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La situation actuelle du capitalisme, est-ce une crise classique ou quoi d’autre ?

lundi 29 novembre 2010, par Robert Paris

Le terme de crise économique suffit-il à caractériser la situation qui a débuté en 2000 puis en 2008 ? Absolument pas selon nous. En effet, les crises économiques analysées par Marx n’étaient pas des maladies épisodiques du fonctionnement mais un mode de respiration du système, une forme de régulation. S’il y a énormément d’incompréhensions concernant le fonctionnement classique du système, il y en a encore plus sur la situation actuelle, le rôle des gouvernants étant surtout en ce moment de placer un écran de fumée devant la réalité pour éviter les risques révolutionnaires.

La comparaison entre la crise actuelle et celle de 1929 est-elle valable ?

La gauche réformiste a-t-elle raison de voir dans la baisse relative des salaires la cause de la crise ?

Comment se fait-il que les valeurs boursières soient montées follement en flèche et comment s’étonner qu’elles finissent par chuter ?

Faut-il croire des auteurs, comme ici Benoist Apparu, qui affirment que

"J’ai pourtant une conviction. Cette crise ne signe pas la fin ou la mort du capitalisme. Elle signe, à l’évidence, la fin du capitalisme exclusivement financier, de la dérégulation à outrance. Le capitalisme a besoin de règles pour fonctionner. Il a besoin d’être encadré pour ne pas dériver comme il dérive aujourd’hui. C’est la leçon que nous devons tirer à moyens et longs termes pour adapter l’économie de marché à cette réalité et que nous avions tous, moi compris, trop rapidement oubliée."

Un autre commentateur, Thieulloy (de) Guillaume, écrit :

"Depuis plusieurs mois, la « classe parlante » française a repris une vieille antienne, que l’on croyait oubliée, sur la mort prochaine du capitalisme. Mais, personne ne prend la peine de préciser de quoi on parle.

Le premier symptôme de cette mort prochaine du capitalisme, c’est que les déréglementations des vingt dernières années sont présentées par les médias et les politiques comme les principales causes de la crise actuelle. Quelles déréglementations ? Nous n’en saurons rien et nous ne pouvons qu’imaginer. À première vue, il semble que cette absence de précision vise à laisser penser que ces « déréglementations » sont, pêle-mêle, les privatisations, les abaissements de barrières douanières et l’accès plus aisé au crédit et les marchés boursiers « alternatifs » (ceux notamment sur lesquels on n’achète pas des actions, mais des paris sur des scénarios boursiers).

Deuxième symptôme de la fin prochaine du capitalisme : l’autisme des dirigeants, qui ne comprennent pas que s’octroyer des « parachutes dorés » et des stocks options en pleine crise les discrédite profondément. Et, de fait, depuis une semaine ou deux, chaque jour nous apporte son lot de mini-scandales de ce genre.

Enfin, le troisième symptôme tient au fait que les entreprises font désormais appel à l’argent public, mettant à mal les professions de foi libérales de leurs dirigeants.

Le problème, c’est que tous ces symptômes ne sont pas à mettre sur le même plan et n’annoncent pas la fin du capitalisme. Seulement l’impossibilité de poursuivre avec un modèle économique fondé sur l’endettement et le mépris de l’épargne. C’est-à-dire précisément le modèle que, paradoxalement, les « élites » s’acharnent à sauver !"

Il y a là plusieurs discussions différentes : à la fois sur les crises classiques et sur la crise actuelle.

Certains y voient une crise classique du capitalisme (surproduction), d’autres une crise du libéralisme ou même parfois un simple moyen de faire payer les travailleurs pour enrichir les capitalistes, un prétexte...

La crise actuelle peut être assimilée à un gigantesque champ de mines. La première à exploser fut la crise des subprimes durant l’été 2007 et on aurait pu croire à première vue que les choses allaient rentrer dans l’ordre, moyennant le versement de quelques milliards. N’en avait-il pas toujours été ainsi ? Mais l’effondrement des institutions bancaires depuis fin décembre a été la nouvelle mine qui a fait exploser toutes ces illusions. L’été 2008 a été vertigineux avec une succession de faillites de banques aux États-Unis et en Grande- Bretagne. Nous en arrivons au mois d’octobre 2008 et une autre des illusions avec lesquelles les bourgeoisies comptaient apaiser nos préoccupations vient de partir en fumée : ils disaient que les problèmes étaient immenses aux États-Unis mais que l’économie européenne n’avait rien à craindre. Soit. Mais les mines commencent à présent à exploser aussi dans l’économie européenne en commençant par son État le plus puissant, l’Allemagne, qui contemple sans réagir l’effondrement de sa principale banque hypothécaire.

D’où viennent ces explosions brutales de mines alors que tout semble « tranquille et serein » ? Elles sont le résultat de 40 années d’accompagnement de la crise, de palliatifs, qui sont parvenus à masquer les problèmes et maintenir plus ou moins debout un système aux prises avec des problèmes insolubles, mais qui, non seulement n’ont rien résolu, mais au contraire, ont aggravé les contradictions du capitalisme jusqu’à ses limites extrêmes et c’est maintenant, avec cette crise, que l’on voit apparaître les conséquences les unes après les autres.

Le capitalisme s’en sortira-t-il « comme il s’en est toujours sorti » ?

Cet aphorisme est une fausse consolation :

Les épisodes précédents de la crise avaient pu être « résolus » par les banques centrales en déboursant quelques milliards de dollars (une centaine lors de la crise des Tigres asiatiques en 1998). Les États ont aujourd’hui investi 3 000 milliards de dollars depuis un an et demi et ils ne voient toujours pas d’issue (14).

Les pires effets de la crise avaient jusqu’ici été circonscrits à quelques pays (Sud-Est asiatique, Mexique et Argentine, Russie), alors qu’aujourd’hui l’épicentre où se concentrent les pires effets se trouve précisément dans les pays centraux : États-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne... et irradient forcément le reste du monde.

Les épisodes précédents, en général et à l’exception de celui de la fin des années 1970, étaient de courte durée et il suffisait de 6 mois à un an pour apercevoir le « bout du tunnel ». Cela fait un an et demi que nous sommes dans cette crise et on n’aperçoit pas la moindre lueur. Au contraire, chaque jour, la crise est plus grave et la débâcle plus profonde !

Par ailleurs, cette crise va laisser le système bancaire mondial très affaibli. Le mécanisme du crédit se retrouve paralysé à cause de la méfiance généralisée, personne ne sachant vraiment si les « actifs » présentés par les banques (et les entreprises) dans leurs bilans ne sont pas de l’esbroufe. Les immeubles, les propriétés, les installations sont dévalorisés. Quant aux actifs financiers, ils ne sont, selon l’expression-même de Bush que des « actifs toxiques », du papier représentant d’incroyables dettes irrécupérables. Le capitalisme d’État « libéral » ne peut fonctionner s’il n’a pas des banques fortes et solides, l’économie capitaliste s’est à présent tellement accrochée à la drogue de l’endettement que si le système du crédit s’avère incapable d’apporter un flux d’argent abondant, la production sera paralysée. Le robinet du crédit est fermé malgré les sommes énormes allouées aux banques centrales par les gouvernements. Personne ne voit clairement comment va pouvoir se rétablir un système percé de toutes parts et qui perd ces organes vitaux - les banques - les uns après les autres. La course folle entre les États européens pour voir lequel pouvait donner le plus de garanties aux dépôts bancaires est une sinistre augure qui ne révèle que la recherche désespérée de fonds. Cette surenchère de « garanties » révèle précisément que rien n’est garanti !

Les choses sont donc claires : le capitalisme connaît aujourd’hui sa crise économique la plus grave. L’histoire vient de s’accélérer brutalement. Après 40 années d’un développement de la crise lent et heurté, ce système est en train de plonger dans une récession épouvantable et extrêmement profonde dont il ne se relèvera pas indemne. Mais surtout, dès maintenant, les conditions de vie de milliards de personnes se trouvent durement et durablement affectées. Le chômage frappe de nombreux foyers, 600 000 en moins d’un an en Espagne, 180 000 au mois d’août 2008 aux États-Unis. L’inflation frappe les produits alimentaires de base et la faim ravage le monde à une vitesse vertigineuse depuis un an. Les coupes salariales, les arrêts partiels de production avec les attaques qui en découlent, les risques qui pèsent sur les pensions de retraite... Il ne fait pas le moindre doute que cette crise va avoir des répercussions d’une brutalité inouïe. Nous ne savons pas si le capitalisme s’en sortira, mais nous sommes convaincus que des millions d’êtres humains ne s’en sortiront pas. Le « nouveau » capitalisme qui « sortira » de cette crise sera une société bien plus pauvre, avec énormément de prolétaires plongeant dans la précarité, dans un contexte de désordre et de chaos. Chacune des convulsions antérieures tout au long des 40 dernières années s’est soldée par une détérioration des conditions de vie de la classe ouvrière et par une amputation plus ou moins grande de l’appareil productif ; la nouvelle période qui s’ouvre portera cette tendance à un niveau bien supérieur.

Seule la lutte du prolétariat peut permettre à l’humanité de sortir de l’impasse

Le capitalisme ne va pas jeter l’éponge. Jamais une classe exploiteuse n’a reconnu la réalité de son échec et n’a cédé son pouvoir de son plein gré. Mais nous constatons qu’après plus de cent ans de catastrophes et de convulsions, toutes les politiques économiques avec lesquelles l’État capitaliste a tenté de résoudre ses problèmes non seulement ont échoué, mais elles ont en plus aggravé les problèmes. Nous n’avons rien à attendre des prétendues « nouvelles solutions » que va trouver le capitalisme pour « sortir de la crise ». Nous pouvons être certains qu’elles nous coûteront surtout toujours davantage de souffrances, de misère et nous devons nous préparer à connaître de nouvelles convulsions encore plus violentes.

C’est pourquoi il est utopique de se fier à ce qu’on nous présentera comme une « sortie » de la crise du capitalisme. Il n’y en a pas. Et c’est le système entier qui est incapable de masquer sa faillite. Etre réaliste, c’est participer à ce que le prolétariat reprenne confiance en lui, reprenne confiance en la force que peut lui donner sa lutte comme classe et construise patiemment par ses luttes, par ses débats, par son effort d’auto-organisation, la force sociale qui lui permettra de s’ériger en alternative révolutionnaire face à la société actuelle capable de renverser ce système pourrissant.

CCI (8 octobre)

Le point de vue de François Chesnais

a crise économique et financière en cours fait partie des « très grandes crises » dans lesquelles de nombreux processus convergent (1). Elle sera longue parce qu’elle a comme substrat une suraccumulation de capacités de production. Celle-ci se présente sous la forme d’une importante surproduction localisée dans des secteurs et des pays déterminés. Mais le cadre en est l’économie mondialisée. La suraccumulation de capacités de production s’accompagne d’une immense accumulation de capital fictif, de droits à valoir sur la valeur et la plus-value et de « produits financiers dérivés ». C’est dans la sphère financière que la crise a commencé. En ce sens elle est celle du régime d’accumulation à dominante financière ou financiarisé mis en place à la fin des années 1980. Elle met fin aussi à la période d’hégémonie mondiale sans partage des États-Unis à partir de la fin des années 1980 et à partir de 1992 en particulier. Tout a été mis en œuvre, et continuera à l’être, par le gouvernement états-unien pour essayer d’assurer la pérennité tant de l’hégémonie américaine que de la domination de Wall Street, des banques et les fonds de placement financier. La reprise actuelle n’est qu’un moment, peut-être court, d’un processus de crise économique s’étirant sur de nombreuses années.

Le long déroulement de la crise économique et financière se fera dans un contexte historique où elle sera l’un des aspects d’une crise bien plus ample, d’une crise de civilisation. Les travailleurs, les exploités et les dominés en font déjà les frais et le feront toujours plus. De façon immédiate, ils sont confrontés à un ensemble de mesures de la part des gouvernements et des entreprises, dont le but est non seulement de faire retomber le poids de la crise sur eux, mais d’utiliser la modification des rapports de force en faveur du capital qui résulte de la montée du chômage pour aggraver encore les conditions de l’exploitation. Dans un horizon temporel un peu plus lointain, les exploités et les dominés auront à faire face à l’interpénétration, dont on voit les premières expressions en Afrique et en Asie, entre la crise économique mondiale, la crise alimentaire qui frappe des populations très vulnérables et les impacts sociaux d’une crise du changement climatique, comprise comme crise des conditions de la reproduction sociale tenant aux écosystèmes planétaires et à la dégradation de la biosphère.

Mouvement du capital sans fin ni limites, préservation de la domination sociale de la bourgeoisie coûte que coûte

Toute discussion sur la crise, surtout dans une définition reposant sur une interpénétration globale de cet ordre, exige qu’on revienne sur la compréhension du capitalisme comme tel. Le capitalisme n’est pas simplement un système inégalitaire et injuste, un système marqué par des contradictions internes parce que reposant sur la propriété privée et l’appropriation massive de travail non payé prenant principalement la forme d’une plus-value naissant dans l’entreprise capitaliste. Nous devons nous prémunir de tout économisme, même appuyé sur des catégories théoriques marxistes, qui conduirait à voir les contradictions du capitalisme de façon distanciée. Un travail permanent d’appréciation, pour ainsi dire philosophique, du capitalisme est nécessaire, ainsi que l’obligation de placer la lutte des classes au cœur de l’analyse.

Le capitalisme n’est pas simplement un « système économique ». Il est aussi un système de domination sociale au profit de bourgeoisies oligarchiques et d’oligarchies bureaucratico-capitalistes, hiérarchisées au plan mondial, dont l’activité est entièrement tournée vers la préservation et l’accroissement de leur richesse et donc du pouvoir qui en est la condition. Nul besoin de leur expliquer que « l’histoire de la société jusqu’à nos jours n’a été que celle de la lutte des classes ». Pour elles, il y a là quelque chose d’inscrit dans les gènes de l’écrasante majorité de chacun de leurs membres. Il y a des moments où le reflexe d’une domination sociale à préserver à tout prix saute aux yeux. C’est bien sûr le cas des révolutions — révolution allemande de 1918, révolution de 1936 en Espagne, au Chili en 1971. Mais cette dimension resurgit aussi en temps de crise économique et financière grave. Sauver le système coûte que coûte a donc été le réflexe lorsqu’en septembre 2008 la faillite de Lehmann Brothers a menacé d’effondrement le système financier mondial tout entier.

Chaque génération lit et relit Marx, tant du fait de l’évolution historique que de sa propre expérience. Aujourd’hui, le Marx qu’il faut relire en militant-chercheur est, me semble-t-il, celui qui écrit dans les Manuscrits de 1857-58 que « le capital, en tant qu’il représente la forme universelle de la richesse — l’argent —, est la tendance sans borne et sans mesure à dépasser sa propre limite » (2). Ou encore celui qui dit dans le Capital que la « circulation de l’argent comme capital possède son but en elle-même ; car ce n’est que par ce mouvement toujours renouvelé que la valeur continue à se faire valoir. Le mouvement du capital n’a donc pas de limite. C’est comme représentant, comme support conscient de ce mouvement que le possesseur d’argent devient capitaliste. Sa personne, ou plutôt sa poche, est le point de départ de l’argent et son point de retour. Le contenu objectif de la circulation A—M—A’ [argent—marchandise—davantage d’argent], c’est-à-dire la plus-value qu’enfante la valeur, tel est son but subjectif, intime. Ce n’est qu’autant que l’appropriation toujours croissante de la richesse abstraite est le seul motif déterminant de ses opérations, qu’il fonctionne comme capitaliste, ou, si l’on veut, comme capital personnifié, doué de conscience et de volonté » (3). C’est de là qu’il faut partir dans l’analyse de la crise actuelle. En raison de la longueur exceptionnelle de la phase d’accumulation, qui remonte dans le cas des Etats-Unis à la préparation de leur entrée en guerre en 1942 et dans ceux de l’Europe et du Japon à la reconstruction des années 1950, et qui n’a pas connu de vraies interruptions, l’accumulation « l’argent circulant comme capital » ou y aspirant, est absolument gigantesque. Cet effet de dimension, démultipliée par la liberté de mouvement planétaire apportée par la libéralisation et la déréglementation, fait que l’argent devenu capital se dresse aujourd’hui face à la société comme une puissance dotée d’objectifs et d’un mouvement propres. Même confronté à la suraccumulation et à la surproduction, à une situation où la masse de plus-value produite par les entreprises ne peut pas être réalisée, il cherchera à assouvir sa soif illimitée de plus-value. Les obstacles rencontrés ne feront que l’exacerber.

Ce que l’on nomme la financiarisation est marquée par la place prise par les grandes banques, les sociétés d’assurance et les fonds de pension dans la configuration interne de la bourgeoisie des pays capitalistes centraux et dans leur poids dans la détermination au jour le jour des politiques économiques. Ainsi que cela nous est rappelé quotidiennement, aujourd’hui les dirigeants des Goldman Sachs et autres Morgan Stanley sont les premiers « représentants, supports conscients du mouvement de valorisation sans limite ». Le capital a toujours été marqué par sa profonde indifférence quant à l’usage social des marchandises produites ou de la finalité des investissements. On a vu ce que cela avait donné au cours de la Seconde guerre mondiale et de la mise en place des conditions technologiques de l’Holocauste. Lorsque le capital prend la forme de la « richesse abstraite » et que les institutions qui prétendent valoriser leurs avoirs en empruntant le « cycle raccourci A-A’ » dominent le mouvement de l’accumulation dans les pays les plus puissants, cette indifférence imprègne l’économie et la politique, même en « temps de paix » comme le nôtre l’est officiellement. On assiste ainsi à l’exploitation sans limite, jusqu’à l’épuisement, des « deux sources d’où jaillit toute richesse, la terre et le travailleur » (4).

Antagonisme à l’encontre des travailleurs, pillage des ressources naturelles, dégradation de la biosphère

Dans le cas d’un pays comme la France, les suicides au travail, ou plutôt les assassinats comme Hélène Cixous les a caractérisés (5), sont venus rappeler la profondeur de l’antagonisme du capital envers celles et ceux qui doivent vendre leur force de travail, que ce soit comme « simples salariés » ou comme cadres. Cet antagonisme est consubstantiel au capitalisme. Il est enraciné dans la recherche de la plus-value maximale et aiguillonné par la concurrence. Les legs de la crise des années 1930 et de la Seconde guerre mondiale ont obligé les entreprises de le modérer tant du fait de leurs propres priorités de reconstitution de leurs capacités de production que de rapports de force assez favorables au travail. Les politiques néolibérales et le changement dans l’identité des propriétaires du capital ont libéré cet antagonisme irréductible. Il a encore été avivé par la crise. Les travailleurs font face à celle-ci dans des conditions rendues particulièrement difficiles par la mondialisation du capital. L’un, sinon le plus important effet de la libéralisation et de la déréglementation, a été la mise en concurrence directe de pays à pays de travailleurs ayant une productivité du travail qui tend à se rapprocher, mais connaissant des rapports politiques et sociaux locaux qui permettent aux entreprises de les payer dans tel pays 5, 10 ou 15 fois moins cher que dans tel autre et de leur dénier les dépenses de salaire indirecte de protection sociale consenties ailleurs. En 1848, c’est au cadre national que Marx et Engels se référaient lorsqu’ils constataient dans le Manifeste du Parti communiste que « l’organisation du prolétariat en classe » était « sans cesse détruite par la concurrence que se font les ouvriers entre eux ». Aujourd’hui, les conditions historiques dans lesquelles s’est achevée la constitution du marché mondial, c’est-à-dire l’effondrement de l’URSS et l’incorporation de la Chine dans le capitalisme mondial, ont fait faire un saut qualitatif à l’intensité de cette concurrence, facilitant la mise en œuvre des nouvelles normes de « gestion des ressources humaines ».

Les crises de surproduction ont été présentées dès le XIXe siècle comme des crises de sous-consommation, causées par l’insuffisance des salaires versés et du pouvoir d’achat des travailleurs. Marx a donc été confronté à cette interprétation. Évidemment la surproduction est seulement relative, de sorte qu’elle traduit toujours une sous-consommation. Le capitalisme a besoin de salarié(e)s en tant que force de travail, puisque c’est de la valeur d’usage de cette force de travail que naît le surplus qui est à la base du profit. Il en a besoin aussi comme consommateurs. Le réflexe de chaque entreprise, contrainte par la recherche du profit et la concurrence, est de voir dans les salariés uniquement un coût qu’il faut réduire. Ce faisant elle contribue à « scier la branche » sur laquelle les entreprises sont collectivement assises. Logée au cœur du rapport entre le capital et le travail, cette contradiction possède, de façon objective et permanente, le caractère d’un antagonisme irréductible. La nécessité de prendre la question par ce bout est d’ordre philosophique et politique. Quitte à encourir une nouvelle fois le reproche de dogmatisme, je le cite : « la production est une production pour le capital et non l’inverse : les moyens de production ne sont pas de simples moyens de donner forme, en l’élargissant sans cesse, au processus de la vie au bénéfice de la société des producteurs. Les limites qui servent de cadre infranchissable à la conservation et la mise en valeur de la valeur-capital reposent sur l’expropriation et l’appauvrissement des producteurs. Elles entrent donc sans cesse en contradiction avec les méthodes que le capital doit employer pour ses propres fins, et qui tendent à faire de la production une fin en soi ». Il est illusoire de penser porter remède à un tel système par une meilleure répartition. Ce sont uniquement les circonstances historiques exceptionnelles de l’après-Seconde guerre mondiale qui ont permis que prévale transitoirement un partage de la valeur ajoutée qui a donné aux salariés la possibilité « d’aider le capital » à réaliser la valeur et la plus-value. Dans le cadre de la mondialisation, la production est redevenue pleinement une « une production pour le capital ». Le rapport capital-travail est redevenu radicalement antagonique.

Puis il y a l’antagonisme du capital à l’égard de la « nature ». Les « producteurs associés », après leur victoire sur le capitalisme, sauront « combiner rationnellement et contrôler leurs échanges de matière avec la nature ». Le capitalisme ne le peut pas. La période qui s’est ouverte va être dominée par l’entrelacement entre les dimensions sociales et écologiques de ravages provoquées par le mouvement de valorisation du capital. Il est indifférent au capital que le changement climatique en cours mette en cause déjà les conditions de la reproduction sociale dans un nombre croissant de parties du monde (6). Il est très difficile de dire aujourd’hui quels en seront les impacts sur le taux de profit et le taux d’accumulation. L’épuisement progressif et le renchérissement du prix des ressources de base critiques touchent pour l’instant les pays capitalistes, qu’ils soient centraux ou émergents, de façon différenciée. Ils constituent des facteurs affectant leurs capacités concurrentielles respectives. Ils provoquent des guerres et diverses menées impérialistes, dont l’enjeu est le pétrole et des minéraux rares. Il est probable qu’à un horizon temporel qui se raccourcit, les effets du changement climatique se poseront sous des formes brutales un peu partout dans le monde. Pour l’instant, ses effets sociaux se manifestent de façon inégale et différenciée dans l’espace mondial, posant ainsi une difficulté politique majeure. L’impact du changement climatique concerne de façon directe surtout des gens vivant dans des pays déterminés « du Sud », les plus pauvres et les plus vulnérables. Le « capitalisme vert » perçoit le changement climatique et les « énergies alternatives » comme une occasion de marchés et de profits (7). Les principaux protagonistes en sont les groupes mêmes du secteur de l’énergie qui sont au cœur des modes de production et de consommation responsables de l’émission des gaz à effet de serre.

Pour l’anticapitalisme, ce qu’il importe c’est de pouvoir expliquer face à la « décroissance » en quoi ce sont les rapports de production capitalistes qui sont en cause. La valeur et la plus-value créées dans le cours de l’exploitation du travail prennent la forme de marchandises, dont une partie même avec les services et « l’immatériel », sont des biens matériels. Le mouvement sans fin du capital suppose leur production et leur vente illimitées. Le « productivisme » et le « consumérisme » sont consubstantiels au capital et à la marchandise. Pour que l’autoreproduction du capital soit effective, il faut que le cycle de valorisation se referme avec « succès », que les marchandises soient vendues. Pour que les actionnaires soient satisfaits, il faut qu’une vaste quantité de marchandises qui cristallisent le travail abstrait contenu dans la valeur soit déversée sur le marché. Il est absolument indifférent que ces marchandises représentent réellement des « choses utiles ». Pour le capital, la seule « utilité » est celle qui permet de dégager des profits et de poursuivre le processus de valorisation sans fin. Les entreprises sont passées maître dans l’art de démontrer à ceux qui ont du pouvoir d’achat que les marchandises qu’elles leur proposent sont « utiles ». Si elles échouent alors, du point de vue du capital, « le travail qu’elles renferment est dépensé inutilement » (8). Si les entreprises réussissent, comme c’est largement le cas, à vendre à des gens des marchandises qu’ils vont entasser chez eux presque sans s’en servir, tandis que des centaines de milliers de personnes (pour s’en tenir à la France) vivent dans la misère, alors c’est du point de vue des travailleurs pris comme classe mais aussi de la société comprise comme entité distincte du capitalisme, ne faisant pas un avec lui, qu’il y une dépense inutile, un gaspillage social du travail.

La valorisation du capital moyennant la production et la vente de marchandises répondant à des besoins « fabriqués », représente simultanément une dépense inutile de ressources du sol et du sous-sol. Les atteintes toujours plus graves à la biosphère et aux écosystèmes très fragiles, ont pour ressort la valorisation du capital. Tant qu’elles n’affectent pas les conditions de l’accumulation moyennant des processus de rétroaction, le capital et ses mandataires politiques n’en ont que faire. C’est pourquoi, au moins pour l’instant, dans le cas des gaz à effet de serre, les avertissements des scientifiques n’ont abouti au plan politique qu’à des mesures, largement de façade, destinées à calmer l’opinion publique dans une partie des pays riches (essentiellement en Europe). Ce sont de mesures « respectueuses du marché » dont le poids financier tombera sur les salariés, ouvrant dans le cas du marché des droits à polluer de nouvelles occasions de placements spéculatifs (9).

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Déclin de l’investissement, mouvement du taux de profit, suraccumulation

La baisse de l’investissement, pendant près de vingt-cinq ans au plan mondial et plus de trente ans dans le cas des pays capitalistes centraux, ne renvoie pas l’image d’un système en expansion, mais plutôt d’un système dont nous, ou certains d’entre nous, aurions dit autrefois qu’il avait « achevé sa mission historique de développer les forces productives », pour n’être qu’un système marqué dans les mots de Lénine par « le parasitisme et la putréfaction ». Plus prosaïquement le graphique pose la double question de la relation de l’investissement fléchissant avec le mouvement du taux de profit d’une part, avec la suraccumulation de capital sous forme de capacités de production, de l’autre.

La question du taux de profit, de sa mesure et donc de sa baisse ou de sa hausse est traitée en détail dans d’autres articles. Elle a toujours été une question théorique provoquant au sein du marxisme de grandes polémiques. Le long mouvement de déclin de l’investissement paraît bien traduire une diminution des opportunités d’investissements ayant un niveau de rentabilité suffisant aux yeux des propriétaires du capital. Il peut donc être mis en relation avec la longue baisse du taux de profit calculée par Robert Brenner (13) et d’autres économistes dont Chris Harman résume les travaux. Il n’est pas en contradiction non plus avec le constat fait par Michel Husson que même lorsqu’il y a dans son mode de calcul le redressement du taux de profit, l’investissement continue à décliner. Il faut mesurer la portée de son long déclin et de ses implications sociales, humaines. Nous sommes confrontés à un système caractérisé par une soif illimitée de plus-value qui se heurte à une insuffisance de l’investissement dont il est lui-même la cause (14). Quand une force est aussi puissante que le capital l’est aujourd’hui et qu’il est incarné dans des formes très concentrées d’organisation capitalistes — les sociétés transnationales, les grands fonds de pension et de placement collectif et les appareils politiques et militaires d’État qui en défendent les intérêts — il ne peut qu’en résulter la barbarie sous de multiples formes.

S’agissant de la baisse du taux de profit les « causes qui contrecarrent la loi » et donc leur identification aussi précise que possible, sont aussi importantes que la tendance elle-même (je pense qu’on a intérêt à abandonner le mot « loi » avec tout ce qu’il suggère d’analogie avec les lois physiques). Prenons les six causes examinées dans le chapitre XIV du livre III du Capital, auxquelles on pourrait sans doute en ajouter d’autres. Commençons sans suivre l’ordre de Marx par le « commerce extérieur ». Sous ce sous-titre, Marx se situe évidemment dans le contexte du moment où il écrit. Il explore des hypothèses plutôt qu’il n’identifie une cause dont il peut dire avec certitude qu’elle contrecarre la baisse tendancielle. Il faudrait reprendre l’analyse dans le contexte actuel. En ce qui concerne la « baisse de prix des éléments du capital constant », il est certain que dorénavant la hausse des prix du pétrole et de nombreuses matières premières, sous l’effet de leur raréfaction, mettront fin aux attentes d’effets bénéfiques venant de ce facteur, car cette hausse ne sera pas compensée par la baisse du prix des équipements et des machines. Pour ce qui est de « l’augmentation du capital par actions », celle-ci a pu être un facteur agissant dans le redressement du taux de profit par son influence sur la centralisation et la concentration du capital (thèse de la « fonctionnalité de la finance » examinée plus loin), avant de se muer en source spécifique de contradictions. On en vient donc aux trois causes qui concernent le travail, « l’augmentation du degré d’exploitation du travail », « la réduction du salaire en dessous de sa valeur » du fait de la concurrence entre salariés de « surpopulation relative ». Toutes ont joué à plein depuis vingt ans dans le sens d’un rétablissement partiel du taux de profit, du fait de l’utilisation des technologies de l’informatique et des communications (TIC) et surtout de la mondialisation de l’armée industrielle de réserve. Dans le contexte de concurrence acharnée que la crise a rendu encore plus aigüe, les entreprises y auront plus que jamais recours.

Le long déclin de l’investissement est-il contradictoire avec la notion de suraccumulation de capital ? Considérée au niveau le plus général, la suraccumulation est toujours relative, par rapport aux possibilités d’absorption d’une demande façonnée par les rapports de répartition capitalistes. La suraccumulation a automatiquement pour « envers », pour ainsi dire, la sous-consommation. Je le répète, le choix du terme importe. Le terme suraccumulation pose plus directement la nécessité de transformer les rapports de production et de créer le cadre d’une primauté de la valeur d’usage sur la valeur. La sous-consommation peut ouvrir sur la « relance de la croissance » dans un cadre inchangé. L’analyse suppose un pas de plus. Dans toute grande crise la suraccumulation de capacités de production et la surproduction sont d’abord celles de secteurs et d’industries spécifiques. Le niveau d’analyse pertinent est sectoriel et souvent national. Dans des pays déterminés, certains secteurs (l’immobilier et le bâtiment aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Irlande, en Espagne) ou certaines industries (l’automobile dans les pays constructeurs anciens en Europe et aux États-Unis), sont en surcapacité évidente à la fois par saturation quasi-mécanique qu’en raison de politiques nationales. Dans d’autres, les surcapacités et la surproduction peuvent exister par ricochet (la machine-outil allemande par exemple). La mondialisation des investissements et des échanges conduit à des processus de propagation dont la rapidité ne traduit pas seulement l’interconnexion des économies mais aussi l’ampleur de la « suraccumulation relative globale », dont le cœur est aujourd’hui en Chine.

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La part des profits financiers dans le total des profits

Les deux graphiques ci-joints, l’un élaboré par Charles Michaloux et l’autre par la Monthly Review, offrent des expressions de ce qu’on nomme les « profits financiers » aux États-Unis, pays fournissant toutes les statistiques permettant de les calculer. L’un donne le rapport des bénéfices au stock de capital net pour les sociétés financières et non-financières ; l’autre la part des profits financiers dans le total du profit. Ceux-ci incluent une gamme longue et hétérogène de gains différents (21) : intérêts et dividendes, gains provenant de tous types de spéculations propres, commissions pour celles faites pour les clients, honoraires pour le montage des opérations de fusion-acquisitions et tous types de conseil financier. Pour caractériser les profits financiers, la notion de « profits fictifs » a été mise en avant par un groupe d’économistes brésiliens de l’Université fédérale d’Espirito Santo, Reinaldo Carcanholo, Paulo Nakatani et Mauricio Sabadini, qui sont parmi les rares personnes travaillant sur la notion de capital fictif (22). Leur travail est stimulant. J’ai exprimé mon désaccord avec l’idée que les « profits fictifs » auraient été un « nouveau facteur puissant venant contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit » (23). Seuls des facteurs affectant le taux d’exploitation ou le prix d’éléments constitutifs du capital constant ont ce pouvoir. Mais les deux économistes brésiliens ont bien mis le doigt sur la nécessité de d’examiner étroitement et de décomposer les profits des sociétés financières. The Economist estimait en 2008 que les « profits » tirés des commissions et autres frais de gestion de spéculations financières représentaient 27% des profits des 500 sociétés de l’index Standard & Poor. Contrairement à ce que soutient Michel Husson, il s’agit bien de profits virtuels résultant de la valorisation d’actifs financiers et non de transferts effectifs de plus-value vers le secteur financier.

Dernier point à soulever très brièvement. Celui de la fonctionnalité de la finance. Marx, Hilferding et ceux qui ont étudié la théorie du capital porteur d’intérêt après eux lui ont reconnu celle de faciliter les transactions commerciales (M et M’ dans la formule du cycle complet de l’accumulation) ; celle de mettre des sommes à la disposition des entreprise, sous forme d’ouverture de ligne de crédit, en vue de l’investissement ; celle de contribuer par des innovations organisationnelles, dont les sociétés par action ont été l’exemple type, à réunir des capitaux épars pour les gros investissements. Dans le premier cas, la vitesse à laquelle le crédit commercial est créé, payé et renouvelé fait qu’il ne donne pas lieu à la création de capital fictif. Ce n’est plus le cas pour le crédit à moyen terme où il y a création de capital fictif, ni comme on l’a vu plus haut pour les titres des sociétés par actions. La notion de fonctionnalité de la finance a été étendue aux formes par lesquelles le régime ou modèle de croissance néolibéral financiarisé cherche à boucler le cycle du capital et à s’assurer un certain degré de stabilité macroéconomique. C’est effectivement la finance qui les a conçues : consommation de luxe effrénée des riches ; développement par le système financier de modalités nouvelles de crédit aux ménages poussant leur degré d’endettement toujours plus loin ; invention de montages financiers comme la titrisation pour rendre « liquides » les créances ainsi créées sur le revenu des ménages, etc. On peut y voir la manifestation d’un degré très élevé de « fonctionnalité » de la finance. Ne serait-il pas préférable de les définir comme des réponses que la forme de capital se valorisant par le « cycle court » cherche à apporter au fétichisme et au parasitisme capitalistes qu’il pousse à son paroxysme ?

Le taux de profit mesure la rentabilité du capital total investi. Il indique comment ce dernier se met en valeur et exprime ainsi le degré d’accomplissement de la finalité capitaliste. De toutes les lois du capitalisme, c’est celle que Marx considérait comme historiquement la plus importante [1]. Ses fluctuations restituent deux dynamiques :

1) D’une part, les pulsations à court terme des cycles d’accumulation, composés successivement d’une période de hausse du taux de profit, puis d’une baisse, et se terminant par une récession (1954, 1958, 1970, 1974-75, 1980-82, 1991, 2001, 2007-08). Ce sont les cycles économiques typiquement étudiés par Marx dans Le Capital [2], cycles qu’il appellait « décennaux » [3].

2) D’autre part, les évolutions tendancielles du taux de profit à moyen terme qui dégagent quatre grandes phases d’une quinzaine d’années chacune : à la hausse (1951-66), à la baisse (1966-82), à nouveau à la hausse (1982-97), et vraisemblablement à nouveau à la baisse (1997-...) ... tendance encore à confirmer dans les années à venir pour cette dernière phase.

Cependant, ce n’est pas parce que le taux de profit chute à l’issue de chaque cycle d’accumulation que l’on est forcément en présence d’une baisse tendancielle du taux de profit, tout comme ce n’est pas parce que le réchauffement climatique et la saison d’été correspondent à une hausse de température que ces deux phénomènes partagent la même causalité : le premier est lié aux activités humaines, et le second à la rotation de la terre autour du soleil. Il en va de même pour le taux de profit : ni ses fluctuations à court ou moyen terme, ni les raisons de ces fluctuations ne doivent être confondues. Ainsi, les chutes récurrentes du taux de profit à l’issue des cycles d’accumulation peuvent prendre place au sein d’une tendance à moyen terme à la hausse ou à la baisse de celui-ci. C’est à moyen terme que la baisse tendancielle agit comme l’indiquait Marx dans Le Capital, et non à chaque cycle court [4].

Les fluctuations du taux de profit résultent de l’évolution respective du taux de plus-value au numérateur et de la composition organique du capital au dénominateur :

* Le taux de plus-value répartit le produit social entre les profits et les salaires : « …le pouvoir de consommation de la société … a pour base des conditions de répartition antagoniques qui réduisent la consommation de la grande masse de la société à un minimum variable dans des limites plus ou moins étroites. Il est, en outre, restreint par le désir d’accumuler, la tendance à augmenter le capital et à produire de la plus-value sur une échelle plus étendue » [5]. La dynamique d’investissement et les crises dépendent donc grandement de l’équilibre dans la proportionalité de cette répartition, comme l’explique Marx dans le livre II du Capital.
* La composition organique du capital mesure l’alourdissement en capital fixe lorsque les gains de productivité ne peuvent plus compenser les dépenses consenties pour obtenir les moyens de production.

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