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L’Etat n’est sérieux que quand il défend, les armes à la main, les classes possédantes

samedi 27 avril 2019, par Robert Paris

L’Etat n’est sérieux que quand il défend, les armes à la main, les classes possédantes

Les Gilets jaunes n’attendaient rien du discours de Macron, même s’il a été annoncé à grands sons de trompette comme une réponse à leur mouvement, et ils n’ont pas été déçus. Rien, c’est ce qui ressort de son discours qui, pour avoir été retardé par l’incendie de Notre-Dame, n’a pas pris une once de réalité. Pas une seule mesure précise et chiffrée. Que des déclarations d’intentions, comme s’il s’agissait seulement d’un candidat à la présidence. Il aimerait, il pourrait, il serait bon, il préfèrerait, il espère, il souhaite, mais que fera-t-il : rien sur ce thème. Combien : rien sur ce thème. C’est, paraît-il, le gouvernement qui calculera, qui verra ce qui est faisable, quand et pour quelle quantité ! Que du blabla ! Quelle augmentation des petites pensions, quelle diminution des suppressions de postes de fonctionnaires, quels services publics non détruits, quelle augmentation de la durée de cotisation pour les retraités, combien d’hôpitaux et d’écoles sauvés, le président n’en dira rien et affirme qu’il n’en sait rien ! Quand il affirme que la France devrait avoir une culture plus référendaire ou de plus de démocratie proportionnelle, mais c’est pour assurer qu’il ne mettra pas en place un RIC d’aucune sorte, ni national, ni régional, ni indicatif, mais seulement des référendums communaux purement indicatifs à l’usage des maires.

C’est seulement quand il s’agit de cadeaux au patronat ou de répression que le président sait ce qu’il va faire ! Pour affirmer qu’il n’est pas question de rétablir l’ISF, là il est précis et il s’engage ! Pour affirmer qu’il déboursera tout l’argent qu’il faudra et qu’il donnera aux trusts du Bâtiment, soi-disant pour sauver Notre-Dame, là il a des chiffres et des engagements précis, là il ne se cache pas derrière le gouvernement ! Baisse des impôts des simples sujets ? Qui, combien, quand, le flou artistique, sauf, on l’a dit, pour les impôts des plus riches dont les suppressions (ISF, CICE et autres) sont pérennisées.

En tout cas, les attaques sur les retraites se poursuivent puisqu’augmenter la durée de cotisations, c’est quand même contraindre les travailleurs à rester plus longtemps actifs, sous peine de devenir misérables !!!

Il se veut précis, le président, pour prétendre que les armes utilisées contre les Gilets jaunes ne seraient pas des armes de guerre, mais vis-à-vis du commerce international, de l’OMC, les achats de ces armes de répression dites « non létales » sont catalogués « matériel militaire à létabilité diminuée » ! Le flash ball et les grenades peuvent tuées et ne sont pas seulement défensives et non militaires ! Pour faire ficher par les urgences de l’hôpital public les manifestants blessés par les forces de l’ordre et qui n’auraient pas été arrêtés, pas pour satisfaire les personnels des mêmes urgences en grève générale illimitée !!! Pour faire réprimer les photographes et journalistes par les forces de police qui ont reçu des ordres en ce sens ou pour les réprimer de révéler des informations secrètes de l’Etat selon lesquelles la France massacre au Yémen aux côtés de ses alliés, l’Arabie saoudite et Israël ! Pour envoyer le préfet de police de Paris, Lallement, exciter les policiers contre les manifestants, les pousser à bousculer à arrêter, à frapper des manifestants pacifique, envoyer des chiens de guerre, là, il sait être précis, le Macron ! Quand il donne l’ordre à l’armée française d’intervenir pour écraser le peuple libyen, le peuple yéménite, le peuple malien, là il est précis, le Macron ! Quand il donne l’ordre à l’armée française d’intervenir militairement dans les eaux de Taiwan pour provoquer des incidents internationaux contre la Chine, il est précis le Macron. Quand il envoie le porte-avion français à proximité de la Syrie pour y entretenir la guerre alors que le prétexte de celle-ci, la lutte contre l’Etat islamique, est officiellement terminé, il est précis le Macron !

Mais si on lui demande quelle armes françaises massacrent le peuple du Yémen, il envoie sa ministre déclarer qu’elle n’en sait rien. Elle est très mal informée sur les armes de la France au Yémen, la ministre et le président, lui, n’en dit pas un mot. Les informations secrètes qui dévoilent que sur mer, sur terre et dans les airs, ce sont les armes françaises qui massacrent le peuple yéménite, le président sait seulement qu’elles doivent rester secrètes et ceux qui les ont fait filtrer doivent être arrêtés et jugés !!!

Oui, les Gilets jaunes ont bien raison d’affirmer que cette démocratie des milliardaires a une face de comédie et une autre face de matraque et de flash-balls ! Ils ont bien raison de n’accepter aucune négociation avec le pouvoir, de ne rien attendre de lui que des attaques sanglantes ! Ils ont bien raison de considérer que l’Etat ne représente que le un pourcent de profiteurs et de bandits qui dirigent la société et qui s’en mettent plein les poches. Et ce n’est pas le cirque organisé autour de l’incendie de Notre-Dame qui prouvera le contraire : les milliardaires ont montré leur solidarité dès qu’il s’est agi de faire diminuer leurs impôts ! Là, on a vu que quelques jours suffisent à faire sortir un milliard sans difficultés ! Le milliardaire Pinault peut bien assurer qu’il ne demande pas à être défiscalisé pour son don à Notre-Dame : le salaire de François-Henri Pinault, PDG de la société de luxe Kering, vient d’être multiplié par huit, passant de 2,7 millions à 21,8 millions d’euros !!!

On a bien vu aussi que l’Etat n’avait aucune fermeté vis-à-vis du PDG voleur de Renault-Nissan, Ghosn, le laissant puiser à volonté dans les coffres du trust automobile, tout en imposant que les salaires et les retraites ne suivent même pas le coût de la vie, pourtant en pleine inflation !!! Oui, cet Etat des milliardaires n’est pas seulement celui de Macron, c’est celui de la France depuis belle lurette ! Les mesures en faveur d’un Etat plus répressif ont commencé avant Macron et continueront après lui. Les mesures contre les travailleurs, contre les aides sociales, contre les services publics ont été dans la continuité d’un Sarkozy à un Hollande pour finir apr un Macron. Ce qui est déterminant, ce n’est pas le pantin qui gouverne en chef, ce sont les intérêts de la classe qui dirige le gouvernement comme elle dirige toute la société : soit ceux de la classe possédante, cette infime minorité qui tient tous les fils du pouvoir et qui en retire le bénéfice, soit ceux des exploités !

Aucun des politiciens qui concourent aux suffrages, y compris ceux qui prétendent représenter les travailleurs, n’affirment vouloir d’un pouvoir aux travailleurs, et pour cause : ils ne comptent nullement toucher au pouvoir des exploiteurs !

C’est cela, le pouvoir des possédants, qu’il faut changer et ce n’est pas dans les urnes de la démocratie de la grande bourgeoisie que l’on peut remettre en cause celle-ci ! N’en déplaise aux réformistes de tous poils, politiques, associatifs ou syndicaux, la voie de la lutte, c’est celle de l’insurrection et les gilets jaunes ont fait le premier pas d’un combat qui devra inévitablement s’étendre aux entreprises, le combat pour l’auto-organisation du prolétariat. C’est ce combat, et lui seul, qui mène au pouvoir aux travailleurs, seule perspective, politique et sociale, qui ne soit pas mensongère au moment où le capitalisme est entré dans sa phase critique, celle de son effondrement historique. N’attendons rien des gouvernants, ni des élections pour les remplacer, mais attendons tout de la démocratie que nous mettons en place entre nous, prolétaires, et d’abord discutons entre nous des mesures d’urgences que nous voulons imposer, de la société que nous voulons mettre en place, du pouvoir que nous comptons organiser. Ne comptons sur personne que sur nous-mêmes pour décider et pour agir et nous ne serons pas déçus !

Si les gilets jaunes ont été aussi violemment réprimés, s’ils ont été aussi calomniés, s’ils ont été même stigmatisés de manière éhontée, s’ils sont décrits comme des bandits, des casseurs et des terroristes, racistes et fascistes, c’est justement parce que, dans le mouvement des gilets jaunes, la classe possédante voit se profiler ce qu’elle redoute le plus : que les exploités et les opprimés veuillent décider par eux-mêmes sans passer par tous les canaux de tromperie mis en place durant des décennies par les classes possédantes, tous les moyens réformistes de détournement des luttes sociales et politiques.

Certes, tous les gilets jaunes sont bien loin de vouloir consciemment le renversement du pouvoir des milliardaires et la suppression de la propriété privée des grands moyens de production et des capitaux, même si la majorité le conspue et le désigne du doigt, comme elle conspue et désigne du doigt la concussion entre ces possédants et les gouvernants. Certes, ce n’est pas l’ensemble du mouvement qui a cette conscience révolutionnaire. Et la fraction de la classe ouvrière qui en est là est certainement encore très minoritaire. Mais la réalité objective joue en faveur d’une telle prise de conscience et les possédants comme les gouvernants le savent bien qui ne veulent surtout pas que la lutte des gilets jaunes devienne permanente car elle peut alors devenir consciemment celle de la révolution sociale, celle qui mène au renversement irréversible de la classe capitaliste.

Eh bien, prenons le plus vite possible conscience que c’est là que réside l’avenir et mettons en place partout nos propres comités de travailleurs, de chômeurs, de jeunes, de femmes, notre organisation de masse du peuple travailleur et exigeons tout le pouvoir !

Nous n’avons qu’une seule revendication, sociale et politique, nous, le peuple travailleur : nous voulons TOUT, tout le pouvoir et toutes les richesses, car tout est à nous et nous a été volé !

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