Qu’est-ce que l’athéisme ?
« N’est pas athée qui croit l’être. […] les grands athées sont rares. »
de Victor Hugo ,
Philosophie Proses philosophiques de 1860-65
Anecdote à propos de Diagoras, un des premiers auteurs athées, rapportée par Cicéron :
Cicéron raconte aussi qu’en allant à Samothrace, Diagoras s’arrêta afin de contempler les ex-voto qui avaient été envoyés par les marins ayant survécu à un naufrage. Dès lors, un homme aurait tenté de coincer Diagoras connu de tous pour son athéisme, en lui disant : « Toi qui penses que les dieux ne s’occupent pas des affaires humaines, ne vois-tu pas, d’après ces peintures, combien sont nombreux ceux qui, grâce à des vœux, ont échappé à la fureur de la tempête et sont parvenus au port sains et saufs ? ». Ce à quoi Diagoras aurait répondu : « Non, car nulle part on n’a peint tous ceux qui ont fait naufrage et ont péri en mer. »
Le point de vue de Lucien de Samosate
Lettre de Rabelais à Erasme
Le point de vue de D’Holbach
Le point de vue de Diderot et D’Alembert
Le point de vue de Sylvain Maréchal
Le point de vue de Le Dantec
Le point de vue de Marx
Le point de vue d’Engels
Le point de vue de Lénine
Dans la Russie révolutionnaire (rapporté par Trotsky)
La suite
Le point de vue de Trotsky
Le point de vue de Pannekoek
Le point de vue de Freud
Le point de vue de Daniel Guérin
Des nouvelles récentes de l’athéisme
Notre combat contre la religion
"Je ne vois pas dans la religion le mystère de l’Incarnation mais le mystère de l’Ordre Social. La religion rattache au ciel une idée d’égalité qui empêche le riche d’être massacré par le pauvre."
Napoléon Bonaparte au Conseil d’Etat, le 4 mars 1806
"Il faut beaucoup de naïveté ou de mauvaise foi pour penser que les hommes choisissent leurs croyances indépendamment de leur condition."
Claude Lévi-Strauss, dans "Tristes Tropiques"
"Le mot Dieu n’évoque, pour moi, rien d’autre que l’expression et le résultat de la faiblesse humaine, et la Bible, une collection de légendes honorables, mais primitives et assez naïves."
Einstein dans une lettre au philosophe Eric Gtkind (1954) - à remarquer car Einstein emploie volontiers le terme "dieu" pour parler des lois de la nature et n’avait pas rendu public cet athéisme.
« Comme expression ultime de toutes les formes d’asservissement, la bourgeoisie a dépouillé l’exploitation du travail de son voile mystique, qui l’enveloppait autrefois : les gouvernements, religions, familles, lois, institutions du passé comme du présent se réduisent enfin, dans cette société, au simple antagonisme entre capitalistes et ouvriers salariés, en étant les instruments de l’oppression, grâce auxquels la bourgeoisie maintient sa domination et assujettit le prolétariat. »
Karl Marx, dans "Le Manifeste communiste"
"L’abolition complète de la religion ne sera atteinte que dans une structure socialiste complètement développée, c’est à dire, lorsqu’il y aura une technique qui libérera l’homme de toute dépendance dégradante envers la nature. Cela n’est possible que dans le cadre de rapports sociaux déniés de tout mystère, parfaitement lucides et n’oppressant pas l’humanité. La religion traduit le chaos de la nature et le chaos des rapports sociaux dans le langage d’images fantastiques. Seule l’abolition du chaos terrestre peut supprimer à jamais son reflet religieux."
Léon Trotsky
"Il est de nos jours parfaitement évident et incontestable que nous ne pouvons pas mener notre propagande anti-religieuse par la voie d’un combat direct contre Dieu. Cela ne saurait nous satisfaire. Nous remplaçons le mysticisme par le matérialisme, en donnant la plus grande importance à l’expérience collective des masses, en renforçant leur influence active sur la société, en élargissant l’horizon de leurs connaissances positives, et c’est sur ce terrain aussi, chaque fois que c’est nécessaire, que nous portons des coups directs aux préjugés religieux.
Le problème religieux est d’une importance énorme et est étroitement lié au travail culturel et aux structures socialistes. Marx disait dans sa jeunesse : « La critique de la religion est la base de toute autre critique ». Dans quel sens ? Dans celui qui veut que la religion soit une sorte de connaissance fictive de l’univers. Cette fiction a deux sources : la faiblesse de l’homme face à la nature, et l’incohérence des rapports sociaux. Craignant la nature ou n’en voulant pas tenir compte, incapable d’analyser les rapports sociaux ou les méconnaissant, l’homme social s’est efforcé de satisfaire ses besoins en créant des images fantastiques, en les recouvrant d’une réalité imaginaire, et en se prosternant devant ses propres créations. La source de cette créativité réside dans le besoin pratique de l’homme de s’orienter, besoin découlant des conditions de la lutte pour l’existence. Il y a dans cette adaptation des règles pratiques tout à fait appropriées. Mais elles sont toutes liées à des mythes, à des fantasmes, à des superstitions, à un savoir imaginaire. Précisément parce que tout développement de la culture est accumulation de savoir et d’habileté, la critique de la religion est la base nécessaire à toute autre critique. Pour paver la route pour un savoir juste et réel, il est indispensable de se débarrasser de tout savoir fictif. Dans ce cas précis cependant, cela n’est vrai que si l’on considère la question dans son ensemble. Historiquement parlant – et cela n’est pas seulement vrai pour des cas individuels, mais aussi en ce qui concerne le développement de classes entières – le savoir véritable est lié, sous différentes formes et dans diverses proportions, aux préjugés religieux. La lutte contre une religion donnée, ou contre la religion en général et contre toutes les formes de mythologies et de superstitions, n’est ordinairement couronnée de succès que si l’idéologie religieuse entre en conflit avec les besoins d’une classe donnée dans un nouvel environnement social. En d’autres termes, lorsque l’accumulation de savoir et le besoin de savoir ne peuvent plus se contenter du cadre des vérités imaginaires de la religion, alors un seul coup d’un couteau critique peut parfois suffire, et tombe la coquille de la religion."
Léon Trotsky