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Qui crédite Le Pen ? La droite, la gauche, l’Etat, les classes bourgeoises ou petites bourgeoises, les appareils syndicaux, la crise ?

6 mars 2011, 22:04, par un socialiste

Lettre d’un militant socialiste, chômeur, à un élu socialiste

On a de très nombreuses excellentes raisons de prendre une nouvelle bonne raclée. Je ne citerai que ce calamiteux alignement du PS sur la loi Fillon portant à 41,5 années la durée de cotisation pour pouvoir prétendre à une retraite à taux plein. Des millions de personnes ont défilé, fait grève, manifesté, bloqué, etc. Et le PS propose à peu près la même chose que Sarkozy en changeant juste le baratin accompagnateur. Enfin même pas toujours. J’ai vu DSK répéter l’argument "puisqu’on vit plus vieux..." Tu imagines l’enthousiasme délirant de l’ouvrier du bâtiment ou de la femme de ménage, déjà bien abîmés à cinquante ans, qui écoutent un oligarque pansu pas fatigué par le travail tenir de tels propos ?

Moi, membre du PS, n’ai même pas envie de voter pour l’un ou l’autre des candidats à la candidature. Si même un militant socialiste n’a pas envie de départager X et Y, peux-tu entrevoir à quel point l’électeur lambda se désintéresse de la vie politique ? Aucun de nos candidats potentiels n’apporte l’espoir aux déshérités, aux laissés pour compte, aux salariés de plus en plus fragilisés, aux pas trop affectés mais inquiets pour leurs enfants. Aucun de nos candidats potentiels ne dit qu’il veut en finir avec l’argent idole de notre époque, aucun ne s’affirme vigoureusement anticapitaliste, aucun ne propose ne serait-ce que quelques bricoles susceptibles de changer un peu la vie des humbles. Et bien sur aucun ne propose simplement de "changer la vie" comme nous le disions jusqu’en mai 1981. Avec une poignée de camarades Gérard Filoche s’escrime à demander au PS la mise en avant quelques points basiques comme la hausse du Smic à 1600 euros mensuels, le maintien des 35 heures ou le retour à la retraite à 60 ans. Des bricoles qui ne font pas rêver, c’est sûr, parce que manquant d’ambition. Eh bien, même cela est encore trop demander au sein du PS.

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"Nous devons faire preuve de réalisme." Ou bien "C’est pas possible." C’est ce que je dois entendre chaque fois que je râle devant la médiocrité insipide de nos propositions comme chaque fois que j’avance la moindre idée.

La situation sociale n’est pas le fruit d’un caprice de dame nature contre lequel on ne pourrait rien. Il faut nommer les responsables, promettre de châtier les coupables avec sévérité, démonter les mécanismes qui appauvrissent les pauvres et enrichissent les riches. Rétablir la progressivité de l’impôt et taxer lourdement les hyper-riches. Citer les noms des Dracula qui vampirisent nos vies. Le silence du PS est assourdissant : jamais on entend les noms des ennemis des classes laborieuses. Bernard Arnaud, Vincent Bolloré, Gérard Mulliez, Michel-Édouard Leclerc, le grand capital de la Bourse, la finance banquière aux traders fous et le CAC 40.

Le peuple voit bien qu’on lui fait la guerre. Mais comme le PS ou les syndicats ouvriers ne lui disent pas qu’il s’agit d’une guerre de classe menée par les princes d’un capitalisme décomplexé, le peuple s’invente des ennemis qui sont nos voisins pas comme nous : les jeunes si on est vieux, les vieux si on est jeune, les hommes si on est femme, les femmes si on est homme, et puis aussi les noirs, juifs, musulmans, immigrés ou descendants d’immigrés, homos, étrangers et que sais-je encore puisque chacun est l’ennemi de tous et puisque Marine Le Pen, elle, nomme des ennemis parmi nous...
Tout cela parce que le PS ne veut pas dire que nous avons des ennemis, ne veut pas les nommer, ne veut pas les combattre.

Peux-tu comprendre la détresse des gueux que le PS refuse avec obstination de défendre ?

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