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Quoi de neuf à l’hôpital Tenon ?

vendredi 13 mars 2015, par Robert Paris

Les bulletins La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Tenon

Accouchement sous amiante et soudures

Il avait été demandé que, durant les travaux à la Maternité, celle-ci soit déménagée dans d’autres locaux, mais la direction, bien plus maligne, n’a pas retenu cette idée, estimant sans doute qu’il valait mieux ne pas déménager afin d’économiser. Cependant, il est arrivé plusieurs fois que les travaux entraînent des désagréments et des risques inadmissibles au point même qu’il soit nécessaire de faire arrêter les travaux, la toxicité dépassant la limite de l’admissible. Il n’est pas normal d’accoucher dans les odeurs de soudure et dans la poussière d’amiante. Il est maintenant reconnu que, lors d’un désamiantage, il y a quand même de la poussière d’amiante dans l’air malgré les précautions. C’est scandaleux qu’une prétendue direction de la santé se permette des choses pareilles !

Vigiquirate

Le plan de sécurisation des locaux contre les risques terroristes a manqué son but affiché puisque celui-ci n’était pas, au départ, de nous déranger dans notre travail, de nous imposer de faire de grands détours pour arriver au travail parce que des entrées sont fermées quand ce n’est pas de nous imposer d’être fouillés sur soi ou dans les véhicules ou d’avoir des militaires qui déambulent dans les locaux hospitaliers. Quant à la sécurité que cela apporte, elle est purement psychologique. Un groupe terroriste avec armes de guerre se moque bien d’un agent de sécurité. Certains terroristes de la dernière vague d’attentats avaient leurs entrées… dans le fort d’Ivry, dans les locaux de la gendarmerie et des services de renseignement. Alors leur cinéma dans l’hôpital n’impressionne que le personnel, pas les terroristes !

Nos affaires, la direction s’en moque

De nombreux vestiaires ont été vandalisés dernièrement. Il faut dire que la porte digicode de ce local ne marche pas ou mal depuis longtemps, sans que cela n’ait préoccupé la direction. Et ce n’est pas la diminution d’agents de sécurité (au moment même où on nous bassine avec la sécurité !) sous prétexte de l’installation d’une vidéo-surveillance. Il faut dire que ce ne sont que nos petites affaires qui sont rangées dans ces vestiaires et pas les fonds ou les documents de la direction. Nos affaires à nous, c’est rien, ça ne compte pas, pour la direction, pas la peine de s’en préoccuper !

L’hôpital est grippé

On nous a dit que « l’épidémie de grippe est grave mais pas exceptionnelle ». Cependant, les urgences des hôpitaux, déjà en flux tendu, ont été complètement débordés et la catastrophe est là même si l’APHP et le gouvernement la nient. La « sur-saturation des services d’urgence est comparable à celle de l’été 2003 », où la canicule avait fait 15.000 morts, a estimé auprès de l’AFP le président du Samu-Urgences de France François Braun. 8 500 décès supplémentaires ont été enregistrés depuis la mi-janvier. Ce qui porte à 19 % la hausse de la mortalité en cet hiver 2015. Le gouvernement n’a pas bougé le petit doigt, sauf quand c’était presque fini et que cela s’était su dans les média… Comme lors de la canicule ! Certains hôpitaux ont alors rappelé leurs personnels en vacances ou jeunes retraités. Des opérations programmées ont dû être reportées… Tout plutôt que d’embaucher et de rouvrir des lits !

Les syndicats convergent… pour ne pas converger !

Le syndicat SUD-APHP a voté pour l’arrêt de tout soutien syndical aux efforts en vue de la convergence des luttes, efforts militants et financiers. En fait, c’était des individus, essentiellement de la CGT et de SUD qui faisaient de leur propre initiative de tels efforts ! Jusque là SUD était le seul syndicat qui avait soutenu cette initiative pourtant tout à fait nécessaire quand on sait que les attaques contre l’hôpital public et la santé ne concernent pas un hôpital en particulier ni un seul secteur de la santé mais tous ! Réagir ensemble semble bien indispensable puisque l’attaque est générale. La CGT, elle, a donné consigne à ses militants de ne pas y participer. Et ces gens-là manifestent toujours en clamant « tous ensemble ». Traduisez tous les syndicats ensemble contre la convergence des luttes…

Le plus toxique à l’hôpital, c’est l’emprunt !

Les emprunts des hôpitaux aux banques qui devaient leur permettre de faire face aux dépenses coûtent déjà deux millions de remboursement par an. C’est la raison pour laquelle on nous dit qu’il va falloir réduire la voilure et, en particulier, diminuer la masse salariale. La direction se laisse voler par les banques comme Dexia et c’est les malades et le personnel qui paient la facture !

Internes ou interminables

Les textes officiels imposent aux internes de ne pas faire plus de 48 heures par semaine, ce qui est logique pour la santé et la sécurité. Mais, si les internes prennent leurs repos dus, ils ne sont pas remplacés dans les services et ceux qui prennent leur repos ne peuvent pas prétendre aux différents postes convoités. Ils sont donc condamnés à la double peine !

Ne les laissons pas vendre la santé publique !

L’hôpital Lariboisière est menacé d’être bradé. L’AP-HP envisage pour des raisons de spéculation immobilière de vendre l’aile ouest de l’hôpital Lariboisière, remettant en cause les services de Fernand-Widal, notamment les services de gériatrie, la maternité de Lariboisière, les crèches et logements de fonction des personnels….

La police surveille les urgences !

Une note confidentielle de policiers et de gendarmes du service central du renseignement territorial l’annonce : les urgences hospitalières, saturées, sont au bord de l’implosion sociale. La belle découverte ! Fallait-il un rapport policier pour découvrir cette évidence ? On se serait attendus que les policiers et les gendarmes fassent autre chose que surveiller les personnels de santé : c’est raté !

Ils dialoguent tout seuls

Les organisations syndicales pleurent sur le fait que le « dialogue social » que les directions hospitalières et le gouvernement leur proposent ne correspond pas à leurs attentes, qu’ils leur demandent d’accompagner les plans stratégiques. Comme si ce n’était pas ce qu’elles avaient coutume de faire. Les plans stratégiques se suivent et les stratégies syndicales les accompagnent. Il n’y a jamais eu de dialogue social, sauf dans l’imagination des directions syndicales. Et les syndicats auraient plus à faire à dialoguer avec les personnels qu’avec nos adversaires qu’ils ne convaincront jamais par des discours !

Le mouvement de mai-juin 2015 à l’APHP


Et si Le Pen gouvernait en France ?

En France, comme dans nombre de pays d’Europe, les grands partis classiques de la démocratie bourgeoise, de droite et de gauche, sont parvenus à se discréditer et à s’autodétruire à peu près complètement dans l’opinion. Grèce, Espagne, Italie, Portugal, Belgique ou France ont eu successivement au gouvernement leurs Sarkozy-les salaires suivis de leurs Hollande-les emplois. C’est-à-dire des gestionnaires de la crise sur le dos des classes laborieuses et au profit exclusif du grand capital. Rien d’étonnant qu’ils finissent toujours par favoriser les partis d’extrême droite puisque leur seul discours, de gauche comme de droite, pour détourner le mécontentement populaire fait appel aux démagogies classiques de l’extrême droite : démagogie anti-jeunes, anti-banlieues, anti-musulmans, anti-Roms, anti-immigrés, anti-sans papiers, anti fonctionnaire, anti-syndicale, anticommuniste et anti-ouvrière.

Mais les dérives des politiciens ne sont pas les seules à expliquer la montée de l’extrême droite liée à l’usure de la démocratie bourgeoise. Les promesses non tenues ne sont pas non plus suffisantes pour la comprendre. C’est la confiance dans le système capitaliste lui-même qui est usée, après des années où on nous a dit que le système allait se redresser suite à la crise de 2007-2008. En fait, les milliers de milliards de dollars injectés par les Etats et les banques centrales n’ont pas relancé l’économie et en rien résolue la crise. Le capitalisme ne tient plus qu’à un fil qui sera tranché par la prochaine crise financière, les sommes injectées n’ayant fait qu’accroître la spéculation et non développer la production.

La seule réponse réelle à cette crise a consisté à faire basculer le monde vers une guerre internationale contre le « terrorisme islamique ». Là encore, gouvernements de gauche comme de droite n’ont fait ainsi que donner crédit aux thèses d’une extrême droite violemment anti-musulmane depuis longtemps.

Une autre raison pousse les politiciens, qu’ils soient de gauche ou de droite, à développer la démagogie anti-musulmane : la nécessité de diviser les travailleurs, de les opposer entre eux afin d’éviter les mouvements sociaux qui pourraient finir par exploser avec la hausse du chômage, de la misère, la baisse du niveau de vie, les réductions des droits sociaux, de la santé, de l’éducation, des services publics. Plus l’Etat abandonne son rôle social, plus il ne valorise plus que son rôle de policier et de militaire. Même s’il le justifie par la sécurité face aux attentats, l’Etat n’est plus que répressif et la démocratie bourgeoise donne de moins en moins d’illusions.

Mais ce qui favorise l’extrême droite, c’est le fait que les couches moyennes, habituels piliers de la démocratie bourgeoise, n’ont plus confiance en l’avenir. Pour elles, la situation semble devoir être de plus en plus bouchée. L’Etat qui n’a rien à refuser aux banquiers et aux capitalistes, laisse chuter les petits bourgeois et ils craignent de ne plus pouvoir vivre dans la situation de couche intermédiaire à laquelle ils tiennent. Dans ce genre de situation, les classes dirigeantes tiennent à faire basculer ces couches moyennes vers l’extrême droite.

Quand la démocratie bourgeoise et le système capitaliste ne laissent plus d’illusions aux masses populaires, les classes dirigeantes, s’estimant menacées dans leur domination, basculent dans le fascisme qui est une manière d’en finir avec les risques de révolution sociale : en détruisant la démocratie et le mouvement ouvrier. On a vécu cela plusieurs fois en Europe, en France notamment.

Bien sûr, des voix pour Le Pen ou même une présidence pour le FN, ce n’est pas encore le pouvoir fasciste en France, mais c’est un symbole d’une évolution dangereuse. Cela signifie qu’une partie de l’opinion publique a suffisamment été remontée contre les musulmans et contre les ouvriers, et cela va ensemble, même si bien des travailleurs n’en ont pas encore conscience. C’est pour affaiblir la classe ouvrière que la bourgeoisie s’attaque à sa fraction la plus exploitée, la plus facile à isoler et à la désigner du doigt comme bouc émissaire des insécurités diverses qui découlent en fait toutes de la crise de la société bourgeoise.

Ni l’Etat bourgeois, ni « la démocratie », ni la gauche ne peuvent nous défendre contre la montée du fascisme. Quand la société capitaliste bascule, il ne sert à rien de pleurer et d’appeler de ses vœux un pacifisme des classes dirigeantes. Il faut changer de manière de lutter et de s’organiser. Il ne faut pas craindre de radicaliser la lutte sociale… Il faut démontrer que les prolétaires sont capables de se battre contre le banquiers, les spéculateurs, les trusts et autres bandits capitalistes, c’est aussi une des manières d’entraîner derrière les travailleurs et vers le socialisme, des couches paupérisées des classes moyennes et donc de couper l’herbe sous le pied du fascisme tant qu’il est encore temps….

L’avant-dernier tract de Voix des Travailleurs diffusé à l’hôpital Tenon :

Le dernier tract de Voix des Travailleurs diffusé à l’hôpital Tenon :

Messages

  • Dans l’article sur Sud APHP, il y a évidemment un contre sens quand vous écrivez que c’était des individus qui faisait cet effort pour faire vivre la convergence des luttes. En effet, c’est à l’initiative de sections syndicales de Caen CGT et SUD en lutte mais aussi d’autres syndicats comme celui du Rouvray à Rouen CGT ou de Paul Guirault Sud à Villejuif qui animaient la convergence avec d’autres syndicats ! Ceci indépendamment de l’opportunité ou non de cet article dans ce tract !
    Fraternellement

    • Vous avez raison : c’était mal exprimé. Nous voulions dire que ce n’était pas à l’initiative et avec le soutien réel d’aucune confédération syndicale.

    • Ce qui n’est pas tout à fait juste non plus car si la fédération de la santé CGT s’est opposée dès le départ à cette initiative, si le syndicat Sud APHP a trainé des pieds lui aussi, la fédération Sud par le biais de ces permanents a participé à la convergence et en a été un des moteurs . C’est d’ailleurs là le problème : la convergence est restée limitée aux seuls militants syndicaux : Sud essentiellement maintenant.
      Fraternellement

    • Tout d’abord, je me demande si les permanents syndicaux de SUD soutiennent actuellement l’initiative. D’autre part, tout est dans le contenu réel de l’initiative en question : il s’agit de faire converger les luttes mais aussi de se donner les moyens de passer par dessus les appareils syndicaux qui s’y opposent. Sinon, c’est pas étonnant que ça ne donne rien. Ainsi les militants syndicalistes qui se regroupaient n’ont pas souhaité rendre publiques les prises de position hostiles et les dénoncer. En somme, ils n’ont pas décidé de dépasser leur mode de fonctionnement syndicaliste habituel. Ou on considère que les syndicats décident ou on considère que les salariés décident et les syndicats ne font que proposer. Ce n’est pas la même chose. Si on veut que les luttes convergent, il faut d’abord décider que le monopole des décisions n’appartient plus aux confédérations.

  • L’opportunité d’un tel article dans ce tract me semble parfaitement justifiée cependant car le reste est tout à fait exact et il n’est pas inutile que les travailleurs sachent ceux qui veulent ou ne veulent pas faire converger les luttes et sachent ainsi qu’ils ne devront compter que sur leur propre organisation autonome.

  • Encore des restrictions !

    Dans la crèche de l’hôpital Tenon, 2 crèches ont été réunies en une seule, sauf que les locaux ne sont pas du tout prévus pour. Un jour, il y a eu 74 enfants pour 60 places ! Le personnel était obligé de se débrouiller à installer des matelas de fortune par terre, a subi des complications pour les faire manger, travailler dans un espace insuffisant... avec des conditions de sécurité non respectées... Bref ! une alerte a été faite par les syndicats mais aucune réponse apportée par la direction qui ne se presse nullement pour faire face à une situation dont elle est entièrement responsable

  • Le Monde écrit :

    Dans la salle de repos du service anesthésie-réanimation de l’hôpital Tenon, dans le 20e arrondissement de Paris, déserte en ce lundi après-midi de mai, un tract syndical sur une table basse rappelle discrètement ce qui enflamme toutes les discussions depuis plus d’une semaine. « La suppression des RTT ne passera pas ! », « Même pas en rêve tu touches à mes RTT », peut-on y lire.

    A une très forte majorité, les 50 infirmiers, infirmiers anesthésistes et aides-soignants du service avaient prévu de se déclarer grévistes jeudi 21 mai pour protester contre la réorganisation du temps de travail des 75 000 salariés non médecins de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Une journée de mobilisation que les organisations syndicales, unanimes dans leur rejet du projet, qualifient déjà d’« historique », avec des taux de mobilisation « exceptionnels, supérieurs à 50 % », contre cette réforme dont la mise en place est envisagée au 1er janvier 2016.

    Les affiches placardées sur les panneaux syndicaux promettent le pire aux salariés : disparition des jours de RTT ou de ceux accordés pour événements familiaux, nouveau calcul du temps d’habillage ou de restauration… Les trois mails que Martin Hirsch, le directeur de l’AP-HP, a récemment envoyés aux personnels n’ont pas suffi à apaiser les craintes. « Ce sont des grands mots et des belles phrases, mais ça manque de clarté », estime une infirmière sous couvert d’anonymat. Un flou assumé par la direction, qui souhaitait d’abord...

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