dimanche 8 mars 2015
La longue histoire de meurtres des forces policières américaines contre les Noirs
Barack Obama célèbre samedi à Selma (Alabama) la marche pour les droits civiques qui a marqué un tournant dans l’histoire des Etats-Unis en garantissant le droit de vote aux Afro-Américains des Etats du Sud. « Il ne s’agit pas seulement de commémorer le passé,a-t-il assuré, Selma, c’est aujourd’hui (...), c’est nous demander ce que nous pouvons faire pour rendre l’Amérique meilleure. »
Mais lui, le premier président noir américain, n’a absolument rien à célébrer en matière de lutte contre les discriminations contre les Noirs car il n’a mené absolument aucune lutte dans ce domaine, ni avant de devenir président ni après….
Si, en fin de mandat, Obama tient un discours un tout petit peu plus antiraciste, c’est quand même un président qui s’est gardé de toute intervention dans ce domaine durant toute sa présidence…
Il n’en est nullement à se demander ce qu’il allait faire mais seulement ce qu’il allait dire pour essayer de maintenir le mensonge, le faux espoir que les classes dirigeantes améliorent la situation des Noirs…
L’un des domaines du racisme aux USA qui est apparu crûment sur la scéne internationale, c’est l’assassinat de Noirs par les forces policières….
La liste est longue. La mémoire collective se souvient évidemment de l’affaire Rodney King, cet homme noir passé à tabac en 1991 par des policiers dont l’acquittement avait déclenché de violentes émeutes. Lui n’en est pas mort. Mais, pour de nombreux autres Noirs aux Etats-Unis, innocents, non armés, l’usage excessif de la force tue.
La statistique en dit long : toutes les 28 heures aux Etats-Unis, flics ou vigiles (comme George Zimmerman) racistes tuent un Afro-américain, généralement un jeune innocent, sans arme, et qui n’agressait personne, généralement de sexe masculin. Le FBI, très en dessous de ces statistiques, signale cependant 410 homicides contre des Noirs pour l’essentiel imputables aux forces de l’ordre pour 2012
Aux quelques centaines d’homicides commis par des policiers chaque année, 497 rien qu’en 2009 selon les estimations de l’American Civil Liberties Union (ACLU), il faut opposer le fait que, très souvent, quel que soit le degré d’excès d’usage de la force, les responsables sont acquittés. Quand ils ont été mis en examen. Concernant les motifs des interpellations, là aussi, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 95% des interpellations pour cause de « façon [suspecte, ndlr] de marcher sur la route » et 92% des cas de trouble à l’ordre public concernaient des Noirs. Lorsque les dossiers d’Afro-Américains passaient devant la justice, il y avait 68% de chances en moins que l’affaire soit classée. En 2013, pas moins de 92% des dossiers dans lesquels un mandat d’arrêt était émis concernaient des Noirs et 90% des personnes citées à comparaître étaient, là aussi, noires.
Les jeunes hommes noirs tués par la police sont 21 fois plus nombreux que les jeunes hommes blancs, selon une étude du site d’investigation ProPublica.
Quelques cas seulement ont été médiatisés :
2015
Six mois après la mort controversée de Michael Brown à Ferguson, la police américaine a tué un Noir de 19 ans dans le Wisconsin. Un Noir de 19 ans a été tué par un policier à Madison dans le Wisconsin, dans le nord des États-Unis ce vendredi soir 6 mars, a rapporté le chef de la police de la ville selon qui le jeune homme aurait agressé le représentant de l’ordre. Le chef de la police Mike Koval a indiqué ce samedi 7 mars sur la même télévision que "les premiers éléments de l’enquête ne faisaient pas état d’une arme ou de quelque chose comme ça" qui aurait été utilisé par le jeune homme. Un policier s’était rendu au domicile du jeune homme soupçonné d’avoir perturbé la circulation routière… Triste ironie du sort, cet incident s’est produit à la veille de la commémoration du cinquantième anniversaire de la marche pour les droits civiques des Noirs à Selma dans l’Alabama (sud) où doit se rendre ce samedi le président Barack Obama. 2014
Le 17 juillet 2014, Eric Garner, un père de famille noir de 43 ans, avait été soupçonné de vente illégale de cigarettes et interpellé par la police. Ce père de six enfants, qui avait tenté de résister, avait été plaqué au sol par plusieurs policiers blancs. Dans une vidéo amateur, on peut voir un policier lui compresser le cou, en utilisant une prise – interdite dans la police new-yorkaise depuis 1993- qui bloque les voies respiratoires. Eric Garner était obèse et asthmatique. Il s’était rapidement trouvé mal et s’était plaint à plusieurs reprises de ne pas pouvoir respirer en criant "je ne peux pas respirer !", en vain… L’homme avait ensuite perdu connaissance et avait été déclaré mort à l’hôpital.
Le samedi 9 août, en début d’après-midi, Michael Brown, un adolescent noir marchait non armé dans la rue en compagnie d’un ami. Peu après 14 heures, il a été abattu par un policier devant un immeuble d’habitations. Selon les témoins, Michael Brown avait les mains en l’air et suppliait qu’on le laisse en vie lorsqu’il a été achevé de "plusieurs balles". Selon la police, le « crime » de Michael Brown est d’avoir traversé la rue en dehors du passage piéton.
Deux mois avant que Brown ne soit abattu, la Cour suprême a jugé l’affaire Plumhoff v. Rickard, où les plaignants demandaient réparation après que des policiers avaient terminé une course-poursuite à grande vitesse en tirant à 15 reprises sur la voiture en fuite, tuant le conducteur et le passager. Le tribunal avait jugé qu’il ne s’agissait pas là de « recours excessif à la force » en violation de la Constitution, confirmant des années de soumission envers les services de police. « Il apparaît raisonnable », ont écrit les magistrats dans un jugement par 9 voix à 0, « que si tirer sur un suspect est justifié pour mettre un terme à une grave menace à l’ordre public, alors les policiers ne sont pas obligés d’arrêter de tirer tant que la menace n’a pas disparu ».
La vidéo d’un officier de police abattant un garçon noir de 12 ans, Tamir Rice, jouant avec un pistolet factice risque de raviver la colère à travers le pays, alors que les manifestations à Ferguson s’apaisaient après deux jours d’agitation. La vidéo provenant d’une caméra de surveillance est accablante pour les policiers : elle montre que le garçon, Tamir Rice, a été abattu le weekend dernier quelques secondes seulement après l’arrivée de deux policiers dans une voiture de police dans un parc de Cleveland, dans l’Ohio. Un enregistrement audio diffusé à la télévision américaine indique qu’un homme ayant appelé la police après avoir vu l’enfant agiter son arme avait spécifié que celle-ci était probablement « factice ». Mais les officiers se rendant sur les lieux ont prétendu n’avoir pas été informés de cette précision...
L’Ohio avait été le théâtre d’un incident similaire en août, quand des policiers répondant à un appel d’urgence avaient abattu un Noir, John Crawford, dans un supermarché alors qu’il transportait un pistolet jouet, vendu sur place. John Crawford III, père de deux jeunes garçons, était au téléphone avec la mère de ses enfants dans un Walmart en Ohio, où il achetait un fusil à air comprimé. Un client a appelé le 911, affirmant qu’un homme pointait un fusil sur les gens. Des policiers dépêchés sur place l’ont vite abattu. Un grand jury d’Ohio a décidé de ne pas porter d’accusation contre les policiers, mais le département fédéral de la Justice fait enquête.
Vonderrit Myers Jr. a été atteint de huit balles, dont six par derrière, le 8 octobre, à St. Louis. L’officier de police qui l’a tué, Jason H. Flanery, a dit que Myers a fait feu sur lui le premier. Or, des témoins ont entendu Myers dire « Ne tirez pas, ne tirez pas » avant d’être fatalement atteint. Myers avait un casier judiciaire pour possession illégale d’armes, tandis que Flanery a déjà diffusé sur le web des propos insultants envers les Noirs.
20 novembre : Akai Gurley, un père de famille de 28 ans, est tué par balles "par accident" par un jeune policier blanc dans une cage d’escalier mal éclairée d’une HLM de Brooklyn, à New York.
Kajieme Powell, jeune homme de 23 ans, mardi 19 août 2014 dans la ville de Saint-Louis, non loin de Ferguson où, Michael Brown a été assassiné par la police. 15 secondes précisément s’écoulent entre l’instant où les policiers sortent de la voiture et celui où ils tirent. Sur les images filmées avec un téléphone portable par un témoin, Kajieme Powell se tient à quelques mètres des deux agents qui viennent l’interpeller, en pleine rue. Il est accusé d’avoir volé des canettes de boissons et des beignets dans une épicerie du quartier. Le gérant du magasin a appelé le commissariat pour signaler que le suspect est armé d’un couteau.
Aux Etats-Unis, les crimes policiers se suivent et se ressemblent. Un policier blanc a tué un homme noir sans arme en Arizona, mardi. La police de Phoenix a indiqué jeudi dans un communiqué qu’un homme de 34 ans noir avait été interpellé alors que la police prétend qu’’il était soupçonné de vendre de la drogue.
Un jeune homme noir de 18 ans, Antonio Martin, a été tué par la police à Berkeley, dans le Missouri (Etats-Unis), à proximité de la ville de Ferguson, où la mort cet été d’un autre jeune Noir par les forces de l’ordre a provoqué de nombreuses émeutes.
Rumain Brisbon, tué en décembre 2014 par un policier dans l’Arizona… Un homme noir sans arme de 34 ans, Rumain Brisbon, a été tué mardi soir par un policier à Phoenix, dans l’Arizona, a annoncé la police locale dans un communiqué ce mercredi. D’après le rapport de police, Rumain Brisbon, soupçonné de trafic de drogues, avait été interpellé par un policier blanc âgé de 30 ans et dont le nom n’a pas été communiqué. Il aurait refusé d’obéir "à plusieurs ordres" donnés par le policier, et "une lutte" a alors eu lieu entre les deux hommes durant laquelle Rumain Brisbon a mis sa main dans sa poche. Le policier, lui tenant la main, lui a ordonné de la garder dans sa poche et a "cru sentir la crosse d’un revolver". Il "a tiré deux fois dans le torse de Brisbon", précise le rapport de police.
Des policiers de Los Angeles ont tué dimanche 1er mars un sans-abri noir et des images ont été filmées et postées sur internet. La vidéo, publiée sur Facebook, montre une violente altercation entre un homme et plusieurs policiers dans le quartier défavorisé de Skid Row, proche du centre ville. Les circonstances dans lesquelles les tirs ont eu lieu restent floues, mais la vidéo montre un homme face à des policiers qui tentent de le maîtriser. Deux policiers et un sergent auraient tiré, d’après le commandant Andrew Smith, chargé des relations avec les médias. L’homme abattu, connu dans la rue sous le nom d’"Africa", vivait dans une tente depuis quelques mois, après un séjour dans une institution psychiatrique, dans ce quartier du centre-ville où vivent de nombreux sans-abri, ont indiqué plusieurs témoins. Une foule en colère a immédiatement afflué après l’incident, tandis que la police bouclait les lieux.
2013
Jonathan Ferrell, Noir, 24 ans, Charlotte, Caroline du Nord
Blessé dans un accident de voiture et ensanglanté, il sonne chez une dame pour demander de l’aide. Elle prend peur et appelle la police. L’agent Randall Kerrick lui tire dessus douze fois, dix balles l’atteignent. Il n’était pas armé.
2013
Andy Lopez, 13 ans, Hispanique, Santa Rosa, Californie
L’adolescent a été surpris dans une allée avec une arme en plastique. L’officier Gelhaus a tiré huit balles en l’espace de six secondes, dont sept ont atteint Andy Lopez. Aucune charge n’a été retenue.
2012
Ramarley Graham, Noir, 18 ans, New York
Suspecté de détenir de la marijuana, poursuivi jusqu’à l’appartement de sa grand-mère où les policiers pénètrent sans mandat et l’abattent d’une balle dans la poitrine devant son petit frère de 6 ans. Il n’était pas armé.
Trayvon Martin, un jeune Afro-Américain de 17 ans, non armé, dans la soirée du 26 février 2012 à Sanford, en Floride. L’auteur du coup de feu, George Zimmerman, un Latino-Américain de 28 ans, était le coordinateur de la surveillance de voisinage de la résidence fermée où est mort Trayvon Martin qui y résidait temporairement. Trayvon Martin rentrait chez son père après être allé acheter des sucreries à une épicerie voisine, quand George Zimmerman un volontaire de 28 ans effectuant des surveillances du voisinage du quartier l’aperçut.
2009
Oscar Grant, 22 ans, Noir, Oakland, Californie
Arrêté avec plusieurs autres personnes sur le quai de la station Fruitvale, Oscar Grant était menotté et à plat ventre quand l’officier Mehserle lui a tiré dessus, dans le dos, expliquant plus tard qu’il a confondu son arme et son Taser. La scène a été filmée par de nombreux témoins. Mehserle a été reconnu coupable d’homicide involontaire et condamné à deux ans de prison.
2008
Tarika Wilson, Noire, 26 ans, Lima, Ohio
A la recherche de son compagnon, une unité spéciale (SWAT) pénètre dans la maison de Tarika Wilson où elle est abattue. Son fils de 15 mois, qu’elle tenait dans les bras, est blessé. Elle n’était pas armée.
2006
Sean Bell, Noir, 23 ans, New York
Au petit matin de son mariage, Sean Bell et deux amis sortent d’un club. Leur voiture, poursuivie par la police, est à l’arrêt lorsque les officiers déchargent cinquante balles. Quatre balles tuent Sean Bell. Ses amis survivent à dix-neuf et trois balles respectivement. Trois des cinq policiers ont été jugés pour homicide et mise en danger. Ils ont été reconnus non coupables.
Kathryn Johnston, 92 ans, Noire, Atlanta, Géorgie
Probablement sur de fausses informations, une unité spéciale de police envahit la maison de Kathryn Johnston à la recherche de drogue. Effrayée, elle tire un coup de feu avec un vieux pistolet, ne blessant personne. Les policiers répliquent en déchargeant trente-neuf balles, dont six atteignent la vieille dame. Mourante, elle est menottée à son lit. Les policiers tentent plus tard de maquiller la scène, cachent de la drogue chez elle et demandent à un informateur un faux témoignage. Trois officiers ont été condamnés à dix, six et cinq ans de prison pour différents chefs d’accusation : homicide volontaire, faux témoignage, parjure.
2000
Anthony Dwain Lee, a été tué de 7 balles en 2000 lors d’une soirée Halloween parce qu’il portait un pistolet en plastique. L’enquête interne la police de Los Angeles a conclu à la bonne foi du policier.
1999
Amadou Diallo, Noir, 23 ans, New York
Confondu avec un violeur recherché, Amadou Diallo est abattu devant chez lui par quatre policiers en civil alors qu’il leur tendait ses papiers d’identité pour s’identifier. Il est touché par dix-neuf des quarante-et-une balles tirées. Les quatre policiers sont acquittés. Amadou Diallo, non armé, a été abattu de 41 balles par des policiers à l’entrée de son immeuble du Bronx, à New York, en février 1999. Le jeune homme avait la malchance de ressembler à un homme recherché pour viol, et les policiers ont cru qu’il sortait une arme, alors qu’en réalité il cherchait son portefeuille. Les quatre policiers en cause ont été acquittés, les jurés ayant reconnu la légitime défense. Ils n’ont pas non plus été radiés de la police, mais simplement été interdits de port d’arme.
1997
Abner Louima, 30 ans, Noir, New York
Après une bagarre entre deux femmes, dans laquelle lui et plusieurs hommes interviennent, la police arrive. Elle arrête Abner Louima sur la fausse accusation d’un coup porté à l’officier Volpe. Dans la voiture, les policiers le frappent avec leurs poings et leurs radios. Au commissariat, les violences se poursuivent, jusqu’au viol lors duquel Abner Louima a les mains menottées dans le dos. Il est resté hospitalisé deux mois. Justin Volpe a été condamné à trente ans de prison pour avoir enfreint les droits civiques de Louima, pour obstruction à la justice et faux témoignage. Charles Schwarz a été condamné à quinze ans de prison pour avoir aidé Volpe lors du viol.