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Faire le bilan des luttes de 2009 serait le meillleur gage de succès pour 2010

lundi 11 janvier 2010, par Robert Paris

L’année 2009 a été marquée par le caractère particulier des luttes. On a constaté que certaines luttes locales ont été massives et radicales, qu’il s’agisse de combats contre des licenciements ou des fermetures, comme dans le cas des sous-traitants de l’Automobile (Molex, Caterpillar ou Continental notamment), contre la dégradation des services publics (SNCF, La Poste, Pôle emploi ou les hôpitaux) ou encore pour les salaires (EDF, RER, secteur privé, ...). Enfin, il y a eu les journées d’action syndicales. C’est donc une année où les travailleurs ont participé à un nombre important de luttes et pourtant le sussèce n’est pas au rendez-vous. une fois de plus les salaires, les emplois et les conditions de travail ont gravement reculé en 2009. Certes, la crise y est pour quelque chose, mais elle n’a pas empêché les profits des boursicoteurs du CAC40 et les revenus des grands patrons des trusts et des banques de grimper en flèche ! C’est donc les travailleurs qui sont les seuls à payer et on n’a pas eu en 2009 le rapport de forces permettant de faire reculer nos adversaires du patronat et du gouvernement. Pourquoi des luttes radicales et massives n’ont pas permis de gagner sinon parce qu’actuellement nous avons à faire à une attaque générale qui ne peut se combattre que tous ensemble et non secteur par secteur ?

Il n’y a pas d’autre moyen pour parvenir à cet objectif que de discuter entre travailleurs des leçons à tirer sur les échecs passés. Et le principal obstacle pour de tels débats entre nous, travailleurs, que le frein des organisations syndicales. Loin de servir à mettre en place un tel débat, elles l’empêchent. Elles détournent les travailleurs de s’organiser eux-mêmes en comités en vue de faire le bilan et de mettre au point la riposte nécessaire.

Ce devrait être aux travailleurs de décider des suites à donner à la lutte. Au lieu de cela, les confédérations syndicales occupent le terrain avec des propositions qui divisent, qui affaiblissent et qui empêchent les travailleur de se faire eux-mêmes d’autres propositions.

Par exemple, il y a du mécontentement en cette rentrée. Les confédérations décident alors de le détourner par des luttes divisées. En 2010, les journées d’action de 2009 continuent mais, quel progrès !, elles sont sectorisées… La fonction publique est appelée à la grève le 21 janvier, les infirmières et personnels de santé le 26 janvier, France Télévision le 28 janvier, l’Education le 30 janvier. Les ports et docks avaient été appelés le 4 janvier. La Guadeloupe le 9 janvier. L’aviation civile les 13 et 14 janvier. Météo France le 12 janvier. Et, dans le privé, c’est plutôt entreprise par entreprise, etc, etc…

Il est grand temps que les travailleurs lancent un grand mouvement d’organisation de comités de lutte dans tous les secteurs pour décider eux-mêmes des revendications, des formes d’action et discuter de l’avenir de la société.... Avons-nous intérêt à étaler la lutte d’une journée d’action à une autre deux ou trois mois plus tard ? Devons-nous laisser un secteur se battre seul et n’entrer en lutte que plus tard, une fois que ce secteur a été battu ?

Les syndicats français qui se moquaient volontiers du syndicalisme de cogestion avec les patrons à l’allemande, du syndicat-parti ultra-réformiste et respectable à l’anglaise ou du syndicat-trust à l’américaine, ont très bien su trouver la voie française de l’intégration au système. On les voit en effet de plus en plus gérer les conflits à la manière non conflictuelle mais consensuelle au risque de se contenter d’envoyer les luttes dans des voies de garage. On se souvient par exemple de la fin de conflit de la SNCM où la CGT avait édité des bulletins de vote pour la reprise du travail en accord avec la direction, bulletins sur lesquels on votait soit pour la reprise et le maintien de l’entreprise soit pour la continuation de la grève et le démantèlement de l’entreprise. Le syndicat corse qui avait joué en faveur de la lutte et se retrouve aujourd’hui en procès n’avait reçu aucun soutien des confédérations. Et ce n’est qu’un exemple parmi de multiples cas du type de l’entreprise Périer, où la CGT avait fait pression sur sa section locale pour qu’elle accepte un chantage patronal.

Il ne s’agit pas ici de faire semblant de découvrir que les syndicats sont réformistes. Cela ne date pas d’hier. Par contre, aujourd’hui, il n’y a plus aucune base au réformisme. C’est les contre-réformes, les remises en cause et les reculs qui sont signés par des syndicats fanatiques de l’accord. En cela, la CGT a rejoint les autres syndicats, et les a parfois dépassés même, dans sa course à la signature d’accords. Et on voit que le bilan n’en est nullement une amélioration de la situation des travailleurs. Quand on mesure le niveau de stress, la détérioration des conditions de travail, d’emploi et de salaires, il est clair que ces accords n’ont fait qu’engluer les organisations syndicales sans nullement changer en positif le sort des travailleurs. Bien entendu aussi, nous ne découvrons pas que les syndicats n’ont plus rien de révolutionnaire depuis belle lurette. Non seulement, ils ne visent plus au socialisme comme le proclamait l’ancienne CGT, non seulement ils ne veulent nullement renverser le système, pas plus qu’ils ne souhaitaient le faire en 36 ou en 68, mais, même dans des conflits n’engageant pas le pouvoir de la bourgeoisie, ils détournent les luttes, les divisent, les noient avec des stratégies multiples de division et de diversion.

Le moyen de transformer les futures luttes en succès, c’est de mener des luttes sur la base non du secteur ou de la profession mais sur la base des classes sociales, de nos intérêts de travailleurs, d’unir privé et public, d’unir les hôpitaux entre eux, d’unir les trusts automobiles aux sous-traitants, d’unir précaires et salariés en CDI, sans papiers et salariés avec papiers, etc..... En somme, une lutte de classe !

Qu’est-ce qu’une lutte de classe ? Lénine l’exposait aux travailleurs : "Qu’est-ce que la lutte des classes ? Quand les ouvriers d’une seule usine ou d’une profession particulière engagent la lutte contre leur patron ou contre leurs patrons respectifs, est-ce là lutte de classes ? Non, ce n’en sont que de faibles débuts. La lutte d’ouvriers ne devient lutte de classes qu’au moment où tous les représentants les plus avancés de la classe ouvrière du pays prennent conscience de former une classe ouvrière unie et où ils commencent à mener une lutte, non pas chacun contre son patron à lui, mais contre la classe capitaliste tout entière et contre le gouvernement qui la soutient. Ce n’est qu’au moment où chaque ouvrier prend conscience de faire partie de toute la classe laborieuse et qu’il considère sa lutte quotidienne contre un patron, contre un fonctionnaire de l’Etat comme la lutte contre toute la bourgeoisie et contre le gouvernement tout entier, ce n’est qu’à ce moment que sa lutte devient lutte de classes."

Messages

  • Comme exemple de radicalisme syndical qui ne se différencie pas sur le fond de l’illusion réformiste que propage les centrales, X.Mathieu est délégué CGT et un des leader de la grève dans l’usine Continental en Picardie, contre sa fermeture.

    dans l’interview donnée au monde, le délégué critique la tête de la CGT pour mieux défendre un syndicalisme de corparation, d’usine.

    Il se prend pour le roi des fortes têtes, il n’est que la marionnette des centrales syndicales qui l’ont convaincu que la lutte secteur par secteur, atelier par atelier, encadré par le syndicat, était ce qui se faisait de mieux.

    La nouvelle CGT veut des "techniciens de négociations" et les "voyous" du type X.Mathieu sont toujours moins dangereux que les marins à qui l’Etat a envoyé le GIGN en 2005, c’est à dire des tueurs professionnels .

    Car ces marins étaient justement en train de se battre en même temps que d’autres travailleurs dans la même ville. (traminots)

    Le danger de contagion est le plus menaçant de tous pour les patrons et les gouvernants.

    Quelle est l’étincelle de Mai 68 ? les étudiants ? pas principalement :

    La lutte chez Sud Aviation, les chantiers de l’Atlantique dans la même ville en 1967, la propagation à d’autres secteurs comme Flins, l’automobile.

    Pour ça il faut une autre conscience que celle d’être un bon syndicaliste qui défend "sa boite et ses gars".

    Car avec ça on ne va pas loin, juste pointer aux Assedic avec un peu plus d’argent qu’initialement prévu.

    DAns l’article ci dessous, MAthieu essaye de convaincre qu’il n’a jamais voulu réellement dépasser les limites de sa boite : alors "l’union fait la force", c’est valable les jours de fête, mais "les oeillères creusent la tombe des travailleurs" semblent mieux lui correspondre.

    "La CGT a laissé ses propres délégués dans la merde"
    LEMONDE.FR | 26.08.09 | 20h30 • Mis à jour le 27.08.09 | 10h31

    élégué CGT de l’usine Continental Clairoix promise à la fermeture, Xavier Mathieu s’est récemment attaqué aux dirigeants syndicalistes, les traitant de "racaille" et leur reprochant de "frayer avec le gouvernement". Selon lui, les "Conti", qui ont obtenu 50 000 euros d’indemnités de licenciement n’auraient pas eu autant s’ils avaient confié leur sort aux confédération syndicales.

    A l’issue du conflit de Continental Clairoix, vous vous en êtes pris aux instances dirigeantes des syndicats, notamment au vôtre, la CGT, en traitant Bernard Thibault de "racaille". Pourquoi ?

    Ce n’est pas une attaque contre la CGT. J’ai trop de respect pour tous les salariés et délégués qui se battent comme des fous durant les conflits. J’ai plutôt parlé en leur nom, et je peux vous assurer que beaucoup pensent comme moi, à savoir qu’on n’est pas assez soutenus. D’ailleurs, je ne reproche pas à Bernard Thibault de ne pas venir devant les usines. Ce que je reproche à la direction, c’est qu’elle a refusé de nous soutenir quand nous étions convoqués au tribunal (pour les destructions dans la préfecture de l’Oise). Quand on a demandé de l’aide, il n’y a que des partis politiques de gauche qui sont venus et aucune confédération syndicale. Alors que dans les sept convoqués, il y avait trois élus CGT, deux syndiqués et deux sympathisants. Dans les confédérations paysannes ou autres, on n’abandonne jamais ses adhérents. La CGT a laissé ses propres délégués dans la merde. C’est honteux.

    Il y a une fracture entre les directions des confédérations et la base ?

    La fracture entre la base et les directions est générale. Pas seulement du côté de la CGT. C’est pareil à FO ou à la CFDT. Je ne regrette pas mon coup de colère. Quand le mec pour qui je paie mes timbres depuis 18 ans refuse de venir soutenir des ouvriers poursuivis au tribunal pour s’être battus, je n’ai pas de respect pour lui. Ce n’est pas parce qu’il est au-dessus de moi que je suis obligé de l’adorer. D’ailleurs, je vais arrêter de répondre là-dessus. J’ai juste un conseil à leur donner : c’est d’arrêter de penser que tous ceux qui sont en colère sont manipulés par l’extrême gauche. Ça, c’est le même discours que l’UMP. Et franchement, ce n’est pas très respectueux de la classe ouvrière, de penser que nous sommes des moutons incapables de nous battre tout seuls.

    On vous a pourtant accusé de rouler pour le NPA d’Olivier Besancenot...

    Ça fait quatre mois et demi qu’on nous répète les mêmes conneries. A la CGT de Continental Clairoix, il n’y a aucun encarté, ni au NPA, ni au PC, ni à LO. Aucun. C’est la mode : dès qu’on n’est pas content, on est taxé d’être d’extrême gauche. Je suis allé à l’université d’été du NPA parce qu’ils m’ont invité. J’avais dit, à l’époque où différents partis nous avaient soutenus, que j’étais prêt à venir parler de la lutte des Conti. Je l’ai fait pour Lutte ouvrière en juin, je l’ai fait au NPA, je le ferai le 12 septembre à la Fête de l’Humanité. Si les Verts, le PS ou le PRG me le demandent, je le ferai.

    Mais mettre dos-à-dos les politiques et les syndicalistes, c’est de la connerie. Quand Thibault demande l’interdiction des licenciements ou la hausse du SMIC, ce n’est pas de la politique ? Est-ce que Bové n’a pas été syndicaliste avant d’être homme politique ? La CGT reproche ça uniquement si tu n’es pas au Parti communiste, tout le monde le sait. Thibault refuse d’aller au NPA, mais il va bien à la Fête de l’Huma. S’il ne veut pas faire de politique, il n’a rien à y foutre. Comment on peut dire, si on est syndicaliste, qu’on ne fait pas de politique ? Le syndicalisme, c’est de la politique ou alors je comprends rien.

    Est-ce que les rencontres que vous avez faites pendant ces derniers mois peuvent aboutir à une coordination des luttes ?

    Je ne sais pas. Tant que ça ne sont que les gens qui sont dans la merde qui appellent à l’aide, ça n’aboutit pas. Ça bougera quand ce seront les gens qui n’ont pas de problèmes qui viendront aider. En plus, je vois bien que quand on était dans notre lutte, on avait d’autres choses à faire que d’aller organiser des coordinations avec d’autres boîtes.

    Et puis, je ne suis pas un professionnel de tout ça. Il y a six mois de ça, je faisais mes trois parties de pêche par semaine, je regardais le foot à la télé. Je défendais mes copains à l’usine, mais toutes ces histoires, ça me dépassait.

    L’après-Continental, vous le voyez comment ?

    Je ne sais même pas ce que je vais devenir. Je suis en train de réaliser aujourd’hui ce que les copains me disent depuis plusieurs mois : "Tu t’exposes trop." Alors peut-être que mon plus gros combat, ça ne va pas être Conti, mais de retrouver du travail. J’espère que je me trompe, même si je ne regrette pas ce qui s’est passé. Tout ce qu’on a vécu durant ces six mois, tous ces efforts et cette chaleur humaine, je ne sais pas si les gens qui me critiquent peuvent le comprendre

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