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Haïti : après le séisme, la révolte

11 février 2010, 20:28, par Robert Paris

Journal du Jura online :

Manifestants en colère en Haïti
Une manifestation a rassemblé à Pétionville, en banlieue de Port-au-Prince, plusieurs centaines d’Haïtiens qui dénonçaient la corruption et la mauvaise distribution de vivres, selon des témoins. Il s’agissait de l’un des plus grands mouvements de protestation depuis le séisme.

Frappant sur des seaux de plastique et brandissant des branches, les manifestants se sont dirigés vers la mairie de Pétionville pour accuser la maire Lydie Parent de retenir l’aide humanitaire. "J’ai faim, je meurs de faim. Lydie Parent garde le riz et ne nous donne rien. Ils ne viennent jamais distribuer là où nous vivons", a accusé l’un d’eux.

La plupart des manifestants étaient des femmes. Les agences humanitaires leur remettent les rations alimentaires afin d’éviter que les hommes ne dominent les sites de distribution, et car elles estiment que les femmes partagent davantage les vivres avec leurs enfants et leurs proches.

Certains Haïtiens dénoncent également la corruption, qui a entravé l’aide après le versement de dizaines de millions de dollars par les pays donateurs. Des sacs de riz à vocation humanitaire se retrouvent ainsi sur les marchés, un phénomène jugé inévitable par les ONG étant donné l’état de corruption à Haïti.

Le Matin Online :

L’Etat haïtien, sinistré lui aussi, cible de toutes les rancoeurs

Le président haïtien René Préval, le 22 janvier 2010 à Port-au-Prince.

Le palais national effondré, une administration publique à terre, le gouvernement d’Haïti a été sévèrement touché lors du séisme qui a fait plus de 217.000 morts il y a tout juste un mois, dont de nombreux cadres de l’Etat.

AFP - le 11 février 2010, 11h09

Le président René Préval a beau répéter que l’Etat ne s’est pas effondré, la destruction des principales structures de la capitale, dont une dizaine de ministères, a mis à nu la faiblesse d’un pays, le plus pauvre du continent américain.

Plus de 60.000 employés de la fonction publique sont au chômage forcé depuis le 12 janvier et les principaux organismes de l’Etat ne fonctionnent pas depuis un mois.

Le chef de l’Etat haïtien a depuis un mois pris ses quartiers dans un modeste commissariat de police proche de l’aéroport international de Port-au-Prince. "J’ai choisi cet endroit pour être plus près des amis qui viennent nous voir et pour recevoir l’aide humanitaire", a expliqué M. Préval.

Désemparé, le gouvernement haïtien a remis aux Etats-Unis les clés de l’aéroport de Port-au-Prince dans les jours qui ont suivi le séisme. Washington s’est retrouvé de facto aux commandes de l’organisation et de la distribution des secours avec les quelque 20.000 soldats envoyés sur zone.

Les GI’s se sont efforcés de sécuriser la distribution de l’aide au moment où le pays sombrait dans le chaos, les pillards parcourant les rues pendant que des milliers de détenus profitaient de l’effondrement de la prison de Port-au-Prince pour recouvrer la liberté.

Dans plusieurs pays d’Amérique latine, les Etats-Unis ont été accusés de chercher à envahir leur petit voisin en profitant du chaos provoqué par le tremblement de terre. Le pouvoir haïtien a démenti avoir bradé la souveraineté du pays.

Secoué par l’ampleur du séisme, le président haïtien, dont la résidence officielle a été également détruite, a dû faire face très vite à la colère des Haïtiens impatients face à la lenteur des secours.

Des groupes de manifestants n’ont pas hésité à chahuter un président très critiqué pour son mutisme. Sur certains murs de la capitale, des graffitis invitent le président à démissionner.

"Nous les Haïtiens, on adore Chavez et Obama", explique à l’AFP Frank Royemon, un jeune homme dont le bon niveau d’anglais lui a valu d’être enrôlé comme interprète par une équipe de journalistes américains. "Ca dépend des jours : un jour on préfère Obama, l’autre c’est Chavez. C’est eux qui devraient être notre président", ajoute-t-il.

"La situation n’est pas facile pour vous, elle ne l’est pas non plus pour le gouvernement qui travaille dans des conditions difficiles", se défend le président Préval, qui a invité ses concitoyens à la discipline afin de construire un nouveau pays décentralisé.

Au début, les conseils des ministres se réunissaient sous des arbres du commissariat, pour échapper à un éventuel effondrement en cas de réplique. Aujourd’hui, le Premier ministre Jean-Max Bellerive a distribué des tâches spécifiques à son gouvernement. Celui du Tourisme a ainsi été chargé de la reconstruction.

"Il ne s’agit pas de rebâtir ce qui a été détruit. Il s’agit de repenser un pays", a expliqué M. Bellerive dans un entretien à l’AFP. "Il faut reconstruire mieux, différemment, autrement. C’est-à-dire respecter les procédures de construction, respecter l’autorité de l’Etat".

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