samedi 25 juillet 2009
Après que nous ayons terminé l’équipe de nuit à 05h30 ce matin (mardi 21 juillet) nous nous sommes rendus à la porte de l’usine Ssangyong où la lutte continue comme hier. Entre 09 h 00 et 10 00h du matin, de nombreux cars bourrés de flics anti-émeute sont arrivés devant cette porte, en même temps qu’une vingtaine de camions de pompiers.
Alors que 2000 flics anti-émeute essayaient de s’approcher du Département peinture, les ouvriers ont riposté avec un énorme lance-pierres et parfois des cocktails Molotov. Ce lance-pierres tire des clous et des boulons. Sa portée est de 200-300 mètres et traumatise l’ennemi.
Des pneus enflammés ont été installés par les ouvriers pour empêcher les flics d’avancer, et le ciel au-dessus de l’usine était noir de fumée.
L’entreprise a coupé l’eau et le gaz et a imposé un blocus total de l’usine, empêchant les ouvriers de recevoir toute aide matérielle extérieure, y compris médicale. La direction semble tenter une stratégie d’épuisement, pour faire sortir les ouvriers de l’usine “spontanément”.
En rentrant du champ de bataille pour reprendre le boulot en équipe de nuit, j’ai appris qu’un hélicoptère des flics lançait des gaz lacrymogènes contre des ouvriers qui se battaient sur les toits des maisons. Aujourd’hui, mardi 21 juillet, la KCTU (Korean Federation of Trade Unions, la centrale syndicale la plus importante) a décrété une grève générale, principalement dans le but de soutenir la grève de Ssangyong du 22 au 24 juillet, et a décidé d’organiser des manifestations ouvrières dans tout le pays samedi 25 juillet.
Le KMWU (Korean Metal Workers Union – syndicat des métallos, qui organise les ouvriers de Ssangyong), syndicat le plus important affilié à la KCTU, lancera lui aussi une grève les 22 et 24 juillet pour soutenir Ssangyong et les négociations en cours. Donc demain plus de 5000 ouvriers seront à la porte principale de Ssangyong, et de nouveaux combats auront lieu.
Un accord est conclu, des grévistes sont emprisonnés chez Ssangyong Motor
Après l’accord provisoire conclu ce matin entre le KMWU et Ssangyong Motor, la police interroge et emprisonne des grévistes, plutôt que de les transporter vers les hôpitaux locaux.
CORÉE : Un accord provisoire a été conclu ce matin entre le KMWU et Ssangyong Motor, après des semaines d’une lutte intense et parfois brutale des 700 travailleurs de l’automobile en grève sur le tas dans l’usine.
Selon le syndicat coréen des métallurgistes, affilié à la Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie, une cinquantaine de travailleurs qui ont participé à la grève sont actuellement détenus par la police dans les prisons de la région. Le KMWU estime que d’ici la fin de la journée, le nombre de grévistes emprisonnés atteindra la centaine. Les soins médicaux dans les locaux d’incarcération de la police sont pour le moins limités, et un grand nombre de personnes incarcérées ont immédiatement besoin de soins hospitaliers complets.
À l’extérieur de l’usine, les tensions restent vives, alors que des agents de sécurité embauchés par l’entreprise attendent la sortie des grévistes. La police a mené des investigations à l’intérieur de l’usine avec un interrogatoire de chaque gréviste, et dans de nombreux cas, le transport de travailleurs en prison.
Les travailleurs n’ont pas vu leurs familles depuis le 21 mai, jour du déclenchement de la grève.
Le règlement provisoire annoncé aujourd’hui comporte l’accord de l’entreprise pour un "ratio 48% : 52%" soit 48% des personnes qui gardent leur emploi chez Ssangyong Motor dans la restructuration et 52% obligées d’accepter leur renvoi (retraite anticipée). Toutefois, d’autres questions importantes restent en suspens, notamment le harcèlement à l’encontre des personnes qui ont fait grève et la façon de décider des ‘100%’ pour l’application du ratio. Les négociations se poursuivent.
La FIOM exhorte ses affiliés à exprimer leurs préoccupations auprès des ambassades de Corée partout dans le monde, et de demander au gouvernement coréen :
* de libérer immédiatement tous les responsables syndicaux et les travailleurs de Ssangyong emprisonnés ; * de rejeter toutes les plaintes (pénales et civiles) portées contre des personnes et des organisations qui ont pris part à la grève ; * de jouer un rôle pour assurer de bonne foi, de véritables négociations pour garantir la sécurité de l’emploi aux membres du KMWU chez Ssangyong Motor.