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De la première internationale à la quatrième

samedi 17 janvier 2009, par Robert Paris

TEXTE DE BARTA EN 1943

DE LA PREMIERE INTERNATIONALE A LA QUATRIEME

Que la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie prenne nécessairement une forme nationale, son contenu n’en reste pas moins essentiellement international. Il est évident que pour pouvoir lutter, la classe ouvrière doit s’organiser en tant que classe et que le théâtre immédiat de sa lutte est l’intérieur du pays. Mais "le cadre de l’Etat national", remarquait Marx déjà au milieu du XIXème siècle, plusieurs décades d’années avant la phase impérialiste actuelle du capitalisme, "entre lui-même à son tour économiquement dans le cadre du marché mondial, politiquement dans le cadre du système des Etats". Par conséquent l’internationalisme de la classe ouvrière n’est pas l’expression de la "fraternité" sentimentale des prolétaires de tous les pays soumis à la même exploitation capitaliste, mais l’expression de l’unité organique de leur lutte contre un régime social international par sa nature.

Le capitalisme s’est développé historiquement en formant un système international qui a fondu progressivement les différents pays du monde en un bloc organique, la lutte du prolétariat mondial est devenue elle aussi nécessairement internationale. En 1847, à Londres, fut fondée la Ligue des Communistes, première association internationale prolétarienne avec la participation active de Marx et d’Engels, qui rédigèrent aussi son programme historique "Le Manifeste Communiste". En 1852 la Ligue des Communistes sombra dans la vague de la réaction, dont la défaite des ouvriers parisiens en juin 1848 marqua le début. "Quand la classe ouvrière européenne eut repris suffisamment de forces" écrit Engels, "pour un nouvel assaut contre la puissance des classes, se constitua l’Association Internationale des travailleurs", la Première Internationale. C’était de nouveau à Londres, en 1864. Marx, qui rédigea l’Adresse inaugurale de l’Internationale et ses statuts, définissait ainsi son rôle principal : "créer un centre de communication et de coopération entre les associations ouvrières des différents pays aspirant au même but, à savoir : le concours mutuel, le progrès et le complet affranchissement de la classe ouvrière", et cela par "la conquête du pouvoir politique qui est devenue le premier devoir de la classe ouvrière".

L’idée fondamentale qui inspirait toute l’activité de Marx dans la première Internationale était que les ouvriers doivent créer partout des organisations syndicales et politiques, sur la base "des circonstances réelles", qui à son époque variaient encore considérablement d’un pays à l’autre, afin de préparer les masses prolétariennes à la conquête du pouvoir politique.

La première Internationale ne vécut elle-même que neuf années, du 28 septembre 1864 jusqu’en 1874. Elle se brisa elle aussi sous les coups de la réaction, soulevée après la sanglante défaite de la Commune de Paris en 1871 et minée intérieurement par l’action liquidatrice des anarchistes bakouniniens et par l’incompréhension théorique des blanquistes.

Elle fut cependant au cours de son existence éphémère le puissant levier de l’organisation syndicale et dans une certaine mesure aussi politique, de larges couches prolétariennes en Europe et en Amérique, et surtout un étonnant "prophète de l’avenir", comme l’a justement caractérisée 45 ans plus tard le Manifeste Inaugural de la IIIème Internationale.

A partir de 1880 le mouvement ouvrier mondial eut à nouveau un essor prodigieux. En Europe l’organisation syndicale et politique du prolétariat allemand, français, anglais, italien, suisse, etc... remporte d’éclatants succès. En 1889, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris, un Congrès convoqué par les "Guesdistes" fonda la IIème Internationale ouvrière.

Pendant vingt ans, à peu près jusqu’à la veille de la première guerre mondiale de 1914, la IIème Internationale fut la grande "organisatrice des millions" d’ouvriers dans tous les pays capitalistes du monde. Cependant, malgré ses progrès, la IIème Internationale resta entre 1904-1914 une Fédération mal consolidée aux tendances et à l’organisation discordantes. Son aile réformiste et opportuniste, issue du développement organique de ce capitalisme industriel qui dure à peu près jusqu’à la fin du XIXème siècle, croyait à l’éternité de cette période de prospérité et niait la nécessité de l’action révolutionnaire des masses. Son aile prolétarienne au contraire, représentée surtout par le parti bolchévique de Lénine, par Trotsky, par Liebknecht et Rosa Luxembourg, basait sa politique sur l’analyse exacte de la nouvelle phase impérialiste du capitalisme et l’approche inévitable de la guerre. Cette perspective se montra bientôt parfaitement juste. En août 1914 éclate la première guerre mondiale impérialiste et quelques semaines après les chefs ouvriers et socialistes de la plupart des pays belligérants décommandent aux masses la lutte de classe et se jettent sans réserve dans le social patriotisme.

Pour une seconde fois l’organisation internationale du prolétariat se disloquait.

Mais tandis que la première Internationale de Marx tombait victime de la réaction après une lutte héroïque couronnée par l’immortelle Commune de Paris, la IIème Internationale de Scheidemann, d’Ebert, de Noske de Renaudel, d’Albert Thomas, etc... périssait dans la honte du social-chauvinisme après avoir trahi les intérêts de la classe ouvrière. Seule une petite minorité, et à sa tête Lénine, Trotsky, Liebknecht et R. Luxembourg, restèrent fidèles à la doctrine de Marx et se dressèrent contre la guerre dans tous les pays, "démocratiques" ou "autoritaires", "agresseurs" ou "victimes de l’agression", en se basant sur la tactique du défaitisme révolutionnaire valable pour l’ensemble des pays impérialistes. Cette minorité révolutionnaire déclarait déjà en 1915 qu’il était nécessaire de former une nouvelle Internationale, puisque la IIème Internationale, par son attitude social-patriotique avait cessé d’exister.

Mais la IIIème Internationale ne devint une réalité qu’en mars 1919, après le triomphe de la Révolution Russe en 1917. C’est à Moscou qu’a eu lieu le 1er Congrès de la nouvelle "Internationale de l’action", comme l’ont qualifiée ses fondateurs dans leur premier "Manifeste aux prolétaires de tous les pays".

La IIIème Internationale considérait sa politique comme la continuation naturelle de la doctrine révolutionnaire marxiste telle qu’elle avait été définie pour la première fois, 72 ans auparavant, dans le "Manifeste Communiste", et de toutes les traditions vraiment révolutionnaires du prolétariat mondial. Sa tâche principale était d’autre part le renversement immédiat du capitalisme dans le monde, renversement dont la première étape fut la victorieuse Révolution Russe.

Dans la pensée de Lénine et de Trotsky, les principaux organisateurs de la nouvelle Internationale, on ne pouvait mener cette action révolutionnaire des masses sans avoir un programme international qui corresponde au caractère de l’époque impérialiste, c’est-à-dire l’époque où le capital financier dirige l’économie et la politique mondiales. A ce programme international correspond d’autre part nécessairement une organisation internationale des différents partis politiques du prolétariat, une sorte d’Etat-major international des masses en lutte sur l’ensemble du terrain mondial.

A l’époque impérialiste, infiniment plus qu’à l’époque du capitalisme industriel du XIXème siècle, aucun parti prolétarien ne peut établir son programme en se basant seulement ou principalement sur les conditions et les tendances de l’évolution de son pays. Au contraire "le sens dans lequel se dirige le prolétariat au point de vue national doit se déduire et ne peut se déduire que de la direction prise dans le domaine international et non pas vice-versa" (Trotsky). C’est en cela d’ailleurs que consiste la différence fondamentale qui sépare l’internationalisme communiste de toutes les autres tendances du mouvement ouvrier.

Et cependant, devant l’isolement de la révolution russe, consécutive aux défaites successives du prolétariat mondial entre 1917 et 1923, devant la fatigue des ouvriers russes et la stabilisation éphémère du capitalisme, la direction stalinienne de la IIIème Internationale substitua après la mort de Lénine, vers la fin de 1924, à son programme jusqu’alors entièrement basé sur la révolution internationale, une théorie "consolatrice", celle du "socialisme dans un seul pays". Mais en fait il s’agissait d’une orientation politique nouvelle, dont il faut chercher les racines dans une conception social-patriotique du rôle de l’URSS dans la révolution mondiale. En 1924, quand Staline lança pour la première fois cette formule, devenue depuis la base de toute sa politique intérieure et extérieure, les conditions objectives ne permettaient pas encore à la grande masse de militants révolutionnaires du monde d’apprécier toutes les conséquences inévitables d’une telle orientation. Et l’opposition soulevée par Trotsky au sein de la IIIème Internationale contre le "socialisme dans un seul pays" n’a paru alors qu’une injustifiable tentative de scission et de discorde, trop "théorique" pour avoir un résultat pratique appréciable. Mais Trotsky, qui était capable de manier le marxisme non pas comme une doctrine empirique de "manœuvres" et de "combines" politiques, mais comme une science, avait vu parfaitement juste.

La théorie du "socialisme dans un seul pays" était la négation de toute action et de toute organisation internationales du prolétariat. Elle ne pouvait nécessairement aboutir qu’à la liquidation du mouvement international. Qu’on compare après 25 ans ce qu’écrivait Trotsky en 1928 sur la signification réelle de la théorie stalinienne du "socialisme dans un seul pays" avec la dissolution récente de la IIIème Internationale survenue le 16 mai 1943 en pleine guerre impérialiste, à la veille de sa phase décisive, au moment où des millions d’ouvriers, de paysans, d’exploités et d’opprimés sur toute la planète gardent encore un suprême espoir : la délivrance de la barbarie impérialiste par la révolution mondiale.

"Le marxisme a toujours enseigné aux ouvriers, que même la lutte pour les salaires et la limitation de la journée de travail ne peut avoir de succès que si elle est menée en tant que lutte internationale. Et voilà qu’à présent, tout d’un coup, il se trouve que l’idéal de la société socialiste peut être réalisé par les seules forces d’une nation. C’est un coup mortel porté à l’Internationale. La conviction inébranlable que le but fondamental de classe ne peut pas être atteint, encore bien moins que les objectifs partiels, par des moyens nationaux ou dans le cadre d’une nation, constitue la moelle de l’internationalisme révolutionnaire. Si l’on peut arriver au but final à l’intérieur des frontières nationales par les efforts du prolétariat d’une nation, alors l’épine dorsale de l’internationalisme est brisée. ...Le Parti Communiste de n’importe quel pays capitaliste, après s’être pénétré de l’idée qu’il y a au sein de son Etat toutes les prémices "nécessaires et suffisantes" pour construire par ses propres forces "la société socialiste intégrale", ne se distinguera au fond en rien de la social-démocratie révolutionnaire, qui elle non plus n’avait pas commencé par Noske mais qui a définitivement trébuché sur cette question le 4 août 1914".

Paroles prophétiques ! Méditez-les, camarades qui combattez pour le triomphe du socialisme. Méditez-les vous particulièrement, camarades de la IIIème Internationale dissoute, comme vous devez méditer par ailleurs toute la lutte idéologique qui a abouti à l’exclusion de l’aile révolutionnaire de la IIIème dirigée par Trotsky et à la formation depuis 1934 du mouvement pour la IVème Internationale. Faites à la lumière des événements actuels, à la lumière de la pratique vivante, l’autocritique nécessaire, l’examen minutieux de vos armes idéologiques, des idées qui ont servi jusqu’à maintenant de base à votre action. Faites le bilan de cette dernière. Passez en revue toute la politique de vos dirigeants dans les dernières années et pendant cette guerre impérialiste. Et vous arriverez alors sûrement à comprendre pourquoi le prolétariat mondial encore une fois trahi, est obligé par l’histoire de forger de nouvelles armes : les nouveaux partis, la nouvelle Internationale.

La tâche est immense ; mais d’une nécessité impérieuse. Reculer devant cette tâche, se décourager, abandonner la lutte, cela équivaut à accepter passivement votre sort d’esclaves dans le régime capitaliste. Les pires conditions économiques et politiques vous attendraient dans la période d’après-guerre.

Comme les damnés de l’enfer, aucun espoir ne vous est permis dans ce régime de misère croissante, d’esclavage politique et de guerres perpétuelles.

Plus que jamais dans le passé, une seule voie de salut reste ouverte aux prolétaires et à toute l’humanité agonisante : le triomphe du socialisme par la révolution prolétarienne mondiale.

De nouveaux partis, une nouvelle Internationale, sont pour cela absolument nécessaires. Le comprendre et agir fermement dans cette direction, c’est accomplir le devoir suprême que nous impose le moment historique actuel.

A LA NOUVELLE VICTOIRE POLITIQUE DE L’IMPERIALISME ANGLO-SAXON :
LA DISSOLUTION DE LA TROISIEME INTERNATIONALE,
LE PROLETARIAT REPONDRA PAR LA LUTTE REVOLUTIONNAIRE
SOUS LE DRAPEAU DE LA QUATRIEME INTERNATIONALE !

Au moment où la guerre impérialiste mondiale entre dans sa phase décisive, une "nouvelle sensationnelle" diffusée depuis 48 heures par toutes les radios et dans toute la presse du globe y compris les radios et la presse de l’URSS, remplit de stupéfaction et d’embarras les prolétariats de tous les pays : Staline dissout l’Internationale Communiste et recommande à ses membres de subordonner leur action à l’action des Gouvernements "alliés" dans la lutte contre Hitler !

Et tandis que la propagande de l’Axe s’empresse de qualifier la nouvelle de "bluff" et de "manœuvre grotesque", la propagande "alliée" exalte "l’importance historique" de l’événement.

DE QUOI DONC S’AGIT-IL ? PRESSION ET VICTOIRE DE L’IMPERIALISME ANGLO-AMERICAIN.

Staline dissout l’Internationale de Lénine cédant ainsi à la pression de l’impérialisme américain et anglais. La nouvelle de la dissolution du Komintern a été annoncée tout de suite après la visite du représentant de Roosevelt, Davies, à Staline, et avant la fin des travaux de la conférence politico-militaire des Anglo-Américains à Washington.

La guerre impérialiste étant arrivée à sa phase décisive, et le rapport de forces des belligérants s’étant profondément modifié au cours de la dernière année en faveur du camp anglo-américain à la suite des défaites de l’Axe en Russie, en Afrique et dans les airs, l’impérialisme anglo-américain est aujourd’hui sur le point de fixer ses plans définitifs pour la liquidation de la guerre. Mais avant d’agir sur le terrain militaire en Europe, ayant tiré l’expérience amère de la crise révolutionnaire qui a suivi la fin de la guerre de 14-18 et qui a menacé jusqu’aux tréfonds l’édifice capitaliste, il veut s’assurer d’avance la liquidation capitaliste et sans risques pour le régime des classes possédantes, de cette guerre. L’impérialisme subordonne ainsi l’action militaire immédiate aux considérations politiques qui visent à créer le climat nécessaire en Europe, dans lequel aucune crise révolutionnaire sérieuse ne serait possible.

C’est pour cette raison que l’impérialisme anglo-américain neutralise d’abord la IIIème Internationale qui, malgré sa dégénérescence bureaucratique croissante pendant toutes ces dernières années, représentait encore grâce à ses traditions et sa liaison avec l’URSS un cadre dans lequel se canalisait l’activité révolutionnaire spontanée des masses.

POURQUOI STALINE CEDE-T-IL ?

Staline a cédé à la pression des impérialistes "alliés" parce que, malgré les dernières victoires de l’Armée Rouge, malgré la défaite en perspective de l’Axe, l’URSS est sur le plan mondial plus faible que jamais. Faible d’abord parce que la guerre a consommé et détruit une masse énorme de richesses naturelles du pays, de réalisations techniques, de matériel et d’hommes. Faible ensuite parce que la force principale de l’URSS en tant que pays qui voulait ériger une société socialiste basée sur un système d’économie planifiée et sans les entraves du régime capitaliste de la propriété privée, réside dans le soutien actif du prolétariat mondial, dans le progrès de son mouvement révolutionnaire et dans l’élargissement de la révolution socialiste commencée il y a 25 ans en URSS.

Ni matériellement en fait, ni politiquement, l’URSS ne pouvait soutenir longtemps la lutte avec son entourage capitaliste. Mais le mouvement révolutionnaire sous la direction stalinienne n’a accumulé jusqu’à maintenant que des défaites, qui ont rendu la situation de l’URSS à la longue, et surtout pendant la guerre actuelle, extrêmement précaire et à la merci des pressions et des chantages de l’impérialisme mondial.

MAIS S’IL NE S’AGIT QUE D’UNE MANŒUVRE ?

La propagande de l’Axe qui par le succès politique de l’impérialisme anglo-saxon a perdu un atout d’argumentation en faveur de la croisade "anti-communiste", dénonce la liquidation du Komintern comme une "manœuvre", et les bureaucrates qui dirigent les partis communistes, embarrassés par l’ampleur et la vitesse de la décision du Kremlin, ne tarderont pas de donner aux ouvriers la même explication facile.

Mais c’est une série de telles manœuvres qui pendant toutes ces dernières années ont amené la liquidation pratique du mouvement communiste, et dont l’aboutissement nécessaire est la liquidation aussi du Komintern. C’est la "manœuvre" du Front Populaire qui a éliminé de la scène politique la physionomie indépendante des partis communistes et qui a favorisé ainsi la préparation idéologique de la guerre par la "sainte alliance" des partis bourgeois et "ouvriers". C’est la "manœuvre" de la subordination du mouvement ouvrier pendant la présente guerre aux mouvements bourgeois nationaux des différents De Gaulle et Giraud dans les camps des pays "alliés" qui fait évoluer jusqu’à maintenant la guerre selon les désirs de l’impérialisme mondial et qui prépare sa victoire accompagnée de l’étouffement de toute crise révolutionnaire et de l’écrasement de ce qui reste encore vivant de la révolution d’Octobre en URSS. Ce n’est pas la bourgeoisie qui a été trompée par ces "manœuvres", c’est le prolétariat au contraire qui a servi d’instrument docile aux buts réactionnaires. Il n’y a que des bureaucrates pourris, des coquins ou des imbéciles qui peuvent faire vanter au prolétariat les avantages d’une "ingénieuse" politique de manœuvre et lui déformer ainsi son critère de classe.

La politique prolétarienne, pour qu’elle soit vraiment révolutionnaire, c’est-à-dire pour qu’elle fasse avancer la conscience, l’éducation politique et l’organisation des masses laborieuses, doit être telle qu’elle a toujours été définie par Marx, par Lénine et par Trotsky : franche, audacieuse, avec son propre drapeau, expliquant toujours ce qui est et ce qu’elle veut, au lieu de s’adapter misérablement aux dispositions de telle ou telle bourgeoisie "amie" ou "alliée" de l’URSS. Parce que c’est précisément la politique extérieure de l’URSS qui conditionne et qui explique toute la politique opportuniste des partis communistes pendant les dernières années.

La IIIème Internationale était devenue aux mains de la bureaucratie stalinienne un simple accessoire de sa politique extérieure, qui au lieu d’être appuyée sur l’action révolutionnaire des masses, les seuls alliés naturels de l’URSS, a été orientée exclusivement dans la voie des "combines" et des "manœuvres" avec les différents pays impérialistes.

Et la bande de bureaucrates qui d’une main aussi légère, sur un geste des maîtres du Kremlin, dissout maintenant en pleine guerre impérialiste l’organisation suprême du prolétariat mondial, montre pour une dernière fois le misérable sort que le stalinisme a réservé à l’Internationale de Lénine : devenir un simple moyen de marchandage avec les bandits impérialistes internationaux.

LA CONCESSION DE STALINE NE SERA PAS LA DERNIERE.

Plus on prive le prolétariat de ses armes idéologiques et organisationnelles pour sa lutte de classe contre la bourgeoisie, plus la position internationale de cette dernière se renforce et plus elle devient insatiable et agressive.

La liquidation du Komintern par Staline ne peut pas être la dernière de ses concessions à l’impérialisme armé des "alliés". Sur la voie d’une désorganisation et d’une passivité progressive du prolétariat mondial, l’existence de l’URSS avec tout ce qui reste encore debout de la Révolution d’octobre dans ce pays, nationalisation de la propriété, économie planifiée, commerce extérieur étatisé, ne pourra pas subsister encore pour longtemps. Le rapport des forces changera chaque jour davantage en faveur du capitalisme, aussi bien à l’intérieur de l’URSS que sur l’échelle mondiale et provoquera l’effondrement brusque de toutes les conquêtes socialistes qui subsistent encore en URSS.

L’impérialisme international, d’accord avec les tendances réactionnaires renforcées dans certains milieux de la bureaucratie soviétique, exercera pendant cette guerre tout son pouvoir pour arracher d’autres concessions substantielles dans le domaine de l’économie planifiée de l’URSS pour la ramener finalement dans le cycle de l’économie anarchique du capitalisme.

SURPRISE ? NON, SUITE LOGIQUE DE TOUTE LA POLITIQUE STALINIENNE.

Pour nous marxistes, nourris de la pensée et de l’œuvre pratique de Marx, de Lénine, de Trotsky, un fait est l’aboutissement nécessaire de son évolution antérieure. Que Staline dissolve le Komintern, arme suprême du prolétariat combattant, à la veille de la phase décisive de la guerre impérialiste mondiale, ne nous surprend pas. Il y a en fait 15 ans que nous avons commencé à prouver aux militants de l’avant-garde révolutionnaire que la politique stalinienne conduisait pratiquement à la liquidation du mouvement communiste. Et il y a plus de 9 ans qu’ayant tiré de l’expérience pratique la certitude qu’aucune réforme ne serait plus possible à l’intérieur de la IIIème Internationale, nous avons proclamé devant le prolétariat mondial, dans la mesure de nos forces, la nécessité historique de la IVème Internationale.

Nous ne verserons pas de larmes inutiles devant la dépouille de celle qui fut jadis l’Internationale héroïque de Lénine et de Trotsky. Nous ne perdrons pas non plus notre courage devant les difficultés immenses de notre œuvre et notre foi inébranlable dans la justice prolétarienne et le triomphe certain de notre cause. Nous savons avec Marx que les succès faciles ne sont pas propres à la révolution prolétarienne.

Nous savons au contraire que "les révolutions prolétariennes se critiquent elles-mêmes constamment, interrompent à chaque instant leur propre cours, reviennent sur ce qui semble déjà être accompli, pour le recommencer à nouveau, raillent impitoyablement les hésitations, les faiblesses et les misères de leurs premières tentatives, paraissent n’abattre leur adversaire que pour lui permettre de puiser de nouvelles forces de la terre et se redresser à nouveau formidable en face d’elles, reculent constamment à nouveau devant l’immensité infinie de leurs propres buts, jusqu’à ce que soit enfin créée la situation qui rende impossible tout retour en arrière, et que les circonstances elles-mêmes crient : ...c’est ici qu’il faut sauter !"

Prolétaires ! Camarades !

Laissons les morts enterrer leurs morts. Aussi pénible que cela puisse être pour des milliers d’entre vous de constater que l’Internationale sous le drapeau de laquelle d’innombrables militants de notre cause ont trouvé la mort et ont souffert dans les geôles de la bourgeoisie les pires martyrs moyenâgeux, vous abandonne au moment le plus critique de la lutte contre l’impérialisme qui, une fois de plus, a plongé l’humanité entière dans une mer immense de sang, de détresse et de souffrance, ne vous découragez pas !

Le capitalisme européen sortira de cette guerre mortellement affaibli. Dans une série de pays tels que l’Allemagne, l’Italie, la Roumanie, etc... l’effondrement risque d’être total et le chaos économique et politique indescriptible. Dans les autres pays la guerre n’a pas fait moins de ravages et le désordre général qui accompagnera sa fin provoquera des explosions gigantesques.

Une ère de guerres civiles et de révolutions commencera.

Mais la désorganisation et la confusion dans les rangs des révolutionnaires peuvent permettre de nouveau une stabilisation éphémère du capitalisme. Dans ce cas la misère atroce et l’esclavage politique seraient pour une certaine période notre sort.

Le capitalisme européen ne peut en fait se survivre après cette guerre qu’en rabaissant le niveau de vie à ses extrêmes limites et en instaurant un ordre politique dictatorial. Crises économiques plus longues et plus profondes que toutes celles que nous avons jusqu’à maintenant connues, chômage massif et permanent, salaires bas, vie chère, esclavage politique, voilà les perspectives d’après­guerre si nous accordons au capitalisme encore un délai d’existence.

Forgeons dès maintenant dans la lutte nos armes nouvelles : les nouveaux partis révolutionnaires, la nouvelle Internationale.

Que la pensée de Marx, de Lénine et de Trotsky soit notre guide et notre drapeau.

POUR LE TRIOMPHE DE LA REVOLUTION SOCIALISTE MONDIALE !

POUR LES ETATS-UNIS SOCIALISTES D’EUROPE !

Pour le gouvernement révolutionnaire des Comités ouvriers et paysans !

Pour la défense des conquêtes socialistes de l’URSS contre les nouveaux assauts de l’impérialisme !

Pour la paix, le pain et la liberté !

VIVE LA QUATRIEME INTERNATIONALE !

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