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Massacre d’extrême droite anti-musulmans en Nouvelle-Zélande

mardi 19 mars 2019

Des terroristes fascistes assassinent 49 personnes à Christchurch, en Nouvelle-Zélande

Par WSWS : Tom Peters et John Braddock

Quarante-neuf personnes ont été tuées et 48 autres blessées lors d’un horrible attentat terroriste commis vendredi après-midi contre deux mosquées de la ville néo-zélandaise de Christchurch. L’attaque est de loin le plus grand assassinat de masse et l’acte de terrorisme le plus grave de l’histoire de la Nouvelle-Zélande, et l’un des pires au monde dans la période récente.

Sept personnes sont mortes à la mosquée Linwood Masjid et 41 à la mosquée Masjid Al Noor, à proximité de Hagley Park, près du centre-ville. Une autre personne est décédée à l’hôpital. Il est possible que le nombre de morts augmente encore.

Les gens ordinaires à l’échelle internationale ont exprimé leur choc devant l’attaque et leur sympathie pour les victimes. Des veillées sont prévues dans les villes de Nouvelle-Zélande samedi soir et dans les prochains jours.

Trois personnes ont été arrêtées en lien avec le massacre. Des armes ont été trouvées près de chacune des mosquées. La police a également désamorcé deux engins explosifs trouvés dans un véhicule, ce qui indique que d’autres attaques auraient pu être prévues. À ce jour, un seul homme a été nommé, le citoyen australien Brenton Tarrant, âgé de 28 ans, qui a comparu devant le tribunal aujourd’hui pour être inculpé de meurtre.

L’attentat est un crime horrible, un acte de barbarie motivé par le racisme et l’idéologie d’extrême droite. Il ne s’agit pas uniquement d’un événement néo-zélandais, il résulte de la montée en puissance de réseaux fascistes d’extrême droite qui se sont développés dans le monde entier, promus et protégés par les plus hauts niveaux des appareils d’État. Leurs activités se sont développées parallèlement à l’escalade rapide de la lutte de classe internationale et aux mesures désespérées prises par les élites dirigeantes pour réprimer l’opposition en violant les droits démocratiques fondamentaux.

Tarrant a puisé son inspiration de groupes d’extrême droite anti-immigrés au niveau international parmi lesquels il avait un auditoire. Des séquences vidéo de l’attaque de la mosquée Al Noor ont été diffusées en direct sur Facebook et YouTube, apparemment à partir d’une caméra montée sur la tête de Tarrant. Les images, maintenant enlevées, montrent le tireur en voiture en route vers à la mosquée, puis son entrée dans la mosquée et sa perpétration du massacre de sang-froid. Les victimes sans défense, dont des enfants en bas âge, avaient peu de chance d’échapper à la pluie de balles provenant du fusil d’assaut.

Bien que de nombreux détails ne soient pas encore connus, il est clair que ce n’était pas un acte au hasard ou « insensé ». Selon un « manifeste » de 73 pages publié en ligne par Tarrant, il aurait passé deux ans à planifier l’attaque après avoir vécu un certain temps en Europe.

Intitulé « Le grand remplaçant », le manifeste indique clairement que Tarrant était un suprémaciste blanc et se considérait comme un « fasciste ». Le document louait le meurtrier de masse Anders Behring Breivik, qui avait tué des dizaines de jeunes et d’enfants dans un camp du Parti travailliste norvégien en 2011, motivé par des préjugés anti-islamistes. Tarrant a affirmé avoir eu un « bref contact » avec Breivik et avoir reçu sa « bénédiction » pour l’attaque en Nouvelle-Zélande.

Le mois dernier, les autorités américaines ont arrêté un lieutenant des garde-côtes, Christopher Paul Hasson, qui complotait pour mener des attaques terroristes contre des groupes socialistes, des hommes politiques du Parti démocrate et des personnalités des médias. Hasson est un néo-nazi qui réclame également Breivik comme son idole.

Tarrant a salué le président américain Donald Trump comme « un symbole de l’identité blanche renouvelée et d’un objectif commun ». Comme Trump, Tarrant a décrit les immigrants comme des « envahisseurs », déclarant : « Nous devons écraser l’immigration et expulser ceux qui vivent déjà sur notre sol ».

L’assassin a également menacé les gens de gauche. Un passage intitulé « Antifa / Marxistes / Communistes » se lit ainsi : « Je vous mets dans ma ligne de mire. Je veux votre cou sous ma botte. » Le 12 mars, Tarrant a publié sur Twitter de nombreuses photos de son fusil d’assaut, inscrit de messages, notamment de références à Josué Estébanez, un néo-nazi qui a assassiné un anarchiste adolescent en Espagne en 2007. Le slogan « Vienne 1683 » y est inscrit, qui fait référence au refoulement armé des envahisseurs ottomans par les milices autrichiennes.

Étonnamment, le commissaire de la police néo-zélandaise, Mike Bush, a affirmé que ni la police néo-zélandaise, ni la police australienne, ni aucun autre organisme, ne connaissaient auparavant Tarrant ou les autres personnes arrêtées. Apparemment, ils ne figuraient pas sur des « listes de surveillance » d’extrémistes. Si cela est vrai, cela souligne le fait que les autorités de l’État ont fermé les yeux sur les activités des réseaux d’extrême droite et en sont complices.

Aucune explication n’a été avancée sur comment une telle attaque a pu être planifiée pendant des années sans que la police en prenne connaissance. Des questions se posent également sur la manière dont les assaillants ont acquis leurs armes. La Nouvelle-Zélande n’a pas de registre des armes à feu et il y a 1,3 million d’armes légalement détenues, dans un pays d’un peu moins de 5 millions d’habitants.

La Première ministre Jacinda Ardern a déclaré lors d’une conférence de presse vendredi soir que la Nouvelle-Zélande n’a « pas été choisie pour cet acte de violence parce que nous tolérons le racisme ou sommes une enclave pour l’extrémisme. Nous avons été choisis pour le fait même que nous ne sommes rien de tout cela. Car nous représentons la diversité, la gentillesse, la compassion ».

En fait, l’attaque a eu lieu dans un contexte politique national et international bien précis, caractérisé par la violence impérialiste et le nationalisme croissant, la xénophobie et le racisme. Cela fait suite à près de deux décennies de participation de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie aux guerres menées par les États-Unis en Afghanistan, en Irak et en Syrie, qui ont tué plus d’un million de personnes. Des troupes de Nouvelle-Zélande et d’Australie ont été impliquées dans de multiples massacres et atrocités contre des civils en Afghanistan.

Face à la détérioration des conditions sociales, à l’aggravation des inégalités et de la pauvreté, il existe une tendance bien établie pour la création d’un mouvement de « l’alt-droite » en Nouvelle-Zélande. Il est conçu pour faire face à la radicalisation croissante de la classe ouvrière et de la jeunesse.

L’atrocité en Nouvelle-Zélande fait suite non seulement du meurtre de masse commis par Breivik en Norvège, mais également les meurtres commis en 2012 par des fascistes dans un temple sikh à Oak Creek, dans le Wisconsin en 2012, et dans un foyer du troisième âge juif à Overland Park, au Kansas en 2014 ; le massacre de 2015 de fidèles afro-américains à Charleston, en Caroline du Sud ; l’assassinat en 2016 de la femme politique travailliste britannique, Jo Cox ; l’assassinat de neuf personnes dans une mosquée à Québec, Canada, en 2017 ; et le meurtre, en 2018, de 11 fidèles juifs à la synagogue Tree of Life de Pittsburgh, en Pennsylvanie – pour ne citer que quelques-uns des actes de terrorisme commis par la droite.

Suite au récent assaut contre le chef du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn, le chef du Parti vert néo-zélandais, James Shaw, a été attaqué jeudi dernier dans une rue de Wellington par un individu criant des slogans contre les Nations Unies. L’assaillant pourrait bien avoir été motivé par les récentes manifestations de groupes d’extrême droite contre la signature par la Nouvelle-Zélande du Pacte de migration des Nations Unies.

Un sentiment anti-islamique a été délibérément attisé par les politiciens australiens et néo-zélandais. Le sénateur indépendant d’extrême droite australien Fraser Anning a publié un communiqué de presse fascisant qui tenait les victimes elles-mêmes pour responsables du massacre de Christchurch. Il a décrit l’immigration musulmane comme la « véritable cause » de l’attaque. Anning a récemment participé à un rassemblement à St Kilda Beach organisé par d’éminents néo-nazis australiens.

Lors de sa première conférence de presse vendredi soir, Ardern a déclaré qu « il n’y a pas de droit de cité en Nouvelle-Zélande » pour les promoteurs de « la haine ». Cependant, Ardern a embrassé et placé au centre même de son gouvernement, le groupe raciste et parti populiste NZ First, qui a été fondé au début des années 1990 sur une plate-forme explicite anti-asiatiques et anti-immigrés.

NZ First, partenaire du gouvernement de coalition dirigé par les travaillistes, est un défenseur notoire de la xénophobie antimusulmane. Malgré le fait qu’il n’ait obtenu que 7,2 pour cent des voix en 2017, NZ First s’est vu confier les postes de ministre des Affaires étrangères, ministre de la Défense et vice-Premier ministre.

Après les attaques terroristes de Londres en juin 2017, le dirigeant de NZ First, Winston Peters, avait exigé devant le Parlement que la « communauté islamique » néo-zélandaise « balaye sa porte d’entrée » en dénonçant des terroristes potentiels au sein de « leurs propres familles ». Sans produire la moindre preuve d’un tel extrémisme, Peters a dénoncé « l’esprit tordu d’inclusion » qui a accueilli « la culture de Damas » et de « Tripoli » en Nouvelle-Zélande. Il a déclaré : « Nous devons éviter le même piège politiquement correct qui a permis à de telles communautés de se former séparément [.. ...] Nous devons arrêter ce dérapage en tant que peuple, en tant que culture occidentale ».

L’année dernière, NZ First a appelé à la mise en place d’un « test de valeurs néo-zélandaises » pour les nouveaux immigrés, une atteinte à l’intégrité des musulmans et des migrants asiatiques. Peters a déclaré que cela arrêterait les migrants qui pensent que « les femmes sont du bétail et des citoyens de seconde classe ». Un autre membre de NZ First, Roger Melville, a déclaré que des « Pakistanais, des Indiens et des nations de type asiatique » cherchaient à « imposer leurs coutumes aux autres ».

L’attaque de Christchurch constitue un sérieux avertissement quant aux dangers qui pointent à l’horizon. Une atmosphère de nationalisme toxique, de militarisme et de xénophobie anti-immigrés est fomentée sur le plan international, créant ainsi le terrain pour la réémergence du fascisme à mesure que le capitalisme se précipite dans sa plus grande crise depuis les années 1930. Il faut y répondre par la construction d’un mouvement socialiste international, unifiant la classe ouvrière de tous les pays dans la lutte pour mettre fin au capitalisme et à la réaction fasciste qu’il a engendrée.

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