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Social-démocratie et Extrême droite, main dans la main pour mener la classe ouvrière au fascisme et à la guerre impérialiste

mercredi 13 avril 2022, par Alex, Waraa

Social-démocratie et Extrême droite, main dans la main pour mener la classe ouvrière au fascisme et à la guerre impérialiste

Les trois grands vainqueurs du premier tour des élections présidentielles en France sont, de gauche à droite sur le spectre politique, JL Mélenchon, E. Macron et M. Le Pen. Un des grands vainqueurs de ces élections, c’est donc, contrairement aux apparences, malgré la défaite historique du parti officiel de la social-démocratie sur le nom d’Hidalgo ou celle du parti communiste de Roussel, le réformisme « de gauche », ce courant dont Mélenchon et Macron sont issus. L’extrême-droite avec le résultat historique de 32% des voix remporte certes également un succès.

On va donc voir, dans cet entre deux tours, ces politiciens qui disaient la veille que Macron était l’ennemi affirmer qu’on peut le soutenir et inversement, ceux qui disaient que Le Pen était un ennemi se ranger maintenant à ses côtés. Les politiciens qui se présentent aux élections ne défendent pas des convictions, des idées, mais ils défendent des intérêts, non seule-ment les leurs de politiciens, et ceux de leurs partis, mais avant tout les intérêts de la classe dirigeante et les intérêts du monde capitaliste.

Mais le plus grand mensonge qui est servi aux travailleurs, c’est d’opposer ces deux camps, la social-démocratie et l’extrême-droite, alors que l’un et l’autre ont le même but : museler le prolétariat face à la bourgeoisie. La social-démocratie et les fascistes sont certes prêts à se battre l’un contre l’autre pour être choisis comme prestataire de service par la bourgeoisie. Ils sont en concurrence, mais pour la même tâche.

Tous les candidats de gauche, qui dénoncent à juste titre l’extrême droite comme un danger mortel, ont chacun leur recette pour la combattre, mais exclusivement par un vote dans le cadre de ces élections bourgeoises : votez Macron, ne votez pas Le Pen, votez blanc, abstenez-vous, faites l’un ou l’autre : tout cela, cela reste de la farce électorale.

« Jamais nous ne perdrons confiance dans la démocratie » a dit JL Mélenchon dans son dis-cours au soir du premier tout. Traduction : c’est seulement dans le cadre des institutions poli-tiques mises en place par la bourgeoisie que je m’opposerai à l’extrême-droite.

Mais l’extrême gauche ? N’est-ce pas « les luttes » qu’elle met en avant pour changer la société ? Non, c’est seulement l’extrême gauche de la social-démocratie qui s’exprime par la voix d’Arthaud et Poutou. Car l’opposition entre les élections et la lutte qu’ils ressassent, n’est jamais ce que Marx, Lénine et Trotsky ont mis en avant, mais le caractère ouvrier révolutionnaire ou bourgeois réactionnaire, que ce soit celui d’une lutte ou d’une élection !

Une lutte ouvrière insurrectionnelle, si elle est dirigée par la bourgeoisie, restera toujours une tromperie ; une élection pacifique dirigée par le prolétariat lui-même pourra être le début d’une révolution. La grève insurrectionnelle de 1830 fut un échec complet, car les ouvriers, envoyés par leur patrons sur les barricades pour renverser un roi (Charles X) servirent aux bourgeois à mettre en place un autre roi (Louis-Philippe). C’est de cet échec que naquit le mouvement ouvrier, ayant compris qu’il devait s’organiser indépendamment de la bourgeoisie. La commune de Paris organisa des élections pacifiques, mais le fait que le peuple de Paris exerça, même pacifiquement, le pouvoir par lui-même, démontrant que la grande bourgeoisie était inutile, déchaina la répression de la semaine sanglante, afin d’écraser ce que Marx salua comme une « dictature du prolétariat », animée par des modérés pourtant partis « à l’assaut du ciel ».

Or ce que l’extrême gauche électorale oppose aux élections bourgeoises, ce sont d’autres institutions bourgeoises, comme les journées d’actions appelées par des confédérations syndicales à la botte du grand patronat.

Les travailleurs savent bien que les institutions de la démocratie bourgeoise les poursuivent jusque dans l’usine. La libre expression y est interdite, mais des institutions patronales ont été mises en place. Ce sont ces institutions qui ont pour but d’intégrer une minorité corrompue du mouvement ouvrier.

Citons un des pères de la social-démocratie réformiste, Millerand, le premier socialiste qui fut ministre en 1899, donc le prédécesseur de Mélenchon et Macron : « Le moment n’est pas éloigné, j’en ai la confiance, où l’on se rendra compte qu’il est de l’intérêt général que le monde des travailleurs ne soit pas organisé seulement en dehors de l’usine. le projet de loi sur le règlement amiable des différents du travail, dont j’ai pris l’initiative, a pour but précisément de substituer à la cohue inorganique des travailleurs de la moyenne et grande industrie livrés dans la guerre - je veux dire la grève - comme dans la paix à tous les entraînements, une organisation méthodique qui fasse des ouvriers de chaque usine un groupe ordonné, représenté par des délégués réguliers, en relations habituelles et normales avec la direction, apte à prendre des résolutions délibérées et réfléchies. L’adoption de son principe servira, en même temps, les intérêts, qui en sont inséparables, de la production nationale. »

Ces institutions de la République bourgeoise dans les usines, devaient, selon Millerand qui se disait socialiste, aboutir à l’avènement d’une humanité « libérée des luttes de classes et des guerres de peuples ».

La gauche « radicale » à la Mélenchon, ouvrière comme le Parti communiste ou à la phraséologie révolutionnaire comme Lutte ouvrière ou le NPA, le réformisme dans son ensemble, a pour objectif de compléter les institutions bourgeoises classiques comme le Parlement, les présidents du conseil ou de la république, les monarques « constitutionnels », par des institutions complémentaires encadrant la classe ouvrière par des organisations ouvrières qui en échange, sont grassement payées.

Les délégués du personnel, les CES sont ce type d’institution, que le patronat finance à la seule condition que ces instances mises en place en temps de paix, empêchent en période de lutte de classe que des comités autonomes de la classe ouvrière se mettent place.

Les journées d’action appelées régulièrement par les organisations syndicales, sont en fait des campagnes électorales qui ne disent pas leur nom, des réunions publiques des bureaucraties syndicales dans le but de nous faire voter aux élections professionnelles pour telle ou telle organisation.

Un aspect du cirque électoral que représente pour les travailleurs conscients les dernières élections présidentielles a été offert par la gauche de la gauche. Autant Lutte Ouvrière est à la diète pour les élections présidentielles, autant elle est à la fête pour les élections professionnelles ! JP Mercier annonçait en effet dans un tract CGT-groupe PSA, le 8 avril dernier, une victoire électorale pour la CGT dont il est délégué central pour le groupe PSA : « A travers ces résultats électoraux très encourageants, les salariés expriment leur mécontentement de la politique de PSA et valident leur confiance dans la CGT. »Aucune référence à aucune lutte future ou passée dans ce compte-rendu syndical de JP Mercier. Tout ouvrier syndiqué notera en premier lieu la formule, contraire aux statuts de la CGT, de prétendre que les ouvriers ont voté pour « la CGT », alors que c’est au plus pour« la CGT-groupe PSA » qu’ils l’ont fait. JP Mercier le sait très bien, cet abus de langage est bien un signe de la grande confiance qui règne entre ce « Trotskyste », et les staliniens qui sont encore largement à la tête de la CGT. Lors du grand meeting de N. Arthaud au Zénith le 3 avril, JP Mercier s’était vanté que c’est seulement dans les grandes entreprises comme la sienne PSA que le prolétariat est « face à la grande bourgeoisie ». Mais alors un tel succès électoral ne mérite-t-il pas d’être annoncé haut et fort, en contraste avec l’échec de LO-NPA aux élection présidentielles (10 fois moins en pourcentage que leurs résultats de 2002 !). JP Mercier était présent aux côtés de N. Arthaud lors de la déclaration de celle-ci au soir du premier tour, il n’a pas dit un mot de ces « cartons » électoraux.N. Arthaud affirma à juste titre : « Notre avenir ne dépend pas de la mascarade d’une élection fût-elle présidentielle. ». Pourtant, par son porte-parole, N. Arthaud criait victoire deux jours avant pour la CGT dans une élection professionnelle, dans un compte-rendu à la gloire de la CGT ! Dire une chose et en faire une autre, depuis des années, c’est ce qui fait que l’extrême-gauche Arthaud-Poutou a été sanctionnée, de façon bien méritée, électoralement, comme Jadot et Hidalgo.

Certes les militants révolutionnaires ne boycottent pas toujours les instances syndicales. L’activité de beaucoup de militants se déroule faute de mieux dans le cadre d’un mandat de délégué du personnel. La protection qu’apporte ce statut est souvent indispensable pour ne pas se faire renvoyer. Mais les révolutionnaires se souviennent toujours qu’ils ne sont pas chez eux dans ces institutions. Que même dans le cadre syndical, un militant ne reste révolutionnaire que s’il popularise en permanence et publiquement la mise en place de comités de grève, dès que c’est possible. Certes beaucoup de militants ouvriers sont passés par l’action syndicale pour mener de véritables combats de classe. Mais ce cadre syndical est une école de la collaboration de classe autant que de la lutte des classes.

La voix révolutionnaire qui manque pendant et après ces élections, c’est celle qui mettrait en avant les comités auto-organisés de travailleurs. C’est la mise en avant d’une telle perspective qui distingue les révolutionnaires de la social-démocratie réformiste, depuis la vague révolutionnaire qui suivit la première guerre mondiale. Lénine et Trotsky le résumaient en 1919 :

« La plate-forme commune sur laquelle il faut s’unir, c’est actuellement la reconnaissance du la lutte pour la dictature du prolétariat sous la forme du pouvoir des soviets. L’histoire a posé la question de telle façon que c’est précisément à ce sujet qu’a été précisée la limite entre le parti du prolétariat révolutionnaire et les opportunistes, entre les communistes et les social-traîtres, quelle que soit leur étiquette. ».

La participation de révolutionnaires aux élections ne pose aucun problème tant que c’est sur une politique ouvertement révolutionnaire ! Or tel n’était pas le cas pour les deux candidats d’extrême gauche qui s’autoétiquettent ou sont étiquetés en tant que tel par le pouvoir et ses médias pour mieux dévoyer les idées révolutionnaires ou toute perspective révolutionnaire de renversement du capitalisme ! Et si leur propos trompent encore leur militants, elle ne trompe plus les électeurs qui ne votent plus pour eux et non par manque de conscience comme aime le répéter Arthaud ! C’est en partie la politique de ces pseudos révolutionnaires tant dans les élections que dans les grèves réformistes ou dans les entreprises qui ont renforcé la social-démocratie en reprenant aussi à leur compte la pseudo-lutte anti fasciste ou celle du camp républicain faisant de la seule extrême droite un ennemi des travailleurs, que les réformistes sont tout autant ! C’est tout autant leur politique que celle des réformistes jusqu’à Macron qui a permis au RN d’être dans la position dans laquelle il se trouve aujourd’hui !

Oui pour la première fois depuis 20 ans, Le Pen a ses chances de passer au deuxième tour. Le projet Macron de la retraite à 65 ans ainsi que sa politique africaine néocoloniale poussent même des travailleurs originaires d’Afrique à envisager de voter Le Pen. Mais la classe dominante n’a pas besoin d’une victoire de l’extrême droite pour mettre en place le fascisme. Elle le fit en 1940 en France par la chambre issue du Front populaire !

C’est le manque de confiance de la classe ouvrière en son rôle de classe dirigeante en période de crise qui ouvre la voie au fascisme. Et contrairement aux mensonges réformistes, les élections bourgeoises n’ont jamais permis à la classe ouvrière de se frayer un chemin vers le pou-voir. Les premières eurent lieu en 1848, pour laisser le temps à la gauche républicaine d’organiser le massacre de Juin 1848 puis ouvrir la voie à Napoléon III.

Le rôle des réformistes et de tous leurs soutiens déclarés ou non ou soi-disant opposant est de donner des illusions dans la démocratie bourgeoise et ses élections ! « La démocratie bourgeoise, c’est cette forme d’État capitaliste qui s’appuie sur le soutien des travailleurs assuré par les dirigeants réformistes. » écrivit le marxiste américain F. Morrow en 1938, démontrant comment la Révolution espagnole de 1936 fut écrasée par Franco grâce au travail préliminaire de la gauche républicaine : transformation d’une lutte de classe révolutionnaire contre le pouvoir de la bourgeoisie, dont son armée, en mouvement antifasciste « républicain » aux côtés de la partie de l’armée bourgeoise supposée être antifasciste. Le rôle historique des Hollande, Mélenchon, Macron, c’est de préserver la fidélité des ouvriers à la République bourgeoise, en les faisant voter avec passion pour ou même contre eux.

Ce n’est pas en « reconstruisant » une quelconque « gauche » que la classe ouvrière se libèrera de l’exploitation et du fascisme, mais bien en débarrassant de son camp toutes les gauches bourgeoises, ainsi que de tous les groupes politiques syndicalistes déguisés en révolutionnaires.

Sinon le réformisme nous mènera tout autant que le fascisme à la guerre inter-impérialiste dont l’Ukraine et le Mali ne sont qu’un des nombreux théâtres de la troisième grande guerre de classe pour laquelle toutes les bourgeoisies du monde fourbissent les armes ! Et aucune élection ne nous en prémunira ! Seule la révolution sociale, c’est-à-dire l’auto-organisation du peuple travailleurs luttant pour tout le pouvoir politique, peut désarmer les fauteurs de guerre !

Ce qui se pose autant aux militants dévoués aux intérêts fondamentaux de leur classe qu’au peuple travailleur c’est le choix entre deux voies inconciliables qui peuvent se résumer ainsi :

Réformisme ou Révolution

Élections bourgeoises ou élections dans des comités fédérés du peuples travailleur

Grèves réformistes ou Grèves insurrectionnelles

Barbarie ou Socialisme

Guerre inter-impérialiste broyant peuples travailleurs ou Guerre de classe pour renverser nos propres classes dirigeantes

Dictature du Capital sur le travail ou dictature révolutionnaire du peuple travailleur sur les capitalistes

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