Accueil > 03 - Livre Trois : HISTOIRE > 2eme chapitre : Révolutions de l’Antiquité > La révolution sociale a-t-elle fait disparaître l’empire Hittite ?

La révolution sociale a-t-elle fait disparaître l’empire Hittite ?

samedi 24 octobre 2015, par Robert Paris

L’Etat Hittite semble un exemple typique : il est né de la révolution sociale et en est mort....

"Le sang était devenu abondant à Hattusa et les dieux l’ont pris à la famille royale."

(document hittite ro II 46-49)

Les guerres civiles de la région hittite :

XVIIe siècle av J.-C : période de crise économique et sociale avant la fondation de l’ancien royaume hittite. L’Etat hittite est le produit de cette situation perturbée et, en particulier, des troubles sociaux.

1465-1460 : crise politique et guerres civiles

1370-1350 : le royaume est pillé et brûlé

Vers 1200, on note la destruction d’Ougarit, Tyr, Sidon, Troie, Cnossos, Pylos, Mycènes, Hattousa et de tous les centres hittites comme grecques et de toute la région. Disparition du système palatial en Grèce. Des troubles sont notés à Iolkos, Korakou, Mycènes, Tirynthe puis Lefkandi en Eubée et Teikhos Dymaion près de Patras. Effondrement des Puissances maritimes . Disparition du commerce et de l’écriture . Diminution considérable de l’espérance de vie. Effondrement complet de l’empire hittite.

La porte aux lions à Hattusa

L’emplacement des ruines (Hattuşaş) de Boğazköy se situe à 82 km de la ville de Çorum et à 208 km d’Ankara. L’emplacement des ruines de Boğazköy (Hattuşaş), se trouvant au centre de l’ancienne région noyau de l’état hittite, est situé à l’extrémité sud de la vallée du ruisseau Budaközü et est encerclé par un grand nombre de rochers de 300 mètres d’altitude et des flancs de montagnes divisées et est aussi limité par de profonds versants au nord et à l’ouest. La ville, étant ouverte vers le nord, toutes ses parties sont encerclées de murailles, mise à part la partie nord.

L’emplacement des ruines de Hattuşaş (Hattoushash) a été visité pour la première fois par Charles Texier en 1834 et s’est fait connaître au monde entier. Sayce a été le premier à faire un lien entre ces ruines et l’état hittite. Jusqu’alors on pensait que le centre des hittites était en Syrie. Carl Human était venu en compagnie d’Otto Puchstein en 1882 et c’est la première fois qu’il avait fait des travaux relatifs à un plan d’ensemble. Ils avaient également pris des moules de Yazlıkaya qui sont actuellement exposés au musée Pergamon. E. Chantre avait réalisé sa première fouille entre les années 1893 et 1894, tandis qu’en 1905, Makridi et H. Winkler s’étaient rendus à Boğazköyü et avaient continué leurs fouilles jusqu’en 1917. Les fouilles systématiques, débutées en 1932 par Kurt Bittel au nom de l’institut archéologique allemand, se sont interrompues un certain temp,s lors de la 2ème Guerre Mondiale et ont repris tout de suite pour se poursuivre sans interruption jusqu’en 1978. Les travaux d’excavations, sous la direction du Dr. Peter Neve de 1978 jusqu’en 1993, ont pris en charge par le Dr. Jurgen Seeher en 1994.

Des habitations à Boğazköy (Hattuşaş) ont été notées à partir du 3 ème millénaire avant J. C. Il a été déterminé que la petite installation à cette époque était à Büyükkale et ses environs. Aux 19 ème et 18 ème siècles av. J. C., on constate des installations datant de l’époque des colonies commerciales assyriennes à Aşağı Şehir et des documents écrits appartenant à cette époque et mentionnant le nom de la ville ont été vus pour la première fois.

En calcaire, 14ème/13ème siècles av. J. C., il s’agit du sphinx situé sur le côté droit de la porte, il est exposé au musée de Berlin en
La première époque de prospérité à Hattuşaş s’est achevée par un grand incendie. Le responsable de cet incendie était le roi de Kuşşara, Anitta. Selon les documents, Hattuşaş, repeuplée de nouveau tout de suite après cette catastrophe, dans les années
On constate qu’à l’apogée de son développement, à l’époque où elle était une agglomération monumentale, après être devenue la capitale, Hattuşaş, large de 2 km, a retrouvé sa situation du 13 ème siècle av. J. C., avec ses palais, ses temples et ses quartiers. Dans la deuxième période de développement de Hattuşaş, durant les dernières années de l’empire, trois rois hittites ont été dernières années de Şuppiluliuma II ( 1190 avant J. C.) et après la chute de l’empire hittite, en raison des problèmes économiques et des guerres civiles, Boğazköy a été délaissée 4 siècles. Les Phrygiens s’y sont installés (vers le milieu du 8ème siècle avant J. C.). Pendant les périodes hellénistique et romaine ( entre l’an 3 av. J. C et l’an 3 ap. J. C), Hattuşaş était un centre de « veylik » entouré de petites murailles, et un village pendant la période byzantine.

Révolutions chez les Phéniciens et Cananéens

Peuple d’origine indo-européenne, c’est par une migration à travers les Balkans et autour de la Mer Noire, au 3ème millénaire qu’il commence son expansion en Asie Mineure, en plusieurs vagues : les Louwites puis les Nésites. Attirés par une zone riche en minerai de fer et de cuivre, ils importent le cheval, élément nouveau dans cette région et s’installent sur les hauts plateaux de l’Anatolie, dans la boucle de l’Halys (aujourd’hui Kizilirmak) en formant des principautés autonomes (Nesa, Koushar et Zalpa). Ils prennent le nom d’un peuple indigène vaincu, les Hattis.

Les Hittites sont les premiers à marteler le fer à chaud, dans le Croissant Fertile, vers -1500. Ils en gardent le secret pendant au moins 3 siècles.

Au 12ème siècle avant J.-C, leur empire est mort, de façon brutale et étonnante. Encore une fois, quand on ne sait pas, on invoque les "peuples de la mer" mais ce n’est pas une hypothèse plausible. Le plus vraisemblable est que des famines et des désordres sociaux ont provoqué son renversement.


Ce qu’en dit Wikipedia :

"Les causes de la destruction de l’empire hittite sont mal connues mais quatre théories s’affrontent :

* la destruction par la migration des Gasgas et des Phrygiens ;
* la destruction par les Peuples de la mer comme le racontent les Égyptiens, mais qui paraît peu probable puisque les Peuples de la mer ne se sont jamais vraiment éloignés des côtes, bien qu’ils aient sans doute causé des dégâts ;

* la montée en puissance de l’Assyrie qui aurait fini par détruire l’empire hittite ;

* enfin une révolte à l’ouest de l’empire qui aurait abouti à son démantèlement.

Laquelle de ces causes est la bonne ? probablement un mélange des quatre...

HISTOIRE DES HITTITES

Le pouvoir politique par contre était au main des princes Hittites qui règnaient sur la multitude de principautés dont été composée l’Anatolie.

Au début du XVIIIe siècle av J.-C, les bouleversements du Proche-Orient entraînent la ruine, parfois violente, des colonies hittites. Cela permet un premier mouvement d’unification de la région au XVIIIe siècle : le prince de Kussar, Pithana, s’empare de Nesa, l’ancien centre économique, et s’y établit. Son fils Anitta poursuit son œuvre et unifie une partie de l’Anatolie. Dans sa Proclamation d’Anitta, il prend le titre de Grand Roi qui sera utilisé par de nombreux souverains du Moyen-Orient durant les deux millénaires suivants.

Anitta fut le seul roi de sa dynastie : après lui, l’Anatolie traverse une période obscure de guerres et de famines qui dure une centaine d’années. L’usage de l’écriture disparaît presque totalement.

C’est une période de révolutions sociales et politiques.

Labarna Ier, fut le premier véritable roi des Hittites. Il n’y a guère de documents ou de vestige de son règne et, mis à part l’Edit de Telibinu, peu de documents en font mention. Certains historiens avancent qu’il pourrait s’agir d’un roi légendaire. Tous les rois qui lui succédèrent sur le trône hittite utilisèrent le titre de Labarna, selon une méthode similaire à celles des empereurs romains qui utilisèrent les titres de César et Auguste à la suite de Jules César. De même, probablement pour marquer la continuité avec l’ephémère dynastie d’Anitta, Labarna Ier, et tous ses successeurs jusqu’à la chute de l’empire, prend les titres de Grand Roi et celui d’homme de Kussar, ville d’origine de Pithana, père du premier roi Anitta.

Son successeur fut Hattusili Ier, également appelé Labarna II. Ses liens de parenté avec son prédécesseur sont peu clairs : certains pensent que ce fut son petit-fils, son neveu ou encore son fils adoptif. Roi conquérant, son nom indique qu’il avait établit la capitale à Hattusa. Avec lui, le royaume hittite s’étendit au nord jusqu’à la mer Noire (Zalpa), au sud jusqu’à l’Arzawa et à l’est jusqu’à l’Euphrate. Il est le premier roi hittite à franchir les monts Taurus séparant l’Anatolie de la Syrie actuelle. Il y détruit Alahah, vassale du royaume de Yamkhad dont la capitale était Alep.

Mursili Ier succéde à son grand-père à la tête du royaume hittite. Comme son aïeul ce fut un grand guerrier. Il abat la puissance du Yamkhad dont il détruit la capitale Alep, puis, en -1594 mene un raid sur Babylone qu’il prend, entraînant la chute de la dynastie fondée par Hammourabi.

Mais à guerroyer loin de sa capitale, le royaume hittite se fragilise et lorsque Hantili Ier, beau-frère de Mursili, lui succéde après l’avoir assassiné, c’est le début d’une longue période trouble. Lors de la révolte de Karkemish, les Hourrites de l’Euphrate se soulevèrent et vainquirent le souverain. Les Gasgas firent leurs premières incursion dans les provinces du Nord. Son successeur, Zidanta Ier, est surtout connu pour son manque de scrupules : pour accéder au trône, il n’hésita pas à assassiner le fils et le petit-fils de Hantili. Lui-même sera assassiné par Ammuna, son propre fils qui lui succédera.

Sous son règne la situation empire et le royaume hittite perd plusieurs provinces dont l’Arzawa et l’Adana. À sa mort, après l’assassinat de ses héritiers légitime, c’est Huzziya Ier, très probablement un de ses descendants illégitimes qui lui succéde, mais il est rapidement renversé par Telibinu, beau-fils d’Ammuna qui exila Huzziya et ses frères. Telibinu, principalement connu pour l’Edit de Telibinu établissant une loi successorale qui reste en vigueur jusqu’à la fin de l’Empire, réussit également à consolider le royaume hittite par différentes actions militaires et par un traité avec le roi du Kizzuwatna.

Les successeurs de Telibinu sont encore mal connus : seuls leurs noms et leur ordre de succession nous est connu : Alluwana, Hantili II, fils du précédent, Tarhurwaili, Zidanta II, Huzziya II et Muwatalli Ier. Néanmoins cette période correspond à une période d’affaiblissement de l’État hittite, et cela suite à l’apparitions de deux nouvelles menaces extérieures :

les Gasgas, qui avaient fait leurs premières apparitions sous le règne de Hantili Ier, deviennent plus menaçant, ils forcent Hantili II à renforcer les défenses de la capitale et des villes proche des frontières du royaume. les Hourrites qui s’unifient et forment le royaume du Mitanni dont la puissance augmente rapidement. Cet État annexe ou vassalise alors les royaumes d’Alep, d’Alahah et du Kizzuwatna.

Le moyen royaume (-1465 - 1353 av. J.-C.)

Vers -1465, la dynastie fondée par Labarna est renversée. C’est la conséquence des troubles des règnes précédents et le nouveau roi, Tudhalya Ier, possède des ascendances hourrites et kizzuwatnienne. Profitant des actions du pharaon Thoutmôsis III contre le Mitanni, qui vainc une coalition mitanno-canaanéenne à la Bataille de Megiddo, il remporte différentes victoires contre les Hourrites ce qui lui permit de replacer le Kizzuwatna sous la domination d’Hattusa et de détruire Alep. Outre l’ère de bonnes relations avec l’Égypte qu’inaugure la nouvelle dynastie, Tudhalya renouvèle profondément les élites du pays : dès son règne, aux côtés de l’aristocratie traditionnelle, de nombreux personnages portant des noms d’origine hourrite occupèrent des postes importants.

Le nouveau royaume ou empire (-1353 - 1190 av. J.-C.)

Après l’assassinat de l’héritier du trône, le jeune et énergique prince Suppiluliuma Ier réforme complètement le royaume hittite. C’est la véritable création de l’Empire hittite.

Suppiluliuma rétablit également le royaume dans son rôle de pièce majeure de l’échiquier du Proche-Orient. Il lutte contre le Mitanni dont il réduit la puissance, puis il lance une campagne contre le Kizzuwatna qu’il annexe.

Le renouveau de la puissance hittite bouleverse l’équilibre du Proche-Orient : les Hittites et les Égyptiens y exerçaient une lutte d’influence afin de contrôler le couloir commercial passant entre la Syrie et la Palestine. Or les pharaons égyptiens ne réagissent que mollement aux conquêtes hittites qui annexent ou vassalisent les états alliés du Mitanni, lui-même allié de l’Égypte : Alalah, Nuhasse et même Qadesh, clé de la vallée de l’Oronte sont contrôlées par Suppiluliuma sous le règne d’Akhénaton ; les royaumes d’Amurru, d’Aziru et d’Ougarit deviennent des vassaux pendant le règne de Toutânkhamon. Finalement, les derniers alliés du Mitanni cèdent et Karkemish, contrôlant le passage de l’Euphrate, est intégrée à l’empire.

Rompant avec la tradition, Suppiluliuma consolide ses conquêtes en passant des traités avec ses vassaux, qu’il choisit avec soin : ainsi il nomme ses deux fils rois d’Alep et de Karkemish. Cette ville, l’une des plus anciennes du Proche-Orient, devient la deuxième ville de l’empire. C’est là que demeure le vice-roi, contrôlant de cette cité les différents royaumes syriens tous devenus progressivement les vassaux de l’empire hittite. Suppiluliuma renforce sa position en mariant ses filles aux différents rois syriens.

Alors que les troupes égyptiennes sont repoussées à Qadesh, le pharaon Toutânkhamon meurt subitement sans d’héritier. Son épouse Ankhesenamon, convainc Suppiluliuma de lui envoyer un de ses fils pour un remariage. Suppiluliuma envoie finalement le prince Zannanzach qui est assassiné avant d’atteindre l’Égypte. Cet événement est l’un des facteurs déclenchant des guerres qui opposèrent les deux puissances pendant plusieurs générations.

Suppiluliuma meurt précocement d’une peste, dont la propagation avait été favorisée par les nombreuses déportations de son règne. Son successeur, Arnuwanda II disparaît également peu après, de la même maladie. Mais l’œuvre de Suppiluliuma lui survit : les rois d’Alep et de Karkemish, ses fils, ainsi que le roi du Mitanni, son beau-fils, sont liés par des liens très forts à la dynastie : ils resteront fidèles aux rois hittites jusqu’à la chute de l’empire.

Ainsi, un fils cadet de Suppiluliuma monte sur le trône : Mursili II. La situation est difficile : non seulement la peste ravage le pays, mais Mursili doit tout d’abord mater la rebellion de certains vassaux. Le roi abandonne quelque temps la capitale Hattusa. Il conquiert l’Arsawa et détruit le royaume d’Azzi. Ougarit et l’Amourrou se voient contraints de renouveler leurs traités de vassalité. Finalement, la lutte contre les Gasgas est également nécessaire : il libére les provinces du nord et renforce la frontière sur les montagnes surplombant la mer Noire.

Son fils Muwatalli II lui succède sur le trône. Comme pour ses prédécesseurs, son règne est rythmé par les guerres. Muwatilli vainc tout d’abord le royaume de Wilusa, au nord-ouest de l’empire, qui devient son vassal. Puis il doit faire face aux Gasgas qui franchissent la frontière, pillant et détruisant les cités hittites. La capitale Hattusa est détruite et le roi et sa cour se réfugient à Tarhuntassa, une ville du sud. Pour rétablir son autorité sur le nord du pays, il nomme son frère Hattusili administrateur des provinces du nord. En même temps, la menace assyrienne se précise : le Mitanni est vaincu et devient vassal de l’empire mésopotamien.

Pendant qu’Hattusili pacifie le nord et que le roi assyrien Adad-Nirari devient le suzerain du Mitanni, le roi Muwatalli se concentre sur la Syrie voisine. Le conflit avec l’Égypte ne tarde pas à reprendre : ses pharaons Séthi Ier, puis Ramsès II désirent récupérer les possessions syriennes perdues sous Akhénaton et Toutankhamon, en particulier le royaume de l’Amourrou et la clé de la route commerciale reliant la Méditerranée et la Mésopotamie, la citadelle de Qadesh, à la frontière entre les zones d’influence des deux empires. Ramsès remporte dans un premier temps une victoire diplomatique en ralliant le souverain d’Amourrou à sa cause. La guerre atteindra son paroxysme lors de la deuxième bataille de Qadesh, véritable match nul qui rétablira le statu quo en replaçant le royaume d’Amourrou sous la suzeraineté hittite. Ce fut la fin du conflit entre les empires hittites et égyptiens : tout deux seront désormais accaparés par la menace assyrienne.

Muwatalli II meurt en -1270 av. J.-C. et son fils illégitime, Mursili III, lui succède sous la régence de son oncle Hattusili. Celui-ci se rebelle bientôt et exile Mursili qui se réfugie sur l’île de Chypre. Hattusili III monte sur le trône et signe un traité de paix avec l’Égypte (voir la rubrique Droit). Ayant reconquis les territoires occupés par les Gasgas et vaincus une rebellion des Louvites qui ne reconnaissaient pas son usurpation, le règne de Hattusili III est un règne un peu plus pacifique, ayant stabilisé la situation en Syrie par la paix avec l’Égypte et une alliance avec Babylone lui permettant de surveiller la menace assyrienne. Mais cette menace grandit : le Mitanni fut brisé par les Assyriens en -1260 av. J.-C.

Le successeur de Hattusili III est, conformément à la loi successorale, son fils, Tudhaliya IV. Celui-ci lutte d’abord pour maintenir l’unité de l’empire, contre les royaumes d’Ahhiyawa et d’Arzawa. Pendant ce conflit, il assure ses arrières en signant la paix avec l’Assyrie en contrepartie de la reconnaissance de ses conquêtes. Mais bientôt l’Assyrie repasse à l’offensive et attaque la rive ouest de l’Euphrate, en mains hittites. Tudhaliya réagit, mais sa contre-attaque aboutit à un échec à la bataille de Nihiriya en -1230 av. J.-C.

Tudhaliya s’emploie alors à imposer un blocus maritime à l’Assyrie. À l’aide du roi de Karkemish, il convainc les royaumes syriens, en particulier l’Amourrou, de respecter le blocus. Ceux-ci refusent les bateaux de l’Ahhiyawa. Tudhalia débarque également au royaume d’Alasiya, l’actuelle Chypre, qui lui verse un tribut en cuivre. Le blocus s’avère payant : l’Assyrie signe un traité de paix et restitue les territoires glânés au détriment du royaume de Karkemish.

Mais Tudhaliya n’a pas seulement marqué l’histoire hittite par ses faits guerriers : véritable réformateur religieux, il réorganisa le culte, modifia les fêtes et agrandit le sanctuaire de Yazilikaya.

Si la paix est maintenue sous les successeurs de Tudhaliya, Arnuwanda II puis son frère Suppiluliuma III, l’empire hittite, miné par de longues famines ayant entraîné de nombreux mouvements de population qui ont complètement déstabilisé l’État va encore s’affaiblir sous les coups des Peuples de la Mer qui ravagent toute la région. L’Empire hittite y survit, contrairement aux royaumes achéens et à Mycène, mais en 1190 av. J.-C. l’Empire s’effondre et les principales villes hittites sont détruites et ne se relèveront jamais. C’est le produit des famines qui frappent toute l’Anatolie et de la chute du système social et politique des Hittites.

Les royaumes néo-hittites (-1100 - 700 av. J.-C.)

C’est à la même époque que les Phrygiens, autre peuple indo-européen, envahissent le plateau central d’Anatolie et y établissent leur royaume et leurs cités.

La civilisation hittite survit à la chute de son centre. Dans le sud de l’Anatolie ainsi qu’en Syrie plusieurs royaumes de langue louvite sont fondés et Karkemish, où règnent des descendant de la dynastie de Suppiluliuma Ier, reprend le rôle de capitale culturelle du monde hittite abandonné par Hattusa.

Un nombre important de petits royaumes voit alors le jour : en Cappadoce, une dizaine de princes s’allient dans la confédération du Tabal, alors qu’à l’est, le long de l’Euphrate, d’autres principautés apparaissent : le Milid, le Kummuhu, le Gurgum. Au sud, on trouve les États suivants : la Cilicie, les royaumes de Ya’diya et de Karkemish, Pattina, Arpad, le royaume d’Alep, la principauté de Til Barsid et enfin le royaume de Hama.

Ces royaumes ne jouent certes aucun rôle politique majeur, mais ils prospèrent du XIIe siècle au IXe siècle avant Jésus-Christ. Ce n’est qu’entre -745 et -708 que les derniers disparaissent l’un après l’autre sous les coups des Assyriens. Le plus puissant d’entre eux, le royaume de Karkemish, disparaît en -717. C’est la fin de la civilisation hittite. Destruction d’Hatti, de Kode, de la Kizzuwatna hittite (Cilicie), d’Arzawa et Alashiya (S.O. de l’Anatolie intérieure et Chypre). Hattusa, la capitale, comme bien d’autres cités, est brûlée (-1190). Le palais de Maşat Höyük, organisé autour d’une cour centrale de 41 x 36 mètres à colonnade, a été détruit dans un incendie.
Les provinces extérieures de l’empire hittite se révoltent, profitant de la déficience du pouvoir central.
Le brutal silence des sources hittites sous Suppiluliuma II nous empêche de savoir ce qui s’est passé réellement et comment l’empire s’est effondré. "

Luttes des classes dans l’Empire Hittite

selon wikipedia :

Le monde hittite est divisé en deux. La cour — formée des membres de la famille royale, d’un certain nombre de familles aristocratiques et de membres des familles des souverains voisins, liés à l’Empire hittite par des traités, du haut-clergé ainsi que du personnel du palais — vit en vase clos, et seule la justice royale s’applique à ces nantis.

Le bas-peuple quant à lui est divisé entre hommes libres, serfs et esclaves :

* les hommes libres sont essentiellement les artisans, les marchands et les paysans ;
* les serfs sont formés par des populations déportées au gré des guerres : ces serfs, liés à la terre où ils sont établis ne peuvent se déplacer librement. Ces déportations avaient pour but de repeupler les régions dévastées ;
* l’esclave a un véritable statut juridique, ce qui est exceptionnel pour l’époque. Son maître peut le vendre ou le punir, mais les esclaves peuvent aller en justice, épouser une femme libre ou encore avoir des biens propres.

"Les Hittites répartissent le monde du travail en trois secteurs correspondant aux castes des Aryens. Dès le départ, les Aryens libres ont été répartis en trois classes sociales : les Brahmanes, les guerriers et des paysans ou des commerçants. Au plan social, ils distinguent ce monde du travail de deux façons : en fonction de classes sociales (hommes francs, assujettis domestiques), en fonction du sexe (les femmes valent en général la moitié de ce que valent les hommes). Au plan légal, on peut discerner une certaine législation du travail : droit au salaire, prophylaxie, accidents du travail, contrat d’apprentissage| barèmes des salaires." explique dans "Les Travailleurs dans le Monde Hittite" KESTEMONT G.

Il y avait des esclaves et des hommes libres, des souverains et des sujets, des soldats et des artisans. Les nobles étaient au premier niveau social ainsi que les prêtres, et les prêtres étaient souvent les mêmes personnes que les nobles (mais pas toujours). Les marchands ont aussi été très bien considérés, et il y a eu des lois spéciales avec de dures sanctions pour quiconque essayant de leur porter atteinte. Les esclaves étaient au plus bas niveau de la société, mais certains droits leur étaient accordés par la loi. La classe la plus basse appelé "hapiru", les apatrides, était chassée aux frontières.

Un des témoignages des luttes de classes parvenues à un stade révolutionnaire peu avant la fin de l’empire, les Lettres d’El-Amarna, correspondance des grands souverains avec le pharaon d’Egypte Akhenaton, lui réclament de l’or et lui promettent en retour épouses, chars, chevaux et lapis-lazuli, les Lettres sont principalement les courriers des petits potentats levantins. Des portraits savoureux s’y dessinent. Comme celui du volubile Rib-Hadda, roitelet du port de Byblos (Gubla), auteur à lui seul d’une soixantaine de tablettes, soit plus de 15 % du corpus. Rib-Hadda, c’est un peu Woody Allen quatorze siècles avant le Christ. Le sire de Byblos réclame inlassablement à son suzerain égyptien l’envoi d’un corps expéditionnaire pour protéger sa ville, implore d’être ravitaillé par bateau, se plaint d’une grave maladie, jure qu’il n’a plus les moyens financiers d’équiper ses hommes pour défendre sa cité...

"Comme un oiseau pris au piège : ainsi suis-je dans Byblos", répète-t-il ad libitum dans sa correspondance, qui n’est guère payée de retour. "J’écris continuellement au palais, mais tu ne me réponds pas", reproche-t-il à Akhenaton qui, excédé par l’anxiété permanente et la prolixité de son vassal, lui demande même dans l’une de ses rares réponses : "Pourquoi toi seul continues-tu à m’écrire ?"

Les travers de Rib-Hadda font aujourd’hui le bonheur des historiens. Epistolier compulsif, il est du même coup l’attentif chroniqueur des troubles qui agitent la région.

Sur l’échiquier compliqué du Proche-Orient de la période "amarnienne", le royaume du Mitanni est la pièce la plus singulière. Il domine la Syrie actuelle, la haute Mésopotamie et est majoritairement peuplé de Hourrites - un peuple originaire du Caucase dont la langue, encore mal connue, n’a pas d’apparentement avec des idiomes actuels. Mais la classe dirigeante du pays semble appartenir à une autre ethnie.Cette aristocratie est en effet, explique Jacques Freu, "une caste de guerriers dont les noms sont purement védiques". Ils s’appellent, par exemple, Etakama, Shattiwazza, Artatama, Parshatatar... Mais, en dépit de cette onomastique, ajoute M. Freu, "il est sûr que ces gens n’ont jamais vu l’Inde. Ils ont seulement la même origine, dans les steppes de l’actuelle Russie, que les Indo-Aryens qui ont envahi le nord du sous-continent indien et qui y ont amené leur langue". La lutte contre le Mitanni occupera une grande part du règne de Suppiluliuma.

Mais, pendant ce temps, une révolution se joue sur la côte de l’actuel Liban. Dans les montagnes, l’agitation sociale est vive et des bandes de habiru - c’est-à-dire de parias, de marginaux, de bandits - se fédèrent. Elles dévalent la montagne et s’en prennent aux villes de la plaine côtière. Une à une, les cités tombent. Leurs princes sont tués. Parfois, le peuple se soulève et se rallie aux habiru. "Les hommes d’Ammiya viennent de tuer leur seigneur, écrit fébrilement Rib-Hadda, observateur inquiet et privilégié des soulèvements. J’ai peur."

Stéphane Foucart

suite à venir...

La capitale des Hittites, le film

Les Hittites, le film

The dark lords of Hattusa, le film

CONCLUSIONS

La fin soudaine de plusieurs civilisations en quelques décennies aux alentours de 1200 avant J.C. a fait naître, en effet, chez de nombreux historiens spécialistes de l’Antiquité, l’hypothèse selon laquelle ces Peuples de la mer cités dans des documents égyptiens auraient été responsables de la fin des Hittites, des Mycéniens et des Mitani. Cette théorie est toutefois mise en doute par Marc Van De Mieroop et Pierre Bonnechère, entre autres. Bonnechère nie jusqu’à l’existence même des Peuples de la mer (cf. Wikipedia). Une autre hypothèse est celle d’une attaque des Gasgas...

Accuser les montagnards Gasgas d’avoir démoli l’empire Hittite revient à accuser Al Qaïda d’avoir provoqué la crise systémique de 2008 et causé la chute de l’empire capitaliste ou accuser les charognards qui dépècent le cadavre du lion d’être la cause de sa mort...

Quant aux "peuples de la mer" accusés de la perte de multiples civilisations, ils sont une explication du type "la main de l’étranger" pour éviter de voir les causes sociales et politiques de la fin d’une époque dans toute la région de la Méditerranée. Cette région avait connu le même phénomène à la fin du XVIIe siècle avant J.-C déjà avec la fin du grand commerce international donnant naissance dans la même région à une longue période d’instabilités sociales avant de donner naissance à l’ancien empire hittite. En 1200 av J.-C, c’est la crise économique : le commerce du Delta avec le monde égéen est tari, Pharos est presque ruinée, les ports phéniciens sont dans une situation critique. 1200, c’est aussi la période de la chute de la civilisation minoenne et l’entrée dans une période de troubles marquée notamment par l’écrasement de Troie. En Egypte, une situation plus ou moins anarchique marque la fin de la XIXe dynastie en 1188-1186. À la mort de Ramses 2, la crise dynastique évitée jusque-là ne peut être contenue et la dispute qui s’en suit risque d’entraîner le pays dans une période d’anarchie.

Le pouvoir se morcelle entre Thèbes et la cour restée à Pi-Ramsès et la dynastie s’achève dans le trouble de règnes successifs courts et sans portées réelles, laissant la situation externe se dégrader peu à peu... Il faudra attendre la reprise en main des rênes du pouvoir par l’armée avec l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle famille pour éviter la désagrégation complète de l’empire de plus en plus menacé par les changements inexorables de la politique internationale et des mouvements des populations cherchant à fuir les zones de guerre, poussées par la recherche d’un refuge que l’Égypte symbolise encore.

La crise du système sociale et économique médittérannéen est évidente et elle se propage à la région Hittite. Sous Tudhaliya IV, ses fils Arnouwanda III (1220-1200) et son frère Souppilouliouma II (ou Suppiluliuma, 1200-1170), les textes hittites nous indiquent que le pays Hittite doit subir des périodes de grandes famines.

Dans les textes exhumés à Ugarit et à Tell Amarna, on note : paupérisation d’une partie de la population, migrations dues à des dettes trop lourdes, constitution d’un ensemble de populations incontrôlables par les cités États (les habiru), qui constituent une menace pour l’ordre social. Peu de temps avant l’effondrement de l’Empire hittite, les chroniques anatoliennes font état de bouleversements climatiques qui provoquent des famines...

Après il faut poser la question du déclin des deux puissances tutélaires de la région au même moment : Egypte et Grèce (et Crête) Mycénienne. C’est une période qui n’est pas seulement celle d’une grande agitation des peuples mais aussi celle d’une chute de la base même des systèmes sociaux de l’époque, à savoir le grand commerce international. A remarquer : c’est également l’époque de la guerre de Troie et de l’écrasement du régime crétois par une révolution sociale...

A noter que c’est de l’effondrement des empires, de l’effondrement économique, social et moral, de la crise sociale générale du Moyen-Orient que va naître la religion des Hébreux, fondée sur l’idiée que dieu a puni tous ces peuples pour leur refus de reconnaître le "vrai dieu" et les bons préceptes. Les Hébreux ne sont pas les seuls à émerger de la crise. C’est également le cas des Phéniciens. N’oublions pas que les Hittites avaient émergé d’une crise semblable au XVIIe siècle avant J.-C.

Selon les textes égyptiens, la destruction du Hatti serait due aux Peuples de la mer, mais il est peu probable que ceux-ci se soient avancés aussi loin à l’intérieur des terres. Peuples de la mer ne vient pas directement des Egyptiens, mais des égyptologues fin XIX siècle. Trevor Bryce The Kingdom of the Hittites p.338 utilise le terme, mais indique qu’il est trompeur puisqu’il couvre des peuples qui n’étaient pas confinés à la mer ou à des régions côtières. Bryce renvoie à un article de R.Drews (2000) ’Medinet Habu’ : Oxcarts, Ships, and Migration Theories’, JNES 59 : 161-90.

La chute des Hittites en Turquie comme celle des Minoens en Grèce est la fin d’une civilisation, d’un système social et d’un mode de production. Ce n’est pas seulement le résultat d’une défaite militaire ni celui provenant de la chute d’un régime politique. Seule la révolution sociale peut produire un tel renversement et mener à un désert civilisationnel dans toute une région.

Les Hittites, le film

Portfolio

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.