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Thaïlande ou comment détourner la lutte des classes en opposant les travailleurs entre eux

mercredi 4 décembre 2013, par Robert Paris

Thaïlande ou comment détourner la lutte des classes en opposant les travailleurs entre eux

A l’heure de la crise mondiale, où, partout dans le monde, les classes dirigeantes s’entraînent à opposer entre eux les opprimés, l’exemple de ce qui se passe en Thaïlande avec l’affrontement entre « chemises rouges » et « chemises jaunes » doit nous alerter… En effet, la manière des classes dirigeantes de gérer la révolte populaire consiste à en prendre elles-mêmes la tête en donnant un drapeau bourgeois et des chefs bourgeois à chacun des camps et en frappant chacun sur une autre fraction des masses populaires.

Les uns soutiennent la royauté (les « jaunes ») et les autres (les « rouges ») soutiennent la première ministre, la soeur de l’ancien chef d’Etat, Thaksin, qui avait été un ministre de l’Intérieur populaire et un chef d’Etat démagogue vis-à-vis des milieux populaires tout en étant un défenseur des capitalistes, un milliardaire corrompu et réactionnaire.

Des milliers de manifestants ont affronté lundi les forces de l’ordre protégeant le siège du gouvernement à Bangkok, où la tension est montée d’un cran, la Première ministre excluant de démissionner tandis qu’un mandat d’arrêt était lancé contre le meneur des manifestations pour "insurrection".

"Je suis prête à tout faire pour que le peuple soit heureux. Mais en tant que Première ministre, ce que je fais doit être en adéquation avec la Constitution", a déclaré Yingluck Shinawatra, rejetant l’idée d’un "conseil du peuple" non issu d’élections réclamé par l’opposition.
Parlant depuis un endroit non spécifié, le siège du gouvernement étant entouré de blocs de béton et de barbelés, elle n’a certes pas annoncé sa démission lundi. Mais elle a laissé la porte ouverte à une éventuelle dissolution du Parlement voire à son départ ultérieur.
"Je ne m’accroche pas à ma position, une démission ou une dissolution du Parlement peuvent être envisagées si cela pouvait calmer les manifestants et restaurer le calme", a-t-elle dit, appelant pour la énième fois l’opposition à négocier.
De nouvelles échauffourées ont eu lieu toute la journée, avec jets de pierres sur la police, qui a répliqué avec des canons à eau et un usage intensif de gaz lacrymogènes, selon des journalistes de l’AFP sur place.
Un mandat d’arrêt pour "insurrection" a été émis contre le meneur des manifestations Suthep Thaugsuban, qui risque "la peine de mort ou la prison à vie", a annoncé lundi soir la police, faisant monter la pression sur l’opposant, qui refuse toute négociation.
Reste à savoir si la menace d’arrêter Suthep sera mise à exécution : il est déjà sous le coup d’un premier mandat d’arrêt, pour avoir pris la tête de l’occupation du ministère des Finances, ce qui ne l’a pas empêché depuis de donner des meetings ou de rencontrer dimanche la Première ministre.
Les alentours du quartier général de la police métropolitaine ont également été le théâtre d’affrontements lundi. Et la police a confirmé des tirs de balles en caoutchouc.
"Descente vers le chaos", a titré en une le journal conservateur The Nation et le Bangkok Post a souligné "l’ultimatum de deux jours" lancé dimanche soir par l’opposition.
Lundi, plusieurs universités et écoles de Bangkok sont restées fermées, pour des raisons de sécurité, dont le Lycée français international de Bangkok, après les violences du week-end qui ont fait plusieurs morts.
Au coeur de la colère des manifestants, alliance de bourgeois conservateurs proches du Parti démocrate et de groupuscules ultra-royalistes : une haine profonde du frère de la Première ministre Yingluck Shinawatra, le milliardaire Thaksin Shinawatra.

Les manifestants accusent l’ex-Premier ministre Thaksin, renversé par un coup d’État en 2006, d’être toujours celui qui décide en coulisses de la politique du gouvernement.

Jusqu’ici, la Première ministre a fait le pari de l’essoufflement du mouvement, laissant les manifestants occuper des bâtiments officiels sans intervention des forces de l’ordre.
Le pari semblait lundi en partie gagné avec, selon la police, 70.000 manifestants dimanche, bien en deçà des quelque 180.000 du dimanche précédent.
Mais avec une frange de manifestants de plus en plus agressive et des meneurs qui refusent toute discussion, le gouvernement semble changer de tactique.

Trois personnes ont été tuées et des dizaines blessées lors des violentes manifestations pro et anti-gouvernement depuis samedi soir à Bangkok, selon les secouristes. Dimanche 1er décembre au matin, des dizaines de milliers de « chemises rouges », partisans du gouvernement en place, se sont dispersés du stade où ils s’étaient réunis à Bangkok par crainte de violences, à l’approche d’un assaut annoncé par les opposants contre le siège du gouvernement.

« Afin de ne pas compliquer davantage la tâche du gouvernement, nous avons décidé de laisser les gens rentrer chez eux », a déclaré Thida Thavornseth, chef de file des « chemises rouges ». Depuis l’estrade au milieu de la pelouse du stade, un autre meneur des « chemises rouges » a évoqué la mort de quatre des leurs – une information impossible à confirmer. « Il n’y a pas de raisons que d’autres vies soient perdues », a-t-il poursuivi.

Samedi soir, de premières violences avaient éclaté près du stade. De petits groupes d’opposants, très agressifs, avaient attaqué à coups de pavés un bus rempli de « chemises rouges ». Après l’occupation et le siège cette semaine de ministères et d’administrations civiles et militaires, la situation a pris un tour plus violent ce week-end, contraignant la police à demander le renfort de l’armée.
Le siège du gouvernement thaïlandais était sous haute sécurité dimanche matin. Les forces de l’ordre protégeaient les entrées du bâtiment, derrière deux rangées de blocs de béton d’un peu moins de deux mètres et des rouleaux de barbelés. Plusieurs milliers de policiers et de militaires étaient déployés à Bangkok pour protéger le site, ainsi que les ministères que les manifestants ont promis de prendre, comme celui de l’intérieur.
Les « chemises rouges » soutiennent la première ministre Yingluck Shinawatra, sœur de l’ancien chef de gouvernement et milliardaire Thaksin, renversé en 2006
Ils estiment être les représentants de la modernité thaïlandaise et s’époumonent dans des sifflets pour signifier leur rejet du gouvernement dirigé par Yingluck Shinawatra. Ces manifestants qui ont envahi le quartier historique de Bangkok, occupé plusieurs ministères et intimé aux fonctionnaires l’ordre de « cesser de collaborer avec un gouvernement illégitime » affichent ouvertement ce qu’ils considèrent comme leur supériorité sur les « Chemises rouges », ces partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui avaient paralysé le principal quartier commercial de Bangkok pendant plus d’un mois en 2010.

« Regardez les gens ici, regardez leurs visages, ce sont des gens biens, pas des brutes comme les Chemises rouges. Les Chemises rouges n’ont pas de cerveau, pas de connaissances », s’exclame un homme corpulent qui explique avec fierté être fonctionnaire. Malgré cette respectabilité affichée, les pires insultes à l’encontre de la chef du gouvernement fusent. « Yingluck est doublement stupide. Elle est autiste. Elle rend les Thaïlandais laids aux yeux du monde. Elle ne fait qu’écouter son frère », assène Chavalit, un autre manifestant.
Parmi ces opposants qui affichent leur soutien à la monarchie en arborant des brassards jaunes sur lesquels on peut lire « Nous aimons le roi », il existe toutefois une certaine disparité sociale : les rangs des représentants des classes moyennes de Bangkok ont été renforcés par des petits commerçants et des agriculteurs du sud du pays, d’où est originaire Suthep Thaugsuban, un ancien député d’opposition devenu le principal leader de la campagne antigouvernementale.
Des étudiants des écoles techniques, issus de milieux peu favorisés, se sont joints à d’autres venus des meilleures universités de Bangkok. Le mot d’ordre est le même pour tous : il faut « déraciner le régime Thaksin ». Ce qui semble signifier que l’ensemble de la famille Shinawatra, originaire du nord de la Thaïlande et qui a dominé le pays depuis 2001, quitte pour de bon le territoire national.
Dans cette foule en colère, certains se contenteraient d’un départ du gouvernement en place, comme Narinlak Siritoonthai, une vive sexagénaire venue de la banlieue de la capitale. Pour elle, Yingluck doit « s’excuser devant le peuple » pour les problèmes causés. « Si c’était dans un autre pays, la chef du gouvernement aurait quitté son poste depuis longtemps. Regardez le Japon, si les dirigeants perdent leur légitimité, ils démissionnent. Et dans votre pays, un dirigeant politique qui a une maîtresse est obligé de démissionner », affirme-t-elle.
La plupart des manifestants disent toutefois ne pouvoir se satisfaire d’une dissolution du Parlement, qui déboucherait sur un scrutin. « Les élections, vous savez… Beaucoup de gens disent maintenant que nous devons trouver une nouvelle voie. Peut-être que la démocratie n’est pas une bonne chose pour nous », dit Kornwika Paediramon, une jeune designer de Bangkok. Suthep Thaugsuban, le leader de la campagne antigouvernementale, a déclaré vouloir « restituer le pouvoir à la monarchie ».

Aujourd’hui, le mouvement va bien au-delà de la personne de Thaksin. Les manifestants s’opposent surtout à une main-mise de l’élite urbaine sur la politique thaïlandaise. Les chemises rouges accusent le gouvernement de servir les élites traditionnelles royalistes de Bangkok. Fatigués par le retour à de profondes inégalités malgré une réelle modernisation du pays, ils souhaitent notamment une meilleure représentation des classes populaires, promise par Thaksin Shinawatra lorsqu’il était au pouvoir.
Concrètement, les chemises rouges réclament la démission du premier ministre actuel, Abhisit Vejjajiva, la dissolution du Parlement et la tenue d’élections anticipées. Depuis ce week-end, les manifestants demandent par ailleurs l’aide de l’Onu dans les négociations avec le gouvernement pour tenter de trouver une issue à la crise.

La Thaïlande, une monarchie constitutionnelle, est entrée dans le capitalisme depuis un demi-siècle, en s’ouvrant largement au monde. Ses exportations représentent aujourd’hui 70% de son PNB. Cette folle accélération du confort général s’est accompagnée d’une empoignade pour le pouvoir, d’une chienlit politique. L’histoire locale a été ponctuée par 18 coups d’État et autant de changements de la Constitution, d’élections contestées et de manifestations sanglantes.
En 2001, l’ancien premier ministre Thaksin a acheté les votes des populations pauvres du nord-ouest du pays, dont les hommes politiques ne s’étaient jamais souciés. Pur produit du système politique thaï, liant toujours les affaires publiques et privées, il a multiplié sa fortune par quatre pendant qu’il était au pouvoir, avant de s’en faire chasser en 2006 par les élites de Bangkok, écœurées par sa corruption, et soutenues par l’armée. Démagogue populiste (il a même promis de supprimer les embouteillages dans la capitale), ses libéralités vis-à-vis de son électorat défavorisé ont laissé les caisses du pays asséchées. Mais sa clientèle, à laquelle il avait toujours tout promis, ne l’a jamais oublié.
Pour les citadins nouveaux riches des grandes villes thaïlandaises, les paysans pauvres (ils représentent encore 75% de la population) sont « des buffles » qui ne « savent pas voter », et dont il n’est pas utile de se soucier. Exilé à l’étranger après s’être fait condamner à deux ans de prison en Thaïlande, M. Thaksin n’a donc eu aucune difficulté à rassembler ses partisans dans son mouvement -« les chemises rouges »-, financé grâce à sa fortune. Ces protestataires sont convaincus que la bourgeoisie thaïlandaise veut anéantir M. Thaksin « parce qu’il aimait trop le peuple ».

En Thaïlande, un seul homme, le roi Bhumibol, sur le trône depuis six décennies, est censé « aimer le peuple ». Face aux « chemises rouges », un autre groupe extrémiste, les « chemises jaunes », a donc été créé par un autre milliardaire, pour soi-disant « défendre le roi ». Cette politisation de facto de la monarchie a été catastrophique, puisque l’institution royale s’en est trouvée banalisée et donc affaiblie, d’autant que le souverain, à 82 ans, souffre d’un cancer.
En Thaïlande, où le paternalisme règne à tous les niveaux de la société, M. Thaksin, avec son ego démesuré, cherche à apparaître auprès de ses électeurs comme le nouvel homme providentiel du pays, le nouveau père, le successeur naturel du monarque, dont le règne s’achève.
Il peut en rêver car il affronte une classe politique très ordinaire à Bangkok. L’actuel premier ministre, M. Abhisit, est le chef du Parti démocrate. Diplômé d’Oxford, il a le charisme d’un David Cameron, le profil d’un conseiller ministériel charmant et bien élevé, pas celui d’un leader capable de s’adresser au peuple ou de faire respecter la force. Dans la bataille de l’information entre le gouvernement et les « chemises rouges », les troupes de M. Thaksin ont écrasé le gouvernement thaïlandais, en se faisant passer, auprès de la presse internationale, pour les défenseurs des pauvres contre les riches de Bangkok.
Rien n’est plus faux que cette projection d’une « lutte des classes » au royaume du Siam, où chaque groupe politique voit midi à sa porte, toujours en fonction d’intérêts très immédiats. C’est le drame de ce pays très attachant.

La Thaïlande, ou Royaume de Thaïlande, est une monarchie constitutionnelle depuis 1932.
Le roi Rama IX, neuvième de la dynastie Chakri, règne sur le pays depuis 1946, record de longévité à la tête du pays dans l’histoire thaïlandaise. Souverain constitutionnel, le roi est officiellement titré Chef de l’État, Chef des Forces Armées, partisan de la religion bouddhiste et défenseur de toutes les confessions.
La Thaïlande a connu une croissance économique rapide entre 1985 et 1995. C’est un des nouveaux pays industrialisés, notamment grâce au tourisme, avec des destinations touristiques bien connues comme le parc d’Ayutthaya, la station balnéaire de Pattaya, la capitale Bangkok, la province de Phuket, la ville côtière de Krabi et l’île de Koh Samui. Les exportations contribuent aussi de manière significative à l’économie3. Il y a environ 2,2 millions de migrants légaux et illégaux en Thaïlande, plus un certain nombre d’expatriés des pays occidentaux.
Le 24 juin 1932, une révolution de palais, qui dura 3 heures, met fin à la monarchie absolue. La « révolution de 1932 », comme elle est nommée, a été menée par un groupe d’une centaine de personnes, le « parti du peuple », composée à part égale d’officiers commandé par Luang Plaek Phibunsongkhram et de civils dirigés par Pridi.
Le 19 septembre 2006, alors que le Premier ministre Thaksin Shinawatra était à New York, à l’occasion de l’Assemblée Générale des Nations unies, l’armée a pris le pouvoir. Moins d’une semaine après la prise de pouvoir, l’armée a déclaré l’« état d’urgence généralisé ». Dès lors, celui-ci s’est retrouvé appliqué à l’ensemble du pays et non plus seulement aux trois provinces musulmanes du sud.
Des blindés ont entouré les bureaux du gouvernement à Bangkok et les militaires ont pris le contrôle des chaînes de télévision, avant d’annoncer l’instauration d’une autorité provisoire fidèle au roi de Thaïlande. Le premier ministre Thaksin Shinawatra déchu s’est réfugié à Londres, où il possède une résidence secondaire. Surayud Chulanont, ancien commandant en chef de l’armée, a en effet été investi en qualité de premier ministre par le roi de Thaïlande. Si son gouvernement ne comporte que deux anciens militaires, sur vingt-six ministres il est sous le contrôle absolu des généraux de l’état-major. Le gouvernement provisoire a soumis au référendum un projet de Constitution anti-démocratique visant à limiter le pouvoir des élus au profit de l’armée. Approuvé à hauteur de 56,69 %, il a mené à la tenue d’élections législatives pour le 23 décembre 2007 suite auxquelles le Parti du pouvoir du peuple (PPP), issu du Thaï Rak Thaï de Thaksin a obtenu 232 sièges sur 480, à la déception des putschistes. Samak Sundaravej, chef du PPP, a été élu Premier ministre par les députés (contre Abhisit Vejjajiva le leader du Parti Démocrate soutenu par les généraux), a formé un gouvernement. Le 18 décembre 2008, un gouvernement dominé par le Parti Démocrate et soutenu par les généraux a été désigné par le Parlement avec Abhisit Vejjajiva comme Premier ministre.
En juillet 2011, la sœur cadette de Thaksin, Yingluck Shinawatra, a été élue avec une majorité écrasante. Elle est la première femme qui soit devenue premier ministre en Thaïlande. Elle est titulaire d’une licence en sciences politiques et a obtenu une maîtrise en administration publique dans une université des États-Unis.

Les provinces du sud, l’ancien royaume de Patani, sont majoritairement musulmanes et secouées par des violences interreligieuses et séparatistes depuis les années 1970. Entre janvier 2004 et juin 2009, ces tensions ont fait 3 700 morts11. 87 musulmans sont morts le 25 octobre 2004 après une manifestation dans la province de Narathiwat (« massacre de Tak Bai »). Six mois plus tôt, au cours de la tuerie de la mosquée de Krue Se, 32 « rebelles » avaient été tués par les forces de l’ordre. En représailles, un bouddhiste a été décapité.
Le 19 juillet 2005, le gouvernement thaïlandais impose l’état d’urgence dans le sud du pays pour rétablir la sécurité : des « rebelles » lancent des cocktails Molotov sur les bâtiments publics et des bonzes sont assassinés. Le 18 février 2007, une série d’attentats et d’incendies fait quatre morts et 49 blessés dans les provinces méridionales12.
Le 25 octobre 2011, une série d’attentats fait trois morts et plusieurs dizaines de blessés dans la ville de Yala13.

L’agriculture, la transformation et l’exportation de produits agricoles, notamment du riz, ont formé l’ossature de son économie. Bien que parmi les pays les plus prospères d’Asie, le fait qu’elle dépende d’une monoculture l’a rendue extrêmement sensible aux fluctuations des cours mondiaux du riz et aux variations de la production. Le gouvernement thaïlandais s’est efforcé d’atténuer cette fragilité en cherchant à diversifier l’économie et à promouvoir des méthodes de culture scientifiques comme l’irrigation contrôlée des rizières, de façon à stabiliser la production même lorsque les précipitations sont insuffisantes. Les élevages de crevettes sont aussi une source majeure d’exportations. La Thaïlande compte ainsi plus de 30 000 élevages donnant une production de 280 000 tonnes en 2006. Ces exportations génèrent un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars et ont majoritairement lieu vers l’Europe, le Japon et les États-Unis.
Les Japonais investissent en Thaïlande, donnant une industrialisation rapide dans les années 1980 et 1990. À partir du milieu des années 1980, le tourisme eut un rôle majeur dans le développement économique du pays. La croissance annuelle fut exceptionnelle entre 1985 et 1993 (de l’ordre de 10 %). Elle fut encore de 8 % en 1993, année où le PNB s’élevait à 136,9 milliards de dollars. Le Japon, les États-Unis, l’Allemagne, la Malaisie, la Chine et les Pays-Bas sont les principaux partenaires commerciaux de la Thaïlande. Les familles thaïes d’origine chinoise contrôlent la plupart des secteurs économiques du pays14.
Après le tsunami de fin 2004 qui a touché toute la côte sud-ouest, les touristes ont déserté les lieux, laissant des commerçants thaïs exsangues. La majorité des morts dans ce secteur étaient étrangers. Les prix ont baissé à Koh Lanta (par exemple) de presque 50 %. La Thaïlande a d’autres ressources touristiques et s’est remise de ce cataclysme avec une croissance touristique de plus de 10 % par rapport à 2005 après la chute et les annulations dues au tsunami.
Depuis 2001, le Produit intérieur brut (PIB) de la Thaïlande enregistre des taux de croissance particulièrement soutenus : 6,9 % en 2003, 6,1 % en 2004 et 4,5 % en 2005. La croissance prévisionnelle du PIB pour 2006 est d’environ 5 %. Le dynamisme de l’économie thaïlandaise repose sur une demande interne robuste (consommation et investissements privés), qui la rend moins sensible que certains de ses voisins aux à-coups de la demande mondiale. Ces bonnes performances ont permis au royaume de s’affirmer comme puissance économique régionale.
L’industrie exportatrice demeure le deuxième poumon économique du pays : la Thaïlande est particulièrement compétitive dans l’industrie agroalimentaire, le tourisme et certaines activités électroniques ; elle attire également de nombreuses multinationales qui se servent de leur filiale thaïlandaise comme base d’exportation régionale, voire mondiale. Cependant, le montant élevé des importations thaïlandaises de matières premières devrait peser sur la croissance économique de 2005, notamment en raison de la hausse des prix du pétrole.
Grâce à un pilotage fin de sa politique économique, le gouvernement a largement contribué aux performances actuelles. Selon une stratégie baptisée « dual track » (la voie double), le gouvernement ajuste son soutien en fonction de la conjoncture internationale : en période de ralentissement, les dépenses publiques soutiennent la consommation ; en période plus favorable, le rythme des dépenses diminue et le gouvernement peut s’attaquer aux réformes plus structurelles. Cette politique est rendue possible par la situation remarquable des finances publiques : l’élargissement de la base fiscale conjugué à l’augmentation naturelle des revenus (du fait de la conjoncture) va permettre au gouvernement de mettre un terme au déficit budgétaire dès 2003. Toutefois, pour atténuer l’impact du ralentissement de 2005, les autorités ont mis sur pied un vaste programme d’investissements publics destiné à moderniser en profondeur les infrastructures du pays. Outre un effet positif pour la croissance, ces projets vont naturellement créer de nombreuses opportunités d’affaires.

Messages

  • Après avoir nié pendant des mois toute volonté d’intervenir dans la crise politique qui paralyse le royaume depuis l’automne dernier, l’armée thaïlandaise est finalement sortie de sa réserve, cette nuit, pour imposer la loi martiale dans tout le pays. Dès l’aube, des militaires se sont déployés dans les rues de Bangkok et ont pris position près des grandes institutions et dans les locaux des principales chaînes de télévision. Ils ont interdit aux partisans des deux camps, qui s’opposent depuis des mois pour le contrôle de l’exécutif, d’ organiser de nouvelles manifestations de rue et ont mis en garde les médias contre la diffusion d’« informations menaçant la sécurité nationale ».

    Immédiatement accusée de mettre en place le cadre d’un nouveau coup d’Etat, l’armée assurait encore, à la mi-journée, qu’elle n’avait pas l’intention de prendre le pouvoir mais qu’elle souhaitait seulement « restaurer la paix et l’ordre public ». « Le public ne doit pas paniquer et doit continuer à vivre sa vie normalement », a indiqué Prayuth Chan-Ocha, le chef des armées, qui s’est exprimé à la télévision. Selon lui, l’état-major aurait décidé d’intervenir pour prévenir un nouveau bain de sang dans les rues de la capitale, où des dizaines de milliers de manifestants, soutenant différents projets politiques, se sont massés ces derniers jours pour tenter d’imposer leur solution par l’intimidation. Au moins 28 personnes ont été tuées en marge de ces semaines de protestations.

  • Au terme de sept mois de crise politique, et après avoir décrété la loi martiale et déployé des soldats dans Bangkok il y a deux jours, le chef de l’armée de terre thaïlandaise, le général Prayut Chan-O-Cha, a annoncé un coup d’Etat jeudi 22 mai dans une déclaration à la télévision.

    « Pour que le pays revienne à la normale », les forces armées « doivent prendre le pouvoir à partir du 22 mai à 16 h 30 » (11 h 30, heure française), a-t-il précisé. Le chef de l’armée dit vouloir engager des réformes politiques et restaurer l’ordre.

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