vendredi 22 mars 2019, par
Le gouvernement ne cesse de prétendre qu’il lutte contre la violence mais, en réalité, c’est lui qui l’entretient, la nourrit, l’encourage et l’organise. On vient d’en avoir un exemple frappant avec les casses de samedi dernier qu’il a sciemment laissé faire quand il ne les a pas organisées lui-même. Une fois encore, il ne s’en est pris violemment qu’aux manifestants pacifiques pour mieux les énerver et les exciter.
Et le pouvoir se sert de la casse pour justifier un cran de plus dans la répression et pas un petit cran : il fait appel à Sentinelle, force dédiée à l’antiterrorisme en théorie, contre les Gilets jaunes ! Il en vient donc à l’intervention des forces armées, ce qui, dans un conflit social, ramène longtemps en arrière, aux répressions des explosions de colère des mineurs de 1948. Il affirme qu’il le fait pour arrêter les violences mais c’est l’inverse.
Le gouvernement nourrit d’abord la colère. Il réduit les pensions de retraite, il réduit les aides sociales, il radie les chômeurs de Pôle emploi, il augmente sans cesse le nombre de nouveaux pauvres, des salariés pauvres aux retraités qui doivent retravailler, des autoentrepreneurs qui travaillent follement sans gagner leur vie, sans contrat de travail, sans garantie d’emploi, sans retraite, sans rien, les femmes seules avec enfants, les emplois à temps partiel, les emplois précaires, les étudiants pauvres, les pauvres des petites professions dites libérales, artisans, paysans, pêcheurs et commerçants au bord de la ruine, les habitants des quartiers de la misère, les sans papiers, etc. A part, quelques mesures imposées par le mouvement des Gilets jaunes, toutes les mesures que prend le gouvernement vont dans le sens de l’accroissement de la misère des plus démunis. Alors, oui, c’est le gouvernement qui entretient la colère et aussi qui entretient la violence sociale.
Car, si on met en première ligne la violence des casseurs, on oublie la violence sociale des classes possédantes, celle qui fait que 11 millions de personnes en France ne peuvent pas vivre décemment ! On met en évidence quelques vitrines cassées ou une entreprise bloquée par des manifestants, on n’en fait pas autant pour des milliers d’entreprises qui licencient ou qui ferment. On n’en fait pas autant pour les milliers de petites boutiques contraintes de fermer. On n’en fait pas autant pour des milliers de petits paysans ou artisans ruinés. On n’en fait pas autant pour les salariés licenciés.
Les banques suppriment massivement des emplois. Le gouvernement les soutient. Les industriels licencient. Le gouvernement les soutient. Les financiers détruisent l’économie. le gouvernement les soutient. Les milliardaires refusent de payer leurs impôts. Le gouvernement les soutient.
Même les exactions sulfureuses de Ghosn ont toujours été soutenues par les gouvernants, au point qu’aujourd’hui encore les gouvernants refusent toujours de dire si l’ex PDG de Renault a puisé dans les caisses par un vol pur et simple de sommes colossales !
Tous les vols pratiqués par les trusts sont cautionnés par le gouvernement. Les labos pharmaceutiques vendent des médicaments qu’ils savent totalement inefficaces ou mortellement nuisibles. Le gouvernement les soutient. Ils vendent des vaccins contre la grippe qu’ils savent dépassés et inefficaces. Le gouvernement les soutient. Ils vendent des automobiles polluantes qui trichent avec les réglementations. Le gouvernement les soutient.
La violence sociale est permanente et s’aggrave tous les jours. Maintenant, en plein chômage de masse, le gouvernement programme de passer à la retraite à 65 ans !!! Il s’attaque aux fonctionnaires. Il s’attaque aux chômeurs. Il s’attaque aux retraités.
Et les gouvernants ont multiplié les provocations verbales à l’égard des plus pauvres, misant sur la démoralisation. « Sans-dents » pour l’un, « fainéants » pour l’autre, « barbares » pour un troisième, les exploités et les opprimés sont dénoncés par les classes possédantes, plus riches que jamais, plus vicieuses que jamais, plus corrompues que jamais, plus ouvertement sangsues de l’économie et qui se glorifient d’être « les entrepreneurs » qui créent les richesses alors qu’ils les volent !
Ce n’est pas quelques casseurs qui les affolent, les profiteurs, les milliardaires, et leurs gouvernants, eux qui cassent des pays entiers, eux qui bombardent des populations civiles, eux qui soutiennent partout des dictateurs sanglants qui assassinent leurs peuples ! C’est même eux qui en organisent certains de ces casseurs. Comment croire que les policiers n’avaient pas connaissance du projet de casse d’un ministère ? Comment croire qu’ils ne savent pas qu’un grand nombre de policiers sont des casseurs ?
Non, les gouvernants manipulent la violence et ils le font sciemment, pour tenter de limiter l’adhésion des travailleurs au mouvement. Ce qui les gênent, ce n’est pas que des gilets jaunes vraiment en colère, des blacks blocs ou des provocateurs policiers cassent, c’est que les Gilets jaunes défient ouvertement les classes possédantes, les dénoncent ouvertement, les bafouent ouvertement et démontrent qu’ils ne se découragent pas, malgré tous les discours de ceux qui annoncent sans cesse que « le mouvement s’affaiblit »…
Si le gouvernement choisit de durcir la violence répressive, c’est parce qu’il sait que l’avenir n’est pas à un retour de la prospérité économique du capitalisme, que l’avenir verra un effondrement massif de l’économie, qui, depuis l’effondrement de 2007-2008, n’a fait que de creuser ses gouffres financiers, que de bâtir sur du sable, que de développer ses profits spéculatifs, que de distribuer des profits à des capitalistes qui se gardent de les réinvestir, que de s’autodétruire elle-même en produisant partout des dettes gigantesques, impossibles à réduire. C’est parce que le pouvoir des milliardaires sait que le navire coule qu’il jette violemment par-dessus bord les passagers !!!
Il est remarquable que c’est le gouvernement, dirigeant du grand secteur public, qui le détruit méthodiquement. C’est lui qui casse l’hôpital public, les transports publics, la recherche publique, l’enseignement public, l’énergie publique. Il ne se contente même pas de les privatiser, il les détruit méthodiquement.
C’est le casseur qui crie à la casse. C’est le destructeur des emplois (publics et privé) qui dénonce publiquement des casseurs. C’est le destructeur des familles dépendant d’un RSA, d’une pension, d’une retraite, d’un petit salaire, d’un emploi autoentrepreneur qui les démolit, les jette à la rue, leur coupe électricité, gaz et téléphone, les détruit moralement et physiquement. Ce sont les classes possédantes qui détruisent le moral des salariés, les rendant gravement malades.
Et ils osent dénoncer les pauvres comme des barbares alors que la barbarie de cette société des milliardaires atteint des niveaux les plus élevés de toute l’histoire, alors que le caractère de sangsues des classes possédantes atteint de sommets historiques !
Non, la seule perspective des Gilets jaunes n’est pas la casse ! Non, le mouvement ne compte pas sur les vitrines cassées, ni sur les affrontements avec la police, cette fausse radicalité, pour avancer. Il compte sur les exploités et sur les opprimés eux-mêmes.
La seule perspective des Gilets jaunes consiste à s’adresser aux travailleurs et aux chômeurs, à se répandre partout, dans les quartiers populaires et devant les entreprises, à développer leur programme de transformation sociale et politique, de changement radical de la société.
C’est ce radicalisme là dont les classes possédantes ont le plus peur et pas des rodomontades de quelques prétendus porte-paroles du mouvements qui ne défendent même pas cette perspective de changement social, en finir avec la misère, en finir avec l’Etat des milliardaires, en finir avec la violence sociale des classes possédantes !
Eh oui, les classes possédantes ont peur des exploités et des opprimés et plus que jamais. C’est parce que le capitalisme a ses beaux jours derrière lui et le sait qu’il est si violent. C’est pour cela que les armes violentes des grenades et des pistolets, des charges à cheval, des blindés dans les rues ne lui suffisent plus, qu’il lui faut l’armée, qu’il lui faudra des morts, y compris des policiers morts, pour marquer du sang la révolte des prolétaires ! Il lui faut la terreur et la contre-terreur. Celle qu’elle a mise en place soi-disant contre l’intégrisme violent et qu’elle utilise maintenant contre les pauvres en colère, contre les travailleurs, contre les jeunes, contre les lycéens, contre les chômeurs.
Ce n’est qu’en désarmant les classes possédantes qu’on supprimera la violence et qu’on aura la paix ! Ce n’est qu’en abolissant l’ancien régime aux ordres des milliardaires ! Ce n’est qu’en supprimant la loi des riches ! Ce n’est qu’en remplaçant le pouvoir de un pourcent par le pouvoir du peuple travailleur !