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Editorial 09-02-2009 - Vague de colère face à la crise

jeudi 5 février 2009, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

Ils craignent la vague de colère sociale qui répondrait au tsunami des licenciements

Sarkozy l’a encore démontré jeudi à la télévision. Il aimerait que les travailleurs lui fassent confiance pour redresser la situation mais le seul redressement qui l’intéresse est celui des trésoreries des banques et des trusts. Il compatit, dit-il, aux licenciements, mais les augmente en suppriment des milliers d’emplois de cheminots, d’infirmières, d’enseignants. Loin d’interdire les licenciements aux patrons, il est d’accord avec Mme Parisot qui voudrait que les patrons puissent licencier sans aucune difficulté. Pour les travailleurs, Sarkozy reste dans le vague mais, aux patrons, il distribue des centaines de milliards et se propose de réduire leurs taxes professionnelles.

Mais il reste prudent. Les exemples de a Grèce et de la Guadeloupe sont présents. Tout en voulant faire payer la crise aux travailleurs, les chefs d’Etat, de Berlusconi à Obama et de Sarkozy à Hu Jintao, craignent la montée des luttes ouvrières, des émeutes et des révolutions sociales. Le président chinois a fait savoir aux travailleurs qu’il avait donné des ordres stricts à l’armée : « obéissance absolue quels que soient les ordres ». L’armée est aux portes des usines qui ferment et prête à tirer !

La Chine se prépare à frapper la classe ouvrière mais elle n’est pas la seule. C’est l’économie du monde qui s’écroule de manière impressionnante. Par exemple, des compagnies minières chiliennes ont licencié plus de 14.000 ouvriers depuis 2008. L’Allemagne compte en janvier 387.000 chômeurs de plus qu’en décembre. En Russie, le nombre des chômeurs a dépassé 1,5 million de personnes en janvier. Il pourrait monter à 2,1 ou 2,2 millions. En Norvège, le chômage, qui touche 2,6% de la population, a augmenté de 0,6 point entre décembre et janvier. Au rythme actuel, 1,4 milliard de gens seront des travailleurs pauvres dans le monde, près de 45% de la population active.

« La crise économique pourrait détruire 51 millions de postes cette année » dans le monde, c’est le Figaro (du 30 janvier) qui le dit et qui rajoute « Un scénario auquel l’Europe n’échappera pas. » En Europe, les luttes montent au fur et à mesure que le tsunami atteint ces pays. L’Islande où le système bancaire et économique, complètement livré à la finance mondiale, s’est totalement effondré, la population, dans la rue, s’est heurtée aux forces de l’ordre, conspuant le pouvoir et a déjà fait tomber un gouvernement. Elle insulte les classes dirigeantes qui l’ont réduite à la misère.

L’épicentre du tsunami des suppressions massives d’emplois est situé aux Etats-Unis. Les USA ont détruit 2,8 millions d’emplois en 2008, dont 564.000 pour le seul mois de décembre et 600.000 en janvier. Dans la seule journée du 26 janvier, 70 000 licenciements ont été annoncés par six des plus grandes entreprises des USA.

Les gouvernants sont entièrement aux côtés des patrons qui licencient ou qui jettent au chômage technique les salariés. Les syndicats ont souvent un langage plus critique mais ils veulent laisser entendre qu’ils pourront négocier. Ce qui permet à Sarkozy de les faire poireauter.

Les dirigeants syndicaux veulent aussi avoir l’air de se battre sans s’attaquer aux patrons. Ainsi, ils préfèrent laisser croire que les emplois ont été délocalisés. Cela sous-entend que l’adversaire serait le travailleur portugais ou italien selon les syndicats anglais, le travailleur mexicain selon les syndicats américains ou le travailleur tchèque, chinois ou indien, selon certains syndicats français. C’est une propagande mensongère et dangereuse. La plupart des patrons français, comme mondiaux, qui licencient actuellement ne le font pas pour produire ailleurs, à meilleur marché. Les pays où les patrons occidentaux délocalisaient sont frappés comme les autres : 60.000 emplois supprimés en Roumanie, plus de vingt millions de licenciés en Chine et dix millions en Inde.

La gauche et les syndicats refusent de nous dire la vérité (que le capitalisme ne se redressera pas et que la relance c’est du pipeau), car ils ne veulent pas changer la société.

Le seul autre choix, ce n’est pas de proposer comme le Parti socialiste ou la Parti communiste ou les syndicats, d’autres formes de relance, un plan de reprise économique par la consommation. C’est de faire payer les capitalistes.

S’il faut faire des sacrifices, ce n’est pas ceux des emplois, des salaires ni des retraites : sacrifions les dividendes des actionnaires, leur capital, les valeurs des gros actionnaires et des dirigeants. N’acceptons pas d’être les sacrifiés sous prétexte d’une relance future complètement imaginaire !

Vive la lutte de la population et des travailleurs des Antilles !

Après plus de vingt jours de grève et de manifestations, ceux de Guadeloupe ont été rejoints par la Martinique dans un même combat pour exprimer le ras le bol de la vie chère et pour exiger 200 euros d’augmentation pour tous.

Face à la détermination de la population, notamment en Guadeloupe, le gouvernement s’est engagé à imposer aux grandes surfaces et aux pétroliers des baisses de prix, mais aussi des négociations salariales dans le public comme dans le privé. Ces promesses n’ont pas suffi à désamorcer la lutte.

Face aux mêmes patrons qui nous exploitent et au même Etat qui défend leurs intérêts, devinez qui manque à l’appel pour que la grève et la révolte soient générales des deux côtés de l’océan ?

Messages

  • Pour donner des exemples de "solutions" nationalistes et démagogiques des syndicats et des partis de gauche (anti capitaliste) face à la crise :

    « Fabriquons américain, la tentative protectioniste.

    Le fabricant d’ordinateurs Dell fait payer un service spécial de maintenance qui garantit que le centre d’appel contacté en cas de besoin est bien situé aux USA avec du personnel américain.

    A l’usine General Motors de Lordstown (Ohio) où la moitié des 4 250 travailleurs sont menacés de licenciement ( ce qui signifierait aussi le licenciement de plus de 10 000 travailleurs dans les entreprises sous-traitantes de la région. ; Propos d’un représentant syndical : « Il y a trente ans s’était probablement l’usine la plus combative d’Amérique du Nord : on arrêtait la chaîne s’il y avait une fuite au plafond. Aujourd’hui, nous comprenons que l’ennemi n’est pas la direction, c’est la concurrence étrangère ».
    L’ appel au sauveur, ou sauve toi et le ciel t ’aidera.

    Le vice-président du syndicat de l’automobile UAW , Holiefield représentant les 150 000 syndiqués des trois « grands » General Motors, Ford et Chrysler, a déclaré : « Nous avons fait tout ce que nous pouvions faire dans ce syndicat ; alors je me tourne maintenant vers Dieu » lors d’un service religieux dans la plus grande église de Detroit , en priant pour que le gouvernement renfloue l’automobile. Devant l’autel on avait exhibé trois modèles de voitures hybrides de chacune des firmes et pendant le service, les fidèles patrons et travailleurs furent conviés par le prêtre à venir s’incliner devant les idoles pour recevoir son onction.

    Finalement, le syndicat UAW cède aux ultimatums politiques pour le soutien financier du gouvernement à deux des trois grands de l’automobile. Suppression de 31 500 emplois, fermeture de 9 usines, salaires horaires diminués de moitié, élimination de la « job bank » , indemnisation du chômage technique. »
    http://spartacus1918.canalblog.com/

    Une vidéo à Renault Sandouville(France) réalisée par la ex.LCR NPA d’O.Besancenot, juste après la visite de Sarkozy à l’usine à propos du chômage technique.
    A regarder jusqu’à la fin, car après l’intervention d’un grèviste qui est révolté par la situation dans l’usine et la politique des syndicats, le montage vidéo passe à une intervention de Besancenot sur les effets...du CO2 des gaz d’échappement des voitures.

    Voir en ligne : vidéo à Renault Sandouville(France)

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