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Les grèves se multiplient en Chine sur fond d’effondrement économique
mardi 5 septembre 2023, par
Les grèves se multiplient en Chine sur fond d’effondrement économique
Aucune économie ne chute plus vite que celle de la Chine en ce moment.
La crise frappait déjà depuis 2015…
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3968
Et même depuis 2011…
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2158
Il y a eu un développement des luttes ouvrières en 2014 :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3417
Ces derniers mois, une vague de vidéos de protestation ouvrière est apparue sur Douyin, la version chinoise de TikTok, reflétant les défis croissants dans les usines du pays en raison des changements dans les chaînes d’approvisionnement et de la diminution de la demande, comme le rapporte Asia Nikkei.
Ces vidéos ont été compilées dans une « Carte des grèves » par le China Labour Bulletin (CLB), une organisation à but non lucratif qui défend les intérêts des cols bleus. Chaque manifestation sur la carte est étiquetée avec sa cause, le nombre de participants et des captures d’écran des réseaux sociaux, illustrant les manifestations et les grèves des travailleurs à travers la Chine continentale.
La carte des « incidents sociaux » récents en Chine :
En français :
https://clb-org-hk.translate.goog/en?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr
Les grèves dans les usines se multiplient en Chine alors que les difficultés économiques s’aggravent
Les travailleurs des usines d’électronique et de confection ont été les plus durement touchés, avec 66 manifestations dans les usines d’électronique et 38 dans les usines de confection et de confection au cours des six premiers mois, ce qui représente plus de la moitié de toutes les manifestations du secteur manufacturier.
Les exportations chinoises ont chuté de 14,5 % en juillet par rapport à l’année dernière, soit la plus forte baisse des exportations du pays depuis le début de la pandémie, selon les données officielles des douanes. Les importations ont chuté de 12,4%.
Les luttes des travailleurs ont triplé cette année alors que le pays sort de ses mesures draconiennes contre le coronavirus.
Faute d’argent, de nombreuses usines ont décidé de ne pas payer leurs travailleurs, de les payer en retard ou de trouver des moyens de les licencier sans payer d’indemnités de départ, par exemple en déménageant dans un endroit impossible pour les travailleurs de se déplacer pour travailler.
La chute des exportations alimente les troubles sociaux parmi les travailleurs dans les usines en Chine.
Les grèves se multiplient en Chine alors que la faiblesse de la demande entraîne la fermeture d’usines et une réduction des salaires des travailleurs.
Les fabricants chinois dans des secteurs allant de l’électronique à la fabrication de vêtements ont été confrontés à une baisse de leurs bénéfices en raison d’une demande mondiale plus faible des consommateurs cette année. De nombreuses usines ont fermé ou mis leur production en veilleuse sans verser d’indemnités de départ ou d’autres avantages à leur personnel. D’autres encore éprouvent des difficultés à payer leurs obligations salariales habituelles. Des sites Web et des comptes de réseaux sociaux chinois ont publié des plaintes concernant des licenciements et des salaires stagnants ou en baisse, ainsi que des exemples d’offres d’emploi utilisant un langage discriminatoire ou énumérant des exigences illégales.
En conséquence, le premier semestre 2023 a été marqué par un nombre croissant d’incidents à petite échelle de troubles ouvriers dans les pôles industriels côtiers de la Chine, dans les deltas de la rivière des Perles et du Yangtsé, où se concentre la main-d’œuvre chinoise composée de travailleurs migrants ruraux. Le groupe de défense des droits de l’homme China Labor Bulletin, basé à Hong Kong, a enregistré 140 grèves à travers la Chine entre janvier et mai 2023, le nombre le plus élevé depuis la même période en 2016, où 313 grèves avaient été signalées.
Des employés d’une usine affrontent la police dans le sud-ouest du pays
Une grève de livreurs
770 grèves et manifestations dans les usines au premier semestre 2023
Selon le rapport du China Labour Bulletin, mis à jour le 31 août, 770 « incidents de masse » comme dit pudiquement la presse officielle, se sont produits au premier semestre 2023 chez les ouvriers, contre 830 sur l’ensemble de l’année 2022. Rien que pour le mois d’août, près de 90 événements ont été répertoriés par l’ONG de défense des droits des travailleurs, dans tous les secteurs et aux quatre coins du pays.
Frappées par la baisse des commandes, des usines employant une très grande quantité de main-d’œuvre délocalisent et licencient. Grèves contre les salaires impayés et manifestations contre les licenciements sans indemnités se multiplient, selon “China Labour Bulletin”, un site spécialisé sur les mouvements sociaux.
Des ouvriers affrontent la police dans une usine de kits de test Covid
Des travailleurs affrontent des gardes dans l’usine d’un fournisseur de pommes à Shanghai
Les grèves et les manifestations se sont fortement multipliées en 2023, selon un rapport du China Labour Bulletin qui dénombre 741 cas au premier semestre contre seulement 830 pour l’ensemble de 2022.
En 2020, les grèves contre la précarité se multipliaient déjà :
Et aussi en 2022 :
Le nombre de grèves sauvages à travers la Chine a augmenté au début des années 2010, atteignant un pic à près de 2 800 incidents en 2015, selon le groupe de défense China Labour Bulletin. Cette année-là, la police a arrêté des militants syndicaux dans toute la région manufacturière du sud de la Chine pour les dissuader de toute nouvelle syndicalisation.
https://www.ft.com/content/7567761b-4fcd-4c03-8ccd-a8f97efe50ff
Chine ouvrière en 2008 :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article797
Emeutes ouvrières en 2009 :
Les travailleurs chinois font face à une répression croissante
Les autorités locales sont intervenues, de manière répressive ou autre, lorsque les luttes ouvrières s’étendaient au-delà des limites de l’entreprise, impliquaient des objectifs politiques clairs ou ne pouvaient pas être résolues rapidement. Ils ont également canalisé les griefs et les conflits vers des processus de médiation institutionnalisés pour atomiser les travailleurs et saper la formation de classe.
À la fin des années 2000, l’appareil d’État était bien mieux préparé à recourir à des mesures policières ou politiques. Il a progressivement développé ses capacités répressives et réactives, avec une police plus nombreuse et mieux formée, de nouvelles formes de surveillance et de censure en ligne, et de nouvelles réglementations sur l’activité des ONG et autres groupes de soutien, combinées à de nouvelles lois du travail et structures d’arbitrage ainsi qu’à une organisation plus active de la part du mouvement syndical officiel.
Depuis que Xi Jinping a succédé à Hu Jintao en 2012, les autorités ont continué à recourir à des méthodes institutionnalisées de résolution et de contrôle des conflits du travail. Dans le même temps, cependant, ils ont commencé à recourir davantage à la répression contre les troubles sociaux, alors que la croissance économique ralentissait et que les augmentations de salaires étaient limitées.
Les fermetures d’usines dues à leur délocalisation vers l’arrière-pays chinois ou dans des pays d’Asie du Sud-Est, combinées aux problèmes liés au vieillissement des travailleurs migrants, ont entraîné une multiplication des conflits. Les principales questions concernaient les licenciements, les indemnisations et les prestations d’assurance sociale, qui impliquaient d’importantes sommes d’argent, à une époque où la marge de concession des employeurs s’était rétrécie.
Les travailleurs migrants se sont retrouvés avec moins d’options dans les années 2010, lorsque l’État a réprimé les réseaux de soutien et censuré les rapports sur les troubles sociaux. Cela comprenait le licenciement, la mise sur liste noire, voire l’arrestation de militants ouvriers et de leurs partisans.
La nouvelle classe ouvrière migrante et ses luttes ont ajouté aux frictions sociales produites par les inégalités croissantes et l’exploitation capitaliste. Ces luttes n’ont pas conduit à la formation d’un mouvement ouvrier organisé avec une représentation syndicale ou partisane, et les travailleurs n’ont pas pu construire des noyaux organisationnels et des ressources durables pour les luttes futures. Cependant, ils ont accumulé une expérience importante sur la manière d’organiser des manifestations syndicales qui a été transmise.
La crise économique chinoise en 2009 :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1205
La crise économique chinoise en 2015 :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve729
La crise économique et sociale ne peut que s’accroitre en Chine…
https://www.ledevoir.com/economie/796465/analyse-la-chine-deprime
Chine : le capitalisme d’Etat se fissure
https://www.matierevolution.org/spip.php?article2282
Les craintes du régime d’une instabilité sociale croissante augmentent…
En Chine, ce qui commence, ce n’est pas seulement la catastrophe du coronavirus mais aussi le soulèvement populaire contre le régime de dictature faussement intitulée communiste.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5780
L’avenir du monde dépend directement de l’avenir de la lutte révolutionnaire prolétarienne en Chine et de sa capacité à renverser le pouvoir capitalo-stalinien.