Omar Bongo, dictateur du Gabon, l’ami de la France.
Mais c’est qui « la France » ? Ce n’est certainement pas les travailleurs !
Omar Bongo est mort et les chefs d’Etat des grandes puissances versent des larmes. Sarkozy est le premier à avoir une pensée pour toutes les bonnes affaires que Bongo a permises aux patrons français pendant 41 ans. A Total d’abord, mais aussi à tous les autres : les Bolloré, Bouygues, Eramet... Car, en plus du pétrole, ces trusts exploitent le manganèse, le bois, le transport portuaire et autres richesses multiples du Gabon.
A qui appartient le Gabon ? Certainement pas à son peuple qui ne reçoit même pas les miettes de l’exploitation du pays. Et la reconnaissance des capitalistes français, qui s’exprime par la voix du chef de l’Etat, s’est maintenue par delà les changements de gouvernement, de Mitterrand à Chirac et de Jospin à Sarkozy. Pendant que la population s’agglomérait dans des bidonvilles, que la santé, l’éducation, les transports étaient à l’abandon, des riches, gabonais comme français, se sont sucrés sur l’exploitation des travailleurs gabonais. Pourtant, les travailleurs gabonais se sont battus et ont même menacé en 1990 la pérennité de la dictature sociale. Si les travailleurs français l’ignorent c’est qu’ici « nos » organisations syndicales ou de gauche n’en ont pas soufflé mot, alors même que les capitalistes français et leur gouvernement se solidarisaient avec les exploiteurs et la dictature. Qui se souvient qu’en 1990 a commencé un mouvement de masse au Gabon, des travailleurs et des jeunes, pour renverser la dictature politique et sociale de Bongo et des exploiteurs français et gabonais ? Qui se souvient que ce mouvement a été battu notamment par une intervention militaire française ?
Bien des travailleurs ignorent d’ailleurs que, si la France apparaît plus pacifique, plus prospère, plus agréable à vivre, plus démocratique ou moins répressive que bien des pays dans le monde, c’est grâce aux profits de pillage de type colonial réalisés dans des pays comme le Gabon. L’ancienne puissance coloniale française n’en a jamais fini avec le temps des colonies. Non seulement, elle a gardé ses colonies les plus petites comme les Antilles, la Réunion, la Guyane, elle a gardé une certaine mainmise sur Madagascar et Haïti mais, surtout, elle a maintenu en place des régimes honnis de leurs peuples dans ses anciennes colonies d’Afrique. Et l’Afrique n’est pas un cas à part puisque c’est la France qui a soutenu le roi du Cambodge, Sihanouk, celui même qui, alors qu’il était le chef de l’Etat et « ami de la France », a cautionné et intronisé les khmers rouges responsables d’un génocide ! Et, aujourd’hui, le trust français Total continue à cautionner la dictature birmane avec la caution du gouvernement français, notamment de Kouchner.
C’est avec l’argent tiré de la surexploitation des travailleurs africains, des mines d’or du Mali, des mines de fer de Mauritanie, des mines de manganèse du Gabon, des mines d’uranium du Niger, des puits de pétrole du Gabon ou du Congo, que le capitalisme français dépassé depuis longtemps par d’autres grandes puissances, a pu se maintenir à flot. Mais le prix, ce sont les peuples qui l’ont payé. Les rejets de ces mines ont pollué les villages et villes d’Afrique sans que les prétendus écolos qui nous gouvernent ne s’en émeuvent. Les maladies dues au plomb, à l’arsenic, les cancers, les fausses couches, les déformations infantiles se multiplient dans des populations qui ne tirent aucun profit de l’exploitation de ces minerais. Et ici, personne n’est mis au courant de ce qui se passe. Qui se souvient que le trust qui a fait licencier les ouvriers mineurs de la mine d’or de Morila au Mali est Bouygues ? Qui se souvient que, suite à une grève, il a obtenu que ces mineurs soient incarcérés et condamnés ? Des Français s’étonnent parfois que l’Afrique fournisse toujours son contingent de travailleurs immigrés mais, si une partie de la jeunesse africaine ne rêve que de fuir le pays vers des eldorados occidentaux, c’est parce que ces pays occidentaux riches les ont pillé et continuent de les piller. Non seulement, il n’est pas question pour l’Etat et les capitalistes français de donner une compensation aux peuples d’Afrique victimes de la traite négrière, ni de rembourser le pillage colonial qui a suivi jusque dans les années 50, mais ce pillage continue… Et l’Etat français se donne les moyens politiques, financiers et … militaires, que cela dure toujours.
La gauche et la droite, les organisations syndicales, tous ceux qui prétendent parler en France au nom des travailleurs n’ont jamais vraiment remis tout cela en cause. Pas plus qu’ils ne mettent aujourd’hui vraiment en cause la volonté des capitalistes de faire payer aux travailleurs les frais de la crise. Comme on vient de le constater avec les journées d’action syndicales et de la gauche qui ont fini en queue de poisson. Alors, nous travailleurs, sans suivre nos prétendus représentants, défendons nous-mêmes nos propres perspectives.