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Nouvelle manifestation en Algérie

samedi 22 janvier 2011

Pas moins de sept tentatives d’immolation ont eu lieu dans différentes localités algériennes. Mais c’est le cas de Mohcen Boutertif, jeune chômeur de vingt-sept ans, brûlé au troisième degré, qui inquiète les autorités. Samedi, à Boukhadra, près de la frontière tunisienne, il s’est aspergé d’essence après avoir été brutalement éconduit par le maire de la ville à qui il demandait un emploi. Le maire a été limogé par le préfet de la région. Depuis, selon El Watan, l’hôpital des grands brûlés d’Annaba où se trouve le jeune Mohcen est assailli d’appels téléphoniques de la présidence algérienne, des ministères de la Santé et de l’Intérieur. Un climat de tension couve dans la commune de Boukhadra.

Autre cas de désespérance sociale, cette tentative d’immigration illégale à bord de deux embarcations d’une vingtaine de jeunes vers la Sardaigne au large d’Annaba (Est algérien). Interceptés par des garde-côtes algériens, ils ont refusé d’obtempérer en mettant le feu à leurs embarcations, provoquant la mort par noyade de deux d’entre eux.

Émeutes sociales ! selon la gendarmerie citée par la presse algérienne, en 2010 il y a eu 11 500 émeutes), sit-in et protestations sociales.

Le pouvoir a peur

L’Algérie a acheté plus d’un million de tonnes de blé meunier depuis le début de l’année pour tenter de contenir le mécontentement populaire dans un contexte régional tendu, ont rapporté lundi des traders européens.

L’office algérien des céréales (OAIC) a acheté en fin de semaine dernière au moins 600.000 tonnes de blé meunier d’origine optionnelle et recherche au moins 50.000 tonnes de blé dur, ont-ils précisé.

Quatre Algériens ont tenté de s’immoler par le feu ces cinq derniers jours pour dénoncer la pénurie d’emplois et leurs conditions de vie, ont rapporté plusieurs titres de la presse locale.

L’un des traders a estimé que l’office pouvait ainsi avoir acheté jusqu’à 750.000 tonnes de blé meunier pour alimenter les moulins, actuellement sous haute surveillance par les autorités gouvernementales.

Ce volume élevé, dont les embarquements sont prévus en mars et avril, s’ajoute aux 350.000 tonnes déjà contractées au début du mois de janvier.

"Manifestement, ils cherchent à constituer des stocks de réserve", a dit un trader en estimant "fortement probables" des consignes gouvernementales en ce sens.

"Il faut qu’ils achètent. Ils ont peur de ce qui se passe ailleurs", a ajouté un autre, faisant allusion aux émeutes tunisiennes.

Selon les sources, l’Algérie aurait payé le blé entre 360 et 365 dollars/tonne coût et fret.

Les autorités locales ont demandé à la population de ne pas répondre à l’appel de l’opposition à participer à une manifestation samedi en plein centre d’Alger en faveur d’une ouverture démocratique.

La manifestation de samedi a été convoquée par un parti d’opposition, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui dispose de 19 députés sur les 385 que compte l’Assemblée populaire nationale. La manifestation doit partir de la place de la Concorde à Alger, ex-place du 1er-Mai, vers le siège de l’Assemblée populaire nationale.

Le ministère de l’Intérieur multiplie les mesures pour éviter de nouvelles émeutes populaires. Le département de Daho Ould Kablia a instruit les autorités locales (walis, chefs de daïras et élus communaux) de nettoyer les rues et les quartiers des vieux pneumatiques usagés que les émeutiers utilisent lors des manifestations populaires, a‑t‑on appris mardi de source proche du dossier. Le ministère de l’Intérieur a également demandé aux vulcanisateurs de se débarrasser de leurs stocks de pneus usagés pour éviter qu’ils soient utilisés dans d’éventuelles émeutes pour barrer les routes. Les communes d’Alger ont déjà entamé l’application de l’instruction du ministère de l’Intérieur. Le gouvernement craint la contagion de la révolution tunisienne qui a conduit au départ du président Ben Ali, après 23 ans de règne sans partage sur la Tunisie. Les risques de reprise des émeutes contre la cherté de la vie qui ont endeuillé l’Algérie du 5 au 10 janvier sont réels avec la multiplication des tentatives d’immolation par le feu de la part de chômeurs et demandeurs de logements. Le ministère de l’Intérieur avait déjà enjoint les autorités locales de geler la destruction d’habitats précaires pour éviter l’embrasement du front social.

"Il est demandé aux citoyens de faire preuve de sagesse et de vigilance, et de ne pas répondre à d’éventuelles provocations destinées à porter atteinte à leur tranquillité, leur quiétude et à leur sérénité", indique un communiqué de la wilaya (préfecture) d’Alger transmis jeudi soir à l’agence algérienne APS. L’appel à la manifestation de samedi est fait "sans autorisation des services administratifs compétents", selon le communiqué.

La wilaya y rappelle que "les marches à Alger ne sont pas autorisées" et que "tout rassemblement sur la voie publique est considéré comme une atteinte à l’ordre public". Les manifestations sont proscrites en Algérie en vertu de l’état d’urgence en vigueur depuis 1992.

Malgré cette interdiction, le chef du RCD, Saïd Sadi, s’est déclaré déterminé à maintenir cette marche, initialement prévue le 18 janvier puis reportée au 22, axée également sur une demande de libération d’émeutiers présumés arrêtés en janvier. Les autorités avaient annoncé 1 100 arrestations et précisé que seuls les adultes seraient poursuivis devant la justice.

Des émeutes de cinq jours au début du mois en Algérie ont fait cinq morts, plus de 800 blessés, presque tous des policiers, et des dégâts matériels importants. En Tunisie voisine, les émeutes populaires ont débouché sur le renversement le 14 janvier du président Zine El Abidine Ben Ali qui a régné sans partage sur le pays pendant 23 ans.

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