mercredi 25 novembre 2015, par
Au moment où chacun s’étonne que Daesh ait vu ses dirigeants recevoir des soins médicaux quasi officiellement en Israël, où des armes ont été fournies par Israël à Daesh et où on fait les mêmes remarques concernant l’Arabie saoudite, il est à remarquer que l’on reconnaît, là aussi quasi officiellement et depuis 2014, un rapprochement politique et militaire en Israël et l’Arabe saoudite !!!
Alors que l’Arabie saoudite n’avait jamais reconnu l’Etat Israël, il y a de multiples raisons aujourd’hui à ce rapprochement hors norme entre un régime islamiste intégriste et le pouvoir israélien d’extrême droite violemment hostile aux Palestiniens et aux Arabes d’Israël comme des pays voisins : hostilité commune à l’Iran et à son industrie nucléaire, hostilité commune à Assad en Syrie et volonté de le renverser, hostilité commune à la vague des révolutions arabes, désaccord commun avec la nouvelle politique américaine visant à réintroduire l’Iran dans le jeu régional et mondial….
L’Iran est le motif le plus important de ce rapprochement. Par l’entremise du Hezbollah au Liban, de Bachar el-Assad en Syrie, du gouvernement et des milices chiites en Irak, ou des rebelles houthis au Yémen, la République islamique avance ses pions, au détriment d’Israël mais surtout de l’Arabie saoudite, la grande puissance sunnite et rivale de l’Iran chiite dans la région.
L’ancien général Shimon Shapira, l’un des membres de la délégation de l’État hébreu, a indiqué au journaliste Eli Lake avoir découvert que les deux pays avaient « les mêmes problèmes, les mêmes défis et certaines des mêmes réponses » face à l’activisme de l’Iran dans la région.
Dirigeants israéliens et saoudiens ont en commun le sentiment d’avoir été lâchés par les Etats-Unis et d’être sans soutien face à cette nouvelle politique américaine.
Les négociations entre Rihad et Tel Aviv n’ont pas été claironnées sur tous les toits mais elles ne sont pas restées secrètes. Elles sont censées peser comme une menace sur les USA et leurs alliés…
Des délégations à très haut niveau des deux pays se sont rencontrées cinq fois en Inde, en Italie et en Tchéquie.
Israël ne tient pas spécialement au secret alors que Riyad n’entendait pas officialiser cette coopération.
Le secret a été levé le jeudi 4 juin dernier à Washington par l’ancien général saoudien Anwar Majed Eshki et l’ex-ambassadeur israélien à l’ONU Dore Gold, désormais nouveau directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères.
Israël et l’Arabie saoudite sont tombés d’accord sur plusieurs objectifs :
Au plan politique :
« Démocratiser » les États du Golfe, c’est-à-dire donner une nouvelle image des vieux régimes vermoulus et donner l’impression d’associer les peuples à la gestion de leurs pays, tout en affirmant l’intangibilité de la monarchie et du mode de vie wahhabite ;
Changer le régime politique en Iran en tentant d’y intervenir politiquement et d’y susciter une « opposition politique forte » ;
Créer un Kurdistan indépendant de manière à affaiblir l’Iran, la Turquie (pourtant longtemps un allié d’Israël) et l’Irak (mais pas la Syrie, qui est déjà durablement affaiblie).
Au plan économique :
Exploiter le champ pétrolier de Rub’al-Khali et organiser une fédération entre l’Arabie saoudite, le Yémen, voire Oman et les Émirats arabes unis ;
Exploiter les champs pétroliers de l’Ogaden, sous contrôle éthiopien, sécuriser le port d’Aden au Yémen, et construire un pont reliant Djibouti au Yémen.
En d’autres termes, si Tel-Aviv et Riyad entendent s’assurer que l’Iran ne cherche pas à imposer sa domination ;
Contrôler le reste de la région en excluant la Turquie qui a succédé à l’Arabie saoudite dans la supervision du terrorisme international et vient de perdre en Syrie.
Le peuple palestinien est l’un des perdants de la négociation puisque Riyad cesserait de se mettre en avant pour proposer des « plans de paix » en Palestine !
Du côté saoudien, rien n’a été dit sur les Palestiniens. Du côté israélien, de même, rien n’a été dit sur le rôle du royaume saoudien dans le financement des mouvements djihadistes au cours des dernières décennies.
Donc Israël ne s’y oppose plus si l’Arabie saoudite laisse Israël attaquer les Palestiniens et les Arabes d’Israël…
Entente complète par contre sur la Syrie, sur l’Irak, sur le Hezbollah, sur les mouvements révolutionnaires…
L’entente n’est pas d’abord diplomatique mais d’abord financière et militaire.
Il s’agit par exemple d’actions militaires conjointes en Syrie !
Assad est considéré par Israël et de l’Arabie saoudite comme bien plus dangereux que les mouvements djihadistes et un soutien d’Israël est parvenu à Al Qaïda, à Al Nosra et à l’Etat islamique.
En Septembre 2013 l’ambassadeur israélien à Washington, Michael Oren, un proche de Nétanyahou, avait déclaré au quotidien israélien le Jerusalem Post, qu’Israël préférait les extrémistes sunnites au gouvernement d’Assad :
"Le plus grand danger pour « Israël » c’est l’arc stratégique qui va de Téhéran à Damas à Beyrouth...Nous avons toujours voulu le départ de Bashar al Assad, nous avons toujours préféré les sales types qui n’étaient pas soutenus par l’Iran à ceux qui étaient soutenus par celle ci."
Le 1er Octobre 2013, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou dit « Bibi » lors de son discours devant l’AG de l’ONU – consacré au programme nucléaire civil de l’Iran et la menace d’une frappe unilatérale militaire israélienne - a publiquement attesté du nouveau partenariat Arabie Saoudite « Israël »
« Les dangers d’un Iran possédant l’arme nucléaire de même que l’émergence d’autres menaces dans notre région ont conduit beaucoup de nos voisins arabes à reconnaître que finalement Israël n’est pas leur ennemi."
Le lendemain la chaîne de TV 2 israélienne rapportait que des officiers de sécurité israéliens avaient rencontré leurs homologues des pays du Golfe à Jérusalem, dont le Prince saoudien Bandar bin Sultan, l’ancien ambassadeur saoudien à Washington qui était alors chef des services secrets saoudiens.
L’an dernier, le prince saoudien Turki bin Faisal s’est offert le luxe, fait sans précédent, d’écrire un éditorial dans un grand journal israélien, appelant à la paix entre Israël et les pays du CCG et à la résolution du conflit israélo-palestinien. Comme l’administration d’Obama a poursuivi ces dernières années une politique de détente avec l’Iran, des rapports ont dévoilé une coopération secrète sur la sécurité entre Israël et les pays du CCG.
En 2013, l’Arabie Saoudite et Israël ont soutenu en Egypte le coup d’état pour renverser le président Mohammed Morsi appartenant aux Frères Musulmans ennemis jurés des Saoudiens. Morsi au pouvoir en Egypte avait aidé les Palestiniens de Gaza contre l’embargo israélien instauré après la victoire du Hamas en 2007.
L’Arabie Saoudite et Israël ont porté au pouvoir le général Abdel Fattah el-Sissi. L’Arabie Saoudite a alors déversé des milliards de pétrodollars dans les caisses vides de l’Egypte tandis que le puissant lobby judéo sioniste à Washington faisait pression pour que l’administration américaine ne prenne pas de mesures de représailles contre Sissi et son putsch. Pour ne pas perdre la face Washington a suspendu l’aide militaire à l’Egypte ce qui a permis à Hollande qui soutient cette alliance Saoudienne Sioniste de bénéficier des largesses de Ryad pour l’achat de Rafale par l’Egypte. Finalement les US ont repris leur aide militaire au Caire.
En Juin 2014 , Michael Oren, ex ambassadeur israélien aux US mais toujours proche de Bibi lors d’une conférence donnée au Aspen Institute a affirmé qu’Israël préférerait une victoire de l’EI plutôt que le maintien d’Assad au pouvoir.
"Et cela nous permet de dépasser l’animosité historique et construire de nouvelles relations, nouvelles amitiés, nouveaux espoirs" a-t-il déclaré.
« Vu sous l’angle de la perspective israélienne, s’il le mal doit dominer que ce soit le mal sunnite »
Dans le Time Magazine du 19 Janvier 2015, son correspondant à Bruxelles, Joe Klein relate une rencontre pour le moins surprenante ayant eu lieu quelques mois auparavant.
"Le 26 Mai 2014 s’est tenue une conversation sans précédent dans un lieu public à Bruxelles. Deux anciens chefs de l’espionnage israélien et saoudien – Amos Yadlin et le Prince Turki al Faisal - ont discuté ensemble pendant plus d’une heure des politiques régionales lors d’une conversation dont le modérateur était le journaliste du Washington Post, David Ignatius."
A l’évidence ce n’est pas seulement la volonté de « contenir » voire pire de détruire l’Iran qui anime cette relation Saoudienne/Sioniste.
La collaboration grandissante de l’Arabie Saoudite et d’Israël englobe désormais une alliance tacite avec l’EI Al Qaeda al Nusra & C° notamment en Syrie.
L’Alliance Arabie Saoudite Israël contre le gouvernement syrien de Bashar al Assad pourrait déboucher sur l’encrage de terroristes de l’EI sur une partie de la Syrie avec comme conséquence le génocide des minorités chrétiennes alaouites, druzes… dans ce pays mais aussi une menace accrue d’attaques terroristes en l’Europe et plus particulièrement en France. L’EI est capable d’avoir obtenu le soutien des services secrets israéliens et saoudiens pour commettre des attentats en France. Bien entendu, Hollande qui soutient à fond l’Etat sioniste ne l’admettra pas même s’il le sait…
Hollande soutient cette alliance Saoudienne/Sioniste et en a été récemment récompensé par l’aide saoudienne pour l’achat d’avions par l’Egypte.
Ces déclarations publiques ne sont pas la seule preuve du rapprochement sans précédent entre Tel-Aviv et Riyad. D’autres indices, encore plus graves, font état d’une étroite coordination entre les deux parties sur le dossier syrien. Selon des informations citées par des diplomates et reprises par plusieurs médias, des officiers du renseignement saoudien ont accompagné le ministre des Affaires étrangères du royaume, Adel al-Jubair, lors de sa visite à Amman, le 18 juillet, pour y rencontrer le directeur du Mossad, Tamir Pardo. Les entretiens entre les deux parties ont porté sur les moyens de riposter, en Syrie, à l’accord sur le nucléaire, conclu entre l’Iran et les grandes puissances. Selon les mêmes sources, il a été convenu, lors de ces rencontres, d’une participation directe de l’armée jordanienne aux offensives des terroristes dans le Sud syrien, afin de tenter de provoquer un « changement stratégique » sur le terrain, avec pour objectif final de forcer les lignes de défense de l’Armée arabe syrienne, autour de Damas.
Quelques jours plus tard, le chef d’état-major jordanien, le général Machaal el-Zein, s’est rendu en Arabie saoudite. Israël et l’Arabie saoudite sont des « alliés », selon Dory Gold pour mettre au point les détails de ce plan.
S’en est suivie une vaste offensive des groupes terroristes contre la ville de Deraa, impliquant plus de 2000 combattants. Mais l’armée syrienne et ses alliées ont repoussé cette attaque, la cinquième du genre en l’espace de quelques semaines seulement, infligeant aux assaillants de lourdes pertes et capturant un groupe d’entre eux, dirigé par le dénommé Khaled Nassar.
Le plan saoudo-israélo-jordanien prévoit aussi une implication directe d’Israël dans les combats dans la province de Quneitra, aux côtés des extrémistes. C’est dans ce contexte qu’il faut placer le raid mené par un drone israélien, lundi, contre un véhicule transportant des membres de la Défense nationale dans la localité druze de Hadar, qui a résisté à tous les assauts des terroristes. L’attaque avait fait trois morts.
Selon une source émanant des renseignements US, les Saoudiens ont donné à Israël au moins 16 milliards de dollars sur les deux dernières années et demie, et ont canalisé l’argent à travers un pays tiers arabe ainsi qu’au travers d’un compte israélien de « développement » en Europe pour aider au financement des infrastructures à l’intérieur d’Israël. La première source a nommé ce compte "la caisse noire de Netanyahu," mais plus tard l’a requalifiée, en déclarant que l’argent a été utilisé pour des projets publics comme la construction de colonies en Cisjordanie.
Quel soutien financier israélien et saoudien dans les fonds massifs de l’Etat islamique, Hollande n’en dit rien, lui qui prétend que le seul soutien saoudien serait celui de « personnalités » indépendantes du pouvoir et affirme que l’essentiel de cet argent proviendrait du pétrole. Mais EI ne possède plus de raffinerie et pas d’acheteurs internationaux donc cette thèse tombe à l’eau…
Devant l’assemblée générale qui s’est tenue en septembre dernier, le Premier Ministre Benjamin Netanyahu déclarait que « vaincre l’ISIS (l’Etat Islamique en Syrie et Irak) et laisser l’Iran au seuil de l’énergie nucléaire revenait à gagner une bataille et perdre la guerre ».
Amos Harel a déclaré dans Foreign Policy le 15 septembre 2013 qu’il n’est donc ’’pas surprenant que le gouvernement de (Benjamin) Netanyahu n’ait pas encore pris de mesures immédiates contre l’Etat Islamique.’’
Il serait même question pour Israël d’aller dans la direction opposée, en offrant les moyens à l’EI et à d’autres groupes terroristes d’aller combattre en Syrie.
Le quotidien israélien Haaretz du 31 octobre 2013 citait un ’’Officier Général’’ selon lequel la coalition dirigée par les Etats-Unis ’’fait une grosse erreur en combattant l’Etat Islamique...les Etats-Unis, le Canada et la France sont du même bord qu’Hezbollah, que l’Iran et que (le président Syrien) Bashar al-Assad. Cela n’a pas de sens.’’
L’Arabie saoudite comme Israël avaient été choqués par les décisions d’Obama de suspendre l’’intervention directe des USA en Syrie contre Assad. Leur entente avec l’EI est la réponse...
The Times of Israël a rapporté que : Le Ministre de la Défense Moshe Ya’alon a déclaré lundi qu’Israël a fourni une aide aux rebelles syriens, préservant ainsi les Druzes en Syrie de tout danger immédiat. Les responsables israéliens ont déjà hésité à confirmer que le pays a contribué à aider les forces qui se battent pour renverser le président syrien Bachar al-Assad.
« Nous les avons aidés à deux conditions », a déclaré Yaalon au sujet de l’aide médicale israélienne aux rebelles syriens, dont certains sont sans doute des combattants d’Al-Nosra affiliés à Al-Quaïda visant à renverser le président syrien Bachar al-Assad. « qu’ils ne s’approchent pas trop près de la frontière, et qu’ils ne touchent pas les Druzes. »
Plusieurs journalistes participant à un voyage de presse à l’initiative de l’Australia/Israel and Jewish Affairs Council (AIJAC) ont pu visiter le Ziv Medical Centre, à Zefat (Nord d’Israël). L’hôpital dispose d’un service spécialisé dans la traumatologie de guerre. Il est conventionné avec les Forces de Défense d’Israël. Dans ce cadre, il traite des « réfugiés » syriens.
Tandis que le reste du groupe (le rédacteur en chef adjoint du Daily Telegraph, Ben English ; le journaliste de Seven News, Alex Hart ; le reporter politique de Sky News, David Lipson ; le rédacteur en chef de l’Australian Financial Review, Aaron Patrick ; le chef de rubrique politique du Sydney Morning Herald et de The Age, Bevan Shields) suivait les organisateurs, une célèbre journaliste de News Corp, Sharri Markson, s’attarda avec des patients pour recueillir leur témoignages. Elle pu ainsi vérifier que plus de 500 d’entre eux sont des membres d’Al-Qaïda ou de Daech, blessés durant les combats en Syrie. Elle était en train de noter des détails sur la manière dont ils sont transférés en Israël pour y être soignés, puis renvoyés poursuivre le jihad en Syrie, lorsqu’elle a été interpellée par des officiers de sécurité.
voir ici l’aide israélienne aux terroristes syriens
Les djihadistes syriens sont soignés en Israël !
Pourquoi Israël soutiendrait le principal ennemi d’Assad qui s’est engagé à ne pas revendiquer le Golan. Daech combat à la fois Bachar el-Assad et le Hezbollah sur le front syrien et l’Iran sur le front irakien, ni plus ni moins que les pires ennemis d’Israël, alors que la Jordanie, en paix avec l’État hébreu, est totalement épargnée. On notera aussi – ça, les Français le savent moins – que Daech combat aussi les Palestiniens avec une rare férocité, un conflit illustré par les massacres perpétrés dans le camp palestinien de Yarmouk en avril 2015.
Les classes dirigeantes israéliennes pensent que les attentats en Europe permettent aux européens de mieux comprendre la politique de Nétanyahou : voir ici
Lorsque des voix se sont élevées en Israël, comme celle du chercheur Yoram Schweitzer, pour estimer que Daesh était un danger pour leur pays, les officiels ont répondu que non ! Yoram Schweitzer considère que l’organisation terroriste finira par s’en prendre à l’Etat juif. Le ministre de la Défense, Moshe Yaalon, s’est récemment exprimé sur la menace de l’État islamique vis-à-vis de l’État d’Israël, en rejetant ses inquiétudes.
L’attentat du Bataclan a été l’élément déclencheur pour pousser toutes les puissances occidentales à accentuer leurs interventions militaires massives en Syrie.
Concession des terroristes à des commanditaires israéliens ? L’attentat a eu lieu un vendredi soir, au moment où les Juifs sont cantonnés chez eux et ne vont pas à des spectacles !
L’accord israélo-saoudien va-t-il de la Syrie au Bataclan, il ne faut pas compter sur les gouvernants français, les plus pro-israéliens depuis des années, pour nous le dire…