mercredi 15 avril 2020, par
éditorial de Voix des Travailleurs
Les scénarios catastrophe de la chute finale du capitalisme mondial sont déjà dépassés alors que l’on est loin d’avoir assisté au pire, plus que probablement. Bien sûr, cela n’empêche pas les classes possédantes et leurs gouvernants de faire comme s’ils avaient la main sur le processus en cours, de donner des noms, non aux choses, mais à leurs inventions (Covid-19, stade un, deux, trois, cluster, pic d’épidémie, palier et autres immunité naturelle ou distance barrière). Ils inventent des critères bidon, des dénominations trompeuses, des fausses règles de sécurité, des consignes absurdes, et ils en changent progressivement, visiblement dépassés par les événements réels mais faisant semblant de suivre une évolution réelle… L’absurdité de la plupart de leurs décisions et déclarations crève les yeux, mais tout cela n’est-il que de l’incompétence ou de la bêtise crasse, on est en droit de se le demander.
Peut-on en même temps déclarer que les élèves des écoles vont reprendre le travail et continuer de parler de distance barrière ? Peut-on à la fois dire que ce n’est plus dangereux d’aller à la maternelle, à l’école ou au lycée, mais que cela l’est pour l’université ? Peut-on à la fois affirmer que l’on va bientôt renvoyer au boulot ceux qui avaient arrêté le travail et dire qu’on fera les tests après pour voir qui a attrapé et cela au moment où l’épidémie est encore au plus haut niveau.
La rationalité de telles décision existe cependant et, même, on peut dire qu’elle crève les yeux : tout pour l’aide aux capitalistes ! C’est là la seule logique de la politique des gouvernants et de tout l’appareil de l’Etat. Cela signifie que cette logique n’a absolument rien à voir avec la santé de la population et ne vise que la santé des trusts capitalistes, même si, par démagogie politicienne, les gouvernants affirment défendre aussi la petite entreprise.
Pourquoi le gouvernement autoriserait l’ouverture des écoles et n’imposerait pas d’y retourner et ne rouvrairait pas les facultés ? Tout simplement parce que son objectif est d’imposer progressivement le retour au travail des salariés et que ceux-ci ne puissent pas dire qu’ils doivent s’occuper des enfants ! Pour les plus grand, ils peuvent rester à la maison puisque les parents n’ont pas à les garder. Les mesures dites sanitaires visent donc seulement la reprise des affaires capitalistes !!!
En effet, c’est la défense des intérêts capitalistes qui a guidé tout au long la politique des gouvernants, même et surtout quand elle paraissait absurde par ailleurs…
Ainsi, la politique de ne pas distribuer de masques, en ce qui concerne la politique des gouvernants français, ou celle de nier l’existence d’une épidémie menaçante, plus encore avec le gouvernement américain… Les deux avaient une visée claire : aider les trusts nationaux, continuer le plus longtemps possibles à les laisser en activité, faire de profit, gagner sur la concurrence, profitant de la chute d’activité des adversaires économiques.
Refuser de réquisitionner les masques appartenant aux trusts avait le même but : les laisser au secteur du Bâtiment, de la Chimie, du Nucléaire, à La Poste et à l’armée, pour qu’ils continuent leur activité. Tant pis pour les personnels de santé ! Tant pis pour toute la population !
Refuser de donner des moyens financiers massifs à l’hôpital public, c’était poursuivre l’œuvre engagée précédemment dans le sens de la destruction du service public de santé en faveur du secteur privé. De même, abandonner à eux-mêmes les EPHAD, c’était poursuivre l’œuvre engagée pour privatiser les maisons de retraite rentables et pour supprimer des dépenses d’Etat et réserver l’argent à l’aide aux trusts et banques.
Refuser d’engager rapidement des dépenses massives pour embaucher des infirmières et des aides soignantes, pour développer des structures hospitalières dédiées, pour fabriquer des masques, des tests, des gants, des appareils respiratoires, etc., c’est la suite de l’austérité budgétaire du service public qui le frappait encore juste avant la pandémie et qui a continué de le frapper pendant, au point que des suppressions d’emplois des personnels de l’hôpital étaient encore programmées !
Mais ce n’est pas tout. Il faut encore expliquer pourquoi les gouvernants ont tenu à minimiser systématiquement les risques liés à l’épidémie comme s’ils ne savaient pas ce qui se passait en Chine, même si les autorités chinoises minimisaient et mentaient, comme s’ils n’avaient pas d’informations, notamment via les services secrets, comme s’ils n’avaient pas des compétences médicales capables de ne pas prendre le virus pour moins dangereux qu’une grippe, comme s’ils ne pouvaient pas savoir rapidement qu’il y avait essentiellement des malades asymptomatiques, comme s’ils ne savaient pas que cela se propageait dans l’air, sur les microparticules notamment, comme s’ils ne savaient pas que cela se maintenait sur les surface, alors qu’ils prétendaient que l’on ne pouvait l’attraper qu’en relation entre deux hommes en dessous de la « distance barrière ». Ils n’ont pris aucune précaution aux aéroports arrivant de Chine. Ils n’ont pas testé les arrivants, n’ont pas vérifié les températures, n’ont pas vérifié qu’ils ne toussaient pas, et on en passe… Les gouvernants, en fait, ont laissé systématiquement se développer l’épidémie au lieu de la combattre rapidement et massivement.
Eh oui, il faut le reconnaître, ils n’ont pas combattu la pandémie au début et ont même misé dessus pour résoudre un autre problème qui leur paraissait beaucoup plus dangereusement épidémique, à savoir la révolution sociale qui parcourait le monde ! En effet, le calcul était que, si les peuples sont massivement frappés de maladie et de mort, ils n’auront plus l’énergie ni l’envie de se révolter. Et, d’autre part, les gouvernants auront la justification pour imposer l’interdiction des rassemblements et des manifestations, la répression de toute contestation.
On va certainement nous dire que c’est de la théorie du complot et que c’est des inventions ridicules, que les gouvernements ne peuvent pas souhaiter ainsi le malheur de leurs peuples. Libre aux innocents de vouloir s’accrocher à leur innocence. Celui qui n’a pas vu, dans la période précédente, que les gouvernants du monde sont violemment haineux contre les peuples, a des sacrés visières.
Celui qui n’a pas vu que les problèmes actuels, notamment l’effondrement de la santé, du niveau social, des libertés, et aussi celui de l’économie, ne datent pas du démarrage de la pandémie, n’a pas vécu les dernières années des politiques antisociales des gouvernants et des classes possédantes !
Oui, la pandémie est clairement instrumentalisée par tous les exploiteurs et leurs gouvernants pour s’attaquer aux travailleurs et aux plus démunis, et aussi pour écraser la révolution sociale mondiale ! Oui, ce n’est pas une « théorie du complot » de dire que les gouvernants ont sciemment minimisé le coronavirus, qu’ils ont sciemment refusé de prendre les mesures d’urgence, qu’ils se servent aujourd’hui pour dégrader la situation sociale des travailleurs, dégrader massivement les conditions de travail (horaires, salaires, congés, charges de travail) et faire payer la crise du capitalisme aux travailleurs et aux milieux populaires ! En France, par exemple, Macron et le MEDEF ne s’en cachent même plus. Pas plus qu’ils ne se cachent de militariser progressivement la société, de s’attaquer aux libertés.
Eh bien, sachez le si vous ne l’aviez pas remarqué avant, les capitalistes savaient parfaitement que le capitalisme allait s’effondrer à nouveau à la fin 2019 ! Ils savaient cela dans le monde entier ! Ont-ils profité de l’apparition d’un virus pour le laisser se propager, ou l’ont-ils fabriqué eux-mêmes, nous ne le saurons sans doute jamais, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ont décidé d’en profiter pour frapper les peuples en les laissant désarmés face au virus, et de s’en saisir pour justifier les sacrifices qu’ils veulent imposer aux populations et les aides massives qu’ils veulent donner aux trusts, aux banques, aux bourses, aux assurances, aux spéculateurs, à tout le grand capital, massivement arrosé de milliers de milliards, comme s’il en pleuvait, au moment même où ces moyens auraient pu servir à faire face à la chute du niveau de vie des populations, aux grands besoins des services de santé, à l’aide aux familles, etc.
Le capitalisme n’est absolument victime, comme nous, d’un phénomène naturel dû à un virus. Il n’avait absolument pas besoin du virus pour chuter et cette chute était programmée fin 2019 alors qu’on ignorait encore qu’exactement au même moment le virus allait naître tout près d’un grand laboratoire de recherche sur les virus ou même dedans… Il n’y a aucune raison qu’une pandémie, même mortelle, ait mis par terre tout le système mondial si celui-ci n’était pas déjà au bout du rouleau. Par contre, sans se raconter des scénarios imaginaires, il est bien clair que les gouvernants du monde sont bel et bien en train d’utiliser la pandémie pour résoudre leurs problèmes sociaux et notamment pour écraser les révolutions sociales et imposer d’énormes reculs sociaux et politiques à tout le peuple travailleur du monde.
Certes, les gouvernants se donnent l’allure de vouloir sauver la santé, l’emploi, le bien-être des populations mais cela n’est pas crédible quand, à une épidémie mondiale, ils répondent par des politiques nationales complètement divergentes d’un pays à l’autre, et quand à un effondrement mondial du capitalisme, ils prétendent répondre par du patriotisme économique, par des mesures de protection de l’économie dite nationale ! C’est surtout un peu incroyable de la part de gouvernants et de capitalistes qui n’ont cessé de tout miser, dans la période précédente, sur la mondialisation, tirant profit de leurs usines de production en Asie, notamment en Chine, et ne fabricant plus grand-chose localement. Maintenant, ils prétendent faire exactement le contraire, comme si cela ne signifiait pas un recul incroyable du niveau de vie !
Tous solidaires, nous disent les gouvernants, et ils acclament les capacités de solidarité des personnels de santé, mais ils les envoient tranquillement à la mort et ne leur donnent même pas les moyens (locaux, lits, hôpitaux, matériel et effectifs) de sauver les malades ! Ce sont des « héros » disent-ils et dans les guerres (et ils répètent sans cesse que c’est la guerre), les héros tombent au front ! Et les commentateurs de comparer Macron et Clémenceau !!! Eh bien, oui, Clémenceau n’a pas été seulement le boucher des poilus de la première guerre mondiale, mais aussi, juste avant, le briseur de grèves du début des années 1900 !
Les gouvernants et classes possédantes ne comptent pas se sacrifier du fait de la pandémie, ils ne prennent pas sur leurs profits des années passées, ils ne prennent pas sur leurs capitaux, pourtant au plus haut niveau historique, non, ils prennent sur de l’argent public, sur notre argent, et même sur de l’argent public fictif, en condamnant définitivement à la faillite les Etats et les banques centrales.
Eh bien, cela signifie que laisser la pandémie se développer n’est rien d’autre que la manière que les classes possédantes ont eu de nous écraser, de répondre à nos mouvements révolutionnaires, de nous encaserner et enfermer ensuite, parce que leur société n’a plus à offrir que du sang et des larmes, exactement ce qui s’était passé en somme lors des deux précédentes guerres mondiale. La pandémie, c’est le nom de la troisième guerre mondiale, une guerre des trusts contre les peuples comme les deux premières et le fait que ce soit une guerre virologique d’abord n’y change rien !