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L’Etat français est-il devenu un vaste subprime ? Ou comment faire croire à une reprise en mettant en place une vaste cavalerie financière

18 septembre 2013, 06:55

D’après les derniers chiffres du G20, plus de 5.300 milliards de dollars sont échangés chaque jour contre 4.000 il y a 3 ans. 2008 a vu le recours à l’ assouplissement quantitatif, politique exceptionnelle permettant aux banques centrales d’absorber les actifs nationaux à risque. Mais ce soutien aux économies développées a en réalité profité aux BRICs, vers qui la révolution numérique a orienté les achats de produits manufacturés du monde entier. Ainsi la relance massive aux États-Unis a-t-elle alimenté une bulle spéculative dans les émergents plutôt que stimulé l’emploi local. Car à nouvelle mesure, nouvel effet pervers : au lieu d’apprendre des erreurs de l’Occident, ils les ont répétées. La Chine, en freinant l’appréciation de sa devise face à l’insistance de ses partenaires, a recyclé l’essentiel de son inflation (augmentation de sa masse monétaire de 19 % par an depuis 2008) dans son marché immobilier, au risque de sa surévaluation (du double au triple, selon les estimations).

Si les BRICs semblaient ainsi maintenir leur croissance dans un premier temps et le soulagement général, les fonds n’avaient en fait qu’été redistribués d’une bulle à l’autre au gré des investisseurs opportunistes. Car dans ce contexte de réactivité globale et immédiate, les nations se comportent comme des entreprises en recherche systématique de performance face à un arbitrage financier constant. La croissance à court terme est primordiale et comme la monnaie est l’instrument le moins coûteux pour cela, prêts à taux d’intérêt quasi-nul et assouplissement quantitatif sont de mise, favorisant la spéculation, bénéficiant à ceux qui empruntent.

La monnaie, originellement variable d’ajustement macroéconomique, devient vecteur de crise au même titre que la finance, dès lors que ces deux veines de l’économie sont infectées par la spéculation.

La récurrence de crises est donc une caractéristique indissociable de l’économie globulaire. Car cette dernière, toujours endettée et exposée aux bulles immobilières et boursières, croit moitié moins vite que par le passé : le taux d’inflation mondial actuel est d’environ 50% plus élevé que le taux de croissance du PIB réel. Et à présent que cette stagflation s’étend aux BRICs, la Réserve fédérale américaine commence à resserrer sa politique de soutien, comme cela a été évoqué à plusieurs reprises au sommet du G20 à St Saint-Pétersbourg la semaine dernière. En réponse, les capitaux se retirent des marchés émergents dans la méfiance générale.

Les monnaies du Brésil et de l’Inde se déprécient. La Chine, dont le yuan est arrimé au dollar, souffre encore plus, d’autant que sa population active commence déjà à diminuer sous l’effet de la politique de l’enfant unique (naturellement, ce phénomène se manifeste lorsque le pays atteint un revenu par tête plus élevé que 7000 dollars). La flambée immobilière chinoise absorberait déjà deux fois plus d’argent que son économie réelle : d’après les estimations, pour 3 yuans de croissance monétaire, 1 est réinjecté dans l’économie réelle, 2 le sont dans la bulle immobilière. Or, sa masse monétaire totale s’élève à 17000 milliards de dollars, soit 6 fois ses réserves de change. La dette des ménages est d’un tiers du PIB - contre près de 100% lorsque la bulle a éclaté en 2008 aux États-Unis et en 1992 au Japon - et nous n’en sommes pas encore au déséquilibre que connaissait l’Indonésie au début de la crise asiatique de 1997 car les taux d’intérêt mondiaux, proches de zéro, ralentissent l’éclatement de la bulle en question, mais le constat est là : c’est la fin du modèle quantitatif de croissance continue des BRICs tel que nous l’avons connu jusqu’ici au profit de la nouvelle dynamique macroéconomique globale.

Les politiques monétaires divergent pour la première fois depuis 2008 : Europe et Japon maintiennent l’assouplissement tandis qu’États-Unis et émergents rationalisent. Dans un contexte de croissance mitigée et de troubles au Proche-Orient, cette contradiction désoriente les marchés. L’or, notamment, bien que souffrant de la hausse du dollar, devient une valeur refuge pour la Chine et l’Inde, qui représentent les deux tiers de sa demande. Au point que Shanghai devrait bientôt éclipser New York comme sa première place d’échange. Alors que les capitaux financiers, eux, circulent dans l’autre sens, là encore de par l’appréciation du dollar, qui rappelle le dollar : les fonds spéculatifs réinvestissent l’économie américaine, où la richesse nette des ménages a bondi de 45% à 70 Milliards (contre 48 milliards de dollars en 2009, et 63 milliards de dollars au moment de l’éclatement de la crise).

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