mercredi 30 juin 2010, par
Comment se porte la crise fin juin 2010 ?
Où en est la crise ? Mais elle se porte très bien !
Fin juin, une première panique boursière a commencé avec une journée noire dans le monde initiée par une perte de confiance dans l’économie chinoise. Dans la foulée, on a appris que les banques européennes avaient eu elles aussi un accès d’inquiétude lié au remboursement qu’elles doivent faire dans quelques jours de leur prêt de la BCE. Du coup, elles ont reperdu confiance et refusent de se prêter entre elles. Conséquences : elles bloquent les avoirs et limitent les retraits. On revient à la crise bancaire ! En cause : leurs actifs sont surévalués car ce sont des actifs de la dette des Etats… Enfin, pour donner davantage une ambiance de crise, les dirigeants du monde n’ont pas pu s’entendre sur les mesures à prendre. Et, cerise sur le gâteau, une nouvelle crise type subprimes commence aux USA. Enfin, la récession guette à nouveau cette fausse reprise…
Les inquiétudes sur les banques européennes. Le rendez-vous est attendu depuis des semaines et pourtant : l’expiration, jeudi 1er juillet, d’un prêt exceptionnel accordé il y a un an par la Banque centrale européenne (BCE) aux établissements financiers de la zone euro met les marchés sous tension. Cette opération de refinancement sur douze mois, première du genre dans l’histoire de la BCE, avait vu plus d’un millier de banques emprunter le montant record de 442 milliards d’euros. Elles doivent maintenant rembourser cette somme. L’échéance est cruciale : avec la crise de la dette souveraine, les établissements rechignent à se prêter entre eux et les plus vulnérables, en Espagne notamment, sont très dépendants du "robinet" BCE.
L’institution tente de calmer le jeu en assurant que les banques pourront continuer à s’approvisionner à son guichet. Mais pour des prêts à plus court terme, de trois mois maximum. Une première opération devait avoir lieu mercredi. Selon le Financial Times, les instituts espagnols militent plutôt pour un renouvellement de l’offre sur douze mois. Une garantie plus sûre de financement à l’heure où se grippe l’accès aux liquidités. Mardi, le coût d’emprunt sur le marché interbancaire de la zone euro a atteint son plus haut niveau depuis neuf mois. Des signaux d’alarme sur les déficits. Vite, plus vite. L’alerte lancée lundi par la Banque des règlements internationaux (BRI) sur le dérapage des déficits a alimenté le stress des investisseurs. Tandis que le G20 prône une rigueur "à la carte" pour ne pas pénaliser la reprise, la Banque centrale des banques centrales souligne au contraire, dans son rapport annuel, "l’urgence" de mettre fin aux mesures de relance. Sans cet effort, un risque de "rechute" menace l’économie mondiale. La BRI pointe la "trajectoire insoutenable" que suivent les finances de plusieurs pays. La situation de la Grèce continue d’ailleurs de préoccuper les investisseurs. L’économiste Nouriel Roubini préconisait, mardi, d’engager "maintenant" une restructuration de sa dette ; une étape inéluctable.
La vigueur de la reprise américaine en doute. De la rencontre entre le président américain, Barack Obama, et le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, les investisseurs n’ont retenu qu’une phrase : "L’économie américaine fait face à des vents contraires." Les paroles rassurantes sur les signaux positifs de la reprise ont été occultées.Les investisseurs ne croient plus à une économie américaine dont le rebond suffirait à compenser les troubles de l’Europe.Et pour cause, malgré tous les stimuli à la croissance, le chômage se maintient à 9,7 % et inquiète les ménages américains. Mardi, l’indice de confiance des ménages aux Etats-Unis publié par le Conference Board a chuté à 52,9 points, après trois mois de hausse. Le marché avait déjà dû se faire à l’idée que la croissance américaine était moins vigoureuse que prévu. La hausse du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre a été à nouveau révisée à la baisse le 25 juin, à 2,8 %, contre une première estimation, fin avril, à 3,2 %. Le désenchantement de la croissance chinoise. Les marchés n’aiment pas les mauvaises surprises, encore moins les erreurs comptables. Mardi, l’indice composite du Conference Board sur les perspectives de croissance en Chine pour le mois d’avril a été revu à la baisse de 1,7 % à 0,3 % suite à une mauvaise comptabilisation des chiffres de construction. Lorsqu’ils l’ont appris, les investisseurs se sont affolés. Trop ? Certains analystes l’estiment.
Mais cette annonce valide la thèse selon laquelle l’économie chinoise connaîtrait désormais une phase de ralentissement. Et ce après avoir débuté l’année sur un rythme effréné à la limite de la surchauffe : une hausse du PIB de 11,9 % sur un an au premier trimestre. La Chine pourrait ainsi ne plus être en mesure de jouer les moteurs de la reprise mondiale. Mercredi, à contre-courant de la tendance générale, les Bourses d’Asie poursuivaient leur chute.
Certains commentateurs, membres des classes dirigeantes et gouvernants avaient tôt fait de prédire qu’on avait affaire à une crise comme une autre et que, la chute passée, il y aurait une remontée. Il suffisait d’attendre un peu et ils ont vite fait d’annoncer la reprise. Mais, voilà, où est-elle cette reprise ? Et la question est-elle celle d’une crise conjoncturelle et d’une reprise tout aussi conjoncturelle, ou, au contraire, celle d’une maladie fondamentale du système ? Et, dans ce dernier cas, est-ce que les éléments déterminants de la maladie sont-ils soignés et peuvent-ils l’être ? Est-ce que les investissements productifs privés sont repartis ? Est-ce que la seule reprise n’est pas celle de la spéculation ? Est-ce que la reprise des banques n’est pas uniquement fondée sur un prêt à bas prix de fonds d’états et d’institutions supra-étatiques et d’une spéculation sur ces fonds ? Est-ce que la chute des banques est enrayée durablement. Il suffit pour y répondre de voir que dès que l’on approche de la date échéance du prêt de la BCE aux banques européennes, celles-ci s’affolent comme les investisseurs. Est-ce que le fait que les Etats aient pris sur eux la dette privée suffit à résoudre le problème et n’est-ce pas seulement vers une faillite des états que l’on va ? Il suffit d’une nouvelle crise des banques et des bourses pour que les états se découvrent nus et incapables d’intervenir, ayant épuisé leur crédit. Ce qui est dit plus haut n’est-il pas dû à des prédictions pessimistes qui proviennent du parti pris de révolutionnaires ? La réponse est à chercher dans la presse économique, celle des patrons, qui ne peut être soupçonnée d’anti-capitalisme. Prenons, par exemple, « La Tribune » où nous lisons les titres suivants :
« Etat d’alerte sur la finance mondiale », ou « La BRI lance un SOS sur la dette des Etats », ou encore « Un semestre très secoué pour les marchés ». On y lit notamment « L’euro attaqué tous azimuts », « Les valeurs bancaires minent les indices ». Ce journal révèle que ce qui se porte bien c’est les intérêts de la dette : « L’attrait de la dette émergente se confirme » ou encore « Les fonds de LBO et autres spécialités du capital-risque ont retrouvé quelques couleurs ». « Le système financier reste vulnérable, prévient la BRI » écrit ce journal. Quant à la prétendue réforme de la finance mondiale, le même journal titre « avons-nous changé quelque chose ? »
Le journal "Le Figaro", tout aussi peu suspect de pessimisme anti-capitaliste titre sa page économie : "Le système financier reste très fragile", comme s’il y avait un système financier autre que le système capitaliste. C’est bien tout le capitalisme qui est sur la voie étroite vers l’abime.... Citons les La frénésie financière favorisée par des taux d’intérêts aussi bas finit par avoir des effets dévastateurs". Ah bon ! les mêmes n’avaient-ils pas dit qu’il fallait absolument des taux bas pour relancer le capitalisme ?
La nouvelle crise de l’immobilier vient à nouveau des USA : il s’agit de l’immobilier commercial. Le nouveau rapport de L’OCC, l’Office of Comptroller of the Currency, l’organisme gouvernemental de tutelle des banques US, dépendant du trésor américain, est sorti le 23 juin 2010. Intitulé « OCC and OTS Release Mortgage Metrics Report for First Quarter of 2010 », il fait le point sur les prêts immobiliers (non commerciaux) US, leur nombre, leur répartition par catégories et surtout, dénombre les saisies immobilières en cours. (Source ) Etant un organisme gouvernemental de contrôle des banques, ses données sont exceptionnelles sur le plan qualitatif, des données qui prouvent que l’économie US est en phase avancée de destruction, ceci en totale contradiction avec ce que l’on peut lire dans la presse. Pour commencer, il faut savoir que l’ensemble des crédits immobiliers non commerciaux aux USA représentent 5947,548 milliards de dollars soit plus de deux fois le PIB de la France. Or, ce rapport de l’OCC nous apprend que 87,3 % de ces prêts sont remboursés (voir tableau : encadré en rouge « current and performing ») ce qui signifie que 12,7 % de ces prêts sont actuellement en difficultés. Les USA se retrouvent donc avec une ardoise immobilière brute de 755,33 milliards de dollars. N’oublions pas que le 20 septembre 2008, Paulson le secrétaire au trésor, le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Ben Bernanke ainsi que Christopher Cox (président de la SEC) mirent au point le TARP, le Troubled Asset Relief Program permettant de racheter 700 milliards USD de MBS (mortgage-backed securities, un titre hypothécaire) afin de combler les dettes des institutions financières. Il faudra donc mettre en place un Tarp II, suivi d’un Tarp III car l’immobilier commercial est lui aussi en zone rouge selon un rapport publié par le COP, le Congressionnal Oversight Panel (Congrès US). Un énorme krach de l’immobilier commercial serait en effet en cours avec près de 1.400 milliards de dollars de crédits immobiliers commerciaux à refinancer sur 3 ans, soit près de 466,6 milliards de dollars à trouver par an, ce qui est pour ma part un montant sous évalué qu’il faudrait plutôt situer autour des 600 milliards. Les « petites banques » US n’y survivront pas et on assistera à une super concentration du secteur bancaire. Les USA auront donc, si tout va bien, près de 1200 milliards de dollars à trouver cette année pour sauver les banques du trou noir immobilier ! (Source ) Plus inquiétant encore, les procédures de saisies immobilières ont augmenté de 8,5 % au premier trimestre 2010 (malgré la renégociation, la modification de la plupart des prêts) avec 1 170 874 procédures. Il y a donc 12 866 procédures de saisies immobilières par jour aux USA, des milliers de familles jetées à la rue. Le nombre de SDF n’est pas prêt de diminuer (lire sur ce point précis : ici ) ! Il n’y a donc pas eu de miracle Obama ! Il faut rappeler que les Etats-Unis ont une dette totale (publique et privée) de 52 859 milliards de dollars soit 375 % du PIB US et plus que le PIB mondial qui va encore s’aggraver et devrait atteindre les 400 % en fin d’année. Heureusement que les agences de notations sont américaines car les problèmes grecs ne sont rien en comparaison !
"On peut s’attendre à ce que l’exposition à l’immobilier commercial entraîne de nouvelles pertes", a ainsi averti la BRI qui a tenu ce week-end son assemblée annuelle. Lors d’une conférence de presse lundi 28 juin, le directeur général de l’institut de Bâle, Jaime Caruana, a apporté de l’eau au moulin des annonces du sommet du G20 de Toronto, où les chefs d’Etat et de gouvernement ont recommandé ce week-end des mesures de relance différentes pour chaque pays. Si la crise financière de 2007 a démarré avec une crise de l’immobilier résidentiel, c’est au tour de l’immobilier commercial (entrepôts, bureaux...) aux Etats-Unis d’être source d’inquiétudes. Le secteur américain "a perdu plus d’un tiers de sa valeur par rapport à son pic et le taux d’impayés sur les prêts immobiliers commerciaux a dépassé 8%, soit le double par rapport à fin 2008", a estimé la banque centrale des banques centrales. 1.000 milliards d’euros de pertes et dépréciations Selon les économistes de la BRI, qui avaient déjà anticipé la crise financière, les pertes et dépréciations subies durant la crise des "subprime" ont atteint à la mi-avril 1.306 milliards de dollars (1.063 milliards d’euros), en grande partie comblées par les Etats. Les banques restent fragiles et le besoin de refinancement à court terme estimé à 3.000 milliards de dollars par la BRI, rend les banques potentiellement très exposées à une nouvelle crise. Pour l’institut de Bâle, seule les réformes engagées sous son égide visant notamment à réguler les fonds propres, les liquidités et l’endettement pourront sauver les banques. Le coût des réformes du secteur bancaire devrait rester "faible" pour les établissements financiers, a estimé Jaime Caruana. Ces projets inquiètent le secteur bancaire qui considère qu’ils risquent d’avoir un impact négatif sur leur activité.
Pour commencer, il faut savoir que l’ensemble des crédits immobiliers non commerciaux aux USA représentent 5947,548 milliards de dollars soit plus de deux fois le PIB de la France. Or, ce rapport de l’OCC nous apprend que 87,3 % de ces prêts sont remboursés (voir tableau : encadré en rouge « current and performing ») ce qui signifie que 12,7 % de ces prêts sont actuellement en difficultés. Les USA se retrouvent donc avec une ardoise immobilière brute de 755,33 milliards de dollars. N’oublions pas que le 20 septembre 2008, Paulson le secrétaire au trésor, le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Ben Bernanke ainsi que Christopher Cox (président de la SEC) mirent au point le TARP, le Troubled Asset Relief Program permettant de racheter 700 milliards USD de MBS (mortgage-backed securities, un titre hypothécaire) afin de combler les dettes des institutions financières.