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Mai 2009 : grève chez Total au Burkina Faso

mercredi 20 mai 2009, par Robert Paris

Le licenciement de Yacouba Ouédraogo, porte-parole des délégués du personnel de Total Burkina a jeté le pétrole sur le feu qui couvait déjà entre la société pétrolière française et ses employés burkinabè. En réaction, ces derniers ont depuis le 24 avril, cessé toute activité criant à un « licenciement abusif et discriminatoire ». Par solidarité et par mesure de sécurité, l’ensemble des gérants de stations-service Total du pays ont, eux aussi, cessé le travail.

Tout est parti d’un sit-in de 5 heures que les travailleurs ont observé le 27 mars, suite à la non-satisfaction de leur plate-forme revendicative, introduite auprès de leur direction, il y a un an. De l’avis des grévistes, le sit-in « d’avertissement » a déclenché l’ire de la direction de Total Burkina qui a décidé de sévir. Dans le viseur de la direction, Yacouba Ouédraogo, l’un des six délégués. Il aurait, selon ses propos, reçu le 23 avril sa lettre de licenciement, des mains de Stanislas Mittelman, le Président du Conseil d’Administration de Total Burkina, accouru à Ouagadougou deux jours plus tôt pour désamorcer la crise naissante.

La fin du silence total

Rompant le silence depuis début de la crise, le directeur général par intérim de Total Burkina, Thibault Flichy, a au cours d’une conférence de presse mercredi 29 avril, qualifié la grève d’illégale et a de ce fait considéré les grévistes comme ayant abandonné leurs postes. Réagissant au licenciement du porte-parole des délégués des travailleurs, il est, de l’avis de M. Flichy « conforme à la loi et à l’avis de l’inspection du travail ». Et son annulation réclamée par les travailleurs, semble improbable. Le licenciement de Yacouba Ouédraogo, porte-parole des délégués du personnel de Total Burkina a jeté le pétrole sur le feu qui couvait déjà entre la société pétrolière française et ses employés burkinabè. En réaction, ces derniers ont depuis le 24 avril, cessé toute activité criant à un « licenciement abusif et discriminatoire ». Par solidarité et par mesure de sécurité, l’ensemble des gérants de stations-service Total du pays ont, eux aussi, cessé le travail.

Tout est parti d’un sit-in de 5 heures que les travailleurs ont observé le 27 mars, suite à la non-satisfaction de leur plate-forme revendicative, introduite auprès de leur direction, il y a un an. De l’avis des grévistes, le sit-in « d’avertissement » a déclenché l’ire de la direction de Total Burkina qui a décidé de sévir. Dans le viseur de la direction, Yacouba Ouédraogo, l’un des six délégués. Il aurait, selon ses propos, reçu le 23 avril sa lettre de licenciement, des mains de Stanislas Mittelman, le Président du Conseil d’Administration de Total Burkina, accouru à Ouagadougou deux jours plus tôt pour désamorcer la crise naissante.

La fin du silence total

Rompant le silence depuis début de la crise, le directeur général par intérim de Total Burkina, Thibault Flichy, a au cours d’une conférence de presse mercredi 29 avril, qualifié la grève d’illégale et a de ce fait considéré les grévistes comme ayant abandonné leurs postes. Réagissant au licenciement du porte-parole des délégués des travailleurs, il est, de l’avis de M. Flichy « conforme à la loi et à l’avis de l’inspection du travail ». Et son annulation réclamée par les travailleurs, semble improbable. En effet, M. Flichy prête au syndicaliste « des propos totalement diffamatoires et mensongers à l’égard de la société dans la presse, dégradant fortement, très fortement notre image ». Comme si la politique du patron n’était pas ce qui dégrade l’image de Total ! Quelle belle image de ce trust français qui soutient toutes les dictatures du gabon à la Birmanie ....

A l’occasion de cette sortie médiatique, le directeur général par intérim de Total Burkina a brandi à l’opinion les « engagements forts » de son groupe à l’endroit de ses travailleurs : l’augmentation des salaires de base (salaires catégoriels et sursalaires) de 16% en moyenne entre le 1er octobre 2008 et janvier 2009, la dotation mensuelle d’une bouteille de gaz à chaque employé et le maintien de la prime de résultat dite de 14e mois. Il a, en outre, annoncé que la direction générale serait prête à mener une étude comparative des salaires en vigueur dans d’autres sociétés comparables de la place et à ajuster si nécessaire les écarts éventuels constatés. Et suivant une grille salariale, il sera mis en place un recueil dit de "disposition ressources humaines" avant le 30 juin 2009, en conformité avec les normes du groupe Total en la matière.

Concernant spécifiquement le paiement d’une prime exceptionnelle de 3 mois de salaire, au titre des résultats 2008 du Groupe Total au niveau mondial des primes, il a été rejeté par la direction de Total Burkina. Aucune directive, affirme M.Flichy, n’a été donnée dans ce sens ni au niveau du siège ni au niveau des filiales sous-régionales.

Pour réponse, le directeur français de Total-Burkina a déclaré la grève illégale (comme au bon vieux temps des colonies), décrété que les salariés avaient abandonné leur poste, et licencié leur leader syndical ! Et pour casser la grève, il a tenté de remplacer les grévistes par des agents venus de France et du Cameroun ou par d’autres ouvriers recrutés sur place via une société d’intérim... dirigée par un autre Français !

Dans un pays où la pauvreté est générale, le groupe Total considère que les travailleurs locaux sont quantité négligeable, qu’ils peuvent être taillables et corvéables à merci et remerciés quand bon lui semble. Le patron de Total-Burkina a multiplié les provocations, déclarant que les salariés étaient bien payés et qu’ils n’avaient aucune raison de se plaindre et a publié un salaire moyen fantaisiste. Pour les grévistes burkinabès, ce salaire-là était assurément calculé avec la paye... des expatriés français ! Enfin après avoir tout simplement licencié le délégué syndical, il a promis la dotation d’une bouteille de gaz mensuelle à chaque employé et quelques miettes salariales, alors que les grévistes réclamaient une prime exceptionnelle de trois mois de salaire. Autant dire que cela a provoqué la colère des grévistes et accru leur détermination d’un cran.

La grève des travailleurs de Total est significative d’une révolte qui règne dans le pays. L’an dernier, des émeutes de la faim avaient éclaté dans la capitale, Ouagadougou, et les grandes villes du pays comme Bobo Dioulasso. À l’époque, le gouvernement avait amorcé un recul, baissé les taxes à l’importation des produits de première nécessité, augmenté les salaires de 4 %, baissé le prix de l’essence de quelques centimes seulement. Ces mesures dérisoires n’ont eu, en fin de compte, aucun effet sur la population qui est quotidiennement confrontée à la vie chère. Aujourd’hui, un sac de riz coûte entre 17 500 et 23 000 francs CFA (environ 26 à 35 euros) soit l’équivalent d’un mois de salaire d’un employé dans un restaurant. Nombre de Burkinabès mangent une seule fois par jour. Bien que touchant un salaire, certains doivent multiplier les crédits, pour acheter une mobylette pour aller travailler ou simplement pour payer le loyer.

Au Burkina, le mécontentement s’étend à toutes les couches de la société. Une partie des paysans proteste car ils n’arrivent plus à vivre. L’avenir, il ne dépend que de leur lutte car les classes dirigeantes locales sont à la botte des trusts comme Total.

Les travailleurs des secteurs public, parapublic et du privé du Burkina Faso sont appelés à observer mardi et mercredi une “grève générale” à l’appel des centrales syndicales pour protester contre le renchérissement des produits de première nécessité.

“La grève aura bel et (bien) lieu mardi et mercredi parce que les réponses du gouvernement par rapport à nos préoccupations sont vraiment peu satisfaisantes“, a déclaré lundi à l’AFP le porte-parole des syndicats, Laurent Ouédraogo.

Les syndicats exigent du gouvernement la satisfaction d’une plate-forme revendicative libellée en six points, portant entre autres sur une augmentation des salaires et pensions de 25%, une réduction “significative et effective” des prix, ainsi qu’un contrôle des prix et de la qualité des produits de première nécessité tels que le riz, le mil, le maïs, le haricot, etc.

Ils demandent également une réduction des taxes sur les produits pétroliers, de l’impôt unitaire sur les traitements de salaires (IUTS), des taxes qui frappent les “petits commerçants”, les artisans, les prestataires de services et la suppression de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) sur les prêts bancaires.

Malgré l’annonce faite par le gouvernement vendredi “d’allonger” de trois mois supplémentaires les mesures de suspension des droits de douane, de suppression de la TVA sur certains produits de grande consommation, les responsables syndicaux ont maintenu la “grève générale“.

L’appel à la “grève générale” sur “toute l’étendue du territoire national” avait été lancé le 15 mars par six centrales syndicats et une quinzaine de syndicats autonomes à l’issue de marches-meetings contre la “vie chère” organisés par la Coalition nationale contre la vie chère.

Ces manifestations avaient rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les principales villes du pays.

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