On aurait tendance, vu de loin, à croire qu’il n’y a que des pauvres en Haïti. Quelle erreur ! Il y a une bourgeoisie et même une grande bourgeoisie... Et les inégalités sociales sont plus criantes en Haïti qu’ailleurs entre une bourgeoisie qui vit dans le luxe et des bidonvilles d’une misère record... D’un côté des piscines et de l’autre pas d’eau à boire ! Cette bourgeoisie, du fait de sa diversité (grandes familles, seigneurs grandons (grands propriétaires terriens), anciennement liés ou pas au duvaliérisme, d’origines nationales diverses) et de sa rapacité, a été incapable de s’unir pour garder directement le pouvoir mais tous les pouvoirs issus de l’armée ou de la petite bourgeoisie ont été globalement à son service. Et il est impossible à l’armée, à l’église, à la petite bourgeoisie et ses politiciens ou notables d’être indépendants des intérêts de la grande bourgeoise haïtienne comme étrangère. Avec les politiciens, les notables, les intellectuels, les responsables religieux ou associatifs, des petits potentats locaux, des cadres militaires, bien des gens issus de la petite bourgeoisie ont fait mine d’ouvrir une perspective pour l’ensemble du peuple haïtien mais le "peuple" est divisé en classes et c’est le prolétariat qui a une vraie perspective à offrir...
On ne vous a pas montré Port-au-Prince comme cela :


Voilà des images d’Haïti comme on n’en montre plus... parce qu’elles dévoilent une autre facette de la réalité d’Haïti qui existe toujours, malgré le séisme, c’est-à-dire la classe bourgeoise...

Mais il n’y a pas que des palaces ou des lieux de vacances de luxe, voici une petite maison à Pétionville


Rouler en Porsche à Port-au-Prince

Il existe de très belles maisons de style Gingerbread (pain d’épices) à Port au Prince.

De belles demeures...



Ce n’est pas ici que règne l’insécurité...



Concours du patron haïtien de l’année

Une grande bourgeoisie qui ne meurt pas de faim...


Quelques uns des vampires d’Haïti
Voici un reportage :
"Les riches Haïtiens n’ont pas senti passer le séisme
Les rayons sont bien remplis au Star Meket de Port-au-Prince.
Les rayons sont bien remplis au Star Meket de Port-au-Prince.
Ils continuent à boire de l’eau de source française et mangent du camembert de Normandie : pour les Haïtiens les plus fortunés, le séisme du 12 janvier et le chaos qui a suivi sont passés inaperçus.
Sur les hauteurs de Port-au-Prince, à Pétion-Ville, un chapelet de supérettes tenues par des Syriens courtise le chaland.
Les rayons sont garnis de produits introuvables ailleurs dans la capitale du pays le plus pauvre du continent américain. Les mets de luxe y côtoient... des revues qui prodiguent des recettes pour maigrir.
"Quand on vend de la nourriture, on ne va jamais mal. Les gens achètent toujours à manger", lance Moussa Aballa Nahra, 70 ans, propriétaire du Royal Market. La devanture de son magasin fait dans la simplicité. Mais à l’intérieur, on trouve tant des bonbons européens que des olives portugaises ou du vin chilien. Les prix affichent une santé américaine...
Cela fait presque 50 ans que M. Nahra est installé en Haïti. "En 1961, ce pays était un paradis, très agréable avec beaucoup de prospérité, d’espoir dans l’avenir", dit-il. Son épouse se tient à ses côtés. Elle aussi est originaire du port syrien de Tartous. Non sans fierté, elle explique que ses trois enfants son "tous haïtiens".
"Mon fils a épousé une Haïtienne", poursuit-elle. Mais, prévient Mme Nahra, "pas une noire, une mulâtre, très belle. Mes deux filles m’ont donné des petits Américains parce qu’elles sont allées dans ce pays afin que leurs enfants naissent à l’extérieur".
Mme Nahra, son mari et une bonne partie de leur clientèle font partie des 5% d’Haïtiens qui forment l’élite économique du pays.
Le 12 janvier, lorsque la terre a tremblé, dans leurs maisons perchées sur les collines qui surplombent la mer des Caraïbes, ils n’ont presque rien senti.
"Moi je ne suis là que pour le commerce", explique Joseph Hanna, 28 ans, un Vénézuélien arrivé en Haïti il y a trois ans, et qui travaille à l’Olympia Market.
"C’est tranquille ici. Les gens sont très gentils", dit-il. On trouve de tout dans l’Olympia Market, même de la nourriture pour chiens. Avoir un animal domestique en Haïti est peut-être le luxe ultime dans un pays dont l’histoire est jalonnée de crises, et où le séisme a mis à terre le peu d’infrastructures qui subsistait.
L’argent facilitant bien des choses, seuls les plus fortunés des Haïtiens ont pu se sauver, en jet privé ou par voie terrestre, après le tremblement de terre qui a tué au moins 217.000 de leurs compatriotes
"Heureusement que mes deux enfants étudient à Bordeaux", soupire Patricia Steed Attié, propriétaire du Papaye, un restaurant à la mode. Le cocktail qu’elle boit, la musique d’ambiance et la clientèle européenne feraient presque oublier qu’à seulement quelques kilomètres, plus d’un million de personnes vivent dans des abris provisoires.
"J’ai fermé près de trois semaines, mais j’ai décidé de rouvrir. Je pense que c’est un moyen de ne pas perdre espoir. Mes employés ont recommencé à travailler, c’est un moyen d’aider, de ne pas renoncer", dit Mme Steed Attié.
Même note d’optimisme dans la bouche de Moussa Aballa Nahra, le propriétaire syrien de Royal Market.
"Rien ne manque ici. Je n’ai pas de problèmes de sécurité et les affaires sont bonnes. Je n’ai jamais songé à quitter Haïti (...) mais maintenant je suis vieux. Mon rêve est d’aller en Syrie, le meilleur pays du monde. Je veux y mourir", lance-t-il."

Vue de l’hôtel Ibo Lelé, sur les hauteurs de Pétionville, avant la catastrophe

Banque du quartier riche de Pétionville : des 4X4 d’ONG internationales.
c’est dans le confort de Pétionville, dans les stationnements de ses banques, et non dans les misérables bidonvilles que se promènent les 4X4 des ONG et des réseaux d’information. L’argent qu’on donne aux ONG dans l’espoir qu’il nourrisse une famille sans toit servirait-il à fournir un train de vie somptueux à ces représentants étrangers ? Faut-il revoir cette pratique ? « Je ne dis pas qu’il faille éliminer les ONG », ajoute Patrick Elie. « Elles ont aussi leur rôle. Mais elles ne sont pas là pour remplacer l’État, l’éliminer ou le banaliser. Et c’est ce qui se passe depuis des années et c’est devenu encore plus dramatique avec la catastrophe. Cela n’est pas arrivé d’un jour à l’autre, ni par hasard.

La bourgeoisie exploite aussi le tourisme mais elle exploite surtout une main d’oeuvre bon marché... et elle exploite même les bidonvilles !
Déjà, en 1980, la classe bourgeoise était constituée de 2% de la population contrôlant 44% des richesses (chiffres officiels).
N’oublions pas la fraction de la bourgeoisie qui exploite le prolétariat haïtien en vivant de l’autre côté de l’île. L’exploitation des travailleurs d’Haïti se produit également à Saint Domingue : elle vaut l’esclavage. les Haïtiens y sont traités pis que du bétail et surexploités.
On peut lire : La plus riche colonie du monde qu’est Saint-Domingue est en réalité un « eldorado construit sur un volcan ». L’exploitation capitaliste de l’esclavage des noirs, la structure des classes sociales et les antagonismes de classes font de cette société un « grand containeur d’explosif » prêt à exploser à tout moment.
La bourgeoisie locale est formée d’éléments composites et disparates.
Ils sont les seuls exportateurs des denrées nationales : café, cacao, coton, pite, mangues, campêche etc... Ce sont de grands propriétaires fonciers. Ils maîtrisent le bord de mer aussi bien que toutes les avenues de l’économie nationale. Le groupe des mulâtres est en conflit perpétuel avec les libanais qui de leur côté concurrencent les immigrants d’origine européenne. Le sectarisme qui affecte la bourgeoisie haïtienne lui enlève tout pouvoir sur les autres groupes sociaux.
L’apartheid entre classes sociales est une réalité qui frappe : à Port-au-Prince, il y a les quartiers résidentiels et « la basse ville ».
Voici la basse ville :

Les pauvres subissent à la fois les bandits, les milices, les bandes armées, la police et les forces internationales




Ce sont les pauvres qui subissent l’insécurité mais les forces armées étrangères et de police ne défendent pas les pauvres !
Voici le témoignage d’un Haïtien :
"Cette bourgeoisie n’arrive même pas à arracher de l’occident ses concessions spéculatives : investissements intéressants pour l’économie, mise en place de certaines industries.
De plus, parce qu’elle est crispée dans ses intérêts immédiats, parce qu’elle ne voit pas plus loin que le bout de ses ongles. Cette Bourgeoisie est tout à fait médiocre dans ses réalisations aussi bien que dans sa pensée et tente de masquer cette médiocrité par des constructions prestigieuses à l’échelon individuel à Pétion Ville, Belle Vil, Vivi Michel et autres ainsi que par des voitures flambants neuves valant plus de 60 mille dollars USD, par des vacances en Europe et des weekends aux bords des plages.
Il n’y a rien de plus écœurant que de les voir, tôt le matin, descendre dans leurs entreprises situées autour des orgies de boue, de détritus et, retourner chez eux, dans l’après-midi, dans leur univers de confort et de luxe.
Nous admettons qu’à l’intérieur de leurs voitures climatisées ils ne peuvent pas prendre l’odeur infecte de certaines zones de la capitale, mais nous nous demandons : qu’est-ce qui peut bien les empêcher de voir
la fresque dépravante et laide de la capitale ?
Le fait qu’elle soit bornée dans ses idéologies, et parce qu’elle est fermée sur elle-même, coupée du peuple, minée par son INCAPACITÉ CONGÉNITALE à penser à l’ensemble des problèmes en fonction de la totalité de la nation, la bourgeoisie haïtienne reste passive et continue à assumer son petit rôle de négociants et de gérants d’entreprises et
d’industries familiales dans lesquelles elle exige des ouvriers, pour 85 gourdes par jour, un travail énorme au nom, bien sûr, de l’effort national.
Les bénéfices énormes qu’elle empoche, compte tenu du revenu national, ne sont pas réinvestis, tandis que, de leur coté, le prolétariat des villes, la masse des chômeurs, les petits artisans continuent à mourir de faim, le peuple stagne lamentablement dans une misère insupportable.
Elle s’en fout complètement et continue par tous les moyens, corruption comprise, à annexer à son profit la totalité des richesses du pays, enrichissement scandaleux, rapide et impitoyable.
On a une bourgeoisie en esprit, caractérisée par son petit nombre, sa concentration dans la capitale et ses ACTIVITÉS DE PETIT NÉGOCE, on ne trouve pas en son sein ni d’industriels, à proprement parler, ni de financiers.
Elle n’est pas orientée vers la production, l’invention, la construction et le travail, elle est entièrement canalisée vers des activités intermédiaires.
Être dans la combine, telle semble être sa vocation profonde.
Certaines familles bourgeoises haïtiennes, en exemple, la famille Brandt avec Fritz et David (incarcérés pendant plus de deux mois pour fraude douanière), ne trouvent pas suffisants les bénéfices démesurés qu’elles ont soutirés de l’exploitation du peuple haïtien, se plongent à fond dans la corruption pour augmenter plus grandiosement le capital familial.
Peut-on imaginer le nombre de temps qu’elles ont à patauger dans ce circuit ? Peut-on compter le nombre de familles bourgeoises haïtiennes qui fonctionnent dans ce circuit de contre bande et de corruption pour amasser facilement l’argent de l’état en l’occurrence celui du peuple haïtien ? On n’en saura jamais !
Par son comportement, la Bourgeoisie haïtienne rappelle les MEMBRES D’UN GANG qui, après chaque Hold Up, partagent le butin entre les coéquipiers et leurs familles en préparant sagement la retraite.
Vilfredo Pareto dans « le traité de la sociologie Générale » a fait une distinction entre l’élite gouvernementale et l’élite non gouvernementale mais ce qu’il a appelé l’élite non gouvernementale n’en est pas moins que l’autre, une élite de pouvoir.
Notre bourgeoisie ne détient pas, certes, d’autorité politique, mais elle exerce un pouvoir sur d’autres secteurs, notamment dans le domaine économique ; elle exerce aussi une influence considérable sur les décisions que prennent nos dirigeants, sans toutefois, détenir de postes d’autorité et sans avoir de pouvoir reconnu, décrivant son attitude, depuis plus d’un siècle, à pratiquer une politique de doublure.
C’est à la fois la misère du peuple et l’enrichissement désordonné de la caste bourgeoise, son mépris étalé pour le reste de la nation qui durcisse nos réflexions et nos attitudes.
Aujourd’hui, par craintes ou pour bénéficier de leurs faveurs, certains ont tendance à cautionner l’entreprise de cette caste et ferment les yeux sur leur insolence, leur incapacité, leur ignorance, leur médiocrité et leur immoralité foncière. Tandis que dans le pays la plus grande misère continue à côtoyer la plus grande richesse.
Cette dernière consiste pour cette BOURGEOISIE RAPACE une sorte de carapace qui l’empêche de voir le calvaire et la souffrance qui l’entoure.
Mais, par-dessus tout ON GARDE L’ESPOIR ; l’espoir que cette dite bourgeoisie se justifie, l’espoir qu’un jour, elle contribue par sa puissance économique à édifier une nation au lendemain meilleur, à créer des conditions de développement d’un prolétariat important, à industrialiser l’agriculture, à réaliser des investissements importants pour une croissance continue, un développement durable, et rendre possible enfin, une authentique culture nationale.
La Mafia Haitienne
Max Chauvet, Franck Helmcke, Adrien Castera Fils, Jean-Pierre Blanchard, F. Carl Braun, Bertrand Buteau, Edouard Baussan, Thierry Gardère, Serge Dévieux."
Voici un autre témoignage :
"D’un côté on retrouve les mulâtres et les grands propriétaires terriens qui monopolisent toutes les richesses du pays et qui constituent la trame de la bourgeoisie haïtienne. De l’autre côté, les masses noires qui représentent les 4/5 de la population ont la portion congrue. Au fil des ans le profil de la société haitienne s’est modelé avec l’arrivée des immigrants d’origine libanaise, syrienne, allemande, italienne etc. Ils arrivent toujours avec les mains vides trainant leurs étals de galerie en galerie. En un temps record ils maitrisent le secteur commercial et industriel et s’intègrent rapidement dans la classe bourgeoise traditionnelle sans aucun lien avec le monde rural.
D’ailleurs leurs noms indiquent clairement leurs origines étrangères et leurs comportements trahissent toute volonté d’aboutir à un développement économique national. Ils se contentent des profits réalisés sur la vente de leurs marchandises dont le prix de vente dépasse 2 ou 3 fois le prix CIF. Ainsi nous pouvons saisir tout le secret de leurs réussites faciles. Comme industriels ils se contentent de se lancer dans la sous-traitance. Ils prennent des contrats ou des sous-contrats des multinationales. Ils font crever nos ouvriers pour un salaire tuberculeux qui est 4 à 5 fois inférieur au salaire prévu dans le compte d’exploitation. Le cri de détresse récemment de l’ambassadeur James Foley qui réclame 20 dollars par jour au lieu de 4 pour nos ouvriers est vraiment édifiant. Les industriels haitiens ne mettent pas à profit nos dotations en facteurs de production afin d’assurer la croissance économique du pays par le biais de la production nationale.
Ils se contentent seulement de leurs marges bénéficiaires tirés surtout de l’exploitation éhontée de nos forces de travail."

PROLÉTAIRES D’HAITI

dans les champs

pour Saint-Domingue

à Haîti ou dans l’immigration

De même qu’il y a une classe bourgeoise, il y a aussi un prolétariat et pas seulement "des pauvres". Le monde n’a pas besoin de se pencher avec commisération sur les "malheureux haïtiens". Ces malheureux font peur aux classes capitalistes du monde !

Ce prolétariat ne représente certes que 15% de la population (avant le séisme) mais il est le centre d’une activité politique et sociale déterminante et est concentré dans la capitale Port-au-Prince...
Les entreprises de sous-traitance endommagées par le passage du séisme sont rares. C’est pourquoi moins de deux semaines après, les usines ont progressivement redémarré le travail en vue d’exécuter les commandes en souffrance. La reprise a été pénible. Les patrons, faisant semblant d’ignorer ce que les travailleurs venaient de vivre, les ont astreints à des cadences infernales pour compenser les nombreux ouvriers absents, parce que certains s’étaient rendus en province après le séisme et que d’autres étaient blessés ou morts.
Mais les patrons en profitent pour chercher à obtenir des millions sous prétexte qu’ils auraient enregistré beaucoup de pertes. Certains d’entre eux comme Apaid ont reçu de l’alimentaire pour les travailleurs, mais ces derniers n’ont rien reçu.

Voici un témoignage datant de 2009 :
"Ils sont très peu nombreux ceux qui connaissent la réalité des conditions de travail des ouvriers dans les usines, spécialement dans celles de la sous-traitance sur la zone industrielle à Port-au-Prince. Pour diverses raisons, cette catégorie de travailleurs n’a jamais eu l’attention d’aucune frange de la société, pas même des organisations dites de gauche qui les ignoraient sous prétexte que la classe ouvrière n’existe pas, ou qu’elle est en infériorité numérique par rapport à la paysannerie. D’autres avancent qu’elle ne serait pas capable de tenir tête à la bourgeoisie et à ses supplétifs au pouvoir, et patati et patata. De fait, ces travailleurs constituent une chair à canon docile pour les patrons qui sucent leur sang autant que faire se peut pour faire fructifier leurs capitaux. Issus pour la grande majorité de la paysannerie, en absence de toute tradition d’organisation, ces travailleurs meurent comme des chiens dans l’indifférence générale après avoir passé le plus clair de leur temps à trimer dans les factories.
Le débat sur le projet de loi de Steeven Benoit sur l’ajustement du salaire minimum à 200 gourdes au Parlement, surtout le soutien des étudiants de l’Université d’État d’Haïti à ce projet de loi, a eu pour mérite de mettre au premier plan de l’actualité les conditions de travail et de vie des travailleurs dans les usines et dans leurs quartiers. Mais ceux qu’on entend à longueur de journée dans la presse, ce ne sont malheureusement pas les travailleurs, mais plutôt les patrons qui viennent déblatérer au Palais national, au Parlement contre ce projet de loi en brandissant la menace de fermer leurs usines et en licenciant les travailleurs. C’est le président de la République qui n’a jamais été autant éloquent dans la défense des points de vue des patrons, ce sont des journalistes, des économistes qui s’en prennent au jusqu’au-boutisme de certains députés qui veulent anéantir l’économie du pays en s’accrochant à ce projet de loi, ne cessent-ils de ressasser.
Ceux qui, par humanité, comme les étudiants, quelques parlementaires, soutiennent le projet de loi de Steeven, ignorent que seules la mobilisation, l’organisation et la prise de conscience des travailleurs eux-mêmes peuvent contraindre les patrons à lâcher du lest. Alors que les étudiants manifestent dans les rues leur soutien aux travailleurs, les patrons, jouissant d’un calme plat dans les usines, continuent de débiter des tonnes de mensonges dans les médias, de faire planer le spectre d’une débâcle complète de l’économie si les parlementaires ne se ressaisissent pas, s’ils ne reviennent pas sur leur décision de porter le salaire minimum à 200 gourdes par jour."

On peut lire aussi :
"La situation des travailleurs sur la zone industrielle rappelle par bien des aspects celle que vivent les Haïtiens dans les bateys de Saint-Domingue ; la seule différence est que cela se passe chez eux, dans leur propre pays. Il n’est pas inutile de souligner que les travailleurs des bateys touchent depuis 2008, 108 gourdes par jour contre 70 gourdes en Haïti.
Sur la zone industrielle une journée de travail dure en moyenne 11 heures. Sous prétexte d’effectuer des quotas de travail dont le prix dépasse à peine celui du salaire minimum, les ouvriers ne quittent les usines que vers 6 heures du soir alors que la journée a débuté à 6 heures du matin. Parfois, quand les patrons ont une commande urgente à exécuter, c’est manu militari que les ouvriers sont contraints de rester jusqu’à 10 heures du soir sans que le patron se donne la peine de trouver un transport pour les emmener chez eux. Au mois de décembre 2008, des ouvriers de InterAmerican Taylor, propriété de la famille Apaid, ont été relâchés à 2 heures du matin. Un ouvrier parmi eux, qui rentrait chez lui à pied, a été lynché par des riverains d’un quartier qui l’ont pris pour un voleur même après avoir exhibé son badge de travail. Plusieurs ouvrières ont été violées cette même nuit.
Les ouvriers n’ont pas le droit de s’organiser. Pour les patrons, ils sont des bêtes de somme, seule compte leur force de travail. Tous ceux parmi les travailleurs qui se montrent éveillés, qui donnent l’impression qu’ils peuvent avoir une influence parmi leurs camarades, sont systématiquement révoqués. Il est formellement interdit à un ouvrier de lire les bulletins qui s’adressent à eux dans les usines. C’est une raison plus que suffisante pour se faire révoquer sans indemnités. Les patrons créent une ambiance à la délation, de suspicion permanente, de division pour décourager toute idée d’organisation.
Il n’y a pas de réfectoire, les ouvriers en général prennent leur « chen janbe » devant leurs usines respectives dans un environnement macabre fait de poussière, de boue, d’eaux stagnantes, fatras, etc. Il n’est pas rare que certains d’entre eux se fassent renverser par les voitures des patrons qui font peu de cas de la présence des travailleurs sur le bord de la rue.
À l’intérieur de l’usine, les toilettes, quand il en existe, sont dans un piteux état. Il n’y a souvent pas d’eau pour chasser les bols, pas de papier. Les travailleurs utilisent souvent des rejets de tissus faute de papier ; les ouvrières y ont constamment recours également quand elles ont leurs menstruations pendant la journée. Il n’y a pas longtemps qu’une grosse compagnie comme Brasserie Nationale a confectionné des toilettes pour les travailleurs, qui faisaient leur besoins par terre aux abords d’un ravin.
Il n’y a pas de congé annuel, les patrons du secteur de la sous-traitance accordent quelques jours de repos aux travailleurs à la fin du mois de décembre de chaque année ; ces derniers sont sommés de travailler pendant tous les jours fériés y compris les dimanches quand la direction l’exige.
Il n’y a pas d’infirmerie dans les usines. Au parc Sonapi, dans les usines de Richard Coles notamment, quand un ouvrier a un problème, on le sort tranquillement dans la rue pour mourir.
Il n’y a pas de sécurité d’emploi. Les patrons font ce qu’ils veulent. Ils embauchent, ils révoquent comme bon leur semble au gré de leurs intérêts dans les usines.
Il faut ajouter à ce sombre tableau les tracasseries journalières, le mépris des petits chefs, les basses manoeuvres pour extorquer quelques gourdes sur le maigre salaire de l’ouvrier, le harcèlement des petits chefs sur les ouvrières, etc.
Cette exploitation éhontée se passe à Port-au-Prince dans les usines que les ouvriers appellent à juste raison des camps de la mort.
Où est le président de la République, René Préval, où sont passés les économistes qui vocifèrent que les 200 gourdes vont détruire le pays, les notables de la société civile qui jugent trop élevé le salaire de 200 gourdes pour les travailleurs ? Au mieux, ils font semblant de pas voir, de ne pas entendre même quand l’exploitation se passe sous leurs yeux mais au final ils se rangent tous du côté des patrons, des riches car, eux aussi, ils vivent de l’exploitation des travailleurs.
Les travailleurs et les masses pauvres en général doivent apprendre à ne compter que sur leur force d’organisation dans le combat qui les oppose aux classes possédantes."

Vive la révolte prolétarienne, seul espoir du peuple travailleur d’Haïti !
La classe prolétarienne a bien d’autres perspectives que les velléités humanitaires (parfois) et les illusions toujours impuissantes de ses politiciens, de ses notables, de ses chefs locaux ou religieux et autres dirigeants autoproclamés de la petite bourgeoisie.

La petite bourgeoisie, même "radicale", est à la remorque de la grande qui n’est que la bourgeoisie compradore du monde impérialiste.
Le prolétariat n’est nullement lié par des intérêts ni par des liens sociaux et humains avec la bourgeoisie ni haïtienne ni mondiale. Il n’a aucune raison de ménager le système d’exploitation.
La Voix des travailleurs - OTR :
"LE BUT DU PROLÉTARIAT
Remplacer la société capitaliste actuelle, fondée sur l’exploitation et l’inégalité, par une nouvelle organisation de la société dans laquelle il ne doit plus y avoir ni riches, ni pauvres ; dans laquelle tout le monde peut et doit travailler et dans laquelle le fruit du travail de tous n’est pas accaparé par une poignée de riches, mais est partagé entre tous dans l’égalité et la fraternité, afin que chacun puisse manger à sa faim, se loger, se vêtir, se soigner correctement, et que tous aient droit à l’éducation, à la culture, à la dignité et au respect des autres.
CE QU’IL FAUT CHANGER POUR Y PARVENIR
Les principales richesses de ce pays, et les principaux moyens pour les produire, une grande partie des meilleures terres, les factories, les banques, les grands magasins, les grandes entreprises d’importation - légales ou en contrebande - de marchandises, appartiennent à une poignée d’hommes très riches. Cette poignée d’hommes très riches, haïtiens ou étrangers, qui s’approprient pour eux-mêmes les richesses qui sont pourtant créées par le labeur et la collaboration de centaines de milliers d’hommes et de femmes qui, eux, restent toujours pauvres : ouvriers des factories, employés des banques et des commerces, ouvriers agricoles et métayers des campagnes. Malgré la pauvreté du pays, cette poignée de riches s’enrichit sans cesse. La richesse de certains d’entre eux vient de ce qu’ils voient aux paysans pauvres une partie des fruits de leur labeur. La richesse de la plupart vient de ce qu’ils payent très bas la force de travail de leurs ouvriers ou de leurs employés, alors que c’est cette farce de travail honteusement mal payée qui leur permet de fabriquer des biens qu’ils vendent très cher ; de fournir des services ou de faire des affaires qui leur rapportent très gros. Les capitalistes prétendent que ce sont eux qui font vivre ceux à qui ils donnent du travail. Mais en réalité, c’est tout le contraire c’est le travail de leurs ouvriers qui non seulement les fait vivre et luxueusement, mais qui leur procure encore le pouvoir de s’acheter la force de travail de nouveaux ouvriers_ L’argent que cette poignée de bourgeois capitalistes et de grandons amasse en maintenant les ouvriers dans la misère et les pauvres des campagnes au bord de la famine, ne sert même pas à développer le pays. Il est gaspillé en dépenses de luxe ; il est utilisé à corrompre les hauts fonctionnaires, les officiers, les responsables politiques qui les protègent ; il est enfin déposé en sûreté dans les banques des Etats-Unis, de France, d’Allemagne ou de Suisse. Même l’argent accumulé en exploitant durement les travailleurs d’Haïti n’est investi ici qu’en partie et seulement là où il permet des profits faciles et pas là où ce serait nécessaire à la population. Il en résulte que la majorité des ouvriers, comme d’ailleurs une bonne partie des travailleurs intellectuels, est condamnée au chômage, permanent ou occasionnel. Tant que se perpétue la mainmise de cette poignée de riches sur les terres, les banques et les factories, la classe des travailleurs ne peut espérer une vie meilleure. Voila pourquoi, la seule issue pour la classe des prolétaires c’est de bouleverser de fond en comble l’organisation de la société, c’est-à-dire :
mettre les terres accaparées par les grandons ou les capitalistes des villes à la disposition de ceux qui les cultivent. enlever à la poignée de riches industriels, de marchands et de banquiers la propriété des factories, des stocks de marchandises, et des capitaux, pour remettre tout cela au peuple des travailleurs. Ce ne seront plus alors les riches vivant du travail des autres qui disposeront des biens qui résultent du travail des ouvriers, mais les ouvriers eux-mêmes. organiser la production non pas en fonction du profit ou de la fantaisie des capitalistes - on produit des balles de baseball alors qu’il y a des enfants qui meurent de faim- mais pour satisfaire en priorité les besoins vitaux de la population. (Eau et nourriture pour tous ; logement décent pour chacun ; éducation pour chaque enfant.)
DE QUELS MOYENS DISPOSE LA CLASSE DES PROLETAIRES POUR PARVENIR A SES BUTS ?
Le prolétariat ne peut compter que sur ses propres forces pour se libérer. Les ouvriers savent d’expérience que pour obtenir une augmentation des salaires, ou même seulement pour se faire respecter de leur patron et des chefs, il leur faut déclencher des grèves, faire des manifestations, mener des actions de toutes sortes pour que leurs revendications soient prises en compte. Tout le monde sait aussi que pour obtenir le départ de Duvalier, il a fallu des manifestations, des luttes, le courage d’affronter les fusils du dictateur. Les luttes que mènent déjà les ouvriers pour limiter les effets de l’exploitation et pour reprendre aux patrons capitalistes une petite partie de ce qu’ils volent aux travailleurs, deviendront de plus en plus larges grâce à la solidarité qui naît et grandit en ce moment même dans la classe ouvrière. Mais elles sont encore insuffisantes pour permettre au prolétariat d’arracher aux patrons capitalistes et aux grandons le pouvoir politique et le contrôle de l’économie. La bourgeoisie défendra de toutes ses forces ses richesses et le droit d’exploiter les ouvriers. Pour se défendre, les riches pourront compter sur le gouvernement, sur l’administration, sur le haut commandement de l’armée qui sont tous entre leurs mains. Les prolétaires ont cependant pour eux leur nombre, leur concentration dans la capitale et dans les grandes villes, et le fait que c’est leur travail qui fait fonctionner l’économie. Mais il faut qu’ils prennent conscience de la communauté de leurs intérêts, d’une entreprise à l’autre, d’un bout à l’autre du pays. Il faut qu’ils unissent leurs forces, et unissent autour d’eux la force de tous les pauvres des villes comme des campagnes. Il faut qu’ils se préparent à une lutte longue et décidée. Malgré toutes les difficultés de la lutte, ils seront alors invincibles, car la classe des prolétaires, si elle mène une politique juste, a la capacité de prendre la tête de tous les pauvres de ce pays, y compris de la masse des paysans pauvres. Les classes, pauvres qui ont intérêt à une transformation radicale de la situation constituent ensemble l’immense majorité de ce pays, face à des riches possédants qui ne sont qu’une petite minorité."

La suite