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Aux travailleurs de Renault et de toute l’Automobile

jeudi 17 janvier 2013, par Robert Paris

Aux travailleurs de Renault et de toute l’Automobile

Ce qui permet à Renault de s’attaquer aux emplois

En annonçant 7500 suppressions d’emplois, le patron de Renault a lancé un coup de tonnerre puisqu’il déclarait encore récemment ne pas vouloir supprimer d’emplois et ne pas en avoir besoin, à un moment où chacun retenait son souffle, se demandant comment la CGT de PSA Aulnay entendait « devenir le cauchemar du patron ». A ce stade là, patronat et gouvernement ne se sentaient nullement sûrs d’eux-mêmes et se demandaient si la vague de licenciements dans tous les secteurs, du public comme du privé, des labos pharmaceutiques à l’automobile et aux banques, n’allait pas susciter une jonction entre travailleurs de tous ces secteurs, un nouveau 1995 en pire. C’est ce qui avait amené le gouvernement Hollande à apparaître aussi opposé au plan PSA pour préserver son influence.

Depuis, grâce notamment à l’aide empressée du gouvernement auprès des syndicats et des patrons, il est clair que c’est seulement le patron qui est un cauchemar pour les salariés de PSA, à Aulnay comme sur les autres sites. Les syndicats de PSA n’ont pas organisé de réaction commune avec les autres secteurs frappés par les licenciements et n’ont même pas organisé de réaction commune de tous les sites de PSA. Les salariés de Renault n’ont pas non plus considéré qu’ils étaient menacés et n’ont pas réagi aux annonces de PSA. Du coup, le patronat s’en senti pousser des ailes pour toutes ses attaques et cela a ouvert la possibilité pour le patron de Renault de commencer prudemment à sortir du bois.

Prudemment en effet puisque, pour le moment, il ne s’agit pas de licenciements de « départs volontaires », ni de fermetures d’usines, mais seulement de suppressions d’emplois… Cela ne veut pas du tout dire que les emplois ne soient pas menacés à Renault contrairement à ceux des salariés de PSA. Au contraire, le patron de Renault commence à menacer les emplois, en affirmant que s’il n’obtient pas la signature par les syndicats d’un « accord de compétitivité-flexibilité », il arrêtera ses investissements en France et fermera des sites !

Renault supprime donc 14% de ses effectifs : 7500 emplois. Le gouvernement se dit pourtant satisfait car il n’y a pas, pour le moment, de licenciements, de plan social, de fermeture d’usine, mais c’est un début d’une politique qui prendra une autre tournure dès que les licenciements à PSA seront passés sans trop de troubles.

Comment va procéder le patron ?

Le patron de Renault a affirmé qu’il ne procédera ni à un plan social, ni à un plan de départs volontaires mais utilisera la procédure préalablement mise en place en concertation avec certains syndicats à savoir le GPEC, la gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences.

Qu’est-ce que ce terme pompeux signifie ? On se souvient que Renault s’en était servi pour désigner des emplois comme « sensibles » à savoir menacés, pour créer des incitations personnelles à la mobilité, des « mutations concertées », des prêts de main d’œuvre à d’autres entreprises, des temps partiels, des congés sabbatiques et de multiples incitations par la hiérarchie poussant le salarié par tous les moyens à la démission tout simplement… Et, en cette période de stress qui s’était caractérisée par une vague de suicides mais, plus encore, par une vague générale de stress des salariés, lorsqu’un chef a ordre de mettre la pression sur un salarié pour le pousser à partir, c’est une pression très efficace.

Son efficacité a été chiffrée par le patron : 7500 départs sans avoir à pratiquer de plan social et sans du tout nuire aux actions suivantes pour licencier puisqu’il ne s’interdit même pas de fermer les sites en France… Et le gouvernement est content !!! Et Montebourg le présente comme un plan exemplaire !!!

Oui, Renault peut, momentanément, se passer d’un plan social pour licencier mais cela n’a rien d’un progrès social contrairement à ce qui est dit dans les média et par le gouvernement…

Renault pourra-t-il nous imposer de partir ?

Si on accepte, comme on l’a fait jusqu’à présent, à suivre les tactiques du patron, en laissant des syndicats signer des accords avec les patrons, si on considère ensuite ces accords comme des lois, alors oui le patron pourra détruire nos emplois tranquillement et sans heurt.

En effet, le dernier accord signé par certains syndicats (CFTC, CFDT et CC) va même permettre au gouvernement d’imposer la mobilité forcée. Cela signifie qu’un salarié qui voudra se soustraire à un changement de site sera immédiatement licencié. Et des prétendus syndicats ont signé cela ! C’est notre faute : on les a laissé participer à une négociation qui disait clairement ses buts dès le commencement. Quand on cessera d’assister passivement à la casse de nos emplois, quelque chose aura changé !

Ils ont négocié notre esclavage

Les négociations nationales patronat/syndicats/ gouvernement ont en effet rendu leurs fruits : vive la flexibilité des emplois, des salaires, des conditions de travail et des sites. Si on refuse de travailler au SMIC, comme, où et quand cela plait au patron, c’est la porte ! Tout cela soi disant pour éviter les licenciements. Et les patrons auront leur crédit d’impôt et des taxes sociales en moins, toujours sous le même prétexte alors que nous, on paie toujours nos impôts. Les syndicats CGT et FO ont voté contre, mais cela n’empêche pas que la réforme est votée.

Ces deux syndicats disent que, dès le départ, la négociation était truquée mais pourquoi l’ont-ils cautionnée en y participant ? Parce qu’ils sont copains avec le gouvernement de gauche et que celui-ci leur a demandé de les aider à cautionner les négociations, c’est-à-dire de contribuer à faire croire qu’un chantage avec prise d’otage serait une discussion de gentleman !!! Même en ne signant pas, ils ont crédibilisé la discussion à laquelle ils n’auraient jamais dû participer si ces dirigeants avaient, comme ils le prétendent, à coeur les intérêts des salariés.

Voilà où mène le syndicalisme de négociation, de proposition par opposition à la lutte de classe, à l’action directe, à l’opposition entre la classe des travailleurs et celle des capitalistes. Et, même s’ils organisent des petites actions de protestations, ces syndicats CGT et FO en restent à la nécessité selon eux, d’accords avec les patrons, et récusent la lutte de classe.

Est-ce qu’on ne devrait pas quand même faire de concessions pour sauver nos emplois ?

Reculer devant l’attaque frontale des patrons, les salariés de toutes les entreprises l’ont fait et cela n’a nullement sauvé les emplois ! Des propositions bien gentilles, la CGT de PSA Aulnay et Rennes en a faites, en déclarant d’ailleurs que le patron n’y perdrait rien, en répartissant le travail sur les sites. Du coup, au lieu d’annoncer 7500 suppressions d’emplois dans le trust, la direction de PSA en annonce 11500 ! Les propositions syndicales, les patrons les traduisent comme des reculs du camp des salariés et ils avancent. Le patron de Renault, qui a vu les syndicats accepter les « négociations » sur la flexibilité en a immédiatement conclu qu’il pouvait avancer dans son attaque : non seulement il exige la flexibilité des salaires, des emplois, des sites, des conditions de travail mais il annonce 7500 suppressions d’emplois en plus, indépendamment de la signature ou pas des syndicats !!! Et il a le soutien plein et entier du gouvernement dit de gauche, y compris Montebourg…

D’ailleurs, qu’est-ce qui ferait que les mesures proposées par le patron aide à défendre les emplois ? Est-ce que le fait que chaque salarié travaille plus dans les usines amènerait les emplois à être pérennisés ? Non ! Au contraire. Alors que la direction a prétendu que les sites de production travaillent bien en dessous de leurs capacités, pourquoi propose-t-elle d’augmenter la charge de travail de chaque salarié. C’est un mensonge cousu de fil blanc !!

La direction n’a cessé de mentir

Quand la direction s’engage qu’en cas de signature, elle sauverait les emplois, pouvons-nous la croire ? Est-ce que l’actualité récente ne nous a pas montré que le patron de Renault, comme celui de PSA, n’a pas cessé de mentir. Selon lui, le GPEC devait permettre 1600 embauches dans l’ingénierie tertiaire. Lui-même annonce qu’il n’y en a eu que 800 et les comptes des syndicats indiquent 600…

Les autres mensonges sont connus aussi : les ventes qui baissent mais c’est la direction qui baisse l’effort pour vendre, pour produire à temps, qui retarde les productions.

Les sites de production en baisse de capacité mais c’est la direction qui les met en chômage technique forcé.

Les baisses de profits tirés de la production mais c’est la direction qui désinvestit massivement de la production pour avoir du cash et jouer à la banque, pour spéculer, ce qui lui permet d’aligner des profits de 2,4 milliards d’euros alors qu’elle a fait chuter ainsi ses ventes de voitures. Mais la composition de ces bénéfices indique plus de la moitié de profits financiers et bancaires. La société de crédit de Renault explose ses profits. Renault serait devenue une banque ?

Mentir n’a jamais gêné les patrons de Renault, on l’a constaté dans les multiples affaires de salariés licenciés pour des motifs bidon, les fausses enquêtes, les faux espionnages, les suicides, les pressions sur les salariés pour qu’ils démissionnent, les licenciements à la moindre altercation entre deux travailleurs, etc… Croire à la parole du patron dans ces conditions, c’est tresser soi-même la corde pour se pendre !

Le GEPC a déjà montré qu’il n’empêchait pas les suppressions d’emplois puisqu’il est déjà à l’œuvre (103 salariés ont choisi une "période de mobilité" et les détachements intersites ont fortement augmenté pour atteindre 1 195 personnes en moyenne mensuelle dans le groupe en France). Tout cela n’a nullement empêché la direction de programmer déjà 7500 suppressions d’emplois. Ses mensonges sont grossiers même s’ils sont relayés par certains syndicats, ceux qui ont signé l’avenant au contrat de travail prévoyant le GPEC ou les négociations actuelles avec le patronat.

Ces mensonges ont été cautionnés aussi par les autres syndicats. N’oublions pas que même la CGT avait voté le Contrat social de crise, premier plan patronal après la crise de 2007 et avait voté la confiance en celui en qui on devrait le moins faire confiance : Carlos Ghosn, au conseil d’administration qui aurait dû reconnaître son rôle néfaste dans l’affaire des faux espionnages et des vrais licenciements…

En interne, la direction n’a-t-elle pas diffusé le nombre de 8250 suppressions d’emplois alors que dans les média, elle ne parle que de 7500 et qu’elle avait laissé filtrer le chiffre de 5700 une semaine avant. On voit qu’elle ment sur les chiffres des suppressions d’emplois comme sur les résultats de l’entreprise, comme sur les motifs de son attaque, comme sur la prétention qu’il ne s’agirait même pas d’une mesure antisociale mais d’un moyen d’éviter les licenciements. Licencie et ment, telle est la devise du patron !

Que cherche vraiment le patron de Renault en annonçant ces 7500 suppressions d’emplois ?

Ce n’est ni une mesure économique, ni un moyen d’éviter les licenciements en faisant jouer les « départs naturels » comme le dit la direction. C’est une opération politique et sociale qui s’intègre dans l’offensive patronale contre tous les travailleurs qui a lieu dans tout le pays, dans tous les secteurs d’activité. Les licenciements à PSA n’ont été que l’annonce de départ de l’attaque mais ce début a été suivi de bien d’autres.

Casser le moral des salariés ne s’arrêtera pas à ces 7500 suppressions d’emplois qui ne sont visiblement que le début d’une offensive. Il s’agit de prouver à la classe ouvrière son incapacité de réagir afin de mener ensuite des attaques de plus grande ampleur. Le résultat des négociations nationales patronat/syndicats/gouvernement donnent la direction : plus de CDI, plus de site de travail, plus d’horaires de travail, plus de grille de salaire.

Tout salarié pourra voir sa paie monter et descendre suivant les mois, suivant les charges de travail. Tout salarié pourra être ramené au SMIC pendant deux ans. S’il refuse, il sera licencié sur le champ. S’il accepte il ne pourra pas être licencié pendant les deux ans, mais pourra l’être tout de suite après, l’engagement sur l’emploi ne durant que sur deux ans…etc… etc… Voilà ce qu’on appelle l’ « accord syndicat/patron » sur la base duquel le gouvernement de la bourgeoisie va légiférer.

Mais si nous, salariés, que personne n’a consulté, on n’était pas d’accord !!!

Le patron de Renault veut supprimer 7500 emplois en France d’ici 2016 et surexploiter les salariés restant. Il l’a dit aux syndicats, rajoutant qu’il licencierait et fermerait les usines si les syndicats ne signaient pas l’accord de flexibilité qu’il veut imposer !

Renault prévoit donc de supprimer au moins 7500 emplois et PSA au moins 11500… dans un premier temps !

Après avoir touché des milliards de l’argent de nos impôts, les patrons de PSA et Renault jettent les salariés à la rue avec la complicité du gouvernement.

Ce dernier fait pression pour nous faire accepter de travailler tous au SMIC, selon les salaries, les horaires et les conditions de travail qui chanteront au patronat et patronat et gouvernement ont fait signer trois syndicats en ce sens.

Il est maintenant clair que Renault compte licencier massivement comme PSA, et comme tous les trusts et banques et que seule l’action commune des salariés des deux trusts, devenant le point de rassemblement des travailleurs et des chômeurs peut les faire reculer.

Dans cette perspective, fondons nos comités de défense des emplois, unissant salariés, précaires et chômeurs !

Ne soyons pas solidaires de l’entreprise quand son patron détruit nos emplois… N’acceptons pas que nos impôts aient servi à sauver les patrons de Renault et PSA et que leurs patrons osent nous jeter quand même à la rue ! Œil pour œil, dent pour dent, frappons le patron qui nous frappe !

Comment pouvons-nous faire reculer Renault ?

Si en sommes là, c’est qu’après l’attaque du patron de PSA, il n’y a eu aucune tentative sérieuse d’unir les salariés de l’Automobile, et d’abord de Renault et PSA, pour riposter ensemble. Tout a même été fait pour dissocier les deux situations, les deux entreprises, les deux groupes de salariés, alors qu’unis ils pouvaient représenter un pôle de regroupement pour une contre-offensive des travailleurs de l’Automobile s’adressant à l’ensemble de la classe ouvrière, chômeurs, sans papiers et précaires compris.

Au moment où il est enfin question de grève à PSA Aulnay, au moment où en même temps des grèves éclatent à Renault, notamment au Mans, contre les suppressions d’emplois et contre les chantages du patron, c’est une lutte unissant les travailleurs de Renault et de PSA qu’il faut mettre sur pied. Et on ne pourra pas compter sur les dirigeants syndicaux pour cela.

Il nous faut compter sur nous-mêmes. Le simple fait que les travailleurs décident de s’organiser eux-mêmes aurait un effet de coup de tonnerre dans le monde patronal et gouvernemental car les dirigeants syndicaux, ils savent qu’ils contrôlent bien leurs réactions, mais des comités de travailleurs, qui sait ce que cela peut donner ? Cela aurait un effet de crainte sur l’ensemble du patronat.

Ils essaient actuellement de nous prouver qu’ils ne nous craignent pas, que nous ne pouvons rien contre eux mais cela n’est pas vrai.

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