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Le gouvernement « socialiste » réprime brutalement les manifestations contre le meurtre par la police de Rémi Fraisse

dimanche 9 novembre 2014

Le gouvernement « socialiste » réprime brutalement les manifestations contre le meurtre par la police de Rémi Fraisse

Le gouvernement PS (Parti socialiste) a lancé une violente opération de répression des actions de protestation qui se sont propagées dans le pays à la suite du meurtre par la police de Rémi Fraisse, un militant écologiste de 21 ans. Celui-ci fut tué alors qu’il manifestait le 26 octobre contre la construction d’un barrage à Sivens dans le Tarn, au sud de la France.

Fraisse, qui manifestait pacifiquement, fut tué au petit matin en marge d’affrontements entre la police et des membres du groupe anarchiste Black Block, fortement infiltré par des agents provocateurs. Alors que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a immédiatement accusé les manifestants d’« exploiter » la mort de Fraisse, les résultats préliminaires de l’autopsie du corps de Fraisse ont montré qu’il a été tué par les fragments d’une grenade offensive tirée par les CRS.

Une amie qui se trouvait avec Fraisse avant qu’il soit tué, a dit « Je l’ai vu partir d’un coup en criant ‘Allez, faut y aller !’ Il a commencé à courir devant. Il n’avait rien pour se protéger, il n’a pas mesuré ce qui l’attendait. Les flics ont tiré en rafale, je me suis écartée pour me mettre à l’abri. Quand je me suis retournée, Rémi n’était plus là. »

Les manifestations de protestation contre le meurtre de Fraisse et l’utilisation par le gouvernement PS d’armes létales contre des manifestants non armés se sont rapidement propagées. Elles se sont heurtées à une répression de plus en plus dure par la police.

Bien que, sur fond d’appels réclamant sa démission, Cazeneuve ait annoncé une suspension de l’emploi de grenades offensives contre les manifestants, la police continue d’utiliser des armes létales et une force massive. Cazeneuve n’a pas suspendu de ses fonctions le policier qui a tiré la grenade sur Fraisse.

Le 1er novembre, les CRS ont attaqué des manifestations à Dijon, Nantes et Toulouse. Six personnes furent blessées à Nantes, dont trois manifestants battus à coup de matraque et blessés par des résidus de grenade, un policier a subi des brûlures à l’acide aux mains et un manifestant a eu le nez arraché par une balle en caoutchouc tirée en pleine tête. Treize personnes furent arrêtées à Toulouse et vingt et une à Nantes.

La police s’est systématiquement servi de la violence émanant de petites minorités de manifestants comme prétexte pour attaquer brutalement les manifestations. Chloé, qui a participé à la manifestation de Toulouse, a dit au micro de RFI : « Il y a aussi eu des offensives de la part des manifestants, mais ce n’était pas du tout à armes égales. Les manifestants ont des petits cailloux et en face ce sont des grenades qui explosent et qui brûlent des mains. J’ai eu la peau du pied brulée, mais ce n’était rien par rapport à ce que d’autres ont. »

Elle a ajouté, « La violence est beaucoup plus agressive de la part des policiers que de celle des manifestants. Il est regrettable qu’on ne puisse établir un vrai dialogue puisque là il n’y a pas de dialogue, c’est juste des explosifs qui partent dans tous les sens avec un hélicoptère qui vole au-dessus et rien de plus. »

Dimanche, des milliers de policiers anti-émeute furent mobilisés à Paris pour réprimer une manifestation à la Place Stalingrad et y faire des arrestations en masse. Le gouvernement PS l’avait interdite et quelque 300 personnes avaient défié cette interdiction. Finalement, 78 personnes ont été interpellées par la police.

« Ils nous attaquent à l’aide de matraques et de projectiles, » a dit une étudiante de 19 ans, Sandrine Bisset, au quotidien britannique Daily Mail « Les CRS agissent comme des voyous, s’ils voient le moindre signe d’agitation, ils s’en prennent à tout le monde. »

Les groupes de la pseudo-gauche appuyant le PS ont soutenu une autre manifestation, légale, qui a rassemblé quelques centaines de personnes sur le Champ de Mars près de la Tour Eiffel. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) qui avait initialement demandé aux manifestants de se rendre à la Place Stalingrad a au lieu de cela rejoint la manifestation du Champ de Mars. Là, ses adhérents côtoyèrent le dirigeant du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon et l’ex-pabliste et ancien directeur de rédaction du Monde, Edwy Plenel.

Les responsables du parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) ont mis en ligne des déclarations sur Twitter critiquant les manifestations comme étant violentes, bien que l’ancienne secrétaire nationale d’EELV et ex-ministre du gouvernement PS, Cécile Duflot eût, initialement, donné une part de responsabilité pour le meurtre du jeune manifestant au premier ministre Manuel Valls.

« En septembre, le premier ministre s’est rendu dans le Tarn pour dire ‘Nous avons tenu bon à Sivens’, avec le ton martial et cette capacité à surjouer l’autorité qui le caractérisent. Je pense que cette déclaration de Manuel Valls, alors que le rapport des experts était en cours, a dégradé la situation, » a-t-elle dit au Monde.

Des figures de tous les horizons de la politique bourgeoise ont dénoncé les manifestations avec virulence. Dans un communiqué, l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault (PS) a condamné « avec la plus grande fermeté les violences délibérées des groupes radicaux qui n’ont qu’un adversaire, la démocratie. »

La dirigeante du Front national (FN) néo-fasciste, Marine Le Pen, a interpellé Cazeneuve sur son compte twitter en posant la question : « Nantes, Toulouse, quand cessera l’impunité des groupes de casseurs d’extrême gauche ? »

Le meurtre de Fraisse par la police et la répression féroce par le PS des manifestations qui l’ont suivies témoignent de l’état de décomposition avancé où se trouve la démocratie française. Discrédité et impopulaire en raison de ses guerres et de ses attaques contre le niveau de vie des travailleurs, le gouvernement PS a recouru à un discours sécuritaire et s’est donné la police pour base sociale, le président François Hollande nommant Valls, l’ancien ministre de l’Intérieur au poste de premier ministre en avril.

Au cours de l’année passée, Hollande a, comme on pouvait s’y attendre, continué à descendre à un niveau historique sans précédent d’impopularité. Un sondage réalisé cet été a montré que sa cote de popularité n’était qu’à 13 pour cent. A présent, alors que 5 millions de Français sont au chômage ou sous employés, un sondage réalisé par Odaxa a trouvé que 3 pour cent seulement de la population soutenait sa politique de l’emploi et que 71 pour cent souhaitaient que Hollande quitte ses fonctions avant la fin de son mandat en 2017.

L’interdiction des manifestations contre le meurtre de Fraisse suit celle que Hollande avait décrétée contre les manifestations de l’été s’opposant à l’attaque brutale de Gaza par Israël, une attaque qui a tué plus de 2.000 Palestiniens.

La classe dirigeante française s’avère être totalement en faillite. Alors que le mécontentement populaire monte avec la brutalité policière, le PS n’a rien à proposer si ce n’est une politique de répression brutale des manifestations au moyen d’interdictions, d’attaques violentes et d’arrestations en masse.

Ces événements attestent en premier lieu du rôle politique réactionnaire joué par les partis de la pseudo-gauche qui ont soutenu l’élection de Hollande en 2012 et appelé à voter pour le PS au deuxième tour face à Nicolas Sarkozy. Mélenchon et le NPA avaient alors justifié leur soutien au gouvernement réactionnaire de Hollande en prétendant qu’il serait plus facile de « mettre la pression » sur Hollande dans la rue pour lui faire appliquer une politique de gauche.

Il s’agissait là d’un mensonge politique. Au moment où les forces de la pseudo-gauche et leurs alliés dirigeants syndicaux – qui n’ont rien fait pour mobiliser la classe ouvrière contre le PS – organisent leurs protestations pour la forme conformément aux exigences de la police de Valls, il est largement reconnu que la politique de Hollande est encore plus brutale et plus réactionnaire que celle de Sarkozy.

Par Alex Lantier- WSWS

Messages

  • L’enquête sur la mort de Rémi Fraisse, le jeune manifestant de 21 ans, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme lors des affrontements entre des opposants au projet de barrage de Sivens (Tarn) et des militaires, dans la nuit du 25 au 26 octobre, se révèle de plus en plus embarrassante pour les autorités.

    Selon des informations du Monde, les gendarmes ont tout de suite eu conscience de la gravité de la situation face à laquelle ils se trouvaient. C’est ce que révèle un procès-verbal daté du 29 octobre auquel nous avons eu accès, qui retranscrit les conversations des militaires sur place, enregistrées par la caméra d’un gendarme qui filme les affrontements.

    Lors de cette nuit, les militaires, équipés de jumelles à vision nocturne, voient un manifestant s’effondrer juste après le jet d’une grenade offensive, entre 1 h 40 et 1 h 50 du matin. A 1 h 53, un militaire ordonne : « Stop pour les F4 ! Il est là-bas le mec. OK, pour l’instant, on le laisse. » Les F4 désignent les grenades lacrymogènes instantanées (GLI), dont l’usage a été aussi suspendu depuis par Beauvau.

  • Des rassemblements contre "la répression étatique" et les "violences policières" ont eu lieu samedi dans plusieurs villes françaises. Ils ont dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre à Toulouse et Nantes et donné lieu à une quarantaine d’interpellations.

    Selon le ministère français de l’Intérieur, qui impute ces incidents à des "groupes isolés", deux policiers ont été légèrement blessés à Toulouse et un à Nantes. "Quelques débordements" ont aussi été "contenus" à Bordeaux et Lille, a ajouté le ministre, Bernard Cazeneuve, dans un communiqué. Il a fait état de 38 interpellations au total.

    A Toulouse, un rassemblement non autorisé a réuni 600 à 1000 personnes. Celles-ci protestaient contre le barrage de Sivens (Tarn) et la mort d’un jeune militant écologiste, Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive le 26 octobre, sur ce site, lors de heurts avec des gendarmes.

  • L’enquête administrative confiée à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) après la mort fin octobre de Rémi Fraisse lors d’affrontements sur le site du barrage de Sivens (Tarn), ne conclut à aucune « faute professionnelle » des gendarmes, a annoncé mardi son chef.

    Visiblement, ce que les chefs de la gendarmerie auraient reproché à leurs sous-fifres c’est d’avoir raté leur cible !!!!

  • Les juges d’instruction de Toulouse ont rendu une ordonnance de non-lieu pour clore le dossier de la mort de Rémi Fraisse à Sivens, après que toutes les demandes de sa famille ont été rejetées.

    La justice bourgeoise a fait barrage à la justice !

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