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Quand le Parti Communiste Américain, optant sous l’égide de Staline pour l’alliance avec l’impérialisme américain, lâchait le combat des noirs comme il lâchait le combat des travailleurs

vendredi 26 septembre 2008, par Robert Paris

Une alliance sur le dos des peuples travailleurs et notamment des noirs américains

Richard Wright rendit sa carte du PC américain lorsque les militants du PC refusèrent de soutenir la marche du militant des droits civiques Philipp A. Randolph en 1942 sous le prétexte que les USA étaient des alliés de l’URSS.

Lire ici "American Hunger" de Richard Wright

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"Une faim d’égalité" (en Américain "American Hunger") de Richard Wright

Biographie de Richard Wright

Motivé par le rejet du racisme comme par celui du fondamentalisme religieux, le jeune homme fait le « grand saut » vers le Nord, attiré par le mythe de la liberté. Les poches pratiquement vides mais la tête et le cœur pleins d’enthousiasme, il arrive en 1927 à Chicago, alors bouillante capitale du crime et de la culture. Sa vraie motivation était simplement de fuir le Sud et ses abus racistes, ses discriminations imposées par la loi et ses coutumes héritées du temps de l’esclavage.
C’est à Chicago que Richard Wright collabore au Federal Writers’ Project ; en 1932, il rejoint les cercles littéraires liés au Parti communiste (PC), en particulier le John Reed Club (du nom du célèbre écrivain révolutionnaire). Il devait déclarer plus tard que le Parti communiste fut la voie qui lui permit de « sortir du ghetto ». Car à l’époque, en pleine crise économique des années 1930, seul le Parti communiste faisait un réel effort pour découvrir, parmi les Noirs, des talents cachés et délibérément discriminés. Le John Reed Club et le PC publiaient dans leurs journaux et leurs revues - Left Front, Anvil, New Masses - les premiers écrits d’auteurs jeunes et révoltés, souvent d’origine prolétarienne, qui n’hésitaient pas à dénoncer avec courage les contradictions de la société américaine.

C’est dans un tel contexte que Wright a commencé sa carrière littéraire, avant de la poursuivre à New York où il fut même, un temps, correspondant à Harlem du quotidien du PC, le Daily Worker, expérience qui lui fournit une matière abondante pour alimenter ses écrits ultérieurs.

Au cours de cette période cruciale, il ne cessa de dénoncer la condition des Noirs et publia Douze millions de voix noires (1941). Wright commença alors à prendre ses distances avec le Parti communiste, qui l’avait pourtant tellement aidé. Hazel Rowley explique clairement les raisons de cette prise de distance, devenue par la suite une rupture pénible, racontée par Wright lui-même dans Le Dieu déchu (1950), puis dans son second ouvrage autobiographique, American Hunger (1977), suite de Black Boy.

Contrairement à la politique du Parti Communiste américain, lié à celle de Staline d’entente avec le pouvoir US, Richard Wright refusa de servir dans l’armée américaine, une institution où, à l’époque, les Noirs et les Blancs étaient séparés en unités distinctes, ce qui condamnait les Noirs au statut de « race inférieure ». Pour expliquer ce refus, Hazel Rowley cite une lettre que l’écrivain adressa à un ami noir : « On nous demande de mourir pour une liberté que nous n’avons jamais eue. »
Wright se débrouilla finalement pour être classé « inapte pour le service militaire » à cause de son hostilité affichée à l’égard de l’armée, en tant qu’institution raciste. Jugée « antipatriotique » en haut lieu, son attitude mit aussi fin définitivement à ses rapports avec le Parti communiste. Celui-ci adoptait à l’époque une « ligne » de soutien patriotique à l’effort de guerre du président Franklin D. Roosevelt, devenu par ailleurs l’allié de l’Union soviétique dans la « lutte commune » contre l’Allemagne nazie et le Japon militariste. En même temps - et au nom de « l’unité nationale contre Hitler », le Parti communiste américain mettait un bémol à son attitude anti-raciste traditionnelle, décourageant par exemple les actions contre la ségrégation raciale au sein des forces armées. L’alliance du stalinisme à l’échelle mondiale avec l’impérialisme américain se traduisit par le lâchage des militants noirs qui avaient rejoint en grand nombre le parti communiste et devaient rapidement le quitter. Il avait à la fois cessé de soutenir la lutte contre l’oppression des noirs et celle des travailleurs. Il justifiait que la guerre nécessitait d’arrêter les grèves.

Quelques années plus tard, en 1947, au lendemain de la seconde guerre mondiale et à la veille de la guerre froide, Wright prit la décision de quitter les Etats-Unis. Avec l’encouragement d’intellectuels français - Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Claude Levi-Strauss, entre autres, il s’établit à Paris avec sa femme, américaine, blanche, juive et communiste, et leur fille, Julia. La biographe ne prend pas position sur cette décision, mais, pour expliquer cette « fuite », elle multiplie les exemples des harcèlements, des persécutions et des humiliations quotidiennes que subissaient d’ordinaire les Noirs en Amérique, Richard Wright y compris.

Son succès littéraire lui permit de tourner sans regret le dos aux Etats-Unis. Sa célébrité s’était traduite par des revenus relativement importants et par un réseau international d’amis et d’alliés qui facilitèrent cette « transplantation ». Hazel Rowley ne tranche pas la question souvent soulevée dans les milieux littéraires, aux Etats-Unis comme en Europe, du « devoir » d’un intellectuel ou artiste noir de rester dans sa terre natale, son « enfer », pour y poursuivre la lutte en faveur des droits civiques. Mais elle explique cette décision de s’installer à Paris avec une clarté remarquable. Wright, dit Hazel Rowley, ne se faisait guère d’illusions ni sur la liberté politique ni sur l’humanisme de la France ; il était présent à Paris aux pires moments de la guerre coloniale en Algérie. Et, s’il n’a jamais protesté publiquement contre les atrocités de la répression exercée par les autorités françaises contre un peuple en lutte pour son indépendance, c’est uniquement pour ne pas risquer d’être expulsé sur-le-champ. Son « exil » à Paris était à ce prix, et il le savait trop bien. Il y fréquentait Jean-Paul Sartre et les intellectuels de la revue Les Temps modernes, militants acharnés contre la répression en Algérie. Et il était un habitué de la librairie Shakespeare & Co. au Quartier latin, où se réunissaient d’autres Américains ayant fui les Etats-Unis en raison du maccarthysme et de la chasse aux sorcières...

Pour lui, la France signifiait, malgré tout, un « souffle de liberté » après les humiliations subies en Amérique. Mais la contradiction de vivre dans un pays à la fois démocratique et colonialiste pesait sur sa conscience. A la veille de sa mort à Paris, le 28 novembre 1960 (10), il songeait à s’installer à Londres.

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Quel rapport entretenaient les écrivains et militants noirs anticoloniaux avec la Révolution d’octobre 1917 en Russie et plus largement avec le bolchévisme ?

La réponse à cette question est, à première vue, très simple. La réaction à la Révolution bolchévique a été celle d’un enthousiasme sans limites. La Révolution était acclamée comme un événement magistral qui avait la capacité de libérer le monde noir. C’est la revendication anti-impérialiste spécifique des bolchéviques qui est très intéressante. La Russie était perçue comme un pays réunissant de nombreux peuples ayant été opprimés par le tsar et libérés par les bolchéviques. La révolution prolétarienne était souvent nommée en rapport avec la question de l’autodétermination nationale en Russie, soulevée par la révolution. L’apparente disparition de l’antisémitisme dans le sillon de la Révolution était d’un intérêt particulier pour la presse radicale noire et on trouve de nombreux articles sur la manière dont, pour reprendre les termes de McKay, les bolchéviques « ont rendu la Russie sûre pour les Juifs ». Encore une fois, ce qu’il y a de si intéressant, et même d’un peu étrange, dans ces articles, est la détermination à vouloir tisser un lien entre les expériences de la diaspora africaine et les expériences d’autres groupes opprimés afin de dessiner les contours de structures d’oppression communes.

Un point particulièrement intéressant que vous soulignez dans l’introduction de ce livre est que, avant 1922, nombre de militants et d’écrivains caribéens et africains-américains étaient attirés par le Parti Socialiste des États-Unis et ce, malgré le fait que cette organisation était extrêmement limitée sur la question raciale. Vous citez notamment la célèbre phrase d’Eugene V. Debs : « Nous n’avons rien de spécial à offrir aux noirs et nous ne pouvons faire des appels séparés pour chaque race. Le Parti Socialiste est le parti de la classe ouvrière, peu importe la couleur — la classe ouvrière du monde entier ». Comment expliquer cet apparent paradoxe ?

Ce paradoxe est un paradoxe précisément en raison de la politique qu’ont inauguré ces militants radicaux. C’est-à-dire un positionnement de la race au centre de la politique de classe qui n’existait pas jusqu’ici. C’est ce qui fait que la citation de Debs paraît anachronique. Ce qui est important, c’est que Debs n’ait pas dit « nous n’avons rien à offrir aux noirs », mais « nous n’avons rien de spécial » à leur offrir. Debs et de nombreux membres du Parti Socialiste étaient antiracistes dans le cadre de cette formule. Le Parti Socialiste était une organisation complexe, au sein de laquelle s’organisaient antiracistes et racistes — c’était un parti célèbre pour son factionnalisme. Son histoire est donc controversée en ce qui concerne la race. Le bilan des Wooblies sur l’antiracisme est extrêmement impressionnant. Il ne s’agit pas d’« appeler » antiraciste la gauche américaine qui percevait la race essentiellement comme une question de classe, mais de replacer cette nouvelle politique de race/classe dans le contexte de la gauche existante. Des socialistes noirs comme Hubert Harrison interpellaient constamment le Parti Socialiste sur son contournement de la question de la race, mais ce processus a permis d’aiguiser sa propre trajectoire politique qui a été hautement influente. Ces radicaux noirs étaient extrêmement frustrés par la gauche traditionnelle précisément parce qu’ils étaient embarqués dans leur politique.

Y avait-il une différence, concernant les politiques anticoloniales et antiracistes, entre le Comintern et les partis socialistes et communistes des États-Unis ? Ces différences se reflétaient-elles dans l’attitude des militants radicaux noirs envers le Comintern ?

Ici, tout dépend vraiment de quel « Comintern » on parle. Le Comintern des premières années a joué un rôle crucial dans l’émergence d’une politique radicale noire. C’est vers le Comintern plutôt que les partis locaux que s’est tournée la majorité des militants noirs. L’engagement du Comintern sur la question de l’anti-impérialisme et son intérêt pour les luttes noires des États-Unis contrastaient fortement avec la division et le factionnalisme de la gauche aux États-Unis. Ainsi, le moment iconique où Claude McKay et Otto Huiswoud ont fait un discours lors du 4ème congrès mondial de l’Internationale Communiste, en Russie, en 1922, est emblématique du sérieux avec lequel les militants noirs considéraient le Comintern et montre à quel point ils s’intéressaient aux possibilités qu’offrait cette organisation internationaliste révolutionnaire pour la libération noire. Le Comintern stalinisé des années 1930 et 1940 s’intéressait davantage à la consolidation du pouvoir de l’URSS qu’au fait d’initier la révolution mondiale et c’est là qu’a majoritairement émergé le ressentiment qui a façonné le communisme et le radicalisme noir. L’illustration la plus célèbre de cela est la rupture de George Padmore d’avec le communisme au milieu des années 1930 suite à son affirmation (exacte) selon laquelle l’intérêt de la lutte pour l’URSS était secondaire. Il s’agit donc là d’une histoire fortement controversée et il n’y a pas de moment datable où l’on peut dire que l’on passe du « bon Comintern » au « mauvais Comintern ». Il n’est pas non plus exact de dire que les directives du Comintern ont façonné de façon mécanique la politique antiraciste sur le terrain. Néanmoins, la période du Front Populaire, durant laquelle on a demandé aux communistes d’observer une attitude acritique envers la Grande-Bretagne et la France (des nations coloniales) dans la lutte contre le fascisme a été difficile à digérer pour ceux qui s’étaient tournés vers le communisme en raison de ses promesses anti-impérialistes.

Source

« Où va le peuple américain » de Daniel Guérin :

Le Parti Communiste a pénétré dans la communauté noire à la faveur de la grande dépression. Une action d’éclat lui conquit d’emblée la faveur des Noirs. En 1931, six jeunes noirs de Scottsboro (Alabama) furent condamnés à mort pour un prétendu « viol » de femmes blanches. Le PC prit en mains leur défense, fit un effort considérable pour alerter l’opinion publique, collecta des sommes énormes, réussit à soulever l’indignation du monde entier. (…) Le Parti communiste a toujours lutté pour l’égalité sociale complète des Noirs, et, dan son sein, l’a mise en pratique. C’est ainsi qu’il a présenté un Noir comme candidat à la vice-présidence des Etats-Unis. Ses hommes dans le syndicat CIO ont contribué, pour une large part, à faire prendre à l’organisation nouvelle une attitude de combat contre le préjugé racial. Il a constamment préconisé l’union des exploités blancs et noirs contre leur ennemi commun. Il a enseigné le premier aux Noirs, surtout dans le Nord, les techniques d’action directe et d’action de masses, qui rompaient avec les méthodes légalistes de la NAACP. A Chicago notamment, une de leurs bastions, les communistes noirs engagèrent d’admirables luttes contre les expulsions de locataires et contre la discrimination dans l’emploi. Parfois même, la base noire du Parti, emportée par son extraordinaire combativité, rua dans les brancards, voulu former des groupes de combat et mettre en œuvre des tactiques militaires que la direction (au fond plus réformiste que révolutionnaire) désapprouva. Si l’on veut mesurer les potentialités révolutionnaires du Noir américain, il faut puiser dans l’histoire des communistes noirs du rang. (…) Le préjugé favorable dont bénéficièrent les staliniens auprès des masses noires et d’une fraction de l’ « intelligentsia » explique la facilité avec laquelle ils ont réussi à s’assurer le contrôle d’une organisation de masses comme le National Negro Congress. Ce résultat ne fut pas seulement obtenu par une technique artificielle de « noyautage ». De même, les jeunes intellectuels influencés par les staliniens ont entretenu à l’intérieur du NAACP, depuis les années 1930, une opposition qui, à certains moments, causa de sérieux embarras à la direction. (…) Malgré le succès qu’ils ont remporté auprès des Noirs, les communistes américains ont été entravés par un certain nombre de handicaps et ils ont commis un certain nombre d’erreurs. (…) Le fait que le Parti soit dirigé par des Blancs a éveillé la méfiance raciste de beaucoup de Noirs. Certains ont soupçonné le PC de vouloir se servir des Noirs. (…) Enfin, plus d’un Noir a hésité à ajouter, selon l’expression de A. Randolph, au handicap d’être noir celui d’être rouge. (…) Une de leurs principales erreurs a été le mot d’ordre ultra-nationaliste de la « République nègre indépendante » dans le Sud qui n’a jamais revêtu pour les Noirs de signification concrète. Pendant la « Troisième période » ultra-gauchiste de l’Internationale communiste de 1929 à 1934, les staliniens américains se firent en effet les champions du nationalisme noir le plus outrancier, lançant le mot d’ordre du « 49 ème Etat » dans la « ceinture noire ». (…) En réalité, l’exode incessant des Noirs vers les grandes villes du Sud et du Nord dépeuple, de façon continue, la « Black Belt » de sa population noire. (…) Les noirs ont deviné, d’instinct, que ce mot d’ordre avait été fabriqué à Moscou et la dépendance du Parti Communiste vis-à-vis de l’Etat russe leur a inspiré de l’antipathie. Celle-ci s’est accrue à chaque fois que le Parti a pris des tournants qui suivaient mécaniquement les fluctuations de la politique extérieure soviétique. (…) Après 1934, quand la « troisième période », celle où ils considéraient que la Révolution était imminente, fut abandonnée et remplacée par la tactique des « fronts populaires », quand les staliniens américains se mirent à soutenir Roosevelt, le mot d’ordre de la « République indépendante » fut arrondi aux angles. (…) C’est à la suite du plus mémorable et du plus raide de ces virages – la conclusion du pacte germano-soviétique de 1939, suivie d’une orientation « défaitiste » et anti-rooseveltienne du PC américain – qu’un homme comme A. Philip Randolph cessa de collaborer avec les staliniens dans la National Negro Congress et dénonça véhémentement leur soumission à Moscou.

« Du fait, écrivit-il, que le Parti communiste américain dérive de la Russie communiste, sa politique et son programme, ses tactiques et sa stratégie sont aussi capricieux, changeants et imprévisibles que la politique extérieure de Moscou… Les Noirs ne rejettent pas le Parti Communiste parce qu’il est révolutionnaire, ou radical, ou du fait de son prétendu extrémisme. Ils le rejettent parce qu’il est contrôlé et dominé par un Etat étranger dont la politique peut être ou ne pas être dans l’intérêt du peuple américain et du peuple noir. »

Déjà, une première fois, en 1933, les Noirs stupéfaits virent les staliniens faire, à leurs dépens, une brusque volte-face. Les cinéastes soviétiques projetaient alors la production d’un grand film pro-Noirs, qui devait montrer la façon dont l’Amérique traite sa population de couleur. Cette entreprise avait été annoncée au monde à grand renfort de publicité. Mais soudain, Staline la décommanda sans cérémonie. L’administration Roosevelt était sur le point de reconnaître la Russie Soviétique et celle-ci de s’engager à « s’abstenir de toute propagande contre la politique et l’ordre social des Etats-Unis. » Il fallait ménager, notamment, les « Bourbons » du Sud dont l’appui était indispensable à la ratification du projet gouvernemental. Les Noirs furent sacrifiés à cette manœuvre.

En 1941, le stalinisme alla beaucoup plus loin encore. Il n’hésita pas à abandonner la cause des Noirs. Pendant la période qui suivit la conclusion du Pacte germano-soviétique d’août 1939, les staliniens américains avaient dénoncé la guerre comme « impérialiste » et exigé que l’agitation en faveur des Noirs fut liée à la « lutte contre la guerre impérialiste ». Jusqu’à la fin de juin 1941, ils accablèrent de leurs critiques A. Philip Randolph et les dirigeants de la « Marche sur Washington ». Le programme de ce mouvement était, selon eux, trop modéré et ne s’opposait pas assez nettement à la guerre. Mais dès que les armées hitlériennes furent entrées en URSS, tout changea. (…) Tout, selon les staliniens, devait être subordonné à la croisade contre l’hitlérisme. Il fallait remettre la lutte pour l’affranchissement des Noirs à des temps meilleurs. Un des leaders noirs du Parti communiste James W. Ford, écrivit en février 1942 : « Quatre cent ans d’esclavage nègre ne sont rien à côté des persécutions par les nazis des Juifs et des peuples des pays occupés. »(…) Dans le recueil collectif « What the Negro wants », paru en 1944, un écrivain stalinien noir, Doxey A. Wilkerson, se chargea de définir la position stalinienne : « Les Noirs doivent accorder à cette guerre un soutien inconditionnel… Ils doivent consacrer le maximum de leurs énergies à gagner la guerre… Il y a des leaders noirs qui dénoncent le gouvernement et les Blancs pour des injustices raciales toujours existantes, et qui organisent des luttes de masses de la population noire… Ils suivent une voie qui affaiblit le programme de victoire de la nation. » (…) Au cours de l’émeute raciale de Harlem, en 1943, les staliniens prirent fait et cause pour les autorités de la ville et de l’Etat de New-York contre les masses populaires noires.

Cette attitude déçut profondément les hommes de couleur et fit perdre aux staliniens, dans la communauté noire, des appuis qu’ils n’ont pas réussi à retrouver depuis. (…) Au cours des dernières années (ouvrage écrit en 1951), les Noirs ont donné de multiples preuves de leur humeur belliqueuse. L’émeute de 1943, à Harlem, ne fut pas, comme les précédentes, une rixe inter-raciale, mais une rébellion de la communauté noire. Tout récemment, à Winston-Salem (Caroline du Nord), des Noirs attaquèrent et menacèrent de lyncher un Blanc qui avait tiré sur une jeune noire, la blessant gravement. De jeunes étudiants noirs du collège de Talladega (Alabama) m’ont raconté que, depuis que le Ku-Klux-Klan planta, par surprise, une croix de feu au milieu de l’établissement, ils dormaient avec des pistolets chargés sous leurs oreillers, prêts à s’ « en servir à la première occasion. (…)

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