Accueil > 12- Livre Douze : OU EN SONT LES GROUPES REVOLUTIONNAIRES ? > Barbarie ou révolution socialiste
Barbarie ou révolution socialiste
mercredi 31 janvier 2024
La classe ouvrière, la lutte contre la barbarie capitaliste et la construction du Parti mondial de la révolution socialiste
La résurgence de l’extrême droite et l’effondrement de la démocratie dans le monde
1. Alors que le génocide est ouvertement adopté comme instrument de la politique dans l’assaut israélien lancé contre Gaza et soutenu par l’impérialisme, et que la mort en masse a été normalisée dans la réponse de la classe dirigeante à la pandémie, les mouvements fascistes et autoritaires font à nouveau partie du paysage politique dominant dans le monde entier. En l’absence de toute réponse véritablement anticapitaliste de la part des organisations de la classe moyenne et de la pseudo-gauche face à l’intensification de la crise économique et à la détérioration du niveau de vie, les gains politiques sont engrangés par l’extrême droite.
2. Dans les premiers jours de la nouvelle année, les commentaires se sont multipliés dans les médias bourgeois sur la situation périlleuse des formes démocratiques de gouvernement en 2024 : « Une année décisive pour la démocratie dans le monde » (Time magazine) ; « 2024 : une vague d’élections avec la démocratie mondiale en ligne de mire » (Washington Post) ; « 2024 pourrait être une année très difficile pour la démocratie » (New Yorker) ; « Pourquoi 2024 pourrait être l’année la plus importante pour la démocratie à ce jour » (The Economist) ; ou « La démocratie peut-elle survivre en 2024 ? (Financial Times).
3. Les commentaires notent qu’en 2024, il y aura entre 70 et 80 élections distinctes dans le monde, auxquelles participeront environ 4,2 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale. Cela inclut l’élection présidentielle aux États-Unis, ainsi que les élections en Inde, dans l’Union européenne, au Royaume-Uni, au Mexique, en Indonésie, au Bangladesh, en Afrique du Sud et dans des dizaines d’autres pays.
4. Au milieu de toutes ces élections, le cadre des institutions démocratiques bourgeoises s’effondre. « Société après société, les valeurs antilibérales et les hommes politiques qui les défendent gagnent du terrain », écrit le Washington Post. « De nombreux gouvernements élus semblent déterminés à saper les principes fondamentaux du projet démocratique, depuis la liberté de la presse jusqu’à l’indépendance d’institutions telles que le pouvoir judiciaire, en passant par la capacité des partis d’opposition à rivaliser équitablement avec l’establishment au pouvoir ». Le Financial Times écrit : « L’Initiative mondiale sur l’état de la Démocratie de l’Institut international pour la Démocratie et l’Assistance électorale de la Suède a constaté que 2023 marquait la sixième année consécutive de recul de la démocratie dans la moitié des pays, le plus long recul depuis le début de l’enregistrement des données en 1975 ».
5. Mais les médias capitalistes ne proposent nulle part une analyse historique des processus politiques sous-jacents à cette « crise de la démocratie », et encore moins un examen des facteurs sociaux fondamentaux à l’origine de l’évolution vers la dictature et l’autoritarisme.
6. Le renforcement de l’extrême droite est un phénomène universel. Les élections américaines de cette année se tiendront trois ans seulement après le coup d’État fasciste du 6 janvier 2021. Trump, le principal candidat à l’investiture du Parti républicain, est actuellement en tête des sondages dans toute compétition avec Biden. Pour les élections européennes de juin, les sondages actuels prévoient que le groupe d’extrême droite Identité et Démocratie, qui comprend le Rassemblement national de Marine Le Pen en France et le parti fasciste Alternative pour l’Allemagne (AfD), remportera suffisamment de sièges pour devenir le troisième ou le quatrième parti au Parlement européen.
7. L’année dernière a vu, en novembre, l’élection en Argentine de la personnalité fasciste de la télévision Javier Milei, et l’ascension du Parti pour la liberté (PVV) antimusulman de Geet Wilders aux Pays-Bas, qui est devenu la plus importante force de la politique néerlandaise, suite aux élections de décembre. Le première ministre italienne est Giorgia Meloni, élue en 2022, dont le pedigree politique remonte directement à Mussolini. En Inde, le premier ministre Narendra Modi et son parti fasciste, le Bharatiya Janata Party (BJP), devraient remporter un troisième mandat après leur victoire aux élections des États en décembre.
8. Sur le plan politique, la montée des partis et individus fascistes est bien moins un mouvement de masse venu d’en bas que le résultat d’un glissement universel vers la droite de la classe dirigeante. Quelle que soit leur étiquette — social-démocrate, démocrate, travailliste ou conservatrice — la politique des partis de l’establishment est essentiellement la même : coupes massives dans les dépenses sociales et augmentations énormes des dépenses militaires ; soutien à la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en Ukraine et au génocide israélien à Gaza.
9. Dans le même temps, les partis capitalistes établis adoptent de plus en plus le programme et la politique des fascistes. L’année s’est terminée sur l’adoption par les représentants des États membres de l’UE et le Parlement européen du « régime d’asile européen commun » (RAEC), qui abolit le droit d’asile, étend la forteresse Europe et sanctionne les déportations massives et la détention des réfugiés dans ce qui s’apparente à des camps de concentration.
10. Ce glissement vers la droite inclut des partis de la « gauche » nominale : Syriza en Grèce, qui est arrivé au pouvoir en 2015 en promettant de mettre fin à l’austérité soutenue par le FMI et a procédé à la mise en œuvre de mesures d’austérité encore plus profondes que son prédécesseur ; le Corbynisme au Royaume-Uni, qui s’est efforcé de canaliser l’opposition derrière le Parti travailliste, aboutissant à la montée de Keir Starmer et à la propre éviction de Corbyn du parti ; le Parti de gauche en Allemagne, dont la politique de droite à conduit à l’effondrement de son soutien parmi les travailleurs et les jeunes.
L’oligarchie et les inégalités sociales
11. Ces processus politiques sont sous-tendus par des processus sociaux plus fondamentaux. Expliquant la crise de la démocratie bourgeoise entre la Première et la Deuxième Guerre mondiale, Trotsky a comparé la démocratie à « un système de fusibles et de disjoncteurs pour la protection contre la trop forte tension de la lutte nationale ou sociale… Sous l’impact des contradictions de classe et internationales trop chargées, les fusibles de la démocratie soit sautent, soit explosent. C’est ce que représente le court-circuit de la dictature ».
12. Les contradictions internationales qui court-circuitent les fusibles de la démocratie sont les mêmes que celles qui sous-tendent l’extension du conflit mondial et la normalisation du génocide en tant qu’instrument de politique étrangère. Comme l’expliquait Lénine, l’impérialisme est « la réaction sur toute la ligne ». Le capital financier, tant dans sa politique étrangère que dans sa politique intérieure, « s’efforce de parvenir non pas à la démocratie, mais à la dictature ». La subordination de l’ensemble de la société à une politique de guerre sans fin entraîne non seulement le détournement des ressources sociales pour financer l’explosion des budgets militaires, mais encore des mesures de plus en plus directes pour réprimer l’opposition à la guerre à l’intérieur du pays.
13. Les contradictions de classe essentielles qui minent les formes démocratiques de gouvernement se manifestent avant tout dans la croissance extrême des inégalités sociales. La société capitaliste a pris la forme d’une oligarchie, dans laquelle toute la vie économique, sociale et politique est contrôlée par une petite élite. Pour utiliser une autre analogie, la concentration extrême de richesse se métastase comme une tumeur incontrôlée et infecte toutes les institutions de l’État, les tribunaux et les médias.
14. Selon Oxfam, le 1 pour cent le plus riche de la population possède aujourd’hui près de la moitié des richesses mondiales, alors que les 50 pour cent les plus pauvres n’en possèdent que 0,75 pour cent. Seuls 81 milliardaires possèdent plus de richesses que la moitié de la population mondiale.
15. La Base de données sur les inégalités dans le monde (BIM) développée par Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, calcule que la richesse détenue par les 0,01 pour cent les plus riches de la population (aujourd’hui, environ 800.000 personnes) est passée de 8 pour cent en 1995 à 12 pour cent aujourd’hui. L’écart de richesse entre les 0,01 pour cent les plus riches et les 50 pour cent les plus pauvres est 50 pour cent plus élevé aujourd’hui qu’en 2008. Les inégalités de revenus augmentent également. Les 10 pour cent les plus riches de la population mondiale perçoivent plus de la moitié (52 pour cent) de l’ensemble des revenus mondiaux, tandis que la moitié inférieure n’en perçoit que 8,5 pour cent.
16. Le « Rapport sur les inégalités dans le monde 2022 » de la BIM, la dernière mise à jour disponible, révèle ce qui suit :
Les multimillionnaires mondiaux ont accaparé une part disproportionnée de la croissance de la richesse mondiale au cours des dernières décennies : les 1 pour cent les plus riches ont accaparé 38 pour cent de toute la richesse supplémentaire accumulée depuis le milieu des années 1990, alors que les 50 pour cent les plus pauvres n’en ont accaparé que 2 pour cent. Cette inégalité découle d’une grave inégalité des taux de croissance entre les segments supérieurs et inférieurs de la répartition des richesses. La richesse des individus les plus riches de la planète a augmenté de 6 à 9 pour cent par an depuis 1995, alors que la richesse moyenne a augmenté de 3,2 pour cent par an. Depuis 1995, la part de la richesse mondiale détenue par les milliardaires est passée de 1 pour cent à plus de 3 pour cent. Cette augmentation a été exacerbée pendant la pandémie de COVID. En fait, l’année 2020 a marqué la plus forte augmentation jamais enregistrée de la part de la richesse mondiale détenue par les milliardaires.
17. Les États-Unis abritent la plus forte concentration de milliardaires au monde, dont la richesse collective, selon Americans for Tax Fairness, a atteint 5.200 milliards de dollars en novembre 2023, soit le montant le plus élevé jamais enregistré. Au troisième trimestre 2023, les 10 pour cent les plus riches de la population américaine possédaient les deux tiers de la richesse totale, tandis que la moitié inférieure n’en possédait que 2,6 pour cent.
18. « L’accumulation de richesse à un pôle signifie donc en même temps à l’autre pôle une accumulation de misère, de torture à la tâche, d’esclavage, d’ignorance, de brutalité et de dégradation morale… ». Quelque 700 millions de personnes, soit près de 9 pour cent de la population mondiale, dont 333 millions d’enfants vivent dans ce que les Nations unies définissent comme l’extrême pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 2,15 dollars par jour.
19. L’accumulation de richesses personnelles, bien qu’immensément importante en soi, est secondaire et liée à l’immense concentration du pouvoir économique dans un petit nombre de méga conglomérats détenus par les élites dirigeantes capitalistes.
20. L’ampleur des ressources contrôlées par les banques et institutions financières géantes est énorme. En 2023, JPMorgan Chase (PDG Jamie Dimon) est devenue la plus grande banque du monde, après avoir acquis First Republic, avec 3 700 milliards de dollars d’actifs (plus que le PIB du Royaume-Uni). De gigantesques sociétés de capital-investissement comme Vanguard (7700 milliards de dollars d’actifs sous gestion) et BlackRock (9 400 milliards de dollars) contrôlent, grâce à leurs participations, de vastes pans de l’économie. À lui seul, Vanguard est le premier actionnaire de 330 entreprises du S&P 500, tandis qu’il est premier investisseur dans 38 autres.
21. La forte hausse de l’indice boursier S&P 500 en 2023 est due à sept entreprises technologiques : Amazon, Apple, Alphabet (Google), Meta Platforms (Facebook et Instagram), Microsoft, Nvidia et Tesla. Leur capitalisation boursière combinée a augmenté de 5 200 milliards de dollars au cours de l’année écoulée, ce qui représente plus de 60 pour cent de l’augmentation de 8 200 milliards de dollars de l’ensemble du S&P 500. Quatre investisseurs seulement — Jeff Bezos (Amazon), Mark Zuckerberg (Meta), Elon Musk (Tesla) et le gestionnaire d’investissements privés Vanguard — ont gagné 491 milliards de dollars grâce à leurs participations. Selon Forbes, la moitié des gains de richesse des milliardaires américains l’année dernière provenait de la hausse des valeurs technologiques, huit milliardaires de la technologie ayant augmenté leur fortune d’au moins 10 milliards de dollars.
22. Ces sociétés et leurs propriétaires exercent un pouvoir énorme sur l’internet et les réseaux sociaux, en particulier depuis l’acquisition de Twitter/X par Musk en 2022. Elles sont étroitement liées à l’État et utilisent leur contrôle sur les communications pour censurer les opinions d’opposition et de lutte contre la guerre. Le World Socialist Web Site est régulièrement rétrogradé dans les résultats de recherche pour des termes clés, un processus de censure initialement dévoilé en 2017 mais qui s’est poursuivi depuis.
23. Cette dynamique sociale existe dans tous les pays impérialistes, ainsi que dans les petites puissances. L’homme le plus riche d’Asie est actuellement l’Indien Mukesh Ambani (100 milliards de dollars), l’un des principaux soutiens de Modi, dont la fortune a grimpé en flèche à la suite des victoires du BJP aux élections régionales de décembre. La richesse d’Ambani provient du contrôle qu’il exerce sur Reliance Industries, la plus grande société indienne en termes de capitalisation boursière, un conglomérat qui possède des activités majeures dans les domaines de l’énergie, de la vente au détail, des télécommunications et du textile. La personne la plus riche du Mexique est Carlos Slim (valeur nette de 105 milliards de dollars) qui contrôle de larges pans de l’économie mexicaine par l’intermédiaire de son conglomérat Grupo Carso et d’autres investissements.
24. Telles sont les forces qui aspirent l’oxygène de la démocratie dans le monde entier. L’idée que les droits démocratiques fondamentaux peuvent être préservés sans s’attaquer aux forces et aux intérêts économiques sous-jacents qui sont à l’œuvre n’est qu’un vœu pieux.
La crise de la démocratie américaine et les élections de 2024
25. Ces processus ne sont nulle part plus évidents qu’aux États-Unis, le cockpit de l’impérialisme mondial et le centre mondial du capital financier. La campagne électorale de 2024 se déroule dans l’ombre du coup d’État fasciste du 6 janvier 2021, au cours duquel Donald Trump a cherché à empêcher la certification par le Congrès de sa défaite électorale face à Biden, à abolir la Constitution et à instaurer une dictature personnaliste.
26. Dans sa déclaration publiée le lendemain du coup d’État, le World Socialist Web Site écrivit qu’il s’agissait là d’un « tournant de l’histoire des États-Unis ».
Les glorifications de l’invincibilité et de l’intemporalité de la démocratie américaine ont été totalement démasquées et discréditées comme le mythe politique creux qu’elle sont. L’expression populaire « It Can’t Happen Here » [Cela ne peut arriver ici], tirée du titre du très célèbre récit fictif de Sinclair Lewis sur la montée du fascisme américain, a été résolument dépassée par les événements. Non seulement un coup d’État fasciste peut se produire ici. Il s’est produit ici, dans l’après-midi du 6 janvier 2021.
De plus, même si l’effort initial n’a pas atteint son but, il se reproduira.
27. Dans les mois qui ont précédé le coup d’État et dans sa foulée, le WSWS a documenté la vaste conspiration derrière l’insurrection fasciste, dans laquelle la prise d’assaut du Capitole à l’instigation de Trump n’était que l’étape finale. Cette conspiration impliquait non seulement le président en exercice, mais encore la plupart des dirigeants du Parti républicain, ainsi que des sections importantes de l’appareil militaro-policier et du pouvoir judiciaire.
28. Aucune institution de l’establishment politique ne s’est opposée activement à la tentative d’instaurer une dictature, qui a failli réussir. L’armée et la Garde nationale se sont retirées pendant que la foule fasciste de Trump prenait le contrôle du Capitole, cherchant à prendre des otages. Le Parti démocrate n’a rien dit pendant que le coup d’État se déroulait, Biden lui-même attendant des heures avant de lancer un lamentable appel à Trump pour qu’il parle à la télévision nationale et annule le coup d’État.
29. Les informations substantielles sur les événements du 6 janvier rendues publiques au cours des trois dernières années ont confirmé cette évaluation de ce qui s’est produit. Les conditions sociales et politiques à l’origine du coup d’État n’ont fait que s’intensifier depuis.
30. Les élections de 2024 se déroulent dans des conditions de crise politique existentielle et d’effondrement de toutes les institutions de l’appareil d’État. Il n’est pas certain que l’élection, à supposer qu’elle ait lieu comme prévu, produise un résultat qui soit accepté comme légitime par le parti perdant.
31. À la fin de l’année 2023, la Cour suprême du Colorado et le secrétaire d’État du Maine ont tous deux décidé que Trump ne pouvait figurer sur le bulletin de vote dû à ses actions anticonstitutionnelles du 6 janvier, tandis que les responsables des États contrôlés par les républicains ont menacé d’en retirer Biden en guise de représailles. L’État du Texas a pris des mesures qui remettent ouvertement en question l’autorité constitutionnelle du gouvernement fédéral en matière de politique d’immigration. Une contestation similaire du résultat des élections de novembre est tout à fait possible, et pas seulement au Texas.
32. L’escalade des tendances sectionnelles menace de briser l’ensemble de l’accord post-guerre civile qui a rétabli l’autorité fédérale unifiée sur les différents États. Il convient de rappeler qu’en 1860, Lincoln ne figurait sur le bulletin de vote d’aucun des États du Sud. La décision de sept États du Sud de faire sécession et de former les États confédérés d’Amérique, avant l’investiture de Lincoln, a déclenché les événements qui ont mené au déclenchement de la guerre civile quelques mois plus tard.
33. Bien entendu, le conflit qui déchire les structures politiques existantes n’oppose pas des factions progressistes et réactionnaires de la classe dirigeante. Les Démocrates et les Républicains sont deux factions réactionnaires de l’oligarchie financière et patronale. Quelle que soit l’intensité de leurs différences tactiques, elles sont entièrement subordonnées à leur programme réactionnaire commun.
34. Biden aurait affirmé qu’il placerait la menace de Trump pour la démocratie au centre de sa campagne de réélection. C’est un peu comme si un tenancier de bordel proclamait qu’il bâtirait la réputation de son établissement en défendant des pratiques commerciales éthiques. C’est Biden qui a déclaré, dans les jours qui ont suivi l’insurrection du 6 janvier, que son objectif était d’avoir un Parti républicain « fort ». Le Parti démocrate a fait tout ce qu’il a pu pour empêcher que les forces politiques et sociales à l’origine du coup d’État ne soient révélées au grand jour. Les différentes enquêtes et auditions se sont succédé sans produire le moindre résultat.
35. Au cours des trois dernières années, la principale préoccupation du gouvernement Biden a été d’intensifier la guerre contre la Russie, puis de soutenir ouvertement le génocide à Gaza. À la fin de l’année, les hauts responsables du gouvernement Biden ont réitéré leur promesse de soutenir l’agenda fasciste anti-immigrés des Républicains en échange d’un financement militaire accru pour l’Ukraine.
36. Les Démocrates et les Républicains ont uni leurs forces pour soutenir le génocide à Gaza et dans la campagne de plus en plus virulente visant à qualifier d’antisémite l’opposition à Israël. La démission forcée de Claudine Gay, présidente de Harvard, fait partie d’une campagne d’intimidation politique et de censure sur les campus universitaires, qui inclut l’interdiction de groupes étudiants opposés au génocide.
Socialisme contre capitalisme et oligarchie
37. Prétendre que les formes démocratiques de gouvernement peuvent être défendues en dehors d’une attaque frontale menée contre la richesse de l’élite dirigeante et sa domination sur l’économie est le comble de la charlatanerie politique et intellectuelle.
38. La montée en puissance de la droite n’est pas tant liée à son pouvoir intrinsèque qu’à la faillite totale de ce qu’on fait passer pour la gauche. C’est la génuflexion devant le saint des saints, la propriété privée, les profits patronaux et la richesse personnelle, qui sous-tend la nullité des diverses formes de politique pseudo-de gauche – Bernie Sanders et les Socialistes démocrates d’Amérique (initiales anglaises DSA) aux États-Unis, le Parti de gauche en Allemagne, Podemos en Espagne, Syriza en Grèce, le mouvement « Marée rose » et les partisans de Lula en Amérique latine. Leurs invocations occasionnelles du « socialisme » ne sont que du vent. Le « socialisme » dont ils rêvent est celui qui peut être obtenu sans provoquer une chute de la valeur des actions à Wall Street, c’est-à-dire un socialisme sans lutte des classes, sans expropriation de la classe dirigeante et sans transfert du pouvoir à la classe ouvrière. Le « socialisme » de Jeremy Corbyn fait apparaître celui des anciens Fabiens comme presque bolchevique. Celui de Sanders, d’Ocasio-Cortez et des Socialistes démocrates d’Amérique est bien à droite du réformisme bourgeois de la période allant du New Deal de Roosevelt à la Great Society de Johnson.
39. Le véritable électorat social de la pseudo-gauche est constitué par les sections privilégiées de la classe moyenne supérieure. Leur objectif n’est pas de restructurer radicalement la vie sociale et économique, mais bien plutôt de redistribuer les richesses au sommet. La promotion sans fin de diverses formes de politiques raciales et de genre est la forme par laquelle des sections de la classe moyenne supérieure rivalisent pour obtenir des positions de pouvoir et de privilèges au sein des conseils d’administration des trusts, des universités, de l’appareil syndical et de l’État.
40. Aux États-Unis, les trois années de gouvernement Biden ont permis de mettre à nu les prétentions « de gauche » des Socialistes démocrates d’Amérique. Les principaux membres des DSA au Congrès, dont Ocasio-Cortez, ont voté pour interdire la grève des cheminots et financer la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en Ukraine. En plein génocide israélien à Gaza, Ocasio-Cortez a annoncé qu’elle soutiendrait le financement du Dôme de fer d’Israël.
41. Tous les discours sur la défense de la démocratie et la lutte contre le fascisme qui ignorent la question fondamentale de la classe et du pouvoir économique — reconnaissant par conséquent la nécessité de la mobilisation de la classe ouvrière à l’échelle mondiale pour le renversement du capitalisme — sont de la démagogie cynique et politiquement impuissante. La richesse des milliardaires doit être expropriée et les gigantesques trusts doivent être transformés, sans compensation pour les gros actionnaires, en services publics contrôlés par l’État, gérés sur la base des besoins sociaux et non du profit privé. Les institutions antidémocratiques et les organes répressifs de l’État capitaliste (armée professionnelle, police et agences de renseignement) doivent être abolis et remplacés par des organisations de contrôle et de pouvoir des travailleurs, afin d’établir une économie démocratique et planifiée à l’échelle mondiale.
42. Les luttes grandissantes des travailleurs du monde entier constituent la base objective du développement d’un mouvement international de masse pour le socialisme. La transformation de ce mouvement objectif en lutte consciente pour le pouvoir exige le développement dans la classe ouvrière d’un mouvement socialiste international de masse basé sur la théorie marxiste et sur le programme et les principes défendus par le Comité international de la IVe Internationale.
Source : WSWS