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Comment LO et le NPA "oublient" les grèves des ouvriers du Pétrole de 1978 en Iran

dimanche 23 octobre 2022

Source de l’image : https://libcom-org.translate.goog/article/working-class-iran-some-background-class-struggles-1979-1989-mostafa-saber?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr

Lire aussi : https://libcom-org.translate.goog/article/1978-1979-iranian-revolution?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr

Un épisode fondamental de la révolution de 1978 en Iran est l’irruption de la classe ouvrière, dont la grève générale renversa la monarchie du Shah :

[la classe ouvrière] n’est apparue que tardivement sur le terrain de la lutte, à partir de juillet 1978, alors que la révolte s’était déjà étendu à presque toutes les grandes villes et que les manifestions de rue se succédaient. Toutefois son action a causé la paralysie générale de la production et a donné le coup de grâce au régime impérial.

1979, Iran la révolution islamique par Chapour HAGHIGHAT, Editions Complexe

Pour les révolutionnaires, cet aspect de la révolution iranienne est fondamental : en 1978, un Etat ouvrier Iranien était à l’ordre du jour. Faute d’une politique révolutionnaire, c’est la contre-révolution, sous forme du fascisme religieux de Khomeyni qui l’emporte en 1979.

Cette leçon de la révolution de 1978 en Iran est gommée par LO et le NPA.

Dans son hebdomadaire, le NPA écrit

Le souvenir du mouvement antimonarchique
de 1979 et l’entrée en lutte des salariéEs du secteur pétrolier
perturbe le sommeil des dirigeants.
Les grèves de 1979 s’étaient
en effet rapidement transformées en
grève générale et avaient ébranlé les
fondements du régime monarchique

n°633 | 20 octobre 2022 | l’Anticapitaliste

On remarquera les efforts concernant l’ « écriture inclusive », mais on regrettera l’erreur concernant les faits : c’est en 1978 et non 1979 que les ouvriers d’Iran ont déclenché la grève générale, et non pas seulement « ébranlé les
fondements du régime monarchique », mais mis fin à cette monarchie !

Lutte ouvrière, par la voix de N. Arthaud lors de son meeting, fait la même erreur chronologique

En 1979, quand la population iranienne s’est soulevée contre le régime du chah et l’impérialisme américain qui le soutenait, ce sont les religieux qui se sont mis à la tête de la révolte.

Au nom de l’unité dans la lutte anti-impérialiste, tous les opposants au chah, y compris ceux qui étaient laïcs, voire athées, se sont alignés derrière le guide suprême Khomeiny. Y compris le Parti communiste iranien, qui était un des fers de lance de la contestation. Car il y avait alors, en Iran, de nombreux militants se revendiquant du communisme et du pouvoir de la classe ouvrière. Mais ils ont renoncé à défendre une politique indépendante pour les travailleurs.

Le point culminant de la révolution iranienne fut une insurrection où la population prit les armes et fit tomber l’armée, le chah et son régime. Immédiatement après, la population rendit les armes aux comités religieux et aux milices islamistes qui donnèrent naissance aux Gardiens de la révolution, les mêmes qui tirent aujourd’hui sur les manifestants.

LO meeting du 12 octobre

L’intervention de la classe ouvrière n’est pas mentionnée par N. Arthaud ! Seulement « les partis », qui pour LO remplacent la classe ouvrière. Aucun hommage aux ouvriers de 1978 qui nous apprennent comment une classe ouvrière peut renverser une dictature. Pour N. Arthaud, qui n’a pas fait le millième de ce que firent ces ouvriers, ceux-ci ne sont que des bêtes de somme :

La population laborieuse a continué d’être exploitée.

Rien n’est dit de la résistance des ouvriers à la mise en place de la dictature issue de la contre-révolution Khomeyniste :

Tout au long de l’année 1979, l’agitation dans les usines montre clairement que la classe ouvrière a l’intention de revendiquer sa part du pouvoir et de jouer pleinement son rôle dans la reconstruction du pays

1979, Iran la révolution islamique par Chapour HAGHIGHAT, Editions Complexe

Cette opposition fondamentale entre la révolution de 1978 et la contre-révolution de 1979 est gommée par le NPA et LO.

Ne parlons même pas de l’aspect fondamental qui frappe tout révolutionnaire qui se réclame du marxisme : l’existence des comités de grève en 1978, les shoras. N. Arthaud ne les mentionne pas, le but de LO n’est pas de mettre en place des soviets, ni en Iran ni ici, c’est le parti qui les remplacera. C’est la théorie stalinienne des révolutions.

Messages

  • Il faut revoir ou actualiser vos propos. le rôle des ouvriers, les conseils ouvriers et leurs limites faute d’un parti justement, sont très bien discuté ici.

    https://www.lutte-ouvriere.org/publications/brochures/iran-face-une-dictature-obscurantiste-element-de-lordre-imperialiste-489684.html

    • Cher lecteur,

      Le problème dans ce CLT de LO sur l’Iran c’est que les conseils ouvriers sont mentionnés comme une sorte de bizarrerie orientale qui comme tout ce que font ces enfants que sont les travailleurs, ne peut prendre de valeur que si LE PARTI est là :

      1) En plein mouvement des retraites, aucune référence n’est faite sur la nécessité d’imiter en 2023 en France ce que les ouvriers firent en Iran en 1978 : des conseils ouvriers.

      2) La conclusion finale du CLT ne mentionne pas la question fondamentale des conseils, mais celle du parti :

      Ce qui manque aujourd’hui à la classe des travailleurs pour que ces idées deviennent son programme de combat, c’est la conscience de sa force, la conscience du rôle fondamental qu’elle peut jouer pour entraîner derrière elle tous les opprimés et réorganiser la société sur de toutes autres bases. Cette conscience ne peut être incarner que par des femmes et des hommes, militants de la classe ouvrière et regroupés dans un parti mondial de la révolution. C’était l’objectif de l’internationale communiste, fondée il y a un siècle dans la foulée de la révolution russe, avant d’être dévoyée par le stalinisme. Cet objectif est plus que jamais à l’ordre du jour.

      Faut-il faire des conseils ouvriers en France ? LO n’est absolument pas pour ! C’était bon pour la Russie ou l’Iran. Et l’objectif de Front unique anti-impérialiste qui était le mot d’ordre résumant la tactique des partis communistes de l’Internationale pour lier les révolutions par exemple de France et d’Iran ? LO n’en parle surtout pas, pour LO l’Iran n’est qu’un pays du Tiers-monde, où les questions de la révolution ne sont pas liées à la notre ici. Pour LO la France est un “pays démocratique” où combattre l’armée et la police n’est pas une tache future pour la classe ouvrière.

      3) J-P Mercier qui a quitté sans explications publiques la CGT (sauf erreur de notre part, c’est son syndicat qui a été exclu de la CGT, pas lui personnellement) est à la tribune de ce CLT. Or il s’est converti dernièrement à la "démocratie syndicale", il ne parle jamais des conseils ouvriers dans ses interventions publiques.

      Conclusion : LO parle parfois des conseils, parfois pas, mais quand elle en parle c’est comme les historiens bourgeois, pas comme un thème permanent de propagande, un problème fondamental, au programme en France aussi aujourd’hui.

      LO ne parle surtout pas des conseils ouvriers dans ses bulletins d’entreprises, sinon je ne doute pas, cher lecteur, que vous nous eussiez indiqué les "lacunes" de nos sources bien avant.

      Car

    • Cher lecteur,

      Ce CLT cumule malheureusement les erreurs grossières à propos de la révolution russe :

      1) Le tournant que fit faire Lénine au parti bolchevik dans ses thèses d’Avril, un fait bien connu, est nié par LO, qui affirme dans un style stalinien :

      le parti bolchevik [qui] avait milité durant toute l’année 1917, contre tous les autres partis, pour que les soviets prennent tout le pouvoir.

      Trotsky écrit au contraire :

      Le 3 avril, arrivait à Pétrograd, de l’émigration, Lénine. C’est seulement à partir de ce moment que le parti bolchevik commence à parler à pleine voix et, ce qui est encore plus important, de sa propre voix.

      Le premier mois de la révolution avait été, pour le bolchevisme, un temps de désarroi et de tergiversations. Dans le " Manifeste " du Comité central des bolcheviks, rédigé aussitôt après la victoire de l’insurrection, il était dit que " les ouvriers des fabriques et des usines, ainsi que les troupes soulevées, doivent immédiatement élire leurs représentants au gouvernement révolutionnaire provisoire ". Le manifeste fut imprimé dans l’organe officiel du Soviet sans commentaire ni objections, comme s’il ne s’agissait que d’une question académique. Mais même les bolcheviks dirigeants donnaient à leur mot d’ordre une signification purement démonstrative. Ils agissaient non pas en tant que représentants d’un parti prolétarien qui se prépare à ouvrir de son propre chef la lutte pour le pouvoir, mais comme l’aile gauche de la démocratie qui, en proclamant ses principes, se dispose, pour une durée indéterminée, à jouer le rôle d’une opposition loyale.

      2) La même phrase de LO contient une seconde erreur. Trotsky et d’autres futurs leaders bolcheviks appartenaient non pas au parti bolchévik, mais au Parti Interrayon que le parti bolchévik ne combattit pas, mais avec lequel il fusionna.

      L’affirmation fausse de LO

      le parti bolchevik [qui] avait milité durant toute l’année 1917, contre tous les autres partis, pour que les soviets prennent tout le pouvoir.

      est donc corrigée par Trotsky, (voir les détails ici) :

      Jusqu’à mon adhésion formelle au Parti, je pris part à l’élabo­ration d’une série de décisions et de documents portant l’estam­pille du Parti. Le seul motif qui me fit retarder de trois mois mon adhésion au Parti fut le désir d’accélérer la fusion des bol­cheviks avec les meilleurs éléments de l’organisation interrayonniste et, en général, avec les internationalistes révolutionnaires. Je menais cette politique avec l’entier assentiment de Lénine. (...) Les ouvriers interrayonnistes gar­daient encore une très grande méfiance à l’égard de la politique d’organisation du Comité de Petrograd. Voici ce que j ’avais répliqué dans mon article : "L’esprit de cercle, héritage du passé, existe encore ; mais, pour qu’il diminue, les interrayon­nistes doivent cesser de mener un existence isolée, à part".

      3) La même phrase de LO

      le parti bolchevik [qui] avait milité durant toute l’année 1917, contre tous les autres partis, pour que les soviets prennent tout le pouvoir.

      contient une troisième erreur. Non, même après le retour de Lénine en Avril qui corrigea la ligne du parti bolchévik (voir le 1) ), ce parti n’a pas toujours mis en avant le slogan de "pouvoir aux soviets". Pendant une période de quelques semaines, Lénine fut contre ce slogan :

      Le mot d’ordre du passage du pouvoir aux soviets — écrivait Lénine dans les premiers grondements de la persécution et de la calomnie — aurait maintenant un air de don-quichottisme ou de moquerie. Ce mot d’ordre, objectivement, serait une tromperie pour le peuple, lui suggérerait des illusions comme s’il suffisait maintenant aux soviets de désirer prendre le pouvoir ou bien d’en décider ainsi pour l’avoir — comme s’il se trouvait encore dans le Soviet des partis qui ne se seraient pas encore entachés d’avoir apporté leur aide à des bourreaux, comme si l’on pouvait faire du passé ce qui n’a pas été

      voir le texte complet de Trotsky

      Tout cela est l’ABC du marxisme, bien connu des dirigeants de LO, en tout cas des anciens , peut-être moins des jeunes. Leur résumé bâclé de la révolution de 1917, du rôle des soviets et du parti de Lénine, n’est qu’un signe parmi d’autre que LO est éloigné du marxisme, qui ne sert qu’à décorer sa prose, sans souci de précision.

      Les staliniens arboraient des portraits de Lénine, LO arbore ceux de Trotsky, mais le fond de la pensée des deux révolutionnaires ne guide ni les uns ni les autres.

  • Cher lecteur favorable à Lutte Ouvrière vous ne remarquez pas l’absence de conseils ouvriers alors que vous les remarquiez autrefois dans la révolution iranienne !

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