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WSWS écrit sur la dissimulation de la pandémie par les classes dirigeantes

samedi 4 mars 2023

La dissimulation du COVID, ou comment la classe dirigeante a appris à ne plus s’en faire et à aimer le virus

Evan Blake

Au cours des deux derniers mois, la dissimulation de la pandémie de COVID-19 par l’establishment politique et les médias capitalistes aux États-Unis et dans le monde a atteint un nouveau sommet. Le fait que le COVID-19 continue d’infecter des millions de personnes et que des milliers d’entre elles meurent chaque semaine est désormais accueilli dans l’indifférence totale des élites dirigeantes, en l’absence presque totale de reportages sur cette crise mondiale qui s’aggrave.

Le président américain Joe Biden, qui a faussement affirmé en septembre dernier que « la pandémie est terminée », incarne cette apathie officielle face aux souffrances de la population. Le mois dernier, dans un commentaire désinvolte sur le fait que plus d’un million d’Américains sont morts du COVID-19, il a déclaré sans ambages lors d’une conférence de maires : « Je le sous-estime parfois parce que j’ai cessé d’y penser ».

Ce n’était pas simplement un signe de l’acuité mentale déclinante de Biden, mais une expression de la perspective sociopathique des capitalistes envers la classe ouvrière, qui représente la grande majorité des décès dus au COVID-19. C’était aussi un aveu détourné de leur intention de tuer davantage.

Une semaine après le commentaire de Biden, la Maison-Blanche a annoncé qu’elle laissait expirer le 11 mai les déclarations d’urgence nationale et d’urgence de santé publique relatives au COVID-19, ce qui aura de vastes ramifications.

La Fondation de la famille Kaiser estime qu’entre 5 et 14 millions d’Américains perdront l’accès à l’assurance maladie par le biais de Medicaid lorsque les déclarations d’état d’urgence expireront. Les systèmes hospitaliers américains seront confrontés à des pressions financières croissantes, le Center for Healthcare Quality and Payment Reform prévoyant que 200 hôpitaux ruraux américains pourraient être contraints de fermer dans les deux ou trois prochaines années.

La distribution des vaccins, tests et traitements COVID-19 sera privatisée et environ 30 millions d’Américains non assurés seront contraints de payer intégralement ces services qui sauvent des vies. Pzifer a l’intention de vendre son vaccin jusqu’à 130 dollars la dose, un prix inabordable pour la grande majorité des personnes non assurées.

Une semaine après l’annonce de la Maison-Blanche, l’université Johns Hopkins a déclaré que son centre de ressources sur le coronavirus fermerait ses portes le 10 mars. L’université a justifié cette mesure drastique en faisant remarquer que les autorités locales, les comtés et les États américains ne communiquent plus les données relatives au COVID-19 de manière adéquate, ce qui est le résultat de décisions politiques délibérées des partis démocrate et républicain.

L’arrêt de l’indicateur de l’Université Johns Hopkins est le dernier clou dans le cercueil de ce qui reste de données COVID-19 précises aux États-Unis. D’autres indicateurs largement utilisés, notamment Worldometer et Our World In Data, s’appuyaient sur les données de Johns Hopkins.

Gregory Travis, analyste des données sur la santé, a déclaré au WSWS que l’indicateur de Johns Hopkins « est aussi proche du “temps réel” que possible ». Il a ajouté : « Les données sous forme de certificats de décès transmis au CDC ont un décalage d’au moins six mois et souvent beaucoup plus long, en particulier pour les cas pédiatriques. Pour l’instant, nous pouvons dire avec une certaine confiance que nous savons ce qui se passe actuellement. À l’avenir, nous ne pourrons parler avec certitude de que ce qui s’est passé il y a six mois ».

Selon un système de suivi géré par Travis, 36 États américains, soit 72 pour cent, ainsi que Washington DC, sont déjà « dans le noir », soit qu’ils ne signalent les cas et les décès liés au COVID-19 qu’une fois par semaine ou moins. C’est le résultat final de la réponse officielle à l’émergence du variant Omicron en novembre 2021, dont la propagation rapide a été exploitée pour miner systématiquement les tests et les rapports de données sur le COVID-19, un processus que seul le World Socialist Web Site a continuellement démasqué.

À l’avenir, les seuls outils fiables pour suivre les infections et les décès dus au COVID-19 seront des estimations approximatives qui proviennent respectivement de l’échantillonnage des eaux usées et de la surmortalité. Bien qu’imprécises, ces deux mesures montrent clairement que le COVID-19 continue de faire des ravages dans le monde.

Les données sur les eaux usées qui proviennent des États-Unis et d’autres pays montrent que la levée de toutes les mesures d’atténuation en réponse aux sous-variants Omicron a créé un nouveau point de référence très élevé d’infection de masse, proche des taux maximums atteints lors des vagues des variants Alpha et Delta. En conséquence, des millions de personnes sont continuellement infectées et réinfectées par le COVID-19 dans le monde entier, ce qui aura de vastes ramifications à long terme.

L’étude la plus complète au monde sur l’impact des réinfections montre que chaque réinfection augmente le risque d’hospitalisation, de COVID-19 et de dommages à presque tous les systèmes organiques, comme le montre le graphique ci-dessous.

***TWITTER***

https://twitter.com/Saffiya_Khan1/status/1625199204841754638?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1625199204841754638%7Ctwgr%5E4230f062af308d67e8e82fd1fa8a01b6be8b352f%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.wsws.org%2Fen%2Farticles%2F2023%2F02%2F25%2Fpers-f25.html

Ces effets sur la santé, combinés au coup dur que la pandémie a porté au système de soins de santé, ont considérablement augmenté la surmortalité par rapport à la situation de référence d’avant la pandémie. Dans le monde entier, les hôpitaux sont dans un état d’effondrement. L’utilisation des salles d’urgence pour laisser les patients sans traitement pendant des heures, des jours, voire des semaines, dans les couloirs est de plus en plus fréquente, principalement en raison du grave manque de personnel dû à la pandémie.

Selon The Economist, il y a eu 20,5 millions de décès excédentaires attribuables à la pandémie. Actuellement, on compte plus de 10.000 décès excédentaires par jour dans le monde, ce qui fait du COVID-19 la troisième cause de décès dans le monde. Dans les pays de l’Union européenne, la surmortalité en décembre était de 19 pour cent supérieure à celle d’avant la pandémie, l’Allemagne connaissant la plus forte augmentation avec 37 pour cent.

Les efforts universels pour dissimuler cette horrible réalité montrent que la classe capitaliste de chaque pays a tiré des leçons fondamentales de la pandémie de COVID-19.

Avant tout, la santé publique est une entrave à l’accumulation de profits. Dès le début, le recours aux confinements, aux tests de masse, à la recherche des contacts et à la mise en quarantaine des travailleurs pour prévenir la transmission virale ont été immédiatement vus comme une entrave au processus de production et à l’exploitation de la classe ouvrière.

Si Trump a été le fer de lance de la campagne de retour au travail, il s’est inspiré de l’éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman, qui a inventé le mantra contre les confinements, « le remède ne doit pas être pire que la maladie ». La réouverture complète des entreprises et des écoles, combinée à la levée du port du masque obligatoire et de toutes les autres mesures d’atténuation, et maintenant la fin complète de toute réponse officielle à la pandémie, ont été supervisés par Biden et les démocrates.

Deuxièmement, pour les élites dirigeantes, la pandémie a réaffirmé leur intérêt à réduire l’espérance de vie afin de réduire de manière draconienne les obligations en matière de retraite et les autres dépenses sociales. Les tirades eugénistes et réactionnaires d’Ezekiel Emanuel, qui dénonçait en 2014 les efforts des Américains pour « tromper la mort et prolonger la vie aussi longtemps que possible », sont devenues l’idéologie directrice de la classe capitaliste à l’échelle mondiale.

Tous les décès excédentaires par rapport aux niveaux prépandémiques – qu’ils soient directement dus au COVID-19 ou à des effets connexes – constituent un gain net pour la classe dirigeante, car plus de 90 pour cent des décès dus au COVID-19 touchent les personnes âgées de plus de 65 ans qui ne génèrent plus de profits. Une stratégie eugéniste qui vise à tuer les personnes âgées à perpétuité sous-tend les efforts déployés pour dissimuler les effets continus de la pandémie.

Découlant des deux précédents, la troisième leçon fondamentale tirée par la classe dirigeante est que rien ne doit être fait pour prévenir ou se préparer aux futures pandémies. Ayant accès aux meilleurs soins médicaux grâce à leur richesse, ainsi qu’à des bunkers privés pour attendre la prochaine catastrophe comme ils l’ont fait au début de la pandémie de COVID-19, les milliardaires accueilleraient favorablement le prochain agent pathogène mortel comme un moyen de continuer à « réduire le surplus de population ».

Avec le changement climatique et l’urbanisation non planifiée, la menace de futures pandémies n’est pas stable, mais plutôt en augmentation constante chaque jour. L’année dernière, le virus de la variole du singe s’est rapidement propagé dans plus de 100 pays où il n’avait jamais été détecté auparavant. Il a infecté plus de 85.000 personnes et en tuant 266 à ce jour. En même temps, plus de 140 millions d’oiseaux ont été tués ou abattus en raison du virus hautement pathogène H5N1 de la grippe A ou la « grippe aviaire ».

Cette semaine encore, une fillette de 11 ans a été tuée par la grippe aviaire au Cambodge, et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré la situation « préoccupante », appelant à une « vigilance accrue » au niveau mondial. Si le H5N1 devait développer des mutations qui lui permettraient de se propager rapidement d’homme à homme, les résultats seraient catastrophiques. Le virus transmis par voie aérienne a un taux de mortalité d’au moins 30 pour cent, bien plus élevé que celui du COVID-19. Les systèmes de soins de santé déjà fragilisés se désintégreraient du jour au lendemain.

Alors que les capitalistes ont tiré leurs leçons réactionnaires de la pandémie, la classe ouvrière internationale doit consciemment assimiler les siennes. Avant tout, l’avenir et le développement progressiste de l’humanité sont impossibles sous le capitalisme. En même temps qu’elles proclament faussement que la pandémie est terminée, les puissances impérialistes foncent tête baissée vers la troisième guerre mondiale, qui impliquerait inévitablement l’utilisation d’armes nucléaires.

Afin de prévenir les catastrophes imminentes que le capitalisme nous réserve, les travailleurs doivent s’unir au niveau international sur la base d’un programme socialiste révolutionnaire. Grâce à la réaffectation des ressources de la société depuis la guerre et du profit privé vers la planification économique mondiale et la santé publique, une future société socialiste pourrait mettre fin à la menace de guerre, mettre rapidement fin à la pandémie de COVID-19, arrêter et inverser le changement climatique, prévenir le développement de futures pandémies et offrir un niveau de vie décent à tous. Ces principes doivent animer les prochaines luttes révolutionnaires de la classe ouvrière internationale.

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