jeudi 15 mai 2014, par
Tout le secteur privé est celui où le profit capitaliste est le but exclusif. Lui donner le moyen de pénétrer la santé c’est faire de la santé publique un domaine où l’objectif numéro n’est plus le malade mais celui qui profite sur son dos et sur les fonds publics.
Même un service public de santé dans lequel le privé intervient aux marges n’est qu’au service du privé, qu’il s’agisse du secteur privé du Bâtiment, du secteur privé des instruments et matériels médicaux, du secteur privé du médicament, du secteur privé des médecins, du secteur privé des examens médicaux, du secteur privé des ambulances, du secteur privé des pharmaciens, du secteur privé des vétérinaires, etc, etc…
La santé au service du public et la santé au service du profit, c’est deux orientations diamétralement opposées et qui ne peuvent nullement s’entraider.
Dès qu’on laisse le secteur du profit pénétrer, on laisse également ce dernier détourner et acheter les médecins, les pharmaciens, les spécialistes, les revues spécialisées, les média, les hommes politiques, les décideurs et l’appareil des Etats ou de l’Europe…
L’exemple des labos pharmaceutiques devenus des trusts pharmaceutiques est probant : ils sont devenus le véritable pouvoir du médicament, faisant la pluie et le beau temps dans le pays où ils oeuvrent, dominant les gouvernements, les administrations, les professionnels de santé, les services hospitaliers. Dès qu’on sort du pays, on a leurs médicaments sont interdits, dénoncés, refusés. Dans le pays, rien n’est dit, le public n’est pas prévenu et on attend seulement le scandale pour interdire (le plus tard possible) le médicament (et seulement dans le pays, pas dans les pays étrangers acheteurs !). Et pourtant, les scandales pharmaceutiques sont légion, se répètent et les prétendus moyens de contrôle d’Etat n’empêchent pas que cela se reproduise. Les services de l’Etat sont dupes quand ils ne sont pas tout simplement complices et ils considèrent que l’intérêt des trusts prime.
Les comportements des services privés liés à la santé ne sont nullement spécifiques à ce domaine mais, dans ce domaine, ils ont immédiatement des conséquences qui peuvent être catastrophiques pour la santé :
soit en ponctionnant les sommes allouées à la santé publique comme c’est le cas pour le secteur du Bâtiment ou celui des matériels médicaux.
soit en obligeant le service public à dépenser l’essentiel de ses rentrées publiques (provenant de la Sécurité sociale) à faire profiter le secteur privé.
soit en imposant des orientations, des méthodes, des objectifs, des diagnostics, des soins au secteur professionnel et spécialisé de la santé qui sont fondés non sur des études scientifiques mais sur des études détournées par le secteur privé.
Par exemple, les campagnes publiques appelant à se faire vacciner dans tel ou tel cas sont dictées par les intérêts des labos. Ce sont les mêmes intérêts qui imposent le choix des médicaments reconnus et autorisés. On peut s’en assurer en remarquant qu’un autre pays producteur de médicaments ne reconnaît pas les médicaments du pays voisin. De même pour les vaccins. Dans le pays producteur du vaccin, personne n’est prévenu des risques. Ils sont systématiquement minimisés ou niés, les conséquences cachées.
Les exemples abondent de médicaments ayant des effets nuisibles connus des labos et de l’Etat mais non reconnus, ni interdits. Le public sera le dernier averti… Il est une victime car tout ce qui est en fasse est complice : laboratoires, commissions d’autorisation et de mise sur le marché, commissions de contrôle du médicament, commissions de spécialistes, vendeurs, responsables d’Etat, média, dirigeants de l’hôpital public et des hôpitaux privés, revues spécialisées, etc… Tous se liguent pour présenter des médicaments inefficaces pour efficaces, des produits dangereux comme sans danger, des faux génériques comme de vrais génériques, des faux bilans du médicament pour des vrais, des faux bilans d’efficacité, des faux rapports de risques encourus, etc…
La concurrence mondiale entraîne d’autres dérives aussi catastrophiques comme le blocage de médicaments ou de vaccins efficaces, en attendant que les trusts du pays fabriquent un concurrent. Tant pis pour les malades qui en meurent !
La course au profit ne suffit pas, il leur faut atteindre le profit maximum et celui-ci ne cesse d’augmenter, réduisant à la portion congrue les précautions, les études, les analyses, les scrupules…
Il en découle que certains médicaments ne sont plus produits. Ils sont rentables mais pas assez à l’égard des nouvelles normes de profit capitaliste. Tant pis pour les malades qui ne peuvent plus être soignés !
En bloquant la production de certains médicaments, les labos tiennent en otage la santé publique, peuvent chantager les Etats, menacer la vie de la planète…
Le « conflit d’intérêt » est rendu permanent entre les intérêts des labos et ceux des décideurs, des bureaux de recherche, des secteurs du contrôle et des acteurs de la santé qui sont impliqués dans mille liens avec le secteur privé de santé.
L’exemple des laboratoires Servier est parlant : à de multiples reprises, il a été prouvé que ce laboratoire cachait des rapports, tronquait des résultats, trafiquait ses produits. Cela n’a nullement mené les responsables du médicament en France à lui retirer son accréditation et chaque faux médicament (en fait dangereux) a été retiré longtemps après que des doutes ou même des certitudes aient montré que ces médicaments devaient être retirés. Le Mediator est loin d’être seul en cause… Il y a même un médicament qui vient seulement d’être considéré comme une drogue entraînant une grave addiction : l’antidépresseur Stablon. On découvre que l’Etat le savait depuis un rapport de… 2005 !!! Mediator a été retiré du marché en 2009, Locabiotal 1% a été retiré en 2005. Survector a été retiré en 1999. Isoméride a été retiré en 1997. Mais les laboratoires Servier n’ont jamais été retirés de l’accréditation !!!
Les trusts ont ainsi dans leurs mains la vie de la planète.
Redisons-le : la santé publique est totalement incompatible avec la propriété privée des moyens de production. La mainmise des propriétaires de capitaux sur tous les niveaux d’intervention dans le secteur de la santé ne cesse de croitre à la faveur de l’effondrement capitaliste car les Etats s’endettent pour aider les trusts et se lancent dans les privatisations pour donner de nouvelles perspectives aux investissements et pour réduire leur endettement… Le serpent se mord la queue.
En tout cas, les responsables du service public de santé, comme des autres services publics, est chargé de la casse, de la vente, de la privatisation sous toutes ses formes…
De nombreux indicateurs montrent que le privé est sans cesse en train de rogner des parts du marché de la santé et que les gouvernants, de gauche comme de droite, loin de freiner cette évolution, militent plus ou moins ouvertement pour elle.
Tous les indicateurs montrent cette montée du privé. La proportion grandissante de malades contraints de faire appel à des spécialistes dans leurs cabinets privés augmente du fait des délais d’attente invraisemblables dans le public. Les résultats financiers, le nombre d’établissements et les profits qu’ils réalisent sont en croissance dans le privé alors que le secteur public hospitalier s’enfonce dans le rouge, endetté par le mode de gestion imposé par les responsables et pas par un réel endettement croissant.
La part des fonds publics dédiés à la santé (Etat et Sécurité sociale) qui irrigue le secteur privé augmente sans cesse alors que la part qui sert à payer personnels et moyens du secteur public diminue sans cesse, ainsi que le nombre de lits, de services, d’établissements et d’effectifs du secteur public.
Pour parvenir à leurs fins, rendre privé tout ce qui peut être rentable dans la santé et précariser le reste, les Etats ont une stratégie : discréditer le secteur public : lire ici
A l’heure où le gouvernement veut encore imposer dix milliards d’économies dans la Santé, dont deux pour les hôpitaux, les cliniques privées, elles, se portent à merveille… Les revenus de la Générale de Santé sont de 2 milliards d’euros, Médipôle 1,1 milliards d’euros, Vitalia 700 millions d’euros… On ne cite pas les profits des trusts pharmaceutiques et des trusts du matériel médical… Eux non plus ne sont pas ponctionnés. Ni les profits des trusts du Bâtiment sur les multiples travaux dans l’hôpital public. En dix ans, pour mieux faire profiter le secteur privé sur le dos de la santé publique, l’APHP a perdu 4000 emplois et 1600 lits !
Evidemment, ce n’est pas dans les poches des actionnaires que l’Etat compte faire des économies. Et ce n’est pas les personnels du secteur privé qui en profitent !