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"Les Echos", un journal patronal écrit : les syndicats ont peur de la grève reconductible

dimanche 3 octobre 2010

les syndicats ont peur de la grève reconductible

Et maintenant, la grève reconductible ! Dans les cortèges qui défilaient, jeudi 23 septembre, contre la réforme des retraites, de plus en plus nombreux étaient les manifestants désireux de franchir un nouveau cran de mobilisation. De ne plus accompagner le mouvement par de simples journées de grèves « carrées », fussent-elles répétées, mais par ces grèves reconductibles, dans les transports publics notamment, qui avaient fait la force de la contestation du plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale, fin 1995. Leaders du mouvement, la CGT et la CFDT se sont refusé à sauter le pas, mais l’idée reviendra, ce samedi d’abord, où de nouvelles manifestations sont prévues, à l’approche de la journée de grève du 12 octobre ensuite, car l’essoufflement de la participation pourrait renforcer la tentation de la radicalisation.

A mesure que le temps passe et que le gouvernement demeure inflexible sur le coeur de sa réforme - le report à 62 ans de l’âge légal du départ et à 67 ans de l’âge légal du départ sans décote -, les tensions s’avivent entre confédérations partisanes de grèves « classiques » et adeptes de mouvements plus durs, comme Force ouvrière et son vieux fantasme de grève générale, comme la FSU et Solidaires avec leurs envies de grève reconductible. Entre les deux, le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, tente de faire le tampon, en agitant à demi-mot une menace qu’il sait ne pas pouvoir mettre à exécution.

« Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grèves reconductibles gagnera du terrain », tonnait-il, vendredi 10 septembre, dans « Le Monde ». Mais c’est la menace d’un tigre de papier. Un avertissement sur le mode « retenez-moi ou je fais un malheur », plutôt destiné à mobiliser les troupes qu’à effrayer le gouvernement. Car, aussi étrange que cela puisse paraître à une opinion publique interloquée de voir des syndicats renoncer à pousser leur avantage, il est fort peu probable que la contestation de la réforme des retraites bascule dans un mouvement de grève reconductible. La réalité est, en effet, que les grandes confédérations syndicales en ont peur plus qu’elles n’en ont envie.

Messages

  • Au sommet, Bernard Thibault (CGT) estime qu’"il n’est pas surprenant que le débat s’amplifie dans les entreprises" en raison de "la surdité" du gouvernement, et appelle à "des assemblées des personnels" sur les formes d’action.

    Pour l’heure toutefois, il serait "irresponsable" de lancer un mot d’ordre de grève reconductible, les entreprises où les salariés y sont prêts restant "très, très minoritaires", juge-t-il.

    La CFDT ferme la porte, sans surprise. "Toute tentative d’aller en ce sens pourrait conduire à un divorce avec une partie des salariés, décrédibilisant le mouvement", prévient son numéro deux, Marcel Grignard.

    • Retraites : la CGT-RATP dépose un préavis de grève illimitée à partir du 12 octobre

      Le syndicat CGT de la RATP, le premier de l’entreprise publique, a déposé lundi 4 octobre un préavis de grève illimitée à compter du 12 octobre, nouvelle journée d’action interprofessionnelle contre le projet de réforme des retraites. "Ce préavis couvre l’ensemble des services et des catégories professionnelles de la RATP à compter du lundi 11 octobre 22 h 30 et ce pour une durée illimitée", indique dans un communiqué la CGT de l’entreprise, qui représente 36 % des personnels. La direction a confirmé le dépôt du préavis de la CGT et indiqué que Force ouvrière avait également déposé un préavis illimité. FO-RATP s’était prononcée en faveur d’un mouvement reconductible depuis le 7 septembre, tout comme SUD-RATP, mais leurs appels n’avaient pas été suivis au-delà des mouvements d’une journée.

      Frédéric Sarrassat, un des responsables de l’UNSA-RATP, a indiqué à l’AFP que son syndicat, le deuxième de l’entreprise (21 % aux élections professionnelles), "n’avait pas encore pris de décision" quant aux modalités de cette grève. Les quatre syndicats représentatifs de cheminots (CGT, UNSA, SUD-Rail, CFDT) décideront mercredi des suites à donner au mouvement, ont-ils dit dans un communiqué commun. Ils consulteront d’ici là "leurs structures et (les) cheminots" sur l’hypothèse d’une grève reconductible et prendront en compte le résultat de la réunion des confédérations qui se tient lundi soir.
      "Si le gouvernement continue de mépriser les millions de manifestants qui s’opposent à sa réforme et de ne pas entendre, il faut hausser le ton. Mais on ne décide pas seuls", a dit à Reuters Didier Le Reste, secrétaire général de la CGT-Cheminots. "On a tout essayé, des manifestations avec des grèves, des défilés le samedi. On voulait éviter une grève reconductible, mais force est de constater qu’on est pas entendus", a souligné Bruno Duchemin, secrétaire général de la FGAAC-CFDT. Plus de six cents syndicalistes appartenant à différents syndicats ont signé de leur côté un appel à une grève générale afin de "poser partout la question de l’accélération du conflit".

      S’INSCRIRE DANS LA DURÉE
      Les syndicats français, réunis lundi soir en intersyndicale nationale (CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FSU, Solidaires et UNSA) au siège de la CFE-CGC pour tirer le bilan de la mobilisation de samedi, ont confirmé l’organisation d’une journée de grève et de manifestations le 12 octobre. Evoquant une "mobilisation qui s’amplifie" contre le projet de réforme des retraites face à un gouvernement qui "reste campé sur son intransigeance", ils appellent à "élargir le mouvement par des initiatives dans les territoires" et "des interpellations des parlementaires".

      Les états-majors syndicaux réfléchissent par ailleurs aux moyens de s’inscrire dans la durée, ne pouvant se satisfaire des concessions annoncées par l’exécutif. En dehors des "aménagements" envisagés par le premier ministre François Fillon, en particulier pour les mères de famille nombreuse nées avant les années 60, les organisations syndicales ne voient aucun signe d’ouverture. "Si le gouvernement confirme son intransigeance, il ne faudra pas s’étonner si la mobilisation prend d’autres formes", a prévenu ce week-end Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.

      Le projet de réforme des retraites fera l’objet d’une pré-bataille à partir de mardi au Sénat. Près de 1 200 amendements ont été déposés lundi au Sénat sur le projet de loi de réforme des retraites, ainsi que trois motions de procédure – renvoi en commission, motion préalable, irrecevabilité – visant à contrer le texte par la gauche. Une motion référendaire, en vue de soumettre le projet à référendum, devrait en outre être déposée par les trois groupes de gauche.

      La CGT souhaite des actions reconductibles

      La CGT-Cheminots ne se décidera que mercredi sur la suite de sa mobilisation contre la réforme des retraites, mais souhaite que plusieurs secteurs d’activité engagent des "actions reconductibles" à partir du 12 octobre, a indiqué dimanche son secrétaire général, Didier Le Reste. "Nous avons une première rencontre lundi avec les fédérations syndicales de cheminots. Mais la fédération CGT-Cheminots ne prendra de décision définitive sur la suite du mouvement que le 6 octobre, après une importante réunion des organisations de la CGT au siège de Montreuil mardi 5 octobre", a-t-il déclaré.

      Pour M. Le Reste, "si le gouvernement continue de mépriser les millions de manifestants qui s’opposent à sa réforme, de vouloir passer en force et de ne pas entendre, il faut hausser le ton et être en capacité d’offrir un autre cadre plus permanent, plus long à la mobilisation". Plaidant pour que "le 12 octobre prenne une autre configuration que l’arrêt de travail et la manifestation classiques que nous avons connus ces dernières semaines", le secrétaire général de la CGT-Cheminots souhaite que "plusieurs secteurs professionnels soient en capacité, après en avoir débattu avec les salariés, d’engager un mouvement plus long que le 12 octobre avec des actions reconductibles, qui peuvent être des grèves".
      "Les cheminots veulent bien continuer, parce qu’ils sont concernés, à jouer un rôle particulier dans le mouvement, à condition d’être dans un groupe de plusieurs locomotives, de plusieurs secteurs professionnels, car les retraites ne concernent pas que le secteur des transports", a-t-il insisté.

      Les huit organisations nationales réunies dans l’intersyndicale se réunissent lundi soir pour discuter de la suite de la mobilisation sur les retraites, alors qu’une nouvelle journée de grèves et manifestations est déjà fixée pour le 12 octobre si le gouvernement ne bouge pas. Interrogé sur d’autres formes d’action comme des grèves reconductibles, le numéro un de la CGT, Bernard Thibault, a redit samedi dans la manifestation parisienne que "si le gouvernement confirme son intransigeance, il ne faudra pas s’étonner si la mobilisation prend d’autres formes". Son homologue de la CFDT, François Chérèque, a évoqué pour sa part samedi un "risque de formes de durcissement" de la mobilisation.

      Les terminaux pétroliers de Fos-Lavera toujours bloqués
      Bien que le travail ait repris tôt lundi 4 octobre au port de Marseille-Fos, les terminaux pétroliers de Lavera et Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, restent toujours bloqués. Une quarantaine de navires, dont une majorité de pétroliers, restaient bloqués sur rade en attendant de pouvoir décharger ou se ravitailler. Sept navires de marchandises étaient en attente au large du port de Marseille ou à quai et quatre à Fos, selon le Grand Port maritime de Marseille. Deux navires de croisière ont par ailleurs été détournés dimanche vers Toulon et Sète, faute de pouvoir débarquer leurs passagers à Marseille. Samedi, deux bateaux avaient été contraints de débarquer leurs passagers en chaloupes. Concernant la grève sur les terminaux pétroliers, engagée il y a une semaine, "on fera le point dans la journée en fonction des réunions que l’on aura avec la direction", a précisé Pascal Galeoté, responsable de la CGT des agents des bassins Est et des terminaux pétroliers.

      Le personnel et les dockers bloquent le port depuis vendredi matin dans le cadre d’un appel par la Fédération nationale CGT des ports et docks à soixante-douze heures de grève à partir de vendredi sur le thème de la pénibilité, qui touche aux retraites ainsi qu’à la nouvelle convention collective prévue par la réforme portuaire.
      Une conférence de presse est prévue lundi à 11 h 30 à Martigues (Bouches-du-Rhône) avec l’ensemble des syndicats CGT des entreprises de la pétrochimie, qui pourraient rejoindre le mouvement : Total, Esso, Lyondell Basel, Ineos et Arkema. Dimanche. Ce mouvement affecte notamment l’approvisionnement en gazole de la Corse, où très peu de stations-service de l’île, notamment dans les villes principales, disposaient encore de ce carburant dimanche. "La situation est un peu critique", admettait dimanche soir le secrétaire général pour les affaires corses, Martin Jaeger.
      Le secrétaire d’Etat aux transports, Dominique Bussereau, assure qu’il n’est "pas inquiet" des mouvements sociaux dans les ports. Interrogé, sur RTL, sur le mouvement de grève qui a touché les ports ce week-end, en particulier Marseille, M. Bussereau a expliqué qu’on arrivait "au bout d’une réforme des ports". "On est au bout d’un processus social. Ça gratouille un peu, et comme il y en plus le débat sur les retraites, ça gratouille fort", a-t-il commenté, en affirmant ne pas être "inquiet". "Cette réforme, il la faut", a-t-il dit. Le travail a repris lundi matin au port de Marseille-Fos, mais les terminaux pétroliers de Lavera et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) restent bloqués, a-t-on appris auprès de la CGT.

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