefontaine, une zone sensible, qui provoque des remous jusque dans la presse locale. L’appartement visé est celui de Taoufik Mhamdi, un père de famille, absent au moment de l’arrivée des forces de l’ordre. Dans une interview à La Dépêche du Midi , il décrit la scène : « Ma femme et mon fils de 2 ans étaient à la maison. Je n’étais pas là. Ils ont tapé à la porte et crié Police ! Quand, elle a regardé par la fenêtre, ma femme a vu des hommes armés. Elle a cru que c’était des terroristes. » Il poursuit : « Ils étaient une cinquantaine, comme des robots. Il y avait des chiens. Ils ont tout fouillé, retourné les chambres, les livres, le débarras. »
Un imposant déploiement de policiers. La scène se passe mardi après-midi dans le quartier de Saint-Michel à Bordeaux. Des officiers de police judiciaire se dirigent vers une épicerie musulmane pour mener à bien une perquisition administrative. La raison de ce déploiement ? Au mois de juin dernier, la boutique avait défrayé la chronique. Les propriétaires, présentés comme des convertis par Sud Ouest , avaient placardé sur leur vitrine une affichette qui demandait aux hommes de venir certains jours et aux femmes, d’autres. Résultat des courses ? « La perquisition ne semble pas s’être soldée par un quelconque résultat », écrit Sud Ouest, qui précise que la préfecture s’est refusée à tout commentaire.
Dans le Doubs, à Pontarlier, c’est le patron d’un kebab, Bicer Tekin, qui a été la cible d’une perquisition administrative. Les policiers n’ont pourtant pas fait chou blanc, témoigne L’Est républicain. « Le butin final : quelques grammes de résine de cannabis, une petite arme de poing dont la catégorie reste à définir, 6 000 euros d’argent liquide [ma recette et mes économies, explique le commerçant], et de vieilles munitions ne correspondant pas à ce mini-pistolet », détaille la presse locale. Mais Bicer Tekin assure ne pas être un terroriste : « Je suis né à Pontarlier, je tiens mon commerce depuis quinze ans, j’enseigne le full contact dans un club de boxe […]. » Et de souligner : « Ce qui me fait rire, c’est que dans mon kebab, je distribue des tracts anti-Daech et anti-Al-Qaïda depuis bientôt trois ans. » La perquisition nocturne aurait traumatisé ses enfants : « Les policiers n’ont pas réussi à ouvrir ma porte d’entrée, alors ils ont défoncé ma porte de garage.
Si certaines interpellations semblent justifiées, d’autres laissent pantois. Telle celle de Mickaël, dans le TGV Marseille-Rennes, où il avait pris place le 20 décembre. Rapportée par le journal Sud Ouest, l’histoire de ce jeune homme de 27 ans est édifiante. Parce qu’il porte la barbe, a gardé des gants aux mains et regarde un film d’action un peu violent sur sa tablette, des passagers le trouvent suspect et le signalent aux contrôleurs qui préviennent la police. Le train s’arrête en gare de Massy (Essonne). Il est interpellé. Interrogé pendant quatre heures, le jeune homme est finalement libéré. En état de choc.
L’arrestation et l’assignation à résidence de Daoud, 21 ans, émeuvent également les réseaux sociaux. Ce non-voyant, « dénoncé calomnieusement », selon l’ONG BarakaCity, serait une « victime de l’état d’urgence ». Contraint de se présenter trois fois par jour au commissariat de son quartier, le jeune homme a vu son appartement mis sens dessus dessous au point de ne pas pouvoir remettre la main sur sa canne blanche.
Rachid, habitant du Val-d’Oise, père de deux enfants, chef d’équipe Air France à Roissy, a été brusquement tiré de sa somnolence devant la télévision par des gendarmes le 15 novembre, rapporte "Le Parisien". La perquisition ne donne rien. Mais une semaine après, il découvre qu’il doit pointer quatre fois par jours à la gendarmerie et ne pas sortir de chez lui entre 20 heures et 6 heures, et cela pendant toute la durée de l’état d’urgence, soit trois mois. Il est assigné à résidence. Les motivations de cette décision sont inscrites dans l’arrêté préfectoral : Rachid occupe un poste sensible, est "considéré comme très radical et s’est publiquement félicité des actes terroristes du 7 janvier 2015". Ce que Rachid nie totalement. Inconnu des services de police et de la justice, jamais placé en garde à vue, jamais signalé, selon son avocate, Rachid avait obtenu le renouvellement de son autorisation de travail en juillet. La préfecture envisage de proposer au ministère de l’Intérieur la levée de l’assignation. "Il apparaît que la situation de cet homme ne justifie pas forcément le maintien de cette mesure", reconnaît le ministère interrogé par "Le Parisien".
Le gouvernement a décidé – semble-t-il – de ne pas cantonner l’état d’urgence à la lutte contre le terrorisme puisque des militants écologistes ont été assignés à résidence et des perquisitions opérées dans la perspective de la COP21. Ainsi, le site Bastamag rapporte qu’une perquisition a été menée chez des maraîchers bio, qui avaient participé à une action contre l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. Ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres.
La proclamation de l’état d’urgence, après les attentats du 13 novembre, puis sa prolongation pour trois mois menacent de porter atteinte au droit à la vie privée (en raison des perquisitions administratives) ou au droit à la liberté de circulation (pour les personnes assignées à résidence).
Depuis deux semaines, la mesure a permis aux autorités et aux services de police de taper tous azimuts. A chaque fois, sur simple décision du ministère de l’Intérieur ou des préfectures, sans mandat judiciaire. Le cadre fixé par la loi est particulièrement extensif, évoquant un « comportement » qui « constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics ». Le lien avec le terrorisme est parfois lointain. Un policier de la brigade des stupéfiants le reconnaît : « L’état d’urgence nous permet d’aller voir chez des dealers repérés depuis longtemps. » Ces derniers jours, l’action des autorités s’est aussi tournée vers des militants investis dans la contestation de la COP 21 (lire page 4). A Beauvau, on juge pourtant la stratégie « positive », tant sur le plan de la saisie d’armes que du recueil de renseignements. Dans les Bouches-du-Rhône, par exemple, les 85 perquisitions administratives avaient permis, jeudi, de mettre la main sur 16 armes. Onze personnes ont été assignées à résidence dans le département. Au total, sur les 1 836 opérations menées depuis les attentats, 293 armes ont été saisies, 232 personnes interpellées et 305 assignées à résidence.
Le choix des « cibles » est effectué à partir de plusieurs critères. « Les interceptions de sécurité [des écoutes téléphoniques réalisées hors du cadre judiciaire, ndlr] sont utilisées pour préparer les perquisitions administratives », affirme une source informée des mises sur écoute. Les remontées de terrain, venant des services de renseignement et de police, sont aussi mises à contribution. Pour les assignations à résidence liées à l’islamisme radical, l’Uclat (unité de coordination de la lutte antiterroriste) entre dans la boucle, avant le feu vert définitif de la Direction des libertés publiques et des affaires juridiques du ministère de l’Intérieur. Certaines personnes sont repérées de longue date. « Toutes les cibles sont motivées », affirme-t-on au cabinet de Bernard Cazeneuve, même si l’on admet qu’il peut arriver aux policiers de ne « rien trouver » lors des perquisitions. Les premières donnaient plus de résultats, admet un préfet.
Sans parler de ces personnes qui estiment être victimes de perquisitions abusives, parfois violentes. Mardi, un couple de maraîchers bio de Dordogne a vu sa ferme perquisitionnée, comme l’a révélé le site Bastamag. Son tort : avoir participé, il y a trois ans, au blocage d’un péage autoroutier pour protester contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. La perquisition musclée de la mosquée d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) a choqué, elle aussi. Christine Lazerges, la présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (lire son interview sur Libération.fr), compte « alerter » le Parlement et le gouvernement sur des « bavures ».
Jeudi, Cazeneuve a rappelé quelques règles de base à ses préfets, demandant de faire un usage « proportionné » de la force, en évitant par exemple de casser les portes quand celles-ci peuvent être ouvertes. Sur France 2, le ministre de l’Intérieur a aussi dénoncé les conditions dans lesquelles un restaurant du Val-d’Oise avait été perquisitionné : « Cela aurait pu se passer autrement. Je n’accepterai pas cela de nouveau. »
Christine Lazerges est tout aussi sévère sur les assignations à résidence : « Il faut être raisonnable. Certaines des personnes concernées doivent pointer deux fois par jour au poste de police. Prenons la situation d’un chômeur qui n’a pas de moyen de transport et qui est à 3 kilomètres du poste le plus proche, cela veut dire qu’il doit faire 6 kilomètres aller-retour le matin et le soir. Et dans le même temps, il est censé chercher du travail. »
Assignation à résidence de militants (écologistes et/ou extrême-gauche)
• Joël Domenjoud, membre du conseil juridique de la Coalition climat, est assigné à résidence. Le ministère de l’intérieur lui reproche de faire "partie de l’ultra-gauche parisienne qui veut remettre en cause la tenue de la COP" : o
• Témoignages d’assignés à résidence :
o https://paris-luttes.info/en-prison... o o o http://www.bastamag.net/Vivre-sous-... (Archive)
o http://www.telerama.fr/monde/assigne/ (Archive incomplête) (retranscription du texte)
• Rennes (Ille-et-Vilaine) :
o 26/11 : "Six militants écologistes et d’extrême gauche ont été assignés à résidence."
o 27/11 : "les policiers sont revenus dans trois des cinq habitations et ont délivré des interdictions de se rendre en Ile-de-France pour deux personnes supplémentaires."
o 30/11 : http://delinquance.blog.lemonde.fr/...
o http://www.ouest-france.fr/bretagne... (Archive)
o https://archive.is/6HnRx (communiqué des assignés à résidence)
o http://www.politis.fr/Des-militants... (Archive) o deux militantes témoignent : « c’était très violent » (France 3 Bretagne 28/11)
o http://france3-regions.francetvinfo... (Archive)
o Rencontre avec un écologiste rennais assigné à résidence - vidéo BFM Tv, 04/12
• Le Mas d’Azil (Ariège) - 26/11
o Un homme assigné à résidence jusqu’au 12/12 car faisant partie de « la mouvance contestataire ». Interdiction de quitter sa commune, il doit aller pointer trois fois par jour au commissariat (qui est dans une autre commune...) à 18 km de chez lui. "Ce n’est pas une mesure préventive, c’est une mesure punitive."
o https://iaata.info/Bonjour-le-bilan... (Archive) • Rouen (Seine-Maritime) - 26/11
o Deux cuisiniers de la Conjuration des fourneaux, un restaurant solidaire et militant (où on débat de tous les sujets politiques, économie, environnement entre écologistes, radicaux, alternatifs), sont assignés à résidence jusqu’au 12/12 (fin de la COP 21) Ouest France, 27/11 (Archive)
• Montauban (Tarn-et-Garonne) - 28/11 3h30 (jusqu’au 12/12)
o Assignation à résidence d’Ali Benamara, syndicaliste militant. Aucune explication ne lui est donnée, les motifs de son assignation ne sont pas sur le PV qu’on lui a remis. - Le Monde - Blog Délinquance, 07/12
• Récapitulatifs et compilations : o https://lundi.am/Etat-d-urgence-j-e... [ https://archive.is/ts4XP ]
o http://www.lemonde.fr/societe/artic... (Archive)
o http://www.reporterre.net/La-police... (Archive) o http://www.bastamag.net/Les-40-marc... (Archive)
• Réaction d’Europe Ecologie Les Verts :
o http://www.huffingtonpost.fr/2015/1... (Archive)
• Vivre sous l’état d’urgence : le récit des assignés à résidence et des « interdits d’Île-de-France ». - Bastamag, 02/12 (Archive)
• Le sentiment d’injustice des assignés à résidence :
o Après les attentats du 13 novembre : le sentiment d’injustice des assignés à résidence. - Le Monde, 19/11 (Archive)
o Les assignés à résidence en colère. - 7 sur 7, 26/11 (Archive)
o Paroles d’assignés à résidence. - Le Parisien, 26/11 (accès abonnés)
• Septèmes-les-Vallons (Bouches-du-Rhône) - Du 15/11 au 08/12
o Un homme de confession musulmane, faisant l’objet d’une fiche S, est assigné à résidence et doit pointer au commissariat quatre fois par jour. Le 08/12, le ministère de l’intérieur a reconnu son erreur et mit fin à l’assignement à résidence : "Une méprise commise sur la base d’une information qui était assez inquiétante". - Le Monde, Blog Délinquance, 11/12 (Archive)
Interdictions de manifester
Plusieurs centaines de personnes manifestent malgré l’interdiction (22/11, Paris)
• Défilé en soutien aux migrants et contre l’état d’urgence.
• 58 identités transmises au Procureur de la République de Paris "pour application des suites judiciaires prévues par la loi". Ils risquent jusqu’à six mois d’emprisonnement et à une amende de 7.500 euros.
o http://www.rtl.fr/actu/societe-fait... [ https://archive.is/VK24D ]
o http://tempsreel.nouvelobs.com/en-d... [ https://archive.is/ntHvn ]
o https://paris-luttes.info/interdict... [ https://archive.is/aVEl6 ]
o http://www.legifrance.gouv.fr/affic... [ https://archive.is/Gs5Qz ]
• Convocations
o 24/11 : plusieurs personnes (sept, à 14h30 le 24/11) confirment avoir reçu un "procès-verbal de convocation en vue d’une audition libre". 25/11 : au moins deux GAV, une personne déférée.
http://paris-luttes.info/premieres-... [ https://archive.is/qChJI - archivé le 24/11 à 15h20 ]
o Témoignages de personnes convoquées suite à la manifestation du 22 novembre :
https://paris-luttes.info/infos-et-... [ https://archive.is/6H3dq ]
o Témoignage d’individus ayant manifesté, et du placement en garde à vue de 2 d’entre eux. Y est évoqué la reconnaissance d’individus par les vidéos Youtube et photos, la copie des contacts téléphoniques sur les téléphones, etc.
http://lemonde.fr/societe/article/2... (accès abonnés)
Interdictions des manifestations et marches (COP 21) - 28 et 29/11
• L’interdiction de la marche pour le climat du 29 novembre et des manifestations du 12 décembre à la fin de la COP 21, renforce le sentiment de dépossession et la confusion entre sécurité et ordre sécuritaire
o https://france.attac.org/actus-et-m... [ https://archive.is/6U9GB 24/11 16h45 ]
• Marche des ZAD vers Paris pour la COP21 : la préfecture d’Eure et Loire [interdit] aux militants de « Cap sur la Cop » de traverser le département. Un convoi bloqué à 350km de Paris. Ce convoi rassemble 200 opposants à l’aéroport de Notre Dame des Landes qui se rendent en vélos et tracteurs à Paris.
o https://nantes.indymedia.org/articl... (Archive)
o http://www.bastamag.net/Premieres-c...
o http://larotative.info/de-notre-dam... (Archive)
o http://www.politis.fr/La-marche-des... (Archive) o L’arrêté de la préfecture du 24/11 qualifie ces militants de « groupes et groupuscules appartenant à la mouvance contestataire radicale et violente ». - Arrêté préfectoral - PDF
o De Nantes à Paris, à vélo contre vents et préfets. - Liberation, 27/11 (Archive)
o Malgré l’état d’urgence, les zadistes de Notre-Dame-des-Landes se mobilisent pour la COP21 : "On a tellement l’habitude d’être bâillonnés". - France TV Info, 03/12 (Archive)
• Côtes d’Armor, Ille-et-Vilaine, Finistère, Morbihan (25/11) : manifestations interdites (mais pas toutes). Marches pour le climat annulées, mais brocantes et marchés de Noël non impactés, randonnée moto autorisée, ...
o http://www.letelegramme.fr/bretagne... (Archive)
• Toulouse (Haute-Garonne) + Aude (25/11) : la Préfecture interdit les manifestations prévues ce week-end, mais pas toute : Marche pour le Climat interdit, mais le Toulouse Game Show aura bien lieu, de même que les hommages aux victimes des attentats.
o http://www.20minutes.fr/toulouse/17... (Archive)
o http://www.haute-garonne.gouv.fr/Ac...
• Normandie : interdiction des marches prévues dans le Calvados et la Seine-Maritime. A Caen, le rassemblement pour le lancement des festivités de Noël est, lui, maintenu.
o http://www.normandie-actu.fr/etat-d... (Archive)
• Lyon (Rhône) - 25/11 o Arrêté préfectoral interdisant la marche pour le climat prévue samedi prochain. Précision importante du communiqué du Préfet : "Ainsi toutes manifestations sur la voie publique à caractère revendicatif ou protestataire sont interdites. Les manifestations sportives, récréatives ou culturelles ne sont pas visées par l’interdiction"
o http://www.rue89lyon.fr/2015/11/25/... (Archive)
• Aube (26/11) : manifestations interdites du 28 au 30/11 (week-end d’ouverture de la COP 21), sauf pour les marchés de Noël et les Sainte Barbe (à conditions qu’elles se déroulent dans des lieux fermés)
o http://www.lest-eclair.fr/385862/ar... (Archive)
• Loire-Atlantique (25/11)
o https://scontent-mrs1-1.xx.fbcdn.ne... (Archive)
• Le Mans (Sarthe) - 28/11 : La préfète de la Sarthe a pris un arrêté interdisant trois manifestations qui devaient se tenir ce samedi.
o La manifestation « Marchons pour le climat et rallumons les étoiles », organisée par plusieurs associations réunies sous la coalition Climat 72 dans le cadre de la COP 21,
o le repas « Disco’soupe »
o la chaîne humaine prévue dans les rues du Mans.
o http://www.lemainelibre.fr/actualit... (Archive)
o Pour l’histoire, la préfète a égalament interdit la journée de "méditation pour la paix".
• Rouen (Seine-Maritime)
o Interdiction des manifestations à caractère revendicatif du 28 au 30/11. Quatre militants convoqués et interrogés par la police, sans assignation à résidence.
http://www.paris-normandie.fr/detai... (Archive)
http://www.paris-normandie.fr/detai... (Archive)
o Cinq militants d’Alternatiba ont été convoqués au commissariat. Il leur a été remis l’arrêté préfectoral interdisant les manifestations de ce week-end, leur rappelant les amendes et les peines de prison qu’ils encourent s’ils bravent l’interdiction. Les policiers ont aussi évoqué la possibilité d’assigner à résidence les contrevenants.
http://www.reporterre.net/La-police... (Archive) • La Rochelle (Charente-Maritime)
o Interdiction de manifester à la Rochelle mais pas d’interdiction de courir le Marathon :
o http://france3-regions.francetvinfo... (Archive)
• L’interdiction de manifester en Ile-de-France a été levée ce matin, mais est prolongée jusqu’au 13 décembre au Bourget (où a lieu la COP 21) et sur les Champs-Elysées.
o http://www.liberation.fr/direct/ele... (Archive)
• Etat d’urgence : Cazeneuve veut bien d’une manif mais après la fin de la COP21. - Le Parisien, 04/12 (Archive)