vendredi 29 août 2014, par
Des milliers de morts, une panique qui gagne les populations, un développement exponentiel de l’épidémie face à une absence quasi-totale de secours : le virus Ebola s’étend inexorablement en Afrique de l’Ouest (Nigeria, Liberia, Sierre Leone et Guinée) et gagne l’Afrique centrale (République du Congo). La liste de pays frappés par le virus Ebola ne cesse de s’allonger et de nombreux pays nouveaux s’attendent du jour au lendemain à en être frappés, comme la Côte d’Ivoire. Il y aurait déjà environ 1500 à 2000 morts… C’est peu dire qu’il menace toute l’Afrique : il menace maintenant le monde entier. Et pourtant… Pourtant, ce monde est loin d’être mobilisé pour lutter contre ce fléau.
L’Organisation Mondiale de la Santé, tout en affirmant que c’est la principale pandémie de la planète et en donnant l’alerte mondiale de manière publique, s’en tient à la thèse officielle selon laquelle il n’existerait pas d’antivirus et que la seule réponse consisterait dans l’isolement des malades et l’enterrement rapide des corps. La réalité est tout autre : cela fait un bon moment que plusieurs grands laboratoires pharmaceutiques dans le monde (notamment aux USA et ua Japon) ont trouvé des candidats antivirus donnant toute satisfaction mais ils se sont gardés de les tester sur l’homme et de les produire ou de les commercialiser.
La meilleure preuve que ces antivirus sont prêts à l’usage est qu’ils ont été utilisés pour sauver deux médecins américains infectés par le virus et que les deux ont été immédiatement sauvés alors qu’ils étaient gravement atteints et que l’immense majorité des personnes atteintes comme eux ne s’en sortent pas et décèdent rapidement. Développé dans le cadre d’un programme de recherche soutenu depuis dix ans par l’armée américaine et l’Agence publique de santé canadienne, cette molécule expérimentale s’appelle ZMapp. Elle est la propriété du laboratoire californien Mapp Biopharmaceutical Inc. Mais ce laboratoire n’envisage pas pour le moment d’utiliser massivement son produit en Afrique...
Pourquoi les laboratoires pharmaceutiques refuseraient-ils de pousser les tests sur des êtres humains et de faire confirmer la validité de leur antivirus alors que celui-ci devient urgemment indispensables pour des peuples entiers ? Ce n’est bien sûr pas par méchanceté ni par racisme. Ils n’ont pas soigné les deux médecins américains parce qu’ils étaient américains mais pour signaler au monde que leur laboratoire est candidat pour produire l’antivirus contre Ebola à condition… eh oui, à condition qu’un Etat du type de celui des USA décide de financer la production en masse de cet antivirus. Les trusts, même ceux du médicament, ne sont pas des entreprises philanthropiques et ils ne vont pas lancer la production de millions de doses d’antivirus sans recevoir des fonds colossaux que seuls des grands Etats peuvent débourser, les Etats africains se révélant déjà incapables d’assurer la santé de leurs peuples en temps normal, à fortiori en période d’épidémie… Quant à financer la production par millions de doses d’un antivirus, ce n’est certainement pas d’Afrique que pourront venir les fonds.
Les trusts, américain comme japonais, se sont donc signalés à l’attention du monde des grands Etats comme capables de produire un antivirus efficace et s’en sont tenus là, en attente d’une décision des grandes capitales ou d’un groupe d’Etats, de financer massivement un tel travail… Bien sûr, ils sont conscients qu’en se contentant d’attendre ils envoient à une mort certaine des milliers et même peut-être des dizaines ou des centaines de milliers d’homme, de femmes et d’enfants… Mais, que diable, on est en système capitaliste ! Attend-on des trusts de faire le bien des peuples sans intérêt ? Et, plus le danger est grand pour l’humanité, plus ils espèrent en tirer de gros profits et monnayer chèrement leur savoir auprès des grands Etats. Que leur demanderait-on d’autre ? De sacrifier leurs profits pour le bien des êtres humains ? Non, les chefs d’Etat eux-mêmes, les responsables de l’Organisation Mondiale de la Santé, les chefs d’Etats des pays concernés ne le leur demandent même pas ! Sur place, le discours selon lequel il n’existe pas d’antivirus et on peut seulement isoler les malades continue d’être tenu alors que la situation est si catastrophique qu’elle n’est plus gérable, que les personnels de l’OMS eux-mêmes s’affolent et déclarent forfait. Les populations locales perdent confiance dans les équipes médicales internationales envoyées sur place et qui ne peuvent que devenir des équipes de fossoyeurs…
C’était la première fois que le virus s’avérait vraiment dangereux ? Pas du tout ! La première épidémie de ce virus a démarré le 1er septembre 1976, dans la ville de Yambuku, en République du Congo, près de la rivière Ebola, d’où son nom. Dès le départ, les caractéristiques de dangerosité du virus se sont manifestées : 88% des personnes atteintes sont alors mortes soit 280 personnes. On aurait pu penser que l’épidémie était éradiquée puisqu’il n’y avait plus qu’une victime en République du Congo en 1977. Mais le même virus (appelé Ebola Zaïre) a alors touché le Gabon en 1994, 1996 et en 2001-2002, l’Afrique du sud en 1996, le Congo en 2001, 2002, 2003 et 2005, à nouveau la République du Congo en 2007 et 2008. Le pourcentage de décès est toujours considérable, entre 60 et 100%.
Touchant pour la première fois la Guinée (Conakry) puis le reste de l’Afrique, le virus Ebola, qui pourrait être transmis à l’homme par les chauves-souris via les grands singes, est en train de menacer toute l’Afrique (de très nombreux pays ont déjà des cas) mais aussi le reste du monde… Avec toujours des proportions de morts considérables ! Il menace donc l’ensemble de la société humaine et il est remarquable que les efforts pour le combattre soient aussi faibles, vu que sa dangerosité est avérée depuis des décennies…
C’est un virus très épidémique et tout à fait mortel, dans la plupart des cas ! Pourtant, la plupart des labos pharmaceutiques ont tardé à entreprendre la recherche d’antivirus et tardent encore plus dans les opérations de mise sur le marché des produits découverts. Parce que c’est très difficile ? Pas du tout ! La plupart de ceux qui ont entrepris des recherches ont trouvé des candidats à un vaccin antivirus !
Mais ils n’ont pas été plus loin… Ils ne l’ont pas testé sur l’homme. Ils l’ont simplement gardé de côté. Mais ils savaient depuis longtemps qu’il était efficace. La preuve : ils l’ont testé quand ils ont appris que deux médecins américains étaient infectés. Et ils ont alors vérifié qu’il était efficace puisque les deux sont sortis de l’hôpital guéris alors que la plupart des malades ne s’en sortent pas et meurent.
Alors pourquoi ne pas avoir testé ces antivirus sur l’homme et pourquoi ne pas les avoir mis à la disposition des populations dès le début de l’épidémie et aussi pourquoi ne pas les mettre tout de suite en service massivement ? C’est l’argent. Les trusts se préparent à fournir des antivirus ou des médicaments mais ils attendent pour les produire en quantité que des sommes suffisamment massives soient disponibles pour les payer. Il leur faut le soutien d’Etats riches et puissants ou d’une clientèle privée riche et assurée. Ce n’était les pas le cas.
Si le virus frappe depuis longtemps, il a toujours frappé des pays pauvres et la lutte contre Ebola n’a jamais reçu un soutien mondial. Les trusts pharmaceutiques ont attendu jusqu’au dernier moment pour développer l’anti-virus d’Ebola alors que des candidats antivirus existaient mais ils attendaient que les Etats mettent des fonds à leur disposition pour le produire à grande échelle. Ils veulent beaucoup d’argent des pays riches pour se lancer… Bizarrement, l’antivirus qui existe déjà n’a été administré qu’aux deux américains victimes d’Ebola !
Le fait que le virus Ebola frappe l’Afrique et menace le monde est donc une conséquence catastrophique de la santé au service du profit.
On se souvient que, si le virus du sida avait tellement tardé à être étudié et combattu, cela provenait du fait qu’il s’est longtemps contenu à l’Afrique, une zone de la planète où la proportion de malades disposant des moyens financiers pour se soigner est très faible et où les autorités sanitaires nationales n’ont elles-mêmes pas les moyens de financer des programmes de recherche ou des achats massifs de médicaments. Du coup, les laboratoires privés de recherche de médicaments n’avaient pas vu l’intérêt pour eux-mêmes de se lancer dans de telles recherches, la recherche de médicament dans le monde tant devenue synonyme de recherche de profits privés. Les autorités sanitaires mondiales, comme l’OMS ou les ministère de la santé des pays riches, n’ont pas non plus, durant des décennies, mis de moyens pour combattre le sida puisqu’à l’époque il ne touchait pas ces pays…
Avec Ebola, on recommence le même scénario catastrophe que pour le sida.
Cela ne signifie nullement que les organismes de la santé mondiale se soient mobilisés pour lancer des programmes de recherche. Tous les écrits de l’OMS rappellent qu’il n’existe pas de vaccin, pas de traitement et que le seul mode d’intervention consiste à isoler le malade en attendant qu’il meure… Mais aucun de ces rapports n’indique qu’il serait opportun de pousser les labos à faire plus de recherche car il faudrait les payer lourdement, vu que la clientèle payante ferait défaut ! L’OMS vient seulement de mener une action en envoyant en Guinée… un ingénieur travaillant pour le CNR de Lyon !!!! Le rapport précédemment cité de l’Institut Pasteur rappelle l’absence de traitement et de vaccin mais ne dit pas que l’Institut Pasteur se lance dans cette recherche !!! Il indique seulement que cet institut est très fier d’être celui qui a analysé et reconnu la maladie. Point final. Il existe très peu d’équipes mondiales et très peu de moyens financiers lancés dans cette recherche et celles qui le sont ne travaillent que depuis peu d’années alors que le virus s’est déclaré et a été reconnu en 1976, soit depuis presque quarante ans !!!
En Europe, le premier laboratoire à recevoir l’autorisation de travailler sur Ébola, en l’an 2000, fut le laboratoire P4 Jean Mérieux, à Lyon (France). Pourquoi n’a-t-il pas proposé de tester sur l’homme un antivirus ? Motus et bouche cousu, Mérieux ne travaille pas pour la santé mais pour le profit…
Aux États-Unis, la NIH finance à partir de 2012 pour une durée de 5 ans l’institut Albert Einstein College of Medicine afin d’étudier les mécanismes moléculaires de l’infection du virus et sa diffusion chez l’animal.
Un vaccin vivant atténué expérimental donne des résultats encourageants chez le singe. Il a été administré en mars 2009 à un chercheur travaillant sur le virus et qui s’était accidentellement contaminé. L’évolution en a été favorable. Puis plus de nouvelle… D’autres pistes sont en cours d’exploration chez l’animal : utilisation d’une protéine inhibitrice d’un facteur de la coagulation ou inhibition de l’ARN polymérase viral par des ARN interférents. Le 22 août 2010, des chercheurs américains ont annoncé une nouvelle approche d’AVI Biopharma permettant de sauver des singes infectés par Ebola. Les recherches sur Ebola nécessitent des laboratoires dits P4, travaillant sur des micro-organismes très pathogènes. En 2000, un laboratoire P4 a été mis en place par les labos Mérieux à Lyon. Il n’en existait alors aucun en France ! Il n’existe actuellement que trente laboratoires P4 dans le monde… Et rien ne dit que ces trente là trouvent intérêt à se lancer dans cette recherche ! Les plus grands laboratoires de recherche américains sont ceux de l’armée américaine qui font des recherches d’armes biologiques et pas pour soigner les maladies, comme le centre de recherche Lougar est l’un des organismes les plus secrets et les plus fermés de Géorgie.
Les labos privés attendent des encouragements financiers massifs pour se lancer… On pourrait se dire qu’en France les laboratoire privés Mérieux sont en première ligne dans la lutte contre Ebola puisqu’ils disposent d’un laboratoire P4 à Lyon mais ce n’est nullement le cas. En fait, l’institution P4 de Mérieux (en commun avec l’Institut Pasteur) à Lyon, la plus grande d’Europe avec ses 200 mètres carrés, née en 2000, ne développe pas ses propres projets de recherche, mais loue ses locaux à des institutions privées (tarif : environ 1000 euros la demi-journée) ou publiques (630 euros), étrangères ou françaises. Ces rentrées d’argent l’aident à financer des frais d’entretien de plus d’un million et demi d’euros par an.
Les plus grands laboratoires du monde ne comptent nullement s’investir dans la recherche sur Ebola tant qu’il ne sera pas prouvé qu’ils pourront y trouver des financements massifs d’Etat... Or l’essentiel de la recherche est aujourd’hui privatisée et le but de tous les ministres de la santé est de favoriser les profits de ses labos privés plutôt que de développer la santé publique (qu’elle soit nationale ou mondiale)...
L’industrie privée du vaccin est l’une des plus rentables des trusts privés de la santé (9,5 milliards d’euros de chiffre d’affaire). C’est l’une de celles qui investit le plus dans la recherche.
Combien de laboratoires recherchent des vaccins dans le monde et combien cherchent sur Ebola ?
On peut chercher Ebola sur les pages de Sanofi, de GlaxoSmithKline, de Merck, etc… Ce serait en vain…
Tant que la santé publique sera aux mains des intérêts privés, la vie des êtres humains sur la planète sera grandement menacée, voilà ce que nous rappelle la croissance menaçante d’Ebola... Et on ne peut nullement compter sur les Etats bourgeois, entièrement au service des patrons des trusts sur toute la planète comme vient de le confirmer publiquement le nouveau chef du gouvernement français, pour retirer la santé des mains du profit !
Pour mille raisons, et pas seulement à cause d’Ebola, la gouvernance du monde par les capitalistes devient de plus en plus synonyme de menaces mortelles pour l’humanité….