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Pourquoi le système frappe mortellement le peuple grec ?

mardi 5 juillet 2011, par Robert Paris

Pourquoi le système frappe mortellement le peuple grec ?

Γιατί το σύστημα χτύπησε θανάσιμα τον Ελληνικό λαό

Επίθεση Ελλάδα έχει αρκετούς στόχους για την πραγματική καπιταλιστικό και ιμπεριαλιστικό σύστημα

1°) Pour sauver l’économie et l’Etat grecs de la faillite ?

Faux ! Les sommes « prêtées ne sauveront rien du tout. Elles serviront tout juste à donner un répit et ne règleront ni les dettes ni n’enrayeront la chute.

2°) Pour sauver l’euro et l’Europe ?

Faux ! La Grèce n’est pas la seule économie plombée en Europe. Les économies espagnole, portugaise et même anglaise ou française le sont bien plus. « Sauver » la Grèce – en coulant le peuple grec au passage – ne sauvera nullement ni l’Europe ni l’euro.

La vraie raison de l’endettement de la Grèce, c’est la tentative de sauvetage des banques après la crise des subprimes, qui a fait exploser la dette grecque de 80 milliards en 2008 à 350 milliards en 2010. Rien d’autre ! Et elle a fait exploser l’endettement de tous les Etats du monde. Et pas seulement en Grèce ni principalement en Grèce...

Et le fondement de cette crise mondiale n’est pas l’endettement qui n’est qu’une conséquence. La vraie raison est que le capitalisme a atteint ses limites et n’ira pas plus loin. pas plus loin en termes d’investissements productifs. Or, quand on n’avance pas on recule... et même on chute ! Le capitalisme n’est pas attaqué par les travailleurs. Il l’est par les capitalistes qui misent sur la chute comme ils ont misé auparavant sur la montée...

Soutenir l’Europe est seulement un argument pour justifier auprès des peuples que les Etats, qui disent faire des économies en réduisant les services publics, dépensent ainsi sans compter pour aider un autre pays....

A les entendre, on croirait presque qu’il s’agit seulement d’une crise européenne ou due à l’Europe et pas d’une crise née au centre même du capitalisme et de l’impérialisme, les USA !!!!

3°) Pour aider les capitalistes grecs ?

Même pas ! L’essentiel de l’argent revient aux prêteurs et il sauve ceux qui financent puisqu’ils étaient eux aussi propriétaires de la « dette grecque », comme l’Etat et les banques françaises.

4°) Pour éviter une rechute du système tout entier qui serait causée par un « défaut » grec, comme la crise de 2008 aurait été activée par le défaut de la banque Lehman ?

Faux ! La crise de 2008 n’a nullement été causée par l’abandon par l’Etat US de la banque Lehman et cette dernière n’a même pas fait chuter les marchés. Ces derniers ont seulement exercé à ce moment leur chantage à la chute générale pour exiger de l’Etat américain qu’il s’investisse entièrement dans les dettes privées et les couvrent, ce qu’il a fait en prétendant sauver le peuple américain.

Exactement comme en ce moment les Etats européens s’investissent dans les dettes en Europe en prétendant sauver les peuples d’Europe. En réalité, ils savent parfaitement qu’ils ne sauvent aucune économie, aucune monnaie ni aucun Etat de la faillite, de la banqueroute, de la chute car il y a belle lurette que celle-ci est générale.

La dette grecque n’est qu’un prétexte. Elle ne représente qu’un verre d’eau face à la rivière dettes de l’Espagne et du Portugal, à la mer de dettes de la France et de l’Angleterre et à l’océan de dettes des USA…

Les sommes spéculées par les capitalistes sur les marchés financiers internationaux représentent 700.000 milliards d’euros, soit environ 110.000 euros par habitant de la Terre, bébés compris. Les dettes grecques, à côté, c’est de la gnognotte !!!
Attaquer la Grèce a plusieurs objectifs réels pour le système capitaliste et impérialiste :

1°) Cela permet de désigner du doigt une victime expiatoire au capital financier prédateur qui, dans sa phase nécrophile où il tire profit des dettes et des chutes, va de toutes les manières s’attaquer successivement à tous les Etats, à toutes les monnaies et à toutes les économies. Comme le système se refuse à interdire les spéculations destructrices et en est incapable – ce serait s’attaquer à son propre principe d’investissement profitable à tout prix -, il préfère orienter cette spéculation vers des cibles les plus externes. Détruire la Grèce, ce n’est pas encore trop grave. Il s’agit de gagner du temps et, pendant ce répit, orienter les opinions publiques dans un sens réactionnaire. Les investisseurs institutionnels (banques, fonds de pension, assurances) et des hedge funds (fonds spéculatifs) se sont attaqués en 2010 à la Grèce, maillon le plus faible de la chaîne européenne d’endettement, avant de s’en prendre à l’Irlande, au Portugal et à l’Espagne. Ils commencent ainsi à faire payer toute l’Europe tout en attaquant seulement le petit bout... de la dette.

Le système capitaliste est donc toujours dans sa phase autodestructrice du système comme en 2008 et il n’est pas prêt d’en sortir. Le grand capital ne veut pas investir dans la production et préfère s’enrichir sur la chute des économies et des Etats qui rapporte bien plus et à plus court terme...

Cela permet aussi de dédouaner le système lui-même en faisant accuser ses représentants locaux. La Grèce n’est pas spécialement en crise : c’est le système tout entier qui l’est !

2°) Cela permet, en même temps, de faire croire aux différents peuples que leur sort n’est pas le même. Entendre parler des sacrifices des grecs permet de se dire qu’on n’est pas les plus mal lotis. On croit que la balle est passée à côté et on serre les fesses. On peut aussi faire croire à la fable selon lesquels les Grecs auraient abusé et qu’ils paient ainsi des fautes passées. Mensonge pur ! On développe ainsi le nationalisme qui va enfermer les luttes dans un cadre réactionnaire et même de plus en plus fasciste. Les bourgeoisies se préparent ainsi à faire reculer toute la société vers la barbarie. Elles préparent aussi les hostilités nationales (par exemple contre le peuple chinois) qui justifieront ensuite les guerres.

3°) Cela permet de faire un ballon d’essai. On voit comment isoler la lutte d’un peuple, comment l’écraser, comment il va réagir. Tout cela à moindres frais car dans un cadre limité. Et on démontre ainsi aux travailleurs des autres pays que les Grecs ont été seuls face à leur crise et que sortir dans la rue ne les a pas sauvé ! On fait ainsi reculer la conscience de classe...

4°) On casse aussi la solidarité internationale du prolétariat en tentant de démontrer aux prolétaires qu’ils ne souhaitent rien tant que de ne pas être concernés par l’ « affaire grecque ». Avec tout au plus la réaction : les pauvres grecs, ce n’est pas juste ! Comme si, dans ce système, quelque chose était juste. Ou encore, avec la réaction : on les a aidés et on ferait mieux de garder notre argent pour nous. Comme si « chez nous », l’argent servait pour le peuple ! Comme si l’Etat français, par exemple, aidait en Grèce autre chose que ses propres capitalistes !

5°) On mesure à cette occasion tout le niveau de collaboration de classe des organisations qui se réclament de la classe ouvrière et de la gauche puisqu’aucune d’entre elles ne dit simplement aux travailleurs que c’est une attaque contre eux et qu’il serait important simplement qu’ils le sachent et le disent…

6°) On provoque des réflexes nationalistes dans toutes les populations grâce à une telle crise. On favorise ainsi les réflexes protectionnistes et xénophobes, y compris de la part de partis les plus « à gauche » comme les partis staliniens et certains partis d’ « extrême gauche ».

7°) Cette attaque a donc un but politique et de classe. La seule riposte serait une politique internationaliste et de classe, la riposte des prolétaires conscients qui, dans la rue, affirmeraient : « Le peuple grec est pris comme bouc émissaire mais ce sont tous les peuples, tous les travailleurs qui sont visés ! Ne soyons pas dupes ! Notre ennemi n’est pas le peuple voisin mais le grand capital national et international ! Notre ennemi, ce sont les capitalistes ! La seule solution, c’est d’en finir avec le système et pas de nous sacrifier soi-disant pour le sauver !!! »

8°) Le détournement de la conscience de classe est un objectif politique des classes dirigeantes. Le développement de celle-ci est un objectif pour les travailleurs conscients. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !

WSWS :

Au cours de ces dix-huit derniers mois, les syndicats, qui sont en grande partie dirigés par des membres du PASOK, ont organisé de nombreuses actions de protestation. Ils l’ont fait avec le soutien total des organisations bourgeoises jadis de gauche. L’objectif recherché des 15 grèves générales de 24 heures et des autres protestations a été d’exercer une pression sur PASOK pour qu’il change de cap. Toute lutte sociale et politique pour le renversement du gouvernement bourgeois PASOK a été opposée avec véhémence à la fois par les syndicats et les groupes pseudo-socialistes. De cette manière, ces forces se sont consciemment appliquées à épuiser et à démoraliser l’opposition de la classe ouvrière aux coupes sociales.

Des organisations telles SYRIZA et ANTARSYA reflètent la perspective et la politique des forces de la classe moyenne qui, dans les années 1960, ont mené les mouvements de protestations anti-guerre et qui ont, au cours des décennies suivantes, viré à droite. Un grand nombre de leurs dirigeants et de leurs membres ont pris des fonctions bien rémunérées dans les universités, les médias, les syndicats et dans l’Etat. Aujourd’hui, ils représentent les intérêts d’une couche privilégiée de la classe moyenne supérieure. Au fur et à mesure que les travailleurs se radicalisent politiquement, ils mettent à la disposition de la classe dirigeante, dans le but de désorienter la classe ouvrière, leur savoir-faire en tant qu’opposants de longue date au socialisme révolutionnaire.

Après dix-huit mois de coupes sociales pratiquées par Papandreou, il règne une colère grandissante au sein de la classe ouvrière contre à la fois le gouvernement et les syndicats. C’est précisément pour supprimer le développement d’un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière, en dehors du contrôle des syndicats, que SYRIZA et ANTARSYA se sont fait en Grèce les avocats des soi-disant protestations des « indignés » qui sont basées sur le slogan en faillite de « pas de politique », c’est-à-dire du maintien de la dominations de la politique bourgeoise.

Dans la poursuite de cet objectif réactionnaire, ils ont collaboré aux côtés de forces ouvertement droitières et nationalistes manifestant sur la place Syntagma à Athènes. Ce faisant, ils ont aidé à promouvoir la perspective nationaliste de sortie de la zone euro en faveur d’un rétablissement de la drachme, l’ancienne monnaie de la Grèce. Si la bourgeoisie devait adopter une telle politique, ce ne serait que pour mieux appauvrir les travailleurs par le biais d’une hyperinflation.

La seule réponse progressiste au pillage par la classe dirigeante de l’économie grecque est l’unification de la classe ouvrière de par l’Europe et internationalement dans une lutte contre l’aristocratie financière et fondée sur un programme socialiste. Telle est la stratégie qui est au centre de la perspective des Etats socialistes unis d’Europe.

Le premier pas indispensable à ce combat pour une perspective révolutionnaire est que les travailleurs se débarrassent de la mainmise des syndicats et qu’ils construisent de nouveaux organes démocratiques et populaires pour la lutte de la classe ouvrière – tels des comités d’action dans les usines, sur les lieux de travail et dans le voisinage – pour mobiliser le pouvoir de la classe ouvrière contre le gouvernement et le système capitaliste.

Ce combat requiert une lutte implacable contre les organisations soi-disant de gauche et les tendances staliniennes et pablistes qui les composent. Une telle lutte est essentielle pour le développement de la conscience politique de la classe ouvrière et l’établissement de son indépendance politique par rapport à toutes les sections de la bourgeoisie.

La lutte pour le socialisme en Europe ne peut être menée qu’en alliance avec les travailleurs en Amérique et dans le monde entier. En substance, les coupes réalisées par le gouvernement social-démocrate en Grèce ne diffèrent en rien de celles planifiées par le gouvernement Obama aux Etats-Unis ou celles effectuées par les gouvernements d’Etat, telles les coupes sociales au Wisconsin qui avaient provoqué des protestations de masse l’hiver dernier.

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