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Un bureaucrate collaboration de classe succède à un autre à la tête de la CGT et de manière tout à fait bureaucratique

mardi 16 octobre 2012, par Robert Paris

Un chaudronnier qui prépare une drôle de soupe dans son chaudron

Les anciens de Moulinex organisaient de nombreuses réunions et - bizarre, bizarre ! - on n’y voyait pas ce fameux Lepaon, présenté par toute la presse comme un ancien de Moulinex quand on ne le décrit pas comme le fer de lance de cette lutte contre les licenciements. Vous comprenez ça vous ? Il aurait même plutôt mauvaise presse auprès des anciens Moulinex y compris leur délégué CGT !

Quand les Moulinex étaient là devant l’usine menacée de fermeture, lui, paradait au conseil d’administration de Moulinex à bavarder avec le patron licencieur qui était un patron de choc et vouait une grande admiration à Lepaon. Le licencieur de Moulinex Pierre Blayau rapporte sur Lepaon, leader CGT qui prétendait le combattre : « Un pragmatique, un syndicaliste de haut vol. » Vous avez dit bizarre ?

Un bureaucrate collaboration de classe succède à un autre à la tête de la CGT et de manière tout à fait bureaucratique

Bernard Thibault a annoncé ce mardi à l’AFP que la commission exécutive de la CGT a choisi, sur sa proposition, Thierry Lepaon, pour lui succéder comme secrétaire général. Désormais adoubé, Thierry Lepaon devrait être élu sans peine les 6 et 7 novembre par le Comité confédéral national (« parlement » de la CGT). Cette instance, qui regroupe les patrons des Fédérations et des unions départementales, avait infligé un camouflet en mai au secrétaire général en rejetant sa candidate Nadine Prigent. Thierry Lepaon, du Conseil économique, social et environnemental, ancien membre du Conseil d’orientation pour l’emploi, a représenté la CGT dans la négociation sur la formation professionnelle, recueille même des louanges d’une personnalité qualifiée, membre de l’UMP. Jean-Marie Geveaux préside le Conseil général de la Sarthe et a rédigé avec Thierry Lepaon le projet d’avis sur l’ouverture à la concurrence des services ferroviaires régionaux de voyageurs, en juin : "Il y a eu quelques sourires quand on a été désignés comme co-rapporteurs, mais j’ai travaillé en bonne intelligence avec lui. Il est plutôt sympa, ce n’est pas un doctrinaire. Il a suffisamment d’envergure pour remplacer Bernard Thibault." Thierry Lepaon participe également aux réunions d’un cercle de réflexion créé par l’ex-journaliste Denis Boissard, aujourd’hui membre de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) : le Quadrilatère. Ce cercle regroupe des chefs d’entreprise, des DRH et des syndicalistes. Une occasion de plus pour débattre et surtout étoffer encore son carnet d’adresses. Souvent considéré comme un interlocuteur aux épaules solides par les autres syndicats ou les organisations patronales, Thierry Lepaon ne participe pourtant pas aux négociations sur l’emploi en cours. Mais avec ses contacts au CESE, de Raymond Soubie, ex conseiller social de Nicolas Sarkozy, aux représentants du Medef, il est désormais doté d’un carnet d’adresses national étoffé. Certains, à la CGT, lui reprochent d’ailleurs d’être proche d’un groupe de réflexion, le Quadrilatère, qui réunit des syndicalistes, des patrons, des journalistes. "Heureusement que des patrons rencontrent des syndicalistes parlent et vice-versa", a-t-il réagi. On prête en outre à cet homme de réseaux le soutien des francs-maçons, dit le journal patronal Les Echos. Parlant du Cese, il a dit : "Arrivé à la présidence du groupe CGT au Cese, j’ai lu une dizaine de livres sur la franc-maçonnerie pour comprendre comment ça marchait" parce que "quand on préside un groupe dans une instance comme celle-ci, il faut savoir comment les réseaux fonctionnent", raconte-t-il. A son arrivée au Cese, la CGt a failli perdre la vice-présidence de l’organisme, et il a fallu l’entregent de Raymond Soubie, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, pour sauver la mise.

Thierry Le Paon, 52 ans, ex-chaudronnier chez Moulinex et l’un des meneurs du mouvement contre la fermeture de l’entreprise bas-normande pour la CGT, n’a pas laissé que des bons souvenirs parmi ses anciens collègues.

Ceux notamment qui se battent encore aujourd’hui, plus de 10 ans après la liquidation du géant de l’électroménager et de ses 3000 emplois, pour faire valoir les droits des anciens salariés.

Pragmatique, il a su l’être, assurément, durant le lourd conflit qui a opposé salariés et direction de Moulinex, de 1996 à 2001. Au point de siéger au conseil d’administration de Moulinex et de forcer le respect du PDG de l’époque, Pierre Blayau, pourtant réputé intraitable, qui le qualifiait de "syndicaliste de haut vol". Au total 3 300 des 5 600 salariés sont restés sur le carreau. Lepaon, lui, en a tiré une montée dans l’appareil CGT…

C’est sur les ruines de la plus grande catastrophe industrielle de la région après la fermeture de la SMN, que Thierry Le Paon a fait sa carrière syndicale, prenant les rênes de la fédération du Calvados dès 2001 avant de diriger la CGT Normandie, jusqu’au poste suprême où il devrait être désigné ce mardi 16 octobre.

Mais aux yeux des autres représentants syndicaux de l’époque, ceux de la CFDT et de SUD, il a failli à sa mission de défense des salariés durant le long combat judiciaire qui a suivi la fin de Moulinex pour obtenir l’indemnisation de tous ces salariés sacrifiés, licenciés en 2001 "sans cause réelle ni sérieuse".

Pour donner une idée du point de vue de Lepaon sur la lutte des salariés contre les licenciements, voilà le point de vue le plus radical qu’il ait commis et c’est parfaitement de la collaboration de classe, un moyen de détourner vers des complications économiques, sociales, légales pour embrouiller les travailleurs :

"M. Thierry LEPAON, cgt : Monsieur le président, il nous semble judicieux d’examiner les possibilités offertes pour la défense de l’emploi dans les entreprises, y compris celles qui sont en difficulté, avant de présenter ce que nous jugeons nécessaire pour mener à bien la réforme des faillites.

Nous pensons avant tout qu’est nécessaire une veille portant sur les éléments économiques de l’entreprise et sur les possibilités d’anticipation, dans le cadre d’une prévention efficace des licenciements.

Étant donné que notre droit divise les entreprises en deux catégories - moins de 50 salariés et plus de 50 salariés -, nous pourrions présenter deux types d’analyses et de propositions.

Pour les entreprises de plus de 50 salariés, le dispositif législatif actuel définissant les prérogatives des représentants du personnel nécessite un renforcement de sa cohérence, pour assurer une veille et une anticipation efficaces. Nous proposons d’organiser cette cohérence autour de trois axes.

D’abord, l’analyse des performances passées de l’entreprise. Ensuite, l’examen des dispositions prises pour la gestion anticipative des emplois. Enfin, l’exigence de leviers d’action afin de remettre éventuellement en question les choix et les projets des directions de l’entreprise ou du groupe en cas de changement d’organisation, de changement important de technologie ou en cas de détérioration de la situation de l’entreprise pouvant avoir un impact important sur l’emploi.

Nous pensons que cette mise en question doit comprendre un droit suspensif des projets de la direction jusqu’à la réponse des organes dirigeants que l’on pourrait éventuellement saisir.

Nous souhaitons que la saisine des organes sociaux soit fortement encouragée, de telle sorte que les représentants du personnel soient en mesure de jouer un rôle efficace et pris en compte dans la gouvernance des entreprises.

Pour cela, nous proposons un premier levier de veille et d’anticipation, que l’on pourrait appeler le « rapport économique ». Nous proposons donc que l’entreprise donne au comité d’établissement, ou à défaut aux délégués du personnel, mais également au comité de groupe quand il existe et au comité d’entreprise européen le cas échéant, une fois par exercice social, avant l’assemblée générale des actionnaires et avec un délai d’examen suffisant, une information qui pourrait faire l’objet d’une analyse indépendante. Celle-ci serait effectuée par un expert-comptable - à la charge de l’entreprise -, doté des prérogatives du commissaire aux comptes sur la situation financière, les choix stratégiques, mais également les performances passées et prévisionnelles de l’entreprise, avec une évaluation des conséquences sur l’organisation et l’emploi.

Nous proposons ensuite un second levier, que nous appellerons levier de veille et d’anticipation, correspondant au « rapport social ». Dans le cadre de la gestion participative des emplois, nous proposons que le ce (comité d’entreprise), ou à défaut les délégués du personnel, soit doté de moyens d’information et d’actions appropriées, qu’il soit l’interlocuteur de la direction pour la gestion anticipative des emplois. À ce titre, nous proposons donc que la direction remette au ce, ou à défaut aux délégués du personnel, en même temps que le rapport économique, un rapport annuel social, dans des délais lui permettant d’interpeller l’assemblée générale des actionnaires qui statue sur les comptes sociaux.

Les ce, ou à défaut les délégués du personnel, disposeront donc de moyens d’expertise qui leur permettront de donner un avis motivé, une fois par an, sur la cohérence de la gestion anticipative des emplois, avec des informations relatives aux performances de l’entreprise et aux comptes, qui ont un impact sur l’emploi.

Nous proposons que cet avis soit communiqué à la direction départementale du Travail, de l’emploi et de la formation professionnelle.

Enfin, le troisième volet « veille et anticipation » devrait permettre au ce d’exercer son droit d’alerte en cas d’événements ou d’informations de nature à l’inquiéter sur la santé financière ou sur le maintien de l’emploi de l’entreprise, ou encore en cas de révision stratégique de la politique générale d’une entreprise ou d’un groupe.

Si le ce décide de recourir à son droit d’alerte, il aurait alors la possibilité de formuler des propositions alternatives qui devraient faire l’objet d’un avis et d’une réponse motivée.

Enfin, s’agissant des entreprises de moins de 50 salariés, une solution plus simple pourrait consister à ce que le chef d’entreprise fasse annuellement une déclaration écrite sur la situation économique et sociale de l’entreprise. Cette déclaration pourrait être remise aux représentants du personnel.

Si l’entreprise est une filiale ou un sous-traitant d’un groupe, le chef d’entreprise ou les représentants du personnel recevront chaque année les rapports économiques et sociaux du groupe, ce qui permettrait d’instaurer, selon nous, de nouveaux liens, entre les donneurs d’ordres et les sous-traitants.

Dans les entreprises de moins de 50 salariés le droit d’alerte sera assuré par les délégués du personnel - ce qui veut dire que nous proposons de l’instituer puisqu’il n’existe pas aujourd’hui. Il est également indispensable de donner de nouveaux moyens d’action au niveau du territoire ; nous proposons la création d’un observatoire régional économique et social de veille. Il permettrait de centraliser les informations disponibles dans les organismes existants - l’insee, l’afpa, les assedic, les comités économiques et sociaux régionaux (cesr), les chambres de commerce et d’industrie, etc.

Nous proposons également, afin de tisser des liens étroits entre entreprises et territoires, de créer des fonds régionaux mutualisés pour le développement de l’emploi, avec un contrôle régional sur l’utilisation des aides publiques, afin de permettre une meilleure prise en compte de l’intérêt des salariés. Ceux-ci pourront être représentés dans les tribunaux de commerce, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui - et j’en profite pour vous redire qu’une réforme des tribunaux de commerce est nécessaire.

Il est selon nous impossible de continuer, sans que l’État soit représenté dans les tribunaux : la présence du ministère public pourrait être obligatoire, à partir d’un seuil qu’il conviendrait de fixer. Les comités d’entreprise disposeraient d’un droit de veto. Nous précisons d’ailleurs que les charges découlant de ce droit de veto doivent incomber à l’employeur, s’il juge nécessaire de faire appel du droit de veto du comité d’entreprise.

Enfin, nous constatons souvent, en cas de dépôt de bilan, que s’ouvre une zone de non-droit pour les salariés et leurs représentants ; c’est la stratégie du « il faut aller vite, il y a urgence ». C’est notamment pourquoi nous souhaitons un renforcement des obligations des administrateurs judiciaires, avec un devoir de transparence et de communication auprès des personnels et de leurs représentants. Nous souhaitons aussi, à cet égard, que les syndicats aient qualité pour agir dans l’ensemble des procédures portées devant les tribunaux de commerce.

Enfin, une obligation d’avertir les organisations syndicales en cas de faillite, avec pour celles-ci un droit d’intervention et de communication dans les procédures, nous paraîtrait utile."

source

LEPAON et la privatisation de la SNCF : lire ici

Voir les négociations sur la privatisation des TER au CESE le discours de Lepaon :

« J’ai employé à dessein le mot consensus et je souhaite maintenant dissiper toute erreur d’appréciation sur ce terme. Il n’aura échappé à personne dans cette assemblée que la locution « ouverture à la concurrence » appliquée à un noyau dur du service public peut agir immédiatement comme un chiffon rouge. »

Donc son but est de développer la réalité de l’ouverture à la concurrence sans susciter de telles réactions...

Vous voyez qui est Lepaon ? Non ? Eh bien, vous allez voir...

Lire ici

Lepaon rapporteur sur la privatisation de la SNCF au Conseil économique et social :

« Ce texte présente une grande unité de ton révélatrice d’un consensus assez fort sur le sens que devrait avoir une expérimentation (de privatisation de la SNCF), si l’Etat le décide, et sur les principes que doivent inspirer sa conduite pour concourir à son succès. J’ai employé à dessein le mot consensus et je souhaite maintenant dissiper toute erreur d’appréciation sur ce terme. Il n’aura échappé à personne dans cette assemblée que la locution « ouverture à la concurrence » appliquée à un noyau dur du service public peut agir immédiatement comme un chiffon rouge.
Dans le monde ferroviaire, agiter un chiffon rouge est justement le moyen le plus ancien, mais toujours en vigueur, pour signifier l’arrêt d’urgence notamment lorsqu’il s’agit d’une manœuvre.
« Je dois dire que j’ai personnellement considéré comme un challenge de faire la preuve qu’il était possible, et même utile, de dépasser le stade de la réaction allergique afin de clarifier les idées en affrontant la réalité. Affronter la réalité, c’est toujours confronter les points de vue, polir ses arguents en les frottant, souvent vigoureusement, à ceux des autres. (…)

Le thème de l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire régional de voyageurs s’inscrit dans le cadre d’une rientation prise au niveau européen. Dès lors, la responsabilité d’une telle initiative appartient à l’Etat et à lui seul. Il doit être clair que la question de l’ouverture à la concurrence ne peut pas se résoudre par la voie d’une discussion, d’une négociation, d’une concertation entre la direction et les syndicats de l’entreprise publique auquel ce service est dédié par la loi.

La SNCF appartient à la nation et ce sera donc aux élus de la nation, à l’issue d’un débat public associant les citoyens et les usagers, de prendre leurs responsabilités et de l’assumer, le cas échéant, devant leurs électeurs. (…)

Pour aller à l’essentiel, je voudrais maintenant présenter a méthode et le calendrier législatif et social que nous préconisons.
J’insiste bien sur le fait que nous proposons d’abord une méthode car nous avons voulu mettre l’accent sur le « comment faire » et pas seulement sur le « quoi faire ».

Cette méthode se décline en six recommandations qui tracent un chemin, c’est-à-dire un cap, une succession d’étapes et une méthode permettant de conduire à terme une telle expérimentation (en vue de la privatisation de la SNCF), si elle était décidée, et d’en tirer les enseignements. C’est ensuite à son heure que viendra le moment de la décision. (…)

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