vendredi 20 février 2015
Les travailleurs grecs ont exprimé leur opposition en rejetant les partis directement impliqués dans la négociation des conditions du renflouement : PASOK et Nouvelle Démocratie. Mais le principal bénéficiaire de ce sentiment de rejet a été SYRIZA, parti qui représente une section de la bourgeoisie grecque qui veut des remboursements encore plus grands de la dette pour éviter un effondrement économique et des altérations cosmétiques dans les termes de la réduction du déficit afin de faire taire l’opposition populaire. SYRIZA défend catégoriquement l’Union européenne et l’euro, tout en se présentant comme un opposant à l’austérité, mais la quadrature du cercle est impossible. L’austérité et les attaques toujours plus brutales contre la classe ouvrière sont une exigence faisant partie intégrante de l’UE des banquiers et de l’ordre capitaliste qu’elle défend.
La proposition de solution avancée par le Parti communiste grec (KKE), à savoir la sortie de l’euro et le retour à la drachme, est aussi véhiculée par de nombreux commentateurs internationaux. Mais cette solution laisserait quand même les travailleurs grecs à la merci des financiers internationaux et garderait intact le régime des capitalistes grecs, tandis que la valeur du logement des travailleurs, leur salaire et leur peu d’économies chuteraient immédiatement de quelque 80 pour cent.
Des couches toujours plus larges de l’élite dirigeante arrivent à la conclusion que la Grèce sera forcée de sortir de la zone euro. Certains se vantent en disant que c’est « gérable » et qu’il faudrait rouer de coups la Grèce jusqu’à en extraire le dernier euro de sa population. D’autres avertissent que la survie même de l’euro est menacée, avec la propagation de la contagion financière de par le continent européen et au-delà.
Cette dernière hypothèse est plus fermement ancrée dans la réalité. Les institutions financières mondiales sont exposées à la dette grecque pour un montant de 536 milliards d’euros, mais l’Institut de la finance internationale estime le coût réel global d’une sortie de la Grèce plus proche de 1,2 mille milliards de dollars, provoquant des « pertes fatales. » Le magazine Wirtschaft Woche dit qu’une sortie de la Grèce coûterait rien qu’aux gouvernements de l’eurozone 300 milliards de dollars et plongerait le continent dans une récession du type de celle des années 1930.
Plus grave encore, une sortie grecque accélèrera inévitablement l’effondrement d’économies plus grandes qui sont au bord du précipice, tels l’Espagne, le Portugal et l’Italie. La ruée sur les banques grecques qui ont déjà perdu plus d’un tiers de leur dépôt depuis 2010, indique les dangers à venir. Une mouvement généralisé de retraits bancaires peut se développer rapidement d’un pays européen à un autre.
Les travailleurs de Grèce et d’Europe se trouvent à présent face à l’échec du système capitaliste. Chaque « solution » proposée pour résoudre la crise économique actuelle, qui ne prend pas comme point de départ ce fait, comporte le danger d’une destruction sociale plus importante et d’une descente dans la barbarie.
LIRE AUSSI :
Pourquoi le système frappe mortellement le peuple grec ?
Par Robert Stevens
Il n’a pas fallu longtemps après l’accession au pouvoir de Syriza pour que soient démasquées ses prétentions radicales.
Pendant des années, les supporters de Syriza l’ont célébré comme un fanal dans la lutte contre l’austérité, un brillant exemple pour les travailleurs internationalement. Cependant, comme l’avait observé John Adams, le second président des Etats-Unis, dans une phrase restée fameuse : « Les faits sont têtus ; quels que soient nos souhaits, nos inclinations ou les voeux de nos passions, ils ne peuvent changer l’état de fait ni la preuve ».
Le caractère profondément bourgeois et officiel de Syriza se montre clairement dans son alliance politique avec le parti ANEL (Grecs Indépendants), une scission droitière et xénophobe du parti conservateur ND (Nouvelle Démocratie). La décision d’Alexis Tsipras, le dirigeant de Syriza, de former une coalition avec ANEL était sous tous les aspects, un choix. S’il l’avait voulu, Syriza aurait tout aussi bien pu former un gouvernement minoritaire et s’appuyer sur les voix du Parti communiste grec (KKE) et d’autres partis pour le soutenir dans ses principales initiatives politiques.
En s’alliant avec ANEL, Syriza cherchait à créer les meilleures conditions pour effectuer un virage politique à droite et voulait signaler à la bourgeoisie grecque et internationale que le nouveau gouvernement ne menaçait en rien ses intérêts fondamentaux.
On a confié le ministère de la Défense au dirigeant d’ANEL, Panos Kammenos, un homme très proche des militaires. Dans sa première déclaration en tant que ministre, Kammenos s’est engagé à trouver des fonds pour de nouveaux programmes d’armements, à maintenir les programmes actuels et à faire une revue des nouvelles menaces sécuritaires.
Syriza et Tsipras sont pleinement conscients des implications d’une telle nomination. Entre 1967 et 1974, la Grèce fut dirigée d’une main de fer par une junte militaire. Dans l’espace d’une semaine après avoir saisi le pouvoir, l’armée arrêta plus de 8.000 personnes à partir de listes méticuleusement préparées à l’avance. Des milliers de personnes ont subi d’horribles tortures aux mains du régime dans des camps spécialement conçus.
Kammenos qui a été député de ND pendant 20 ans a des relations étroites avec Panayiotis Baltakos, l’ancien secrétaire du conseil des ministres de l’ex premier ministre Antonis Samaras. L’année dernière Baltakos avait entamé le lancement d’un parti d’extrême droite, Rizes (Racines), basé sur « l’Eglise orthodoxe, les services de sécurité et les forces armées ».
Syriza fait ses propres ouvertures à ces forces. Dès la fermeture des bureaux de vote, le futur ministre de l’Intérieur, Nikos Voutsis, avait téléphoné aux chefs de la police et de l’armée. Le journaliste Paul Mason de Channel 4 News a rapporté que Voutsis leur avait dit, « Nous vous faisons confiance ». Mason a remarqué que cela était dit bien que « l’armée grecque et la police aient été organisées depuis la Guerre Froide pour réprimer l’extrême gauche, allant jusqu’à donner une formation politique à leurs officiers sur les périls du marxisme ».
Avant l’élection, Syriza avait annoncé son intention de dissoudre la police anti-émeute et de l’incorporer au reste de la police. Après son arrivée au gouvernement, cette promesse n’a pas duré une journée : un secrétaire d’Etat à l’Intérieur a annoncé que « la police aur[ait] des armes au cours des manifestations. »
Il est bien connu que le personnel de la police grecque se compose en bonne partie de partisans du fascisme. Dans l’élection de la semaine dernière, comme dans celle de 2012, entre 40 et 50 pourcent des policiers ont voté pour le parti fasciste Aube dorée.
La déclaration de Voutsis n’est pas de la naïveté politique. Il informe la police et l’armée que dans les circonstances d’une crise économique et sociale qui s’aggrave et confronté à l’inévitable apparition d’une contestation de masse dès qu’il commencera à imposer son propre programme d’austérité, Syriza aura recours à la force armée de l’Etat pour écraser l’opposition.
Dans la politique internationale, Syriza a signalé son alliance d’ensemble avec l’impérialisme européen en soutenant les sanctions contre la Russie à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, le 29 janvier. « Nous sommes d’accord avec l’opinion majoritaire, Nous ne sommes pas le mauvais garçon », a déclaré Nikos Kotzias, ministre des Affaires étrangères de Tsipras. Cet ancien membre du KKE avait soutenu l’écrasement du mouvement Solidarnosc par le régime stalinien polonais dans les années 1980.
En politique intérieure, les ministres de Syriza ont bien, lors de leur premier jour au pouvoir, essayé de faire des appels populaires en faisant un large usage du discours anti-austérité. Mais cela était présenté en termes nationalistes ; Tsipras a affirmé que son gouvernement serait un gouvernement de « salut national » et ce dernier a réservé ses invectives à une seule puissance impérialiste, l’Allemagne.
Syriza ne se préoccupe pas de mettre fin aux attaques contre la classe ouvrière grecque. Il se plaint des mesures d’austérité avancées par le gouvernement d’Angela Merkel parce que selon lui, elles nuisent tant au capitalisme grec qu’européen.
Le gouvernement Syriza en appelle aux pays européens, à l’Italie et à la France et surtout aux Etats-Unis, pour qu’ils encouragent le genre de stratégie de relance (l’assouplissement quantitatif) déjà annoncé par la Banque centrale européenne (BCE) – pour empêcher que se produise une nouvelle descente vers une récession mondiale. Son programme déclaré se fonde sur un appel aux créanciers internationaux pour qu’ils acceptent un gel temporaire de la dette grecque de €300 milliards en échange d’une promesse de maintenir un budget équilibré et de créer les conditions d’un remboursement ultérieur.
Signalant l’intention de Syriza de développer une politique économique ayant pour but de créer les meilleures conditions pour l’exploitation capitaliste, le vice Premier ministre, Giorgos Dragasakis, a dit jeudi, « L’économie grecque a beaucoup d’opportunités, notre gouvernement s’intéresse à attirer de nouveaux investissements….Nous préparons une longue liste de projets et d’opportunités d’investissement. »
Le même jour, le président Barack Obama félicitait Tsipras de son élection et disait que les Etats-Unis « en tant qu’amis et alliés de longue date, attendent avec impatience de travailler étroitement avec le nouveau gouvernement grec afin d’aider la Grèce à retrouver le chemin d’une prospérité à long terme ».
Syriza entrera nécessairement, dans un avenir proche, en conflit direct avec la classe ouvrière, dû à sa politique pro-capitaliste et pro-impérialiste. Soutenu par la cohorte des imposteurs politiques et des charlatans de la pseudo-gauche qui ont fait sa promotion au niveau international, son rôle est d’empêcher l’émergence d’un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière, de rendre confus et de désorienter les travailleurs et les jeunes, pendant que les couches les plus réactionnaires de l’Etat se préparent à un tel conflit.
En opposition au gouvernement dirigé par Syriza et à ses apologistes politiques, la classe ouvrière en Grèce doit se tourner vers la construction de son propre parti révolutionnaire...
Par Christoph Dreier
Après la réaction vivement négative des marchés financiers et des gouvernements européens au discours du premier ministre nouvellement élu Alexis Tsipras devant le parlement grec la semaine dernière, dans lequel il a répété certaines des promesses qu’il avait faites durant sa campagne, Tsipras et ses ministres des Finances et des Affaires étrangères se sont empressés de rassurer les banques et l’Union européenne (UE) que le gouvernement dirigé par Syriza n’allait pas faire marche arrière sur les coupes dans les services sociaux ni sur la coopération de la Grèce avec l’UE.
Il n’a fallu que Tsipras annonce prudemment qu’il allait annuler progressivement les coupes de son prédécesseur dans le salaire minimum ainsi que d’autres vagues promesses pour susciter un tollé dans les médias qui l’ont accusé de chercher l’« affrontement ».
La réalité est toute autre. Le ministre des Finances Yanis Varoufakis a dit à CNN que la réembauche des employés de l’État qui avaient été mis à pied n’allait toucher qu’« un tout petit misérable un pour cent de ceux qui ont perdu leur emploi ». Il a ajouté que « malgré les critiques que l’on peut faire de la zone euro, si l’on en fait partie, il faut s’efforcer d’y rester. »
Le gouvernement a rédigé un plan en dix points qu’il devait présenter mercredi à une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles. Ce plan vise à remplacer partiellement les accords précédents sur le remboursement de la dette et à offrir des garanties au budget fédéral grec au cours des six prochains mois.
Selon des reportages parus dans la presse grecque, le plan n’est pas considérablement différent du régime d’austérité que l’Union européenne a imposé à la Grèce. Le soi-disant « accord provisoire » laisserait intact 70 pour cent des mémorandums établis entre le gouvernement grec et la troïka (l’UE, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne).
À la place des 30 pour cent restants sur le plan de remboursement, Syriza s’engagerait à mettre en œuvre 10 réformes, dont on ne connait toujours pas le contenu. Elles seraient réalisées dans le cadre d’un accord avec L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Comme il s’engage à respecter la plupart des mémorandums sur le règlement de la dette, le nouveau gouvernement grec espère recevoir la dernière tranche d’aide financière de l’EU, soit plus de 7 milliards d’euros, ainsi que les profits que la Banque centrale européenne a générés avec les prêts à l’État grec. De plus, le gouvernement dirigé par Syriza demande que soit abaissé le surplus budgétaire primaire qu’il doit atteindre en 2015, voulant qu’il passe de 3 à 1,5 %.
Avec cet argent, le gouvernement de Tsipras veut garantir le paiement des obligations d’État jusqu’en juin. À partir de juillet, des paiements beaucoup plus gros arriveront à échéance. La dette totale de l’État grec s’élève à 320 milliards d’euros.
Le gouvernement précédent, dirigé par le parti Nouvelle Démocratie d’Antonis Samaras, avait déjà proposé une prolongation au plan de remboursement de la dette.
En proposant le soi-disant accord « provisoire », Syriza a affirmé qu’elle allait faire tout ce qu’elle pourrait pour garantir les paiements aux banques et aux créanciers et satisfaire les demandes des ministres des Finances de l’UE.
Certains articles font mention que le gouvernement proposerait entre autres de maintenir un organisme de contrôle pour surveiller le budget de la Grèce. La vieille « troïka », profondément détestée par la majorité de la population grecque, serait remplacée par un nouvel organisme qui siégerait à l’extérieur de la Grèce.
Jusqu’à maintenant, les représentants de l’UE ont rejeté les propositions du gouvernement grec. Un porte-parole de la Commission de l’UE a dit mardi que de nombreuses discussions prenaient place entre Bruxelles et Athènes. Aucune entente n’a toutefois été conclue.
Et la Commission européenne ne s’attend pas à ce qu’il y ait un accord après la réunion de mercredi ou après la réunion prévue lundi. Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a affirmé : « Je ne comprends toujours pas comment le gouvernement grec entend se débrouiller. »
Que Syriza accepte en grande partie le plan de remboursement de la dette va main dans la main avec son appui pour la politique étrangère agressive de l’UE. Le nouveau ministre des Affaires étrangères de la Grèce, Nikos Kotzias, un ancien fonctionnaire du Parti communiste grec stalinien (KKE) politiquement proche de Syriza, a développé sa position sur les questions de politique étrangère dans une entrevue avec Spiegel Online. Dans cette entrevue, il a déclaré qu’il appuyait la politique provocatrice de l’UE envers la Russie.
Kotzias a déclaré que la sécession de la Crimée de l’Ukraine et son intégration dans la Fédération de Russie, dans la foulée du coup d’État fasciste qui a porté au pouvoir à Kiev en février dernier un gouvernement aligné sur les États-Unis et l’Union européenne, étaient illégales. Il a défendu les sanctions qu’a imposées l’UE à la Russie. « Des sanctions si cela est nécessaire, oui », a dit Kotzias.
L’un des premiers gestes officiels du nouveau gouvernement grec a été de donner son appui à une intensification des sanctions imposées par les États-Unis et les puissances impérialistes européennes.
Kotzias a alors affirmé qu’il fallait garder un oeil sur la stabilité de la région. « La Grèce est au milieu d’un triangle », a-t-il dit. « L’Ukraine est en haut, la Libye à gauche et le Moyen-Orient à droite, à peine à 300 kilomètres de nous. Toutes les régions sont déstabilisées. »
Il a dit que son gouvernement voulait user de son influence sur des nations comme la Chine, l’Inde et la Russie pour protéger les intérêts de l’UE. « Nous voulons un pont… dont les fondations seraient dans l’Union européenne », a-t-il déclaré à Spiegel Online.
Mardi, Kotzias a rencontré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Mercredi, il s’est rendu à Moscou pour s’entretenir avec son homologue russe, Sergei Lavrov.
20 mars 2010
1. La crise de la dette grecque marque une nouvelle étape de la récession mondiale déclenchée par l’effondrement de la banque d’investissement Lehman Brothers en 2008. Les gouvernements de toute la planète ont réagi en déversant des milliers de milliards sur les banques criblées de dettes pour éviter un effondrement financier complet. En prenant l’initiative de faire payer les travailleurs pour le sauvetage des banques, ces gouvernements agissent pour le compte du capital financier. Leur tentative de ramener le niveau de vie des travailleurs à ce qu’il était il y a plusieurs générations entraînera une formidable montée de la lutte des classes en Europe et ailleurs. Comme le prédit l’agence de notation financière Moody’s dans un rapport publié le 15 mars, les mesures que les gouvernements devront prendre pour conserver la confiance des grands investisseurs mondiaux « exigeront inévitablement des ajustements fiscaux d’une ampleur qui, dans certains cas, mettra à rude épreuve la cohésion sociale ». Il faut noter que cette affirmation de Moody’s se trouve dans un rapport qui met ses lecteurs en garde sur le niveau dangereusement élevé des dettes aux États-Unis.
Dans ce contexte international, il est tout à fait évident que les grandes institutions bancaires mondiales ont stratégiquement isolé la Grèce pour en faire un exemple devant toute la classe ouvrière européenne. Force économique de second rang, comptant pour seulement 2 pour cent de la production totale en Union européenne (UE), avec sa dette élevée, la Grèce était une cible idéale.
Le directeur de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet a annoncé la fin des mesures de stimulus économiques le 3 décembre. Avant cela, la BCE avait accordé plus de 500 milliards d’euros aux banques pour qu’elles puissent prêter aux gouvernements et à l’industrie sans qu’elles en assument elles-mêmes les risques. Quelques jours après les déclarations de Trichet, les compagnies financières ont commencé à baisser la cote de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne, et les banques ont commencé à prêter plus difficilement. D’après le Financial Times, ils cherchaient « à renvoyer la Grèce vers l’austérité de l’Irlande ». Le gouvernement irlandais était alors en train de faire passer une série de mesures d’austérité, rédigées en mars 2009, malgré une vague de grèves et de manifestations.
Les investisseurs internationaux ont fait monter les taux d’intérêt pour la dette grecque et ont spéculé contre l’euro. Les bureaucrates de Bruxelles, Berlin et Paris sont descendus à Athènes pour exiger des coupes draconiennes. Ces mêmes gouvernements européens qui ont tous accordé à leurs banques des centaines de milliards du jour au lendemain en 2008 ont insisté sur le fait qu’il n’y avait pas d’argent disponible pour le déficit de 30 milliards d’euros de la Grèce, lequel devait être remboursé aux dépens des travailleurs.
Pour cela, ils ont compté sur la collaboration du gouvernement grec, assuré de sa lâcheté. Le premier ministre Georgios Papandreou, élu en octobre 2009, a rapidement abandonné ses cyniques promesses de campagne de « s’en prendre à cette énorme concentration de pouvoirs qui a créé d’énormes inégalités ». Il a demandé aux employeurs et aux syndicats de négocier les réductions à imposer aux travailleurs. Le 27 décembre, il a fait passer un budget d’austérité pour réduire les dépenses sociales de 10 pour cent, principalement par des réductions des dépenses de santé.
En janvier, voyant eux aussi les coûts de leurs emprunts augmentés, les gouvernements sociaux-démocrates des premiers ministres José Luis Zapatero en Espagne et José Socrates au Portugal ont établi des plans pour réduire les salaires, les retraites et le niveau des services publics.
En février, au cours des discussions sur un possible renflouage de la Grèce par l’UE ou le Fonds monétaire international (FMI), Papandreou a fait la tournée des capitales européennes, assurant les politiciens et les banquiers qu’Athènes se soumettrait à leurs exigences. Le 16 février, la réunion des ministres des Finances de l’UE a ordonné au gouvernement grec de donner des rapports réguliers à l’UE et à la BCE sur les décisions du Parlement grec et les progrès de son programme d’austérité.
Athènes a promulgué de nouvelles mesures d’austérité le 5 mars. Elles réduisent les salaires du secteur public de 10 pour cent, gèlent les retraites, et infligent des augmentations de taxes sur le carburant, les alcools et les cigarettes pour réduire le déficit de 4,8 milliards supplémentaires. Et malgré l’agressivité de ces coupes sombres, elles sont largement considérées comme inutiles. Le Financial Times a noté : « Perversement, elles pourraient aussi bien rendre les objectifs de déficit plus durs à atteindre. En l’absence d’une augmentation miraculeuse du commerce extérieur, la suppression à une si grande échelle de la demande publique aussi rapidement devrait faire se contracter l’économie grecque, fragilisant la base d’imposition. »
Une attaque paneuropéenne contre la classe ouvrière
2. Derrière la réduction des dépenses sociales et des déficits budgétaires, le but de l’aristocratie financière est de tester sa capacité à écraser l’opposition de la classe ouvrière. Écrivant au sujet de la Grèce, Le Mondea commenté : « les cercles financiers craignent que le gouvernement pourrait céder face à la pression sociale ». Les travailleurs d’Europe sont confrontés à des plans gouvernementaux d’austérité sociale et, en cas d’opposition populaire, à la menace d’un hold-up sur les prêts que font les banques aux gouvernements.
Le programme d’austérité irlandais sert maintenant de modèle à tous les autres. Son point principal inclut des réductions des salaires du secteur public allant de 12 à 22 pour cent, la réduction des dépenses sociales de 4 pour cent, et l’augmentation les taxes sur les carburants et les dépenses médicales à la charge des patients.
Le Portugal prévoit de réduire le déficit du pays de 9,3 à 3 pour cent du PIB pour 2013 par des réductions drastiques des salaires, des retraites et d’autres réductions budgétaires, et la privatisation des entreprises publiques.
L’Espagne prévoit de réduire les dépenses de 50 milliards, d’arrêter tout recrutement dans le secteur public, d’augmenter l’âge de la retraite de 2 ans, ainsi que d’augmenter la TVA.
La France a présenté un programme d’austérité sur trois ans en février, réduisant le budget de 100 milliards d’euros. Il vise à réduire le déficit budgétaire de 8,2 à 3 pour cent du PIB, et anticipe de nouvelles réductions des retraites.
D’autres états membres de l’UE sont confrontés à des problèmes financiers similaires à ceux de la Grèce. L’Italie, avec une économie sept fois plus importante que la Grèce, a le taux d’endettement le plus élevé de toute l’UE – 116 pour cent de son PIB.
Le déficit budgétaire de la Grande-Bretagne en 2009 pourrait se monter à 178 milliards de livres selon les estimations, soit 12 pour cent de son PIB.
L’Allemagne, où les exportations représentent 47 pour cent du PIB – comparé à 40 pour cent en Chine – a pu temporairement amortir l’impact de la crise économique en faisant financer les réductions d’heures de travail par l’État. Mais la crise va se faire sentir d’autant plus cette année. La Bundesbank a calculé que le déficit budgétaire augmenterait jusqu’à 5 pour cent du PIB en 2010. Berlin se prépare à réduire les dépenses annuelles de 10 milliards d’euros. Avec les dépenses militaires et les remboursements de dettes en augmentation, les économies ne se feront que par des coupes dans les dépenses sociales.
Le rôle de l’Union européenne
3. La crise de la dette dévoile au grand jour le caractère réactionnaire de l’UE. Faisant mentir toute la rhétorique creuse sur l’Europe « économie sociale de marché », les bureaucrates de Bruxelles agissent directement comme les outils des principaux intérêts financiers.
Les tensions nationalistes et les spéculations contre les pays de l’UE endettés ont mis le futur de l’UE et de l’euro en doute. Certains économistes ont recommandé à la Grèce d’abandonner l’euro, pour qu’elle puisse tenter de regagner sa compétitivité internationale en dévaluant sa monnaie nationale, tout en appauvrissant les travailleurs par l’inflation. D’autres suggèrent que l’Allemagne cesse de se servir de l’euro afin de réduire ses liens avec des pays endettés.
Par le passé, l’Allemagne a soutenu l’intégration de l’UE et son expansion par son importante contribution financière, calculant que ce serait un investissement profitable. Maintenant, elle est le pays parlant le plus fort contre l’assistance financière à la Grèce. Avec une arrogance que l’on n’avait pas vue depuis la période nazie, certaines sections des médias allemands ont dénigré la population grecque, considérée comme corrompue et feignante. En Grèce elle-même, les forces nationalistes excitent le sentiment anti-allemand pour cacher leur propre rôle dans la mise en place des attaques contre la classe ouvrière.
Le Süddeutshe Zeitung a résumé l’état d’esprit : « l’euro était censé amener l’Europe vers un nouvel âge d’or : la croissance, l’emploi, la prospérité. Mais douze ans après avoir dit au revoir à la monnaie allemande, il est maintenant clair que ces promesses n’ont pas été tenues… l’union monétaire est plus éloignée que jamais d’une union politique – tout au contraire, elle déchire l’Europe. »
Les banques exigeant des mesures auxquelles la population s’oppose dans sa grande majorité, certaines sections de la bourgeoisie européenne envisagent d’abandonner la forme démocratique de gouvernement. Il faut se souvenir qu’il y a seulement 35 ans, ces trois pays maintenant attaqués par les banques avaient des régimes autoritaires. Entre 1967 et 1974, une junte militaire brutale dirigea la Grèce, avec le soutien de l’OTAN. Au Portugal, la dictature fasciste établie en 1926 n’a été renversée qu’en 1974, et en Espagne il a fallu attendre la mort de Franco en 1975, 36 ans après la fin de la Guerre civile, pour commencer une transition de la dictature fasciste vers une démocratie bourgeoise à l’occidentale.
L’offensive de la classe ouvrière et le rôle des syndicats
4. La classe ouvrière a répondu à la campagne d’austérité européenne par des grèves sur tout le continent. En Grèce, deux millions de travailleurs sur une population de 11 millions ont pris part à une grève nationale le 24 février – un pourcentage de la population comparable aux grèves de mai-juin 1968 en France. Une autre grève le 11 mars a à nouveau mis des pans entiers du pays à l’arrêt. Des secteurs entiers de l’économie sont paralysés par les manifestations et les grèves chaque jour.
Les travailleurs des autres pays européens directement visés par les banques ont monté des grèves similaires. Au Portugal, un demi-million de travailleurs a participé à une grève contre le plan d’austérité du gouvernement le 4 mars. En Espagne, on estime que 200.000 travailleurs ont fait grève le 23 février contre les plans pour une augmentation de deux ans de l’âge de la retraite.
La seconde moitié de février a vu le début d’une grève à l’échelle européenne dans l’industrie aéronautique. En Allemagne, les pilotes de la Lufthansa ont fait grève, les contrôleurs aériens en France, et le personnel naviguant de British Airways au Royaume-Uni ont voté pour la grève à une grande majorité.
Ces actions montrent la puissante réserve de militantisme et la colère de classe contre les réductions qui se développent dans la classe ouvrière, même si elles se développent en l’absence de direction politique. Le caractère international de la vague de grèves souligne l’unité objective de la classe ouvrière. Non seulement les grèves se sont propagées dans toute l’Europe, mais elles ont eu lieu dans un contexte de militantisme montant aussi dans la classe ouvrière américaine – notamment les manifestations du 4 mars dans l’éducation, centrées sur la côte ouest des États-Unis.
La diffusion rapide des grèves n’a été arrêtée que par les syndicats, qui ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour détourner et canaliser les manifestations vers des voies sans issues. Après le vote en faveur de la grève, les syndicats à British Airways ont refusé d’appeler à la grève durant plusieurs semaines. La CGT française a annulé des grèves dans les raffineries, juste au moment où le manque de carburant commençait à se faire sentir. Les syndicats tchèques ont annulé une grève prévue pour le 4 mars dans les transports.
Cela reflète la politique syndicale de division et de sabotage des luttes ouvrières pour empêcher l’émergence d’un mouvement politique contre les coupes sociales des banques. « Les confédérations et les syndicats ont soutenu l’élection de ce gouvernement. Ce n’est pas nous qui voulons faire grève » a déclaré ouvertement le dirigeant du syndicat du secteur privé GSEE, Stathis Anestis, au World Socialist Web Site. Anestis a insisté sur le fait qu’il devait accepter les réductions : « ce que l’on accepte et ce qu’on n’accepte pas dépend de la situation où l’on se trouve. Quand on a le couteau sous la gorge, c’est une situation différente. »
Ces commentaires vont droit au cœur de la situation politique : les syndicats se solidarisent avec les marchés financiers contre les travailleurs. Cela reflète le développement de la bureaucratie syndicale en tant que section de la classe moyenne supérieure qui impose la domination politique de la bourgeoisie sur la classe ouvrière et est consciemment hostile aux travailleurs.
Ils dépendent de l’État pour que soient appliqués les contrats négociés avec les employeurs et pour créer les environnements juridiques dans lesquels les entreprises peuvent opérer en dégageant des profits. Ils acceptent le principe de la propriété privée des banques. Donc, lorsque les banques menacent de couper dans le financement de l’État, ils insistent auprès des travailleurs pour qu’ils cessent la lutte. Si les banques coupent les crédits à l’État parce qu’elles craignent les manifestations de la classe ouvrière, alors les représentants syndicaux « responsables » ne peuvent que tenter de limiter les manifestations et faire des propositions appropriées à la « situation où l’on se trouve » — c’est-à-dire acceptables aux yeux des banques.
Les syndicats jouent le même rôle à travers toute l’Europe. La CGT française travaille si étroitement avec le président Nicolas Sarkozy que les journaux français parlent de « l’alliance Sarkozy-CGT ». En Allemagne, le président d’IG Metall, Berthold Huber, a récemment célébré son 60e anniversaire à la chancellerie avec Angela Merkel, et divers ministres, hommes d’affaires et dirigeants syndicaux. Il n’y a pas d’illustration plus parlante de la fusion entre les syndicats, les entreprises et le gouvernement en une seule entité économique. Le PASOK et la traîtrise de SYRIZA
5. Même dans le langage de la politique bourgeoise, il n’est plus possible de décrire les sociaux-démocrates européens comme étant « de gauche ». Il s’agit d’une tendance pro-capitaliste droitière, participant aux attaques contre la classe ouvrière. En Grèce, le remplacement du gouvernement conservateur précédent par Papandreou a constitué un prérequis pour les coupes sociales, rendant plus facile aux syndicalistes de clamer qu’il n’y avait aucune alternative politique au programme d’austérité.
Il existe même des indications que l’installation de Papandreou a reçu un soutien bipartisan au sein de la bourgeoisie et a été perçue comme étant un facteur décisif pour pouvoir mettre en œuvre les coupes sociales nécessaires. Le premier ministre conservateur Kostas Karamanlis en a appelé à des élections intermédiaires à l’automne dernier, alors que sa propre défaite semblait inévitable. Comme prévu, Papandreou a gagné l’élection avec une rhétorique pseudo-gauchiste et des déclarations selon lesquelles il avait des plans pour un programme de relance de 3 milliards d’euros — des positions qu’il a immédiatement abandonnées en entrant en fonction.
En cela Papandreou faisait fidèlement écho aux politiques droitières de l’ancien chancelier social-démocrate allemand, Gerhard Schröder, qui a introduit des coupes sociales dévastatrices avec son Agenda 2010 et créa un vaste secteur de main d’œuvre à bas salaire. En cela celui-ci suivait l’exemple de Tony Blair, dont le programme de coupes sociales a fait du Labour Party l’instrument préféré des banques londoniennes de la City. Telle est aujourd’hui la marque de fabrique des partis sociaux-démocrates à travers toute l’Europe.
L’obstacle principal que les ouvriers ont devant eux pour avancer et se libérer de la camisole des syndicats et du réformisme social-démocrate est une couche d’anciens partis de gauche, tels que SYRIZA en Grèce, Die Linke en Allemagne, et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France. Provenant de sections de l’appareil d’Etat et de classes professionnelles aux antécédents staliniens ou pablistes, ils ont des décennies d’expérience pour ce qui est d’enfermer la classe ouvrière à l’intérieur des structures bureaucratiques existantes. Malgré leur succès électoral limité, ils jouent un rôle d’une importance décisive dans la politique bourgeoise.
Ces groupes font la promotion cynique d’espoirs, qui seront nécessairement déçus, que la social-démocratie puisse être convaincue de suivre une autre politique par des moyens tels que les grèves d’une journée menées par les syndicats. Alexis Tsipras, le dirigeant de SYRIZA qui accueillit l’élection de Papandreou en lui téléphonant pour le féliciter, a exécuté son propre virage à 180 degrés. Il a dénoncé récemment les mesures de Papandreou comme étant « injustes, brutales et criminelles ». Néanmoins, il s’est plaint ensuite que le gouvernement de Papandreou était en train « d’abandonner son idéologie socialiste » et en appelait à une lutte commune avec les syndicats.
De tels commentaires soulignent la malhonnêteté des conceptions politiques petites-bourgeoises de Tsipras. Déclarer qu’un agent des banques tel que Papandreou peut avoir une quelconque « idéologie socialiste » à abandonner — ou que les dirigeants syndicalistes aient des plans pour engager une véritable lutte — sont de grossiers mensonges. Le rôle de la « gauche » petite-bourgeoise européenne
6. Ces positions sont, néanmoins, celles soutenues en commun par l’ex-gauche européenne. En France, dans les dernières étapes avant les négociations du 15 février entre Sarkozy et la CGT sur les coupes dans les programmes de retraites, le dirigeant du NPA Olivier Besancenot en appelait publiquement à l’aide de la chef du Parti communiste Marie-Georges Buffet et de la dirigeante socialiste Martine Aubry, qui venait juste d’appeler à repousser l’âge de départ à la retraite !
En Espagne, Adolfo Barrena, porte-parole de la Gauche unie (IU), disait qu’il espérait que Zapatero allait « recommencer à regarder vers la gauche ». Il indiquait son soutien aux manifestations syndicalistes de l’UGT contre les coupes dans les retraites — tandis que le porte-parole de l’UGT, Julián Loriz révélait son manque d’opposition de principe aux coupes de Zapatero en se plaignant qu’elles « intervenaient à un moment et d’une façon inappropriés ».
Bien qu’ils se cachent derrière des formules convenues, ces partis acceptent la nécessité de coupes sociales. Leur perspective commune est qu’une version réduite de l’Etat providence peut être maintenue, si la bourgeoisie peut être persuadée de revenir à la politique monétaire accommodante qu’elle menait avant la crise de la dette. Ceci est accompagné par des appels à réformer l’UE, comme une augmentation des dépenses et du contrôle sur la Banque centrale européenne.
Dans un discours de janvier 2010 au Conseil des présidents de la gauche européenne à Berlin, Tsipras proposait « Un pacte pour la justice sociale, la solidarité et la viabilité, contre la folie du Pacte de stabilité ; pour le contrôle politique de la Banque centrale européenne ; la possibilité de prêt direct en faveur des Etats membres et l’introduction de bons européens… le renforcement du budget européen contre l’absence de solidarité ».
L’année dernière François Sabado du NPA écrivait plus franchement : « L’Europe pourrait constituer le cadre fonctionnel d’une relance keynésienne. Pourtant, les politiques de l’Union européenne illustrent bien l’incapacité des classes dominantes à impulser un tel tournant. (…) [Les gouvernements] n’ont pas l’intention d’imposer de nouvelles normes financières ou de contrôler effectivement le crédit pour lancer l’activité ». Sabado appelait à la « fin de l’indépendance de la Banque centrale européenne ».
De telles propositions sont incohérentes et réactionnaires. En l’absence d’un regain de la production, faire imprimer de la monnaie pour des sauvetages de banques et le règlement de prestations sociales limitées finira par un appauvrissement des travailleurs par l’inflation. Et surtout, ces propositions évitent la question principale. Les travailleurs peuvent-ils défendre leur niveau de vie sans prendre le contrôle des banques, de la production et du pouvoir étatique ? Ceci est lié aux tentatives des ex-gauchistes de poser en tant que « radicaux » ou « anticapitalistes » sans répondre à cette question : Pour ou contre le socialisme révolutionnaire ?
En fait, ces partis veulent entrer dans des gouvernements pour y mettre en œuvre une politique hostile à la classe ouvrière. Une expérience majeure a été la Rifondazione Comunista italienne, qui participa au gouvernement Prodi en Italie en 2006-2008, où elle apporta des votes clés pour les coupes dans les retraites et le déploiement des troupes en Afghanistan. L’ex-gauche constitue tout au plus l’aile gauche des banques. Pour un programme socialiste
7. Le capital financier et la social-démocratie imposent des coupes sociales non à cause de leur force, mais du fait de l’absence de partis de la classe ouvrière. L’opposition populaire est rendu perplexe et paralysée par les mensonges des syndicats et de l’ex-gauche. La lutte contre les plans de la bourgeoisie pour appauvrir l’Europe nécessite de rompre avec toutes les formes du stalinisme et de l’opportunisme.
L’ex-gauche a créé un brouillard de mensonges autour du socialisme, dans une tentative pour isoler les travailleurs de la compréhension de leur propre héritage politique. Pour mettre en place les positions autour desquelles les travailleurs pourront développer une opposition aux coupes sociales, le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) formule les revendications suivantes :
* Pas de licenciements ou perte de pouvoir d’achat
Les affirmations du capital financier et de ses agents dans la social-démocratie et l’ex-gauche qu’il n’y a pas d’argent sont des mensonges. L’argent a été extorqué à la classe ouvrière par des décennies d’austérité et de désindustrialisation. Les ressources ne doivent pas aller à la rémunération des intérêts du capital, mais être utilisées pour satisfaire les besoins sociaux des travailleurs.
* Nationalisons les banques
La plus élémentaire défense des intérêts de la classe ouvrière nécessite le contrôle public des banques. Entre des mains privées, les banques ruinent des pays à volonté, bloquent les prêts pour faire monter les taux d’intérêts selon leurs intérêts politiques, affament en crédit l’industrie et supervisent une spirale universelle de déclin du niveau de vie au nom de la « compétitivité ». Pour s’acquitter de sa fonction — fournir des financements pour développer la production et le commerce — l’industrie financière doit être retirée des mains des intérêts privés et placée à la disposition des travailleurs.
* Aucune confiance à l’ex-gauche. Pour le socialisme révolutionnaire
L’obsolescence du principe de la propriété privée dans les centres de directions de l’économie montre la nécessité du socialisme. Toutefois, les travailleurs seront pieds et mains liés au diktat des banques aussi longtemps qu’ils ne rompront pas avec la social-démocratie, les syndicats et leurs apologistes de l’ex-gauche. Il n’existe pas d’alternative à la construction de partis socialistes révolutionnaires pour lutter afin d’obtenir le pouvoir. La nationalisation des banques et de la grande industrie servira les intérêts des masses seulement si le pouvoir d’Etat est entre les mains de la classe ouvrière. Les travailleurs ne peuvent pas avoir plus de confiance en un gouvernement de l’oligarchie financière qu’en un oligarque en tant qu’individu.
* Pour des Etats unis socialistes d’Europe
Des tensions croissantes à l’intérieur de l’Europe et des discussions sur une possible dislocation de l’euro soulignent la banqueroute du projet de l’UE. Elles font peser la menace d’une désastreuse balkanisation de l’Europe, qui poserait les bases pour des guerres commerciales entre des blocs économiques européens et en fin de compte, pour la guerre elle-même. Les travailleurs européens doivent répondre par une lutte internationale pour un gouvernement unifié européen d’Etats ouvriers, en tant qu’étape vers l’établissement du socialisme mondial.
* Pas un centime pour la guerre
Les guerres étrangères, telle que la guerre de l’OTAN en Afghanistan sont le ferment d’une atmosphère politique toxique qui divise les travailleurs en attisant le nationalisme d’extrême droite et la haine à l’encontre des immigrés. En plus de produire des atrocités à répétition, ces guerres accaparent des ressources dont le besoin se fait désespérément sentir dans le domaine social. S’y opposer est essentiel pour établir l’unité de la classe ouvrière européenne et sa solidarité politique avec les travailleurs des pays islamiques et avec ceux des Etats-Unis.