vendredi 3 octobre 2014, par
Pourquoi les grandes puissances et les trusts pharmaceutiques ne font rien
Alors que le cap des 3000 morts est largement dépassé, alors que la politique du confinement des malades s’avère clairement insuffisante et devient impossible, alors que les grandes puissances ne bougent toujours pas le petit doigt (ni les sous) pour se charger du financement des millions de doses de vaccins antivirus qu’il faudrait, alors que les trusts ne bougent pas pour les produire, la situation devient sur place de plus en plus explosive. Pourquoi obéir à un Etat qui est notoirement incapable de faire face à al situation ? Pourquoi craindre désormais la répression de la dictature si, de toutes les manières, on risque de mourir...
Les Etats passent maintenant à la militarisation de la réponse... Et les organisations de santé soutiennent cela alors que les Etats ont refusé de donner les antivirus sous prétexte qu’ils ne seraient pas fiables à 100% !!! « Je pense avoir été dans les premiers à dire qu’il fallait déclarer l’état d’urgence et une forme de militarisation de la lutte. » déclare le professeur Peter Piot, co-découvreur du virus.
Les 3.000 soldats américains promis en renfort par le président Obama étaient vendredi en cours de déploiement au Liberia.Ils n’auront toutefois"pas de contact direct" avec les patients infectés par le virus, a assuré le porte-parole Pentagone.
Il s’agit donc là aussi de prévenir tout risque d’émeutes et de révoltes et pas d’aide médicale. Un peu comme en Haïti avec l’intervention militaire internationale….
Barack Obama a déclaré ce mercredi 6 août, que les États-Unis n’étaient pas du tout prêts à fournir le sérum anti-ebola, baptisé sérum Zmapp, aux pays touchés par la fièvre hémorragique.
« Il est trop tôt pour envoyer le médicament expérimental d’Ebola en Afrique » a-t-il dit.
Selon le Chef d’État, les États-Unis préfèrent rester prudents, car ce sérum serait encore « très expérimental », donc pas tout à fait sûre à 100%.
« Je pense que nous devons laisser les scientifiques nous guider. Et je ne pense pas que toutes les informations reçues approuvent l’utilité du médicament (…) Je pense que c’est prématuré pour moi de le dire parce que je n’ai pas assez d’informations. Je n’ai pas suffisamment de données à l’heure actuelle pour donner une opinion à ce sujet. Les pays touchés sont les premiers à admettre que ce qui s’est passé a dépassé les systèmes de santé publique. Ils n’étaient pas en mesure d’identifier et isoler les cas assez rapidement. Par conséquent, il s’est propagé plus rapidement que ce qui a été typique avec la flambée périodique Ebola qui a eu lieu auparavant. » a-t-il ajouté.
Révolte à Conakry suite à Ebola
Une violente émeute a éclaté à Nzérékoré, dans la deuxième ville de Guinée suite à des rumeurs.
Une foule avec des matraques en main ainsi que des pistolets pour certains ont alors commencé à ériger des barrières autour de la ville.
La maladie à virus Ebola ne pouvait pas frapper à un moment plus difficile pour la région de la Guinée Forestière, devenue l’épicentre de la maladie. Depuis des années, un faisceau de facteurs externes et internes a fait de la région la convoitise des multinationales minières mais aussi de groupes armés, de milices, et de politiciens en quête de bétail électoral. Ces facteurs ont créé une dynamique qui a fini de transformer la région en une véritable poudrière.
Une des manifestations des étincelles fréquentes autour de la poudrière est le drame de Womey. C’est le drame de trop qui devrait interpeller la conscience collective sur les dangers d’une nation hors-la-loi où chacun peut donner libre cours à sa colère. Après les élections législatives, ceux qui espéraient que l’expression de la colère ou des différences de point de vue se ferait à travers des débats houleux des représentants du peuple à l’Assemblée Nationale ont vite déchanté. La démocratie représentative n’a pas vu le jour encore. Au contraire, ce sont les assemblées hebdomadaires du RPG qui traitent des questions importantes de la nation. Au vu du déficit de démocratie et de justice, les Guinéens ne font plus dans la dentelle pour manifester leur désaccord avec l’Etat. Ils caillassent les véhicules, manquent de respect aux officiels, et vont jusqu’à les tuer froidement. Gouverneurs, préfets, ministres, premiers ministres, volontaires des ONGs humanitaires, médecins, personne n’est épargnée. Cette défiance envers l’Etat se manifeste le plus en Guinée Forestière ou les pogroms intercommunautaires non résolus ont transformé la Forêt en une jungle où règne la loi du plus fort.
Au Liberia - pays le plus touché en termes de mortalité selon l’OMS -, un bidonville est en quarantaine depuis mercredi afin de contenir l’épidémie d’Ebola, qui a déjà fait 1.350 morts en Afrique de l’Ouest. Une situation qui commence à devenir insoutenable.
Coupé du reste de la capitale, Morovia, West Point est entouré de barricades et de barbelés, et encerclé par un cordon de militaires et de policiers lourdement armés qui veillent à ce que nul n’en sorte. Quelque 75.000 habitants y sont entassés sur une péninsule longue d’un kilomètre et entourée d’eaux usées.
Mercredi, des heurts avaient éclaté, les habitants du bidonville réagissant au bouclage de leur quartier par des jets de pierres sur les forces de sécurité et des cris de colère contre la présidente Ellen Johnson Sirleaf. Quatre habitants avaient été blessés par balle, selon le correspondant de l’Agence France-Presse et des témoins. Des incidents avaient également éclaté lorsque des policiers sont venus évacuer une représentante de l’Etat qui résidait dans le quartier avec sa famille, soulevant les protestations des habitants. Après le recours à des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, les soldats ont ouvert le feu.
Le week-end précédent, des jeunes armés de couteaux et de gourdins avait pris d’assaut un centre d’isolement pour malades, accusant le gouvernement de regrouper les personnes contaminées dans leur quartier. 17 malades avaient alors pris la fuite. Les assaillants avaient également traîné des draps et des matelas couverts de sang et d’excréments dans la rue, augmentant le risque de propagation de la maladie qui se transmet par les fluides corporels.
La mise en quarantaine du quartier pourrait être une solution", avait prévenu le ministre de l’Information Lewis Brown. Le bouclage du bidonville a été décrété après ces déclarations.
Un autre quartier situé plus au sud de la capitale, Dolo Town, est également en quarantaine. Un couvre-feu a été mis en place dans tout le pays de 21 heures à 6 heures du matin. La présidente a enfin ordonné la fermeture des cinémas, des discothèques et autres lieux de rassemblement.
En Sierra Leone, quelque 30.000 volontaires par équipes de quatre sillonnaient le pays pour informer en trois jours 1,5 million de foyers sur l’épidémie, qui a fait 2.630 morts depuis le début de l’année, dont 562 sur 1.673 dans le pays.
Seuls les véhicules utilitaires et des urgences circulaient dans les rues désertées de la capitale Freetown, d’habitude congestionnée. "La police ordonnera à quiconque sera trouvé dans la rue sans motif valable de rentrer immédiatement chez lui", a averti le président Ernest Bai Koroma dans une allocution radio-télévisée.
La population est autorisée à sortir pour des besoins essentiels, comme chercher de l’eau, et aller prier après 18H00.
Mais les spécialistes de santé publique doutent de l’efficacité d’une opération aussi contraignante.
Présente en Sierra Leone, Action contre la Faim (ACF) s’est dite "très préoccupée par les conséquences de la mise en place de mesures coercitives de masse vis-à-vis d’une population déjà en souffrance et méfiante à l’encontre du système de santé".
Le risque est particulièrement important dans le cas d’Ebola, maladie effrayante qui a suscité des réactions de déni, parfois violentes, des populations.
Huit responsables locaux et journalistes guinéens portés disparus après des heurts mardi lors d’une campagne de sensibilisation dans le sud de la Guinée ont été retrouvés morts, tués par des villageois.
Il s’agit d’abord et avant tout, sous couvert d’action à but médical (qui n’a pas de sens puisque tous les centres médicaux sont débordés) de rappeler qu’on vit sous dictature et d’éviter la perte totale de confiance dans les autorités et le vent de révolte qui commençait à souffler.
En Sierra Leone, le confinement risque de déstabiliser une grande partie de l’économie, comme l’explique un responsable d’Handicap International à 20 minutes : "Ceux qui travaillent ne peuvent plus le faire normalement puisqu’ils doivent rester à la maison. Ils ont besoin de manger et boire, mais ne gagnent plus leur vie."
Toutefois, le phénomène le plus dangereux pourrait venir de la réaction des Sierra-Léonais face à cet enfermement forcé de 72 heures, dans un pays où une large partie de la population peine à se nourrir tous les jours. Le risque est alors que la pénurie pousse les habitants à sortir de chez eux et à se regrouper autour de magasins fermés, avec le spectre d’affrontements avec les forces de l’ordre. Des malades non détectés seraient alors en contact avec des personnes saines. Le virus Ebola se transmettant par le contact avec des secrétions humaines (sang, sueur, salive), les risques de contamination massive seraient multipliés.
C’est ce qui s’est passé au Liberia, où un quartier entier de la capitale, Monrovia, a été placée en quarantaine par les forces de l’ordre. Cette mesure radicale a provoqué des rassemblements et des émeutes, comme le raconte le New York Times (en anglais). "La quarantaine va faire empirer le taux de contamination, expliquait alors le Dr Jean-Jacques Muyembe, biologiste congolais, qui fut parmi les découvreurs d’Ebola dans les années 70. Il faut faire comprendre aux personnes mis sous quarantaine qu’elles sont en train d’être aidées, pas opprimées."
Tous les ingrédients pour que les autorités perdent le contrôle de la situation sont présents en Sierra Leone. Comme le rapporte Sierra Express Media (en anglais), des affrontements entre des habitants et la police ont ainsi éclaté le 4 septembre, à Kailahun, dans l’est du pays, alors que la ville venait d’être placée sous quarantaine. Les prémices de ce qui attend les Sierra-Léonais à l’échelle nationale ?