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La politique de meurtre social de masse de Macron atteint un sommet : 100.000 morts

dimanche 18 avril 2021, par Robert Paris

Le discours de Macron sur la pandémie et la politique du « meurtre social »

Will Morrow, Alex Lantier - WSWS

En février, analysant le refus du gouvernement britannique d’imposer un confinement pour stopper la propagation du COVID-19, la revue BMJ (anciennement « British Medical Journal » – Revue médicale britannique) a écrit que la réponse du gouvernement à la pandémie « pourrait être qualifiée de meurtre social ». Elle a posé la question suivante : « Lorsque des politiciens négligent délibérément les avis scientifiques, l’expérience internationale et historique, ainsi que leurs propres statistiques et modélisations alarmantes parce qu’agir va à l’encontre de leur stratégie politique, est-ce légal ? »

Cette politique était mise en évidence mercredi soir devant 31 millions de personnes qui suivaient, à une heure de grande écoute, le discours du président français Emmanuel Macron sur la nouvelle flambée du COVID-19 qui ravage actuellement la France et l’Europe.

Le président français Emmanuel Macron visite un centre d’appels de la Sécurité sociale française consacré à la vaccination contre le Covid-19, lundi 29 mars 2021 à Créteil, en région parisienne.

On s’attendait à ce que Macron annonce de nouvelles mesures de distanciation sociale. Avant même la flambée, causée par les variants britannique et sud-africain du virus, le nombre de décès dus au COVID-19 approchait le million en Europe et 100.000 en France. Mais avec seulement 5 pour cent de la population française entièrement vaccinée, les cas ont triplé depuis le 7 mars, passant de 21.825 à 59.038 hier, selon Santé publique France. Cela équivaut à 300.000 dans un pays de la taille des États-Unis.

Avant le discours de Macron, les principales autorités médicales ont exigé, les unes après les autres, un verrouillage strict.
L’épidémiologiste Dominique Costagliola a dénoncé le refus de Macron d’imposer un confinement en janvier, alors que deux tiers du public français était sondés comme étant favorables à un confinement. Elle a ajouté : « C’est naïf de prétendre que Macron est un épidémiologiste ». Les Hôpitaux publics de Paris, dont 90 pour cent des lits de soins intensifs se trouvent déjà occupés par 1.484 patients, ont prévenu qu’ils n’étaient qu’à quelques jours de refuser des soins vitaux à des milliers de patients gravement malades.

Le président du Conseil national de l’ordre des médecins de France, Patrick Bouet, a adressé une lettre ouverte à Macron. « La vie ne peut plus aujourd’hui supporter aucun arbitrage, aucune hésitation, aucun pari », a-t-il écrit. Insistant sur le fait que des mesures sanitaires « peuvent encore permettre de limiter un embrasement général », il ajoute que « partout où la situation est grave, il nous faut nous confiner ».

La réponse du « président des riches » doit être considérée comme un avertissement aux travailleurs, non seulement en France, mais aussi au niveau international : la classe dirigeante agit avec un mépris total pour la vie humaine. Le discours de Macron, sans doute coordonné avec l’Union européenne (UE) et Washington, était un refus sans ambiguïté de prendre toute action significative pour mettre fin aux décès massifs.
Macron a reconnu qu’il y a une « accélération due à la variante qui menace de nous faire perdre le contrôle si nous ne faisons rien ». Cependant, il n’a proposé qu’une fermeture d’une semaine des écoles avant les vacances du printemps, suivie d’une semaine d’enseignement à distance pour les lycéens. Il a également fermé les magasins de détail non essentiels, tout en promettant que les lieux culturels et les restaurants, qui diffusent le COVID-19, rouvriraient en mai.
La tentative de Macron de faire passer ces mesures nettement insuffisantes pour un confinement est une fraude.

En mars 2020, alors que le COVID-19 se répandait en Europe et en Amérique, des grèves sauvages ont éclaté dans des usines en Italie et aux États-Unis et se sont propagées à l’international. Le MEDEF (la fédération des entreprises françaises) a mis en garde contre « un changement d’attitude extrêmement brutal des salariés » et souligné que les entreprises « ne sont plus en mesure de poursuivre leur activité sous la pression des salariés ». Macron a alors accepté un confinement strict de huit semaines, fermant les écoles et toute production non essentielle. Ces mesures ont permis de réduire considérablement la propagation du coronavirus, non seulement en France, mais aussi dans toute l’Europe.

Aujourd’hui, cependant, alors que des milliers de personnes pourraient se voir refuser des soins vitaux dans un pays européen riche, Macron refuse d’arrêter la production non essentielle et ferme les écoles pour moins de deux semaines.

Macron a également applaudi sans vergogne sa propre politique désastreuse, en affirmant vouloir « prendre en compte les conséquences aussi des restrictions sur nos enfants et leur éducation, sur l’économie, la société, la santé mentale ». S’il avait parlé honnêtement, Macron aurait dit qu’il voulait « prendre en compte les conséquences des restrictions, telles que la distanciation sociale, sur nos entreprises, leurs profits, et nos fortunes ». Les écoles et la production non essentielle sont maintenues ouvertes – non pas sur la base de preuves scientifiques – mais pour s’assurer que les profits des entreprises continuent d’affluer sur les marchés financiers.

Le mépris ouvert de Macron pour les experts médicaux et l’opinion publique n’est cependant qu’une version particulièrement dénuée de tact de la politique menée par la bourgeoisie à travers l’Europe. Le jour même où Macron prenait la parole, la chancelière allemande, Angela Merkel, était interviewée à la télévision et refusait de dire comment ou quand un confinement pourrait être mis en œuvre en Allemagne. Puis avant-hier, le directeur scientifique de l’association allemande des médecins de soins intensifs, Christian Karagiannidis, avertissait à la télévision allemande Tagesschau que dans quatre semaines, tous les lits de soins intensifs seraient pleins en Allemagne.
Des dizaines de millions de travailleurs en France et dans toute l’Europe font face au fait que l’UE met en œuvre une politique de meurtre social.

Les conséquences, et le nombre de vies qui pourront être sauvées, dépendront de la rapidité avec laquelle la classe ouvrière pourra intervenir de manière indépendante, en se mobilisant dans la lutte contre les gouvernements capitalistes d’Europe pour une politique sur la pandémie qui soit guidée par la science.

Cela nécessite la mise en place d’organisations de lutte indépendantes et l’adoption d’une perspective internationaliste et socialiste pour la lutte contre le capitalisme. Dans le sillage de la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991, des universitaires et des anti-marxistes de la pseudo-gauche ont déclaré que l’humanité était arrivée à la « fin de l’histoire » et de la lutte des classes ; la démocratie capitaliste allait régner. Ce qui a suivi, ce sont des décennies de guerres impérialistes, de crise économique, de montée des inégalités sociales et d’austérité qui ont dévasté les infrastructures sanitaires de base. La pandémie a maintenant arraché le masque du capitalisme européen.

En mars 2020, le World Socialist Web Site a analysé l’échec catastrophique de la réponse américaine à la pandémie dans une chronique intitulée « Le capitalisme est en guerre contre la société », où l’on pouvait lire ceci :

Ces quatre décennies ont révélé toutes les caractéristiques socialement réactionnaires d’un système fondé sur la propriété privée des moyens de production. Dans ce système, toutes les considérations de besoin social sont subordonnées à la recherche du profit et d’une vaste richesse personnelle. La devise de l’oligarchie capitaliste est : « Si l’accumulation de nos milliards nécessite la mort de millions de personnes, qu’il en soit ainsi ».

La dernière année a confirmé cette évaluation. Les prétentions du capitalisme européen à être une version plus douce et gentille de son cousin américain se sont avérées frauduleuses. La Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et les gouvernements européens ont déversé des milliers de milliards d’euros et de livres dans le sauvetage des banques et des entreprises. Alors que certains aristocrates de la finance ont fait fortune, comme le Français Bernard Arnault qui a empoché 30 milliards d’euros l’année dernière, on a laissé mourir des milliers et des milliers de personnes sur la base d’affirmations erronées selon lesquelles la société ne pouvait se permettre d’imposer des confinements.

Les luttes des travailleurs contre la politique du meurtre social doivent être menées indépendamment des bureaucraties syndicales qui soutiennent une telle politique, et indépendamment des partisans de cette même politique parmi leurs alliés politiques de la pseudo-gauche comme le Nouveau parti anticapitaliste en France ou le Parti de gauche en Allemagne. La CGT (Confédération générale du travail) stalinienne en France et la Fédération syndicale allemande ont isolé les grèves sauvages en mars. Elles ont ensuite signé les plans de sauvetage de l’UE et aidé à mettre en œuvre les mesures de rentrée scolaire qui ont joué un rôle essentiel dans la résurgence de la pandémie après le confinement du printemps 2020.

En mars 2020, des grèves sauvages ont réussi à imposer un confinement dans une grande partie de l’Europe, mais cette dernière année a montré les limites fatales de la lutte spontanée. Sans une perspective socialiste et leurs propres organisations de lutte, les travailleurs ont été subordonnés aux manœuvres réactionnaires des gouvernements, des banques et des syndicats qui ont mis en œuvre une politique d’« immunité collective ».

Il est essentiel pour les travailleurs de mettre en place leurs propres comités de base pour garantir la sécurité sur les lieux de travail en France et dans toute l’Europe. De tels comités lutteraient pour un confinement afin de stopper la contagion jusqu’à ce que la population puisse être vaccinée. Toute la population doit bénéficier d’un revenu confortable afin de pouvoir rester à la maison tandis que la production non essentielle est arrêtée et il faut investir massivement dans les ressources pour l’apprentissage en ligne. Cela nécessite une lutte de la classe ouvrière française et européenne pour la prise du pouvoir, l’expropriation de l’aristocratie financière et le remplacement de l’UE par les États unis socialistes d’Europe.

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