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« Monsieur Verdoux », de Charlie Chaplin, un film qui met en accusation la société capitaliste et sa barbarie guerrière
dimanche 22 octobre 2017, par
« Monsieur Verdoux », de Charlie Chaplin, un film qui met en accusation la société capitaliste et sa barbarie guerrière
Le film s’appuie sur la comparaison entre les crimes d’un individu criminel et ceux d’une société criminelle, entre la réprobation de tous, qui estiment le criminel de masse Landru comme une horreur et l’appui aux classes dirigeantes qui programment des assassinats mille fois pires comme les dirigeants normaux du monde !
Chaplin comentant son film :
« La question est philosophique et non morale. Je doute que quiconque, y compris les concepteurs du Code de production, puisse déterminer ce qu’il en est exactement. Les dialoguistes de Platon se sont combattu sur ce thème. L’énonciation de Verdoux sur son crime, ce qu’il fait et ce qu’il dit, sont légitimement dans le domaine de la caractérisation. Ils ne connaissent pas le message de l’histoire, qui est l’histoire d’un personnage faible avec des tendances criminelles latentes, aggravée par les conditions de l’époque. La dépression, les guerres, l’insécurité économique et la frustration mettent en évidence ces tendances criminelles et le placent sur la voie de la criminalité. »
« Ce film dénonce la guerre et le massacre inutile de notre jeunesse. »
« Chaplin change ! Et vous, le pouvez-vous ? » était le sous-titre du film !! Et le changement était considérable !
Il faut avoir vu le film « Monsieur Verdoux » pour savoir ce que Chaplin pensait de la société bourgeoise, de l’Etat, de la guerre, de la religion, des classes dirigeantes... Ces dernières sont présentées comme bien plus criminelles que l’assassin Landru !
"Quelles sont vos opinions politiques ? Pourquoi n’avez-vous pas adopté la nationalité américaine ? Tournerez-vous encore des films avec le Tramp ? Tournerez-vous d’autres films à message ?" Voilà quelques-unes des nombreuses questions posées à Charles Chaplin par des journalistes acerbes et hostiles, lors de la conférence de presse de Monsieur Verdoux. Chaplin s’y attendait, il avait d’ailleurs ouvert les hostilités en lançant un vibrant : "Que le massacre commence !"
« Le meurtre est l’extension logique des affaires… »
« Lorsqu’on tue à l’unité, on est un criminel ; quand on tue les gens par milliers, on est militaire et on reçoit des médailles... »
« Un meurtre fait un bandit, des millions, un héros. Le nombre sanctifie. »
« Les affaires sont un métier impitoyable, ma chère. »
« Pendant trente-cinq ans, j’ai utilisé mon cerveau avec honnêteté. Après cela, personne n’en voulait. J’ai donc été obligé d’entrer en affaires pour moi-même. En ce qui concerne l’assassinat de masse, le monde ne l’encourage-t-il pas ? N’est-ce pas construire des armes de destruction dans le seul but de massacrer en masse ? Est-ce que les femmes sans méfiance et les petits enfants n’ont pas été bombardés ? Et l’a-t-on pas fait très scientifiquement ? En tant que tueur en masse, je suis un amateur par comparaison. Cependant, je ne veux pas perdre mon sang-froid, car très prochainement, je perdrai la tête. Néanmoins, en sortant de cette étincelle d’existence terrestre, j’ai ceci à dire : je vous verrai tout ... très bientôt ... très bientôt… »
« Le reporter : Vous devrez admettre, le crime ne paie pas, n’est-ce pas ?
Henri Verdoux : Non, monsieur. Pas à petite échelle.
Le reporter : Que voulez-vous dire ?
Henri Verdoux : Pour réussir dans n’importe quoi, il faut être bien organisé.
Le reporter : Vous ne parlez pas du monde avec cette remarque cynique ?
Henri Verdoux : Être idéaliste en ce moment serait incongru, n’est-ce pas ?
Le reporter : Qu’est-ce que tout cela parle du bien et du mal ?
Henri Verdoux : forces arbitraires, mon bon garçon. Trop de l’un ou l’autre va nous détruire tous.
Reporter : Nous ne pouvons jamais avoir trop de bon dans le monde.
Henri Verdoux : Le problème est que nous n’en avons jamais assez. Nous ne savons pas.
Le reporter : Ecoutez, Verdoux, j’ai été votre ami tout au long du procès. Maintenant, faites-moi une pause, une histoire avec une morale ! Vous, l’exemple tragique d’une vie de crime.
Henri Verdoux : Je ne vois pas comment quelqu’un peut être un exemple dans ces temps criminels. »
« C’est un monde impitoyable et il faut être impitoyable pour y faire face. »
« Ce sont des jours désespérés, mon cher. Des millions de personnes meurent de faim et des millions sont condamnés au chômage. »
« Le prêtre : N’avez-vous pas de remords pour votre péché ?
Henri Verdoux : Qui sait ce qu’est le péché ? Né comme il était de l’ange déchu de Dieu. Qui connaît le destin ultime qu’il sert ? Après tout, que feriez-vous sans péché ?
Le prêtre : Exactement ce que je fais maintenant, mon fils : essayer d’aider une âme perdue en détresse.
Le prêtre : [Des bruits de claquement sont entendus] Ils arrivent. Laissez-moi prier pour vous.
Henri Verdoux : Faites comme vous le entendez. Mais je ne pense pas que ces messieurs veulent vous attendre.
Le prêtre : Que le Seigneur ait pitié de votre âme.
Henri Verdoux : Pourquoi pas ? Après tout, elle lui appartient. »
Chaplin : « Je crois qu’une démocratie qui ne peut pas contenir tous ses ennemis, aussi virulents soient-ils, est finie en tant que démocratie. »
L’histoire de Monsieur Verdoux
Un extrait de l’interview :
« Un sympathisant communiste ? Voilà qui demande à être nuancé… Votre réprobation contre mon supposé manque de patriotisme reste encore une chose à nuancer. Je suis comme ça depuis mon tout jeune âge. Je ne peux m’en empêcher. J’ai voyagé dans le monde entier et mon patriotisme n’a pas de frontières. Il s’étend au monde entier. »